Il avait réfléchi un instant aux paroles de son interlocutrice lorsqu’elle avait mentionné l’amusement et l’âge dans la même phrase ; combien d’années couraient derrière elle, déjà ? Il n’avait pas encore passé la trentaine, avait un peu de temps encore avant de les voir passer sous son nez, mais pouvait-il supposer qu’elle le pensait vieux jeu à défendre Rosie et son attitude angélique ? Il s’était retenu de rire à cette pensée et était retourné à ses affaires. La dévergonder, il y avait presque aucune chance à ce qu’elle y arrive, et ça avait été pour cette raison qu’il s’était risqué à insinuer qu’il prendrait sa première cuite si la Reynolds réussissait à rendre diablotine l’autre Reynolds. Des phrases qu’il avait lâchées comme ça, mais qui n’étaient pas tombées dans l’oreille d’une sourde. Celle-ci avait fini par accepter le défi et promit d’inviter Dean à une soirée alcoolisée pour fêter ça. Moi, seul avec deux femmes, avait-il questionné, impossible. Il ne se le permettrait pas ; ne resterait plus qu’à trouver un quatrième participant.
Les mots qu’elle avait ajoutés pour détailler la raison de sa fuite avait paru bien flous à Dean qui ne pouvait comprendre. Il ne s’était jamais montré trop curieux concernant le niveau de vie de Rosie – et celui de sa cousine non plus, par procuration. Il ne connaissait pas la valeur monétaire des biens familiaux qu’elles possédaient ni la facilité financièrement avec laquelle elles avaient grandi. Il fallait dire que ça ne l’avait jamais intéressé, parce qu’aborder ce sujet pouvait mettre au grand jour des différences desquelles il n'avait que faire. Si, lors des siècles passés, les gens riches ne pouvaient côtoyer des gens aisés, et des aisés des personnes pauvres, il estimait que ça n’avait plus d’importance au vingt-et-unième siècle ; tout du moins, il l’espérait sincèrement. Une amitié ne se mesurait pas au nombre de billets présents à la banque. Alors, comme il avait fait pour les prestiges des Reynolds, il n’était pas allé cueillir des informations plus détaillées. Car si la bleue désirait en parler, cela devait venir de son propre chef.
La mission vint à se terminer, et après les quelques vérifications nécessaires – notamment le passage de la main autour des tuyaux, celles-ci semblèrent annoncer que la fuite n’était plus qu’un mauvais souvenir. Une petite fera l’affaire, répondit-il. Juste de quoi essuyer l’excédent avant de reprendre la route. Il accepta la serviette éponge : merci… Il laissa ce mot en suspens avant de reprendre : j’ai un doute sur le prénom. Alexis, Lexie ? Quelque chose du genre en tout cas. Il passa le tissu sur son visage et demanda : t’as besoin d’aide pour nettoyer la salle de bains ? Ou préférait-elle qu’ils en restent là ? Il n’y avait que de l’essorage et du rangement, mais les aiguilles tournant rapidement dans le cadran, probablement qu’elle serait ravie d’avoir deux mains supplémentaires pour remettre en état la pièce d’eau de la villa.
T'esquisse un sourire à sa réponse. "T'as peur d'être avec deux femmes ?" Tu rigoles un peu, parce que s'il venait à imaginer des choses perverses entre eux trois, c'était clairement pas possible, parce que c'est Ta cousine quand même. Tu feras jamais rien. Les seuls moments intimes que tu partages avec elle, c'est ou plutôt c'était dans des moments de confidences et c'est tout. "J'ai trois colocs, donc si tu veux une majorité de mec on pourra faire un truc ici, sinon, tu ramèneras un pote à toi." Et c'est là que tu réalises le comique de la situation. Il refuse une soirée où il serait le seul mec, alors que toi, tu vis littéralement dans une maison en étant la seule femme présente. La preuve même que tout le monde n'a pas les mêmes valeurs ou encore la même éducation. Bien que vivre avec quelqu'un de sexe opposé ne signifie pas forcément de coucher avec. S'il est vrai que tu taquines souvent Elio, il ne se passera jamais rien de sexuel avec lui. Vis-à-vis de Braden, t'as des doutes qu'un jour vous arriviez réellement à briser la glace et Arès... Là, ouais ça devient tout de suite plus chaud...
Fort heureusement pour toi, il ne te pose pas plus de questions sur ta situation actuelle, t'es vraiment pas enclin à en parler. Plus d'évite le sujet, plus tu te portes mieux pour dire vrai. Même si tu sais parfaitement que te taire ne changera rien au problème, qu'il reste là. Un peu comme l'épée de Damoclès qui peut s'abattre sur toi à tout moment.
Tu lui donnes alors une petite serviette comme il te le demande. Tu grinces ensuite un peu des dents alors qu'il recherche ton prénom dans les méandres de sa mémoire. "Alexane. Mais Lex suffit amplement." T'avais déjà cette habitude de te faire surnommer Lex avant, mais maintenant, c'était pire qu'avant, t'avais vraiment du mal à entendre ton prénom. Ton père l'ayant répété trop de fois ses derniers mois pour te sermonner, t'engueuler, te prendre la tête. Alexane c'est limite devenu un mot proscrit pour toi même si tu le vois souvent, entre tes papiers officiels, les courriers... "Je devrais pouvoir me débrouiller, mais si t'as le temps et l'envie, je vais pas refuser de l'aide." Parce que c'est pas tes colocataires qui proposerait de t'aider de la sorte...
Il s’était mis à rire lorsqu’elle avait supposé une peur de se retrouver avec deux femmes lors d’une soirée. Pour un militaire, ça aurait été tout de même un comble d’être effrayé par ce type de situations lorsque chaque jour, de par son travail, il vivait des missions dans des pays où il était possible d’y perdre la vie. Une question de morale qui m’est propre, avait-il expliqué sans donner plus de détails. Sa religion lui avait inculqué des règles de bonne conduite, et à présent en couple, il ne pouvait se permettre de passer du temps seul avec des filles pour une soirée alcoolisée, même si celle-ci s’annonçait plus bon enfant qu’autre chose. Et pour sûr que ça n’aurait pas dérangé Ludovica qu’il y participe sans se poser plus de questions que ça, mais il ne pouvait aller à l’encontre de l’homme qu’il était ; pas entièrement, en tout cas.
Il n’avait pas posé plus de questions que ça, avait terminé son travail avant d’essuyer son visage de la serviette qu’elle avait bien voulu lui prêter. Homme habitué à mettre la main à la pâte, il avait proposé à Alexane de l’aider à nettoyer sa salle de bains, et même si elle resta évasive quant à la réponse, il sut interpréter que ça ne serait pas de trop. Et ils sont où, tes colocataires, demanda-t-il en rangeant d’abord son matériel pour faire de la place. Dans ce genre de situations, leur présence aurait été appréciée, il imaginait. Dormaient-ils à poings fermés ? Ou étaient-ils de sortie ? À y repenser, la jeune femme aux cheveux bleus avait dû être prise de panique à la découverte de la fuite, ce qui mena à la question suivante : comment tu as réussi à me trouver ? Il avait compris que Rosie n’était pas au courant de son retour, alors…
Le sac à dos fut refermé ensuite, et mis en-dehors de la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Il revint auprès de la plus jeune, et sa main s’ouvrit devant elle, paume vers le plafond. Ses doigts s'agitèrent : je te donne un coup de main, mais faut d’abord me payer. Qu’il ne reparte pas le porte-monnaie vide. Sur un malentendu, il lui avait promis la gratuité de son intervention, mais c’était dans le cas où elle faisait partie de sa famille. Le quiproquo à présent derrière eux, il fallait bien Qu’elle règle la note. Ce que tu peux, ça fera l’affaire, ajouta-t-il, pour équilibrer la donne.
Il se sent le besoin de te justifier sa réponse. Une histoire de moral, chose que tu comprends parfaitement. "C'est tout en ton honneur." Réponse simple et clair, qui montre que t'acceptes simplement se fait et que t'as pas besoin de plus de justifications, peut-être que t'aurais un peu insisté s'il disait non sans raison, mais en même temps, il n'avait pas à t'en donner de bases. "Après si tu as assez confiance en Rosie pour être certain que je n'arriverais pas à lui faire des folies, t'as pas à t'inquiéter." T'esquisse un petit sourire parce que toi, t'es déjà convaincue que t'y arriverais. Peut-être qu'elle ne sortirait pas autant que toi, qu'elle ne flirterait pas avec des hommes fiancés comme tu peux le faire avec Manny par exemple, mais si au moins elle flirtait déjà avec un gars, ça serait déjà une bonne chose. Parce que oui, tu sais qu'elle a déjà eu des copains, bien que tu ne les ai jamais rencontré personnellement ou disons plutôt que tu ne t'en souciais absolument pas. Mais tu la vois surtout comme trop gentille, trop timide que pour avoir une histoire folle et passionnante. T'es même certaine qu'à cet instant, elle doit s'ennuyer dans son appartement.
Tu commences à ranger un peu la salle d'eau, épongeant ce qu'il reste d'eau en étant accroupi avec une serpillière en main. Tandis que lui, il range ses propres affaires "Alors, je crois qu'il y en a un en France, un autre en Italie et je crois que je troisième est à Hawai. Un truc dans le genre, mais aucun n'est sur Boston actuellement." T'avais donc toutes la villa pour toi toute seule, chose qui n'était pas pour te déplaire ou t'angoisser.
"Meetsa ? J'ai pas l'argent pour payer un professionnel alors j'ai du trouver une autre solution et je me suis souvenue de beau militaire sur son échelle." Tu laisses entendre un petit rire tout en relevant un peu la tête pour le regarder en coin, savoir comment il allait réagir à ce petit compliment glissé entre deux phrases.
Tu te redresses alors quand il revient vers toi affirmant accepter de t'aider, mais pas sans être payé avant. T'essuie rapidement tes mains sur ton short encore une fois. "Ouais, t'inquiète, je vais chercher mon portefeuille. Dis moi juste ton prix." Tu passes alors à côté de lui pour aller chercher après ton sac à main dans ta chambre et en sortir ton portefeuille. Quand tu reviens il te laisse entendre que ton prix est le sien et te lèves les yeux au ciel. "C'est bon, je fais pas l'aumône non plus. En plus, le proprio va me rembourser." C'est ce que Braden t'avait dit en tout cas, mais si après ça changeait parce qu'il avait aucune preuve des réparations, c'est clair que ça te ferait bien chier. "D'ailleurs, tu peux me dire ce que t'as fait comme réparation comme ça je peux refiler l'information."