When will i see you again ? || ft Charlize

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

Je sais qu’il est difficile parfois d’évoquer la maladie, les traumas que chacun porte en lui. Les hôpitaux dégagent si peu d’espoirs, raison pour laquelle je n’ai jamais aimé les fréquenter. Pourtant, avec mon passif, on pourrait croire que je me serais habitué à ces endroits, à ce qu’ils renferment, mais ce n’est pas le cas. Malgré tout, je n’ai pas vraiment de filtre sur le sujet. Les faits sont les faits, et il n’y a pas d'intérêt à tourner autour. Certes, je suis désolé pour Charlize, qu’elle ait à traverser cela, que ça tombe sur elle, à cet âge, quand elle devrait pouvoir profiter de la vie, mais m'apitoyer sur son sort ne la sortira pas de là et ne l’aidera pas non plus à aller mieux. Pour aller mieux, il fallait qu’elle se batte. Et pour qu’elle se batte, il fallait qu’elle s’en sente capable. Elle avait de la volonté, de la force, je ne sais pas si elle en avait confiance, mais moi si. Elle avait passé des mois à me tenir tête, à me faire changer d’avis sur elle. Finalement, c’est elle qui m’avait fait plier, qui m'avait fait prendre conscience de mon erreur, par sa détermination. Qu’importe ce que je pouvais bien lui dire, elle avait voulu me donner tort, et elle avait réussi. Et même si ça ne fonctionnait pas aussi simplement en médecine, sa force de caractère pouvait aussi lui permettre de vaincre la maladie. L’esprit pouvait parfois faire bien plus sur le corps que ce qu’on ne pouvait imaginer. « Je suis convaincu que oui. T’as tout d’une battante. Et d’une gagnante. » Difficile à prouver puisqu’elle ne se battait jamais contre qui que ce soit à la salle, mais certains signes ne trompaient pas. Si elle se décidait à monter sur le ring un jour, elle en étalerait plus d’un.

L’heure de sa pause sonne enfin, et elle troque ce qui fait d’elle une barmaid pour un verre bien mérité de l’autre côté du comptoir. Comme promis, je lui parle un petit peu d’Anaé, de ce petit bout qui fait partie de ma vie désormais depuis quelques semaines. Sa remarque sur ma relation avec sa mère me fait froncer les sourcils et la regarder avec une incompréhension évidente avant de prendre conscience que sa question est en réalité tout à fait légitime. Elle n’a aucun moyen de deviner la réponse. « Non. Enfin, si, ça va. On a jamais été ensemble elle et moi. Ca c’était fait comme ça sur le moment, il avait jamais été question de lendemain ou quoi… Mais la vie a décidé de nous jouer un tour. C’est pas encore tout à fait bien rodé entre nous, mais on sera capable de s’entendre pour l’élever en garde alternée. Je crois… » Sur ce point, j’allais pas non plus mettre ma main à couper. Même si certains évènements s’étaient montrés encourageants, on était pas vraiment parti du bon pied elle et moi dans cette histoire, et j’étais encore en train de trouver mon équilibre dans tout ça. « Ca sonne pas très confiant vu comment je présente les choses, mais c’est le temps que les choses trouvent leurs places. Ca a été un peu le bordel alors on est encore en train de remettre les choses dans l’ordre. Doucement mais sûrement. » Ma nouvelle devise depuis que j’avais appris ma paternité.

Tu finis par dire la vérité à Anders parce que tu ne te vois pas mentir sur un sujet aussi important. Et quand bien même tu le ferais, qu'est-ce que cela t'apporterait ? Après tout, il a compris que tu n'allais plus à la salle et il y avait bel et bien une raison à cela. D'abord, tu n'avais plus le temps de part tes différents métiers et tâches en tant que cheffe de famille et ensuite, il y avait le fait que tu sois fatiguée. En tout cas, je ne vais pas baisser les bras. Bah non, parce que tu as des petits enfants à charge et même si la plupart sont grands, surtout Isaiah, dans leur tête ce n'est pas trop ça. Sans toi, tout le monde serait perdu.

Tu prends ta pause pour pouvoir discuter avec Anders et en comprendre davantage sur sa situation actuelle. Apparemment, il est nouvellement papa et tu as envie d'obtenir des informations supplémentaires quant à ce nouveau statut. La petite Anaé a apparemment deux parents prêts à faire des concessions pour elle. Le plus important, c'est son bonheur à elle. C'est cool que vous arriviez à faire la part des choses. Ça ne vous a pas rapproché ? Sait-on jamais. Peut-être que ça les mènera à une belle histoire d'amour. Toi, t'y crois. Pas forcément à une potentielle relation mais au fait qu'ils seront de bons parents. La preuve en est, ils font déjà des efforts pour que sa vie soit belle. Moi, je suis sûre que vous vous débrouillez bien. Au final quand on doit s'occuper d'un bébé, c'est presque... naturel. Enfin, je sais pas. C'est comme ça que tu vois les choses étant donné que tu t'occupes de tes frères et de ta soeur depuis toujours. C'est venu instinctivement sans qu'on est a t'expliquer quoique ce soit. En tout cas, c'est génial que tu fasses partie de sa vie. Bon nombre de mecs auraient tourné les talons tu sais... Elle en a de la chance cette fille. @Anders H. Wellington

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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

A m’en grande surprise, je prends conscience d’éprouver une certaine compassion mais aussi un certain soulagement à l’égard de la jeune femme. Savoir qu’elle n’allait pas baisser les bras, qu’elle allait se battre pour vaincre la maladie, se battre pour vivre, ça me rassurait. Impossible de déterminer quand j’avais commencé à m’attacher à elle, mais le fait est qu’il y a bien une affection qui m’anime vis-à-vis d’elle. On est loin d’un profond sentiment d’amitié à toute épreuve, mais je suppose que ça marquait quand même le début de quelque chose qui pourrait y ressembler avec le temps. On partait de loin, elle et moi, et les progrès faits entre nous n’étaient pas ridicules ou négligeables. Qui sait, dans quelques semaines je reviendrais la féliciter pour son combat, ou tout simplement pour prendre de ses nouvelles, comme je l’avais fait ce soir.

Son service mis en pause pendant quelques minutes, elle me rejoint de l'autre côté du bar pour prendre un verre avec moi, ce qui, je crois, est une première entre nous. Je n’avais pas souvenir que nous ayons trinqué une seule fois ensemble elle et moi. Déjà parce que rares étaient les fois où nous nous étions croisés en dehors de la salle, mais aussi car je n’avais certainement jamais montré la volonté de partager un tel moment en sa compagnie. Comme quoi tout arrive. Même les confidences. « Si, forcément un peu, puisqu’on est obligé de communiquer régulièrement pour Anaé. Et comme c’est encore elle qui la garde majoritairement, je la vois aussi quand je veux voir Anaé mais…. On ne sera jamais un couple si c’est ce que tu te demandes. » Ce n’est peut-être pas ce qu’elle pense, ou peut-être que si, elle ne serait pas la première à se demander si ma relation avec Céleste pouvait prendre cette direction après tout. « J’ai déjà quelqu’un, et je ne compte pas le perdre. » Ce qui allait être mon défi dans les prochains mois. Gérer ma vie d’étudiant, de père et de couple. Un challenge que j’étais prêt à affronter. « Mouais, je suppose que tu as raison. Mais c’est aussi beaucoup d’angoisses et d’incertitudes. Enfin, c’est surement parce que c’est le début, mais j’ai l’impression que je ne serais jamais à la hauteur. » C’est mon angoisse numéro un du moment, oubliant presque que je serais forcé également d’avancer, de progresser au contact de mon enfant, que certaines choses se feront naturellement par les liens que l’on aura tissé ensemble, et non pas parce que des bouquins nous aurons dit que c’est ainsi que les choses devaient se faire. Je hoche lentement la tête à ce que pourrait être des félicitations, un peu pensif. Aurais-je vraiment été capable de lui tourner le dos, même dans d’autres circonstances ? « De mes trois à huit ans, je n’avais pas de père… Enfin si, j’en avais un, mais pas assez de souvenirs pour m’en rappeler et ma mè… La femme qui s’occupait de moi, refusait d’en parler. J’étais pas forcément malheureux de ne pas avoir de père, mais y avait des jours où je me posais des questions, ou ça me faisait du mal de pas savoir. Ca n’a pas duré, mais je suis passé par là. Je ne me voyais pas faire subir volontairement cette souffrance à ma fille alors que je sais combien elle peut faire mal. » Je me livre sans vraiment en prendre conscience. Avoir un bébé remuait des douleurs du passé sur lesquelles j’espérais ne pas commettre les mêmes erreurs, mais offraient aussi l’espoir d’en guérir. Peut-être que c’était ma chance, d’avoir la famille que je souhaitais et de renouer avec des personnes que j’avais trop longtemps gardées à l’écart… « Désolé, je dois plomber l’ambiance avec mes histoires… ‘fin bref, c’est ma responsabilité, et je suis décidé à l’assumer jusqu’au bout. »

Tu ne connais pas Anders plus que ça. C'est pour ça que ça ne te surprend pas quand il te dit qu'il a une fille un peu sorti de nulle part. Après tout, tu l'imaginais bien en goujat avec son sale caractère et sa façon de juger les gens. Enfin, c'est comme ça que tu l'imaginais avant. Au final, t'en apprends plus en une soirée que durant ces nombreux mois à la boxe. Il t'informe qu'il a quelqu'un d'autre dans sa vie, de ce que tu comprends il s'agit d'un homme. Il est très attaché à lui et ne compte pas le perdre pour la mère de sa fille. Ils entendent bien pour la petite et c'est ce qui est le plus important à tes yeux. Tu feras toujours passer les enfants avant ta propre personne. Même s'il s'agit que de tes frères et soeur dans ton cas précis. Tu sors avec un mec ? Je ne l'aurais jamais cru ! C'est pas un jugement, juste une constatation qui te fait légèrement sourire. Et lui, il pense quoi de tout ça ? Tu veux savoir s'il est prêt à accueillir une enfant dans sa vie et s'ils se sont déjà rencontrés. Je me demande tous les jours si Elio ne serait pas mieux ailleurs, dans une véritable famille. Et au mois une fois par mois, je me dis que j'aurais du m'amener à l'assistante sociale pour qu'il ait un véritable cadre... Mais tu sais quoi ? On est jamais mieux qu'avec sa propre famille. Et puis, si on se remet constamment en question, c'est qu'on est de bons parents ? Tu le questionnes du regard en espérant qu'il approuve tes dires parce que ce sont ceux qui te motivent à continuer jour après jour. Tu tentes de lui montrer qu'il est honorable de faire partie de la vie de cette petite fille et qu'il a beaucoup de courage à assumer son statut. Tu sais qu'il y en aurait un paquet qui auraient renoncé avant même d'avoir essayé. Son passé y est peut-être pour quelque chose. Tu seras forcément un bon papa si tu gardes ce raisonnement. Au pire, elle te reprochera d'être trop dur ou trop laxiste mais, elle ne pourra pas te reprocher d'avoir été absent. Enfin, c'est ton point de vue. Il s'excuse rapidement de plomber l'ambiance et tu ne peux t'empêcher de rire en passant une main dans tes cheveux pour les replacer en arrière. Tu hausses les épaules avant de balancer d'un ton on ne peut plus léger : J'ai commencé par t'annoncer que j'avais un cancer je te rappelle. Et puis, tu parles à une orpheline qui s'occupe de ses frères et de sa soeur alors qu'elle arrive à peine à joindre les deux bouts. Crois-moi, l'ambiance n'est pas plus pourrit avec tes révélations. Je suis contente que tu te livres à moi. Ça veut dire que tu me fais confiance. Tu hausses les épaules en souriant davantage. S'il a besoin de parler, tu sera toujours là ! @Anders H. Wellington

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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

Ca ne me ressemble pas vraiment de me confier ainsi, surtout auprès d’une femme. J’ai beau avoir grandi et travaillé sur ma colère envers le genre féminin, elle reste encore présente certains jours et me rappelle combien elles peuvent faire mal, dans cette fourberie que je leur ai toujours associé. Parfois à raison, souvent à tort. Une colère et une douleur nourries dans l’enfance, ayant grandi avec moi. Incapable de m’en défaire, même envers les membres de ma propre famille. Il avait fallu presque vingt ans, plus de combats que je ne pouvais en compter, menés par des femmes, parfois sans en avoir conscience, pour que mon avis sur leur genre s’adoucisse. Mais surtout, il avait fallu un véritable choc et coup de foudre causé par l’une d’entre elles. L’innocence pure. Aucune fille ne naissait fourbe et mesquine. Elles le devenaient en grandissant, si on leur apprenait à l’être, si on les poussait dans la mauvaise direction. Et il était de ma responsabilité de faire en sorte que ma fille ne devienne pas tout ce que je haïssais chez la gente féminine. Et de mon devoir d’ouvrir les yeux sur la vision biaisée que je portais à leur genre. Charlize était l’exemple même de cette évolution de pensée. Celle que j’avais longtemps pris de haut, persuadé qu’elle n’avait pas sa place à certains endroits que je fréquentais s’avérait être en réalité de bonne compagnie, et surtout, intègre. Comme quoi, peut-être que je devais vraiment me laisser du temps avant de juger les femmes.

Un sourire se dessine lorsqu’elle s’étonne que je sois investi dans une relation, avec un homme. Je hoche lentement la tête, amusé par cette surprise qui reste souvent d’actualité face à ma sexualité. « T’en fais pas, t’es pas la seule. » Et sûrement pas la dernière. « Il est un peu confus aussi et a un peu plus de mal à faire le premier pas. Il ne veut pas interférer dans ma paternité alors il me laisse de l’espace. Mais c’est un équilibre à trouver. » Entre lui, Anaé, Céleste et moi. Tout cela était bien trop récent pour nous tous, mais on trouverait un moyen de s’en sortir. « Il ne sera jamais mieux qu’avec quelqu’un qui l’aime et qui est prêt à se battre pour lui. Même si certaines autres choses sont bancales. » C’était la raison pour laquelle j’étais resté si attaché à Lucia et que j’avais eu tant de mal à me lier avec mes véritables parents. Parce que malgré tout les mensonges, j’avais eu le sentiment qu’elle était prête à se battre pour moi, prête à se battre pour me garder tandis que mes parents m’avaient donné le sentiment d’avoir été oublié, remplacé au fil des années. « Et c’est ce que tu fais non ? Tu te bats pour ta famille, pour rester ensemble malgré les difficultés. C’est tout ce dont il a besoin. Et même s’il ne le comprend pas complètement à son âge, il le comprendra avec le temps. » Tout comme j’avais mis du temps à comprendre certaines choses sur mon passé et ma famille. Mais je ne doutais pas que Charlize était une bonne mère, ou en tout cas, ce qui pouvait le plus s’en rapprocher dans son contexte familial. Et elle aussi semble croire que je puisse assurer dans la paternité. « Je sais pas si ça me rassure en fait ce que tu dis, elle aura surement plus de choses à me reprocher si je suis présent qu’absent… Mais bon, ma décision est prise, et je ne reviendrait pas là dessus. » Je ne ferais pas marche arrière avec elle, elle aurait un père, que ça lui plaise dans le futur ou non.

Le rire de Charlize allège un peu plus l’ambiance et la culpabilité que j’éprouve à mentionner des sujets qui pour beaucoup peuvent se révéler sensibles. Je lui souris à mon tour, secouant légèrement la tête. « C’est vrai, tu marques un point. Mais tu rayonnes d’espoir quand même, comme si rien ne pouvait t’atteindre. » A la différence de moi, qui n’avançait pas aussi sereinement. « C’était pas gagné quand on s’est connu, hein ? » Je ris légèrement. Qui aurait cru il y a presque deux ans que j’aurais eu ce genre de conversation avec elle. « Ca n’avait rien de personnel tu sais. Mais désolé de t’avoir jugé si rapidement. » Peut-être que des excuses ne signifieraient plus rien pour elle désormais, mais au moins, ça aura été dit, ne serait-ce qu’une fois.

Anders il est un peu macho. Tu te rappelles comment il te regardait à la salle avant de te connaître, son regard noir, ses sourcils froncés et même ses petites remarques. Il prétendait que tu n'avais pas ta place parmi les hommes. Il te surprenait aujourd'hui en t'expliquant il était tombé amoureux d'un homme et qu'il sortait avec en plus d'être devenu papa quelques mois plus tôt. Autant dire que ça faisait beaucoup d'informations. Les deux nouveaux statuts du jeune homme semblaient complémentaires, par chance. Elle est toute petite, je me fais aucun doute sur le fait que vous allez y arriver. C'était même le moment parfait pour créer une relation. T'en sais quelque chose parce que t'as parfois ramené des hommes à la maison. Avec Elio, c'était plus ou moins facile parce qu'il ne parlait pas. Il se contentait d'observer. Pour les plus grands, tu te souviens avoir parfois ramé. Certains de tes copains de l'époque n'étaient pas à leur goût et ils n'hésitaient pas à te le faire remarquer. Tu lui donnes ton point de vue sur la situation en la comparant avec la tienne. Vous êtes tous les deux d'accord sur le fait qu'il faut s'entourer de personnes qu'on aime. Tu lui expliques que ça ne sera pas toujours facile, qu'il y aura des hauts et des bas mais que c'était la meilleure décision à prendre malgré tout. C'est la bonne décision, t'en fais pas. Et puis, dis toi que tu n'es pas seul. T'auras toujours des gens qui t'aiment prêts à t'épauler au besoin. Toi, t'as longtemps eu Baker et le fait qu'il soit plus là aujourd'hui, ça te pince le coeur rien que d'y penser. Ca n'a pas toujours été simple entre vous mais, il a toujours été de ta famille malgré tout et le seul sur qui tu te reposais. Tu ne peux pas t'empêcher de rire de la situation dans laquelle vous vous retrouvez. Malgré tout, tu ne peux t'empêcher de voir le bon côté des choses. La situation pourrait être pire. La finalité de vos calvaires est jolie. Il faut bien. Je ne vais pas baisser les bras tout de même ! Que deviendrait ta famille ? Tu esquives un petit sourire en attrapant ton verre pour en boire une gorgée. On revient de loin en effet ! Oh oui, c'était compliqué au début. Rien ne présumait qu'un jour vous seriez amis. C'est pas gave t'en fais pas. Je m'en suis remise. En fait, je crois que tu m'as donné la niaque. J'avais envie de donner encore plus quand t'étais dans les parages. Comme si j'avais quelques jours à te prouver. Tu hausses les épaules. C'était pas gagné d'avance ! @Anders H. Wellington

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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

Charlize est la première personne à qui je donne autant d'informations en si peu de temps concernant ma situation actuelle. Le reste de mes proches avaient au moins une partie de ces informations en mains ce qui avait facilité l’assimilation des autres, tandis que pour la New Yorkaise, tout était une découverte. Car je savais très bien que je n’avais jamais rien évoqué de ma vie sentimentale, pas même mon orientation sexuelle et que donc tout cela était, au même titre que ma paternité, une révélation. Je l’écoute me rassurer sur le fait que le timing puisse se révéler parfait pour construire un lien privilégié avec Anaé tant que celle-ci est petite, ce qui, justement, m’inquiète un peu. Novel était encore jeune, et je ne sais pas si l’idée de se lier à une enfant, qui n’est pas la sienne, et d’en assumer une certaine responsabilité en tant que seconde figure paternelle le tenterait, que ce soit dans six mois ou six ans. Mon quotidien semblait se dissocier pour en former deux, ce qui m’inquiétait sur la façon dont j’allais gérer ça, sans en délaisser l’un ou l’autre. « T’as ce problème chez toi, tes adelphes qui apprécient pas tes copains ? Tu penses que ça aurait été plus simple si t’avais pu te poser avec un mec quand iels étaient plus jeunes ? Et que tes copains auraient acceptés aussi ? » Parce qu’actuellement, ce n’était pas le ressenti de Anaé sur la situation qui m’inquiétait, étant donné que j’avais encore quelques années devant moi avant qu’elle ne puisse me reprocher la situation, mais il en était tout autrement avec Novel, qui lui semblait avoir été refroidi par cette annonce, qui pourtant avait marqué l’officialisation de notre relation. Il avait fait un pas vers moi et je suppose que maintenant je devais être patient et attendre qu’il soit prêt à faire un pas vers Anaé et ce sans lui mettre la moindre forme de pression.

Honnête sur les craintes que j’éprouve à être père, Charlize tente de me rassurer sur le fait que j’ai pris la bonne décision. Bien sûr, ça ne serait pas tout les jours faciles, et il y aurait des hauts et des bas, comme dans toutes les relations, mais ça ne voudrait pas dire que je manque d’amour pour ma fille ou que je suis un mauvais père, mais seulement que comme dans toutes les relations, il n’est pas toujours facile de se faire comprendre,. Des encouragements également reçu de la part de Zéphyr sur qui j’allais pouvoir compter pour me remettre dans le droit chemin chaque fois que je m’en éloignerais. « C’est vrai. Même si je pense qu’aucun de ces gens n’est également prêt à apprendre que je suis père. » Et la liste de ceux à qui je me dois encore de l’annonce était encore longue. Mais j’ai envie de m’inspirer de la jeune femme, de son optimisme et de sa force pour faire en sorte que tout aille bien. « T’es un bel exemple à suivre. » Et je le pensais sincèrement. J’affiche un léger sourire quand elle m’avoue avoir donner plus encore d’elle-même pendant les entraînements à cause de mes remarques. En soit, ça aurait pû être sympa de savoir que j’avais réussi à la motiver, si j’avais pû le faire d’une façon moins désagréable. « T’avais absolument rien à me prouver. T’étais là pour toi, pas pour moi. Et c’était pas ok pour moi d’être aussi misogyne. J’essaye de travailler là-dessus. J’en reviens de loin aussi. » Mais il était temps pour moi d’évoluer. « Je te raconterais peut-être tout ça un autre jour. » Mon verre arrive à sa fin et même si je serais bien resté à en boire un ou deux autres, je suppose que la pause de la barmaid ne serait pas éternelle.  Sous mon verre, je glisse un billet supplémentaire en guise de pourboire avant de sourire à Charlize. « Pour la barmaid la plus à l’écoute et encourageante de la ville. » Parce qu’elle le méritait amplement.

Tu expliques à Anders ton point de vue. Tu penses que c'est le moment parfait pour se poser parce que justement, sa fille est petite. Elle sera donc habituée depuis toujours à la présence de cet homme qu'elle considérera comme la famille. Il te retourne un peu la question. Il te demande de comparer à ce que tu as vécu et tu grimaces légèrement parce que c'est plus compliqué que ça de ton côté. T'as jamais vraiment eu l'occasion de faire entrer un homme dans ta vie. T'as pas le temps pour une relation et en plus de ça, tu te vois mal imposer un homme qui finira forcément par partir. Encore un abandon à accepter et tu sais que la fratrie ne s'en relèvera pas. Du coup, tu hausses légèrement les épaules en soupirant : Tu sais, j'ai pas vraiment le temps pour une relation... Je suis sortie avec Baker a une époque et il est venue mon meilleur ami. Il fait partie de la famille donc forcément, on l'accepte, on le respecte, on l'écoute comme figure d'autorité. Je doute que j'arrive à imposer un autre homme dans la famille. Quand j'invite quelqu'un, je le présente comme... un pote ou une connaissance tu vois. De toute façon, t'as jamais eu de relation sérieuse. Y a bien eu Levi qui t'a prise pour une conne. Une relation de quelques heures seulement. Tu ne te doutes pas que l'un de ses meilleurs potes, Denzel, finira par te mettre le grappin dessus.

Quoiqu'il en soit, t'es sure et certaine que Anders fera un très bon père. C'est quelque chose qui vient instinctivement. T'as pas besoin d'apprendre dans les bouquins. Il se débrouillera forcément bien, surtout qu'il semble entouré. Prends ton temps pour l'accepter avant de l'annoncer ? Tu ne sais pas quelle est la meilleure façon d'avouer une telle chose à son entourage mais, voilà comment toi tu vois les choses. Tu souris de plus bel quand il avoue que t'es un modèle à suivre. Tu n'aurais pas la prétention de dire que t'as tout réussi. Je tente de m'en sortir comme je peux en tout cas. Autant avec les enfants que dans ta vie professionnelle ou personnelle en ce qui concerne ton traitement médical. Vous évoquez le parcours que vous avez fait jusqu'à ce jour. C'est énorme quand on y réfléchit ! On revient de loin. Tu reviens de loin. Je suis sure que t'arriveras à être un homme meilleur avec le temps et je suis ravie d'avoir pu y contribuer ! Tu te mets à rire avant de lever ton verre dans sa direction, glissant à nouveau le billet dans sa direction : T'achèteras un beau cadeau à ta fille de ma part. Je vais devoir te laisser mais, on essaie de te revoir vite la prochaine fois ? Ouais parce que ça fait quand même longtemps que vous ne vous êtes pas croisés pour le coup ! @Anders H. Wellington

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

Je ne sais pas bien si Novel réussira à adopter ce rôle, celui d’une seconde figure paternelle pour Anaé, même si notre histoire venait à durer. Il était jeune, et s’il m’avait choisi malgré tout, Anaé ne faisait pas partie de l’équation originale. Elle était une personne que j’avais imposée dans notre relation, d’une façon ou d’une autre. Pas directement, mais l’impact ne pouvait être ignoré. Et il était impossible pour moi de prévoir comment notre relation évoluerait dans ces conditions. Novel perdrait t-il tout intérêt pour moi d’être moins disponible pour lui ? Serais-je trop inquiété par ma paternité pour faire attention aux besoins de l’homme qui partageait ma vie ? Ces questions étaient fréquentes dans mon esprit depuis que je lui avais annoncé l’existence d’Anaé, malheureusement, seul le temps pouvait m’apporter les réponses tant attendues. Alors je cherche, dans l’histoire de Charlize, bien différente de la mienne, de quoi me rassurer, l’élément pour me convaincre que plus tôt Anaé et Novel pourraient s’apprivoiser avec plus de facilité si le jeune homme avait toujours fait partie de sa vie. Qu’importe le rôle qui décideraient d’endosser par la suite. Mais comme attendu, l’histoire de Charlize est bien trop différente de la mienne pour envisager la moindre comparaison. « Tu n’as pas le temps, ou tu ne te laisses pas le temps ? » C’est quelque chose que j’ai déjà entendu dans mon entourage, et qui m’inquiétais aujourd’hui, maintenant que je me retrouvais moi-même dans cette position de parent, pas célibataire, mais donc l’enfant n’était pas affilier à ma moitié. La parentalité pouvait-elle vraiment prendre tout notre temps, au point d’oublier de vivre un peu pour nous-même, ou était-il plus simple d’écarter les difficultés que pouvaient représenter une relation amoureuse en se cachant derrière un manque de temps. « Si tu prévois de l’imposer, tu auras du mal, c’est certain. » Les mots sortent tout seul, parce que je me souviens aussi très bien de comment se sont passées les choses quand à moi aussi, on avait tenté de m’imposer une nouvelle figure maternelle, bien que la situation était complètement différente. « T’es sûrement comme une deuxième maman pour les tiens, j’en doute pas, mais peut-être que tu devrais justement commencer à te faire voir comme une sœur, et non une mère. Ton copain n'a pas pour but de leur servir de figure paternelle, juste d’être présent pour toi. C’est peut-être ce qui cloche actuellement non ? » Je ne suis pas bien certain de ce dont je parle, ne connaissant pas vraiment les adelphes de Charlize, mais peut-être qu’elle était trop ancrée dans ce rôle de “maman” qui finalement n’était pas le sien.

Moi, en revanche, je devais accepter le rôle qui était désormais le mien, pour le bien-être de ma fille. Un rôle difficile à annoncer, surtout si tard. Anaé avait presque déjà trois mois que la moitié de mon entourage n’était même pas au courant. En même temps, rien ne s’était passé comme on l’attendait habituellement d’une grossesse. « Je l’ai appris avec deux mois de retard. Je suppose que l’on ne m’en tiendra pas rigueur si je mets autant de temps à l’annoncer à certains. » Je tente de dédramatiser la situation, parce que malgré tout, je sais que je ne pourrais jamais rattraper ces deux mois, et c’était pour cette raison que j’espérais ne pas trop traîner à l’annoncer à d’autres. Parce que le temps ne se rattrapait pas. « Mais en réalité, j’aimerais que ma famille puisse la rencontrer rapidement. Même si c’est leurs réactions que j’appréhende le plus. » Nos relations étant toujours un peu délicates. Les mots de Charlize me font sourire malgré moi, quand elle affirme faire ce qu’elle peut pour s’en sortir. Moi aussi j’avais l’impression d’être dans cette situation depuis quelques jours. « T’y arriveras, j’en doute pas. » Un espoir autant pour elle que pour moi, de me dire que rien n’est impossible à surmonter. La preuve, j’avais réussi à surmonter une partie de ma misogynie à son égard, et bien d'autres choses pour en venir à cette conversation. Elle fait reglisser le billet dans ma direction tandis que je secoue la tête en la voyant faire. « T’en fait pas pour ça, de ce que j’ai vu jusque là, elle a été largement gâtée ! » Les amis de Céleste avaient été plus que généreux sur les cadeaux de naissance, et moi aussi avant d’apprendre qu’il s’agissait de ma propre fille. De plus, les situations financières de sa mère comme la mienne n’étaient pas du tout à plaindre. « Et puis tu ferais mieux de l’accepter, parce que sinon je le laisserais à une de tes collègues pour qu’elle le glisse dans tes affaires. Quoiqu’il en soit, il finira dans tes poches, alors autant simplifier les choses. » Je n’allais pas lâcher l’affaire, et elle savait à quel point je pouvais être têtu. « Et puis ce n’est pas l’ami qui te le donne, mais le client, c’est pas toujours facile de trouver des cocktails soft qui soient pas trop fades. » Sans la note amer ou acide de l’alcool, la plupart se retrouvaient rapidement être trop sucrés, un peu trop neutres, mais Charlize avait contourné le problème ce soir. « J’espère oui, qu’on se reverra bientôt. » L’aveu est sincère, car même si j’avais encore du mal à l’avouer, j’appréciais Charlize et souhaitais continuer d’apprendre à la connaître.