« Au MGU, s’il vous plaît. Je vous donne le double si vous parvenez à battre votre propre record,» annonça-t-il au chauffeur de taxi alors qu’il lui tendait un billet de 100$ en prenant place sur le siège arrière, son carry on déposé juste à côté.
Le trajet de 12 minutes entre l’aéroport et l’hôpital lui sembla prendre une éternité. Ce qui était franchement paradoxal si on considérait qu’il n’avait pas adressé un mot à celle qui occupait toutes ses pensées depuis… pratiquement deux mois ?
Tout le long de son vol de retour de l’Europe, une idée fixe hantait son esprit : la rejoindre. Pour le meilleur ou pour le pire. Leurs retrouvailles à la St-Valentin avaient été si douces. Surgie de nulle part si ce n’était d’un passé qui lui était encore si précieux, Victoria avait fait voler en éclats toutes ses projections d’avenir. Bien malgré lui, il se retrouvait à nouveau écarteler par ce dilemme fondamental qu’il croyait avoir réglé pour de bon il y avait trois ans, au moment de son divorce : toutes ses ambitions valaient-elles ne serait-ce qu’une seule soirée au bras d’une femme dont le simple sourire suffisait à dissoudre le reste de l’univers dans son éclat ?
Tout allait si bien. À ses côtés, il retrouvait le bonheur d’être un William plus simple. Plus besoin de lutte à mort contre le monde entier pour prouver sa valeur : dans cette version 2.0 de leur premier baiser, il savait avoir remporté le vote du seul jury qui importait vraiment. Ils prirent leur temps, savourant chaque instant de l’opportunité que leur offrait la vie de se redécouvrir plus d’une décennie plus tard. Ils érigeaient le nouveau chapitre de leur histoire commune avec la précaution de qui sait manipuler quelque chose de rare et précieux. Sans tenter de reprendre immédiatement là où ils s’étaient arrêtés jadis et faire comme si rien ne s’était passé.
Jusqu’à ce que William ne disparaisse brusquement…
« Bonjour, hem… Jill,», s’annonça-t-il à l’infirmière en charge du poste d’accueil de l’urgence, après avoir lu son nom sur son name tag.
« J’aurais un immmmense à vous demander… Pensez-vous que vous pourriez, lorsque l’occasion se présentera et que ça ne causera pas de tort à qui que ce soit…laissez savoir à Victoria Lahey que William Bennett l’attend…. »
Il regarda autour de lui à la recherche d’un banc libre dans un coin un peu reculé, mais il réalisa rapidement que ce genre d’espace n’existait pas réellement dans un service d’urgence. À la recherche d’un plan B, il s’agrippa au premier panneau sur lequel son regard s’arrêta.
« …dans la salle d’attente de l’orthopédie ? Je me suis fait volé mon téléphone, je n’ai plus aucune façon de la rejoindre et ce serait vraiment important que je la revois… Elle est paramedic, et passera probablement à quelques reprises si elle de service aujourd’hui… J’attendrai aussi longtemps qu’il le faudra…»
Il ne saurait jamais si c’était sa sincérité évidente, son petit bouquet de fleur ou l’espoir de jouer un petit rôle dans une histoire abracadabrante, mais Jill accepta de, peut-être, faire le message. Ce à quoi William répondit d’à peu près toutes les manières possibles d’exprimer sa gratitude.
Puis, il se dirigea avec son petit bagage à roulette vers la salle d’attente pratiquement déserte et s’installa sur l’un des petits bancs inconfortables, les fleurs achetées à l’arrache à son arrivée de l’aéroport déposées juste à côté de lui.
Et il attendit.
Encore, et encore.
Rongé par l’angoisse.
Animé par l’espoir.
code by lumos s.
(William Bennett)
Power is a cruel Master
No light, no light in your bright blue eyes. I never knew daylight could be so violent. A revelation in the light of day. You can't choose what stays and what fades away