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La nouvelle est tombée comme un couperet hier soir. Les mots de ma tante m’ont ravagé et je n’arrive pas à arrêter de pleurer, à me raisonner et à trouver une solution. Qu’est-ce que je peux bien faire ? Ma mère vient d’être admise à l’hôpital. Il s’agit d’un cancer. Phase terminale. Ma mère ne voulait pas que je sois au courant et moi, habituée de l’absence de contact avec elle depuis mon départ du Brésil, je n’ai jamais trop demandé de ses nouvelles. Je savais qu’elle allait bien et j’essayais de ne pas trop penser au reste. Pourquoi ? Tout simplement parce que j’aurais eu l’envie de lui parler, de l’appeler, de la contacter, de la revoir et je sais que rien de cela n’est vraiment possible. En quittant le Brésil, j’ai pris la décision de couper tous les liens que je pouvais avoir avec mes parents. Mon père, cela coule de source, mais ma mère, c’était pour me protéger. Arrivée de manière illégale sur le territoire, je ne pouvais pas prendre ce risque. Ça a été difficile mais avec le temps, je m’y suis fait. On se fait à tout, c’est fou… Sauf que là, j’ai le retour de ces dix-douze dernières années qui me reviennent en face de plein fouet et j’ai beaucoup de mal à l’accepter. Lorsque j’arrive chez Raphaël, je sais qu’il n’est pas encore là mais j’ai rendez-vous avec Louise pour qu’elle puisse filer et moi, pour que je puisse l’attendre ici. La discussion a été rapide avec ma belle-soeur, je lui ai juste demandé si je pouvais venir et si elle pouvait me laisser avec son frère et elle n’a pas refusé, loin de là même. Mes talons dans l’entrée, ma veste sur le canapé, je suis allongée sur les draps de mon mari, Naboo dans les bras, impassible. Je ne pensais pas qu’un chien de sa taille resterait aussi calme mais cela doit faire une grosse demi-heure que nous sommes comme ça et qu’elle ne bouge pas d’un centimètre. Le nez qui coule, les yeux qui font de même, je me mouche pour la vingtième fois de l’heure, ne comprenant pas vraiment comment cela est possible. Et lorsque l’on entend la porte d’entrée s’ouvrir, elle sursaute, les oreilles dressées et file vers son maître. Je soupire doucement et me recroqueville sur moi-même, sa chaleur me manquant rapidement. Je sais qu’elle va finir par ramener Raphaël ici. Je l’espère du moins parce que moi, je n’ai pas le courage de bouger.
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