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C’est quand les questions de Raphaël se font entendre que je me rends compte qu’à l’annonce du diagnostic par mes tantes, mon monde s’est effondré et que j’ai perdu toute la force et la logique dont je dispose normalement. Je n’ai pensé à rien, je me suis juste laissée tomber au fond de ce trou virtuel. J’ai coulé, en quelque sorte. Sous les larmes, la tristesse, la colère, l’incompréhension mais aussi cette putain de culpabilité qui me ronge depuis que la nouvelle est tombée. Je ne sais pas ce que je veux et ne veux pas. Je n’arrive pas à me dire qu’on va s’en sortir, voyant tout cela comme une étape insurmontable parce qu’il n’y a pas de fin heureuse. Est-ce que tout ignorer, me maintenir éloignée n’était pas une façon de me protéger ? Clairement que si. Mais je ne peux plus le faire maintenant. J’ai fait jurer mes tantes de ne rien dire à ma mère, de ne pas la prévenir que l'information est parvenue jusqu'à moi. Pourquoi ? Parce que j’ai peur de prendre la mauvaise décision et qu’elle soit déçue. Y a vraiment tout qui se passe et je ne sais pas qui sortira vainqueur. Pour le moment, j’ai juste besoin de bras, de me calmer et de souffler même si ce n’est que pour quelques minutes. Qui me dit que je ne vais pas repartir de plus belle quand je vais réaliser à nouveau ? Je ne sais pas. Un léger sourire à Raphaël, je me retiens de dire que je préférais sa spécialité d’antan. Une pilule, de la poudre blanche, un truc pour permettre à mes synapses de se nourrir de toute la sérotonine que je leur file. Ça serait bien plus facile. Mais la facilité n’a jamais arrangé les choses et je ne peux pas sombrer sous les yeux de mon mari. Je le respecte assez pour cela. À distance pourquoi pas mais pas comme ça. Merci. Que je souffle en prenant une grande bouffée d’oxygène. Ne pas être seule. C’est le plus important pour moi. J’ai toujours eu peur de finir seule, de ne jamais trouver quelqu’un pour me soutenir, pour m’aider coûte que coûte. J’ai trouvé Raphaël au moment où ma vie partait en couille complet et aujourd’hui, je ne changerais notre relation pour rien au monde. Bon, j’y introduirais un peu de sexe pour le plaisir et le souvenir mais ça s’arrête là. J’ai trouvé ma personne en tombant sur lui au détour d’un club et d’une soirée arrosée et je ne changerais cela pour rien au monde. On a une relation des plus atypiques mais ça nous correspond, ça nous convient et c’est le plus beau là-dedans. On dit souvent qu’on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière avec mais moi, je peux facilement dire que j’ai tout. Et quand je réalise cela, je me sens apaisée. C’est étrange, presque drôle mais agréable. Ça ne sera surement que de courte durée mais je prends ce que je peux. Tu pourrais me mettre dans un taxi en direction de chez moi, je crois que je n’aurais même pas le courage de me débattre. C’est pour dire l’état dans lequel toutes ces nouvelles me mettent. Mais je suis heureuse que mon mari ne soit pas ce type de personne. Il me maudit peut-être intérieurement mais m’aime assez pour garder ses pensées pour lui et me permettre de me poser, de me reposer. Les paupières lourdes, je me détache de lui, retire mon bas pour rester en t-shirt et culotte et glisse sous les draps. Il n’y a rien qu’il n’a jamais vu et il sait que je ne tenterai rien en temps normal alors là, même tout nu, c’est le néant. On réfléchira à la suite demain oui… Que je souffle cela alors que Naboo remonte doucement sur le lit et se place entre son père et moi. Je caresse l’espace entre ses oreilles et dis La meilleure ? Je veux goûter ça alors. Le sourire est forcé, j’ai l’estomac noué et ne pense pas que je vais manger quoi que ce soit mais sur un malentendu, sait-on jamais. Et alors que j’étais allongée, je me redresse quelque peu, embrasse le nez de Raphaël et souffle Bisou de l’esquimeau qui a chaud. C’est ce qu’on disait souvent dans ma famille quand j’étais petite. Se frotter le nez, ça voulait dire se souffler dans le visage et c’était bien quelque chose que je détestais. Je t’aime Raph, du fond du coeur. Pas comme on est sensé aimer quelqu’un. C’est pas des sentiments qu’on partage - enfin si, mais rien à voir avec ceux que je partage avec les autres. Il est spécial, c’est mon petit spécial. Et je ne lui dis pas souvent - pour ne pas dire jamais - mais aujourd’hui, j’en ressens l’envie, le besoin alors je fonce. Ma main sur sa joue, j’esquisse un sourire et souffle Et si tu pouvais me ramener un verre d’eau aussi ce serait sympa… Je suis déshydratée à pleurnicher. Je me la joue drôle, me forçant à retrouver le sourire qu’il y a toujours sur mon visage mais c’est difficile. Il rend les choses plus faciles mais c’est pas un magicien non plus, à mon grand damne.
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