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La légèreté de cette rencontre est tout ce dont j’avais besoin ce soir. Oublier Rosalia et profiter de cette vie que je n’ai jamais connu et ne connaitrais jamais. Trop vieille, trop pauvre, trop de tout et absolument rien d’Harvard. Alors ce soir, c’est mon goût de la vie que j’aurais pu avoir si tout avait été différent. Mais est-ce que j’aurais voulu que tout soit différent ? Je ne crois pas. Folie quand tu nous tiens, ma vie me convient comme elle est - ou presque. En tout cas, pas de crainte pour Roman, cette soirée, quant à elle, me convient totalement. De retour à ma table, la conversation reprend. Les plats sont consommés, les verres bus et quand il réapparaît, je suis heureuse de voir qu’il ne m’a pas oublié. Il connait probablement plus de gens que moi ici et il a mieux à faire que de passer son temps avec une inconnue. Mais moi, ça refait ma soirée, je ne peux le nier. Un sourire sur le visage, je l’écoute et ne mets pas longtemps à me lever et le retrouver. Sur la piste, les notes d’une chanson que j’affectionne tout particulièrement retentissent et je souris bêtement. Heureuse, voilà ce que je suis. Pas dépendante des bras d’un homme et d’une danse mais bien de ce moment passé ensemble. C’est simple et la simplicité est tout ce dont j’ai besoin. Tu ne reconnais pas la voix d’Ed Sheeran ? Que je demande rapidement, presque choquée. Moi qui pensait que n’importe qui pourrait reconnaître la voix de l’anglais. Il faut dire que j’ai écouté ses CDs en boucle toute mon adolescence alors ça doit aider. Ça s’appelle All of the Stars. Et les paroles sont belles. Cette histoire manquée, cette relation qui aurait pu être comme une pluie d’étoiles, d’une beauté et d’une douceur incontrôlée. Manque de bol, ma vie a été bien différente. Ne préférant pas y penser, je me lance dans un petit interrogatoire de la vie de Roman. Je ris à sa remarque et me retiens de dire que juste pour le fait de ne pas m’avoir posé de lapins, il s’en sort plus que bien. Seulement, je ne souhaite pas que la barre soit si basse ou qu’il le sache du moins. Surtout qu’il est plutôt intéressant comme garçon. Je suis le cheminement de ses pensées et lui souris. Pro genre comme Nadal ? Parce que tout le monde connaît Nadal, Federer et Djokovic. Le tennis n’est peut-être pas aussi médiatisé que le football, le soccer ou le basket mais mes années à Londres m’ont fait découvrir d’autres sports. Et si je ne demande pas ce qui lui a coûté sa place sur les courts, ce n’est pas parce que ça ne m’intéresse pas mais bien parce que peu d’artistes ou sportifs n’apprécient que l’on appuie là où ça fait mal. Je n’ai aucune envie que l’on me demande pourquoi je suis ici et non pas sur le West End où j’avais le rôle parfait. À sa question, je grimace. T’es un vrai journaliste toi à poser des questions bien déstabilisantes. Et qu’est-ce qui me déstabilise là-dedans ? Le fait qu’à part la danse, il n’y a pas grand chose qui m’anime et que c’est peut-être bien pour cela que je suis ici, à l’évènement de l’année où on peut tous danser, bouger au rythme de la musique etc. Le deuxième complet commence et je souffle Pas grand chose pour être honnête. La danse c’est un peu toute ma vie et j’ai du arrêter pour revenir sur Boston et aider ma famille. C’est tout ce que j’ai toujours voulu faire de ma vie. Je ne voyais pas d’autres solutions et je n’en vois toujours pas vraiment. Je veux danser, je suis née pour cela, j’en ai besoin, c’est vital. Mais pas la danse genre Danse avec les Stars. Plus genre comédies musicales. Que je dis rapidement. Ce n’est pas la même technique, la même intensité, la même passion. Je sais pas si t’as déjà vu une comédie musicale ou pas mais je suis le genre de nana qui est dans l’ensemble - c’est le groupe de personnes souvent en arrière plan qui danse et qui chante, histoire de donner un peu de couleur à un tableau. Et rien que d’en parler, je suis nostalgique de mon temps sur les planches.
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