When will i see you again ? || ft Charlize

When will i see you again ?
with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston
Les dernières semaines - si ce n’est mois - ont été intenses, et, à l’approche des examens, comme ça chaque année, je ressens plus que jamais le besoin d’évacuer toute la pression et tous les sentiments néfastes que j’ai pu accumuler jusqu’ici. Pourtant, quelque chose me semble différent cette fois. La colère dont je fais habituellement preuve semble s’être atténuée. Pourtant, il y avait eu beaucoup de tension, beaucoup de stress ces derniers mois. J’avais dû faire face à un passé tumultueux, affronter quelques vieux démons, faire face à de la colère, de la jalousie, de la peur. J’avais dû faire face à de sérieuses menaces, au retour troublant d’un ex, au déni d’une paternité, à la peur de perdre l’homme que j’aime. Tout cela, je l’avais enduré en l’espace de trois mois, et alors que je m’attendais à déverser toute la rage que j’avais pu refouler sur un sac de frappe, il n’en était rien. Bien sûr, mes coups étaient toujours aussi puissants, toujours aussi précis, et la volonté de frapper là où il faut, ainsi que la détermination, intactes, mais quelque chose semblait différent. En moi. La colère et la rage sont moins présentes, la volonté, le besoin de faire du mal à quelqu’un aussi. Comme si je découvrais une autre façon de boxer. Comme si je découvrais une nouvelle part de moi.

Mon regard se promène dans la salle, cherchant une silhouette parmi celles présentes. En vain. Depuis quand ne l’avais-je pas vu ? Des semaines ? Des mois ? J’ai clairement perdu le cours du temps, mais longtemps cela était certain. Pourtant, nos conversations, elles, sont toujours dans ma mémoire, et cette approche de la boxe, moins violente, me ramène à elle et ses mots. Etait-ce qu’elle ressentait ? Possible, mais la question resterait sans réponse. A moins que je n’aille la chercher ? Je poursuis mon entrainement, laissant cette idée dans un coin de ma tête, pour plus tard. On verra bien le moment venu si je me décide ou non.

Je poursuis l'entraînement pendant une bonne heure, variant les exercices, dans une certaine sérénité que je ne me connaissais pas. Des affaires rassemblées, une douche, et voilà que je suis prêt à rentrer chez moi, pourtant, quelques questions n’ont toujours pas quitté mon esprit. Le sac de sport jeté dans le coffre, je me décide finalement à tenter ma chance au Drink, espérant trouver la brune que je cherchais un peu plus tôt dans la salle de sport. Quelques minutes de route, avant de me garer à proximité de l’établissement qui m’est peu familier - pour ne pas dire inconnu -  et je pénètre à l’intérieur, regardant tout autour de moi pour me familiariser avec l’endroit. Et puis finalement, je la remarque, Charlize, de l’autre côté du comptoir dont je m’approche. « Salut Charlize. » Que je lance arrivé à sa hauteur, tirant un tabouret pour m’installer. « Comment vas-tu ? » La question n’est pas que pure politesse. En réalité, je m’interroge sur ce qui me semble être une disparition de sa part à la salle. Avait-elle un problème ?

Tout semble on ne peut plus compliqué. La vie en générale est une suite d’emmerdes que tu tentes de dompter à défaut de ne pouvoir les gommer entièrement. La semaine dernière, ton petit-frère a été malade. A l’école, ils n’ont pas voulu l’accepter sous prétexte qu’il avait de la fièvre. Sauf que de ton côté, tu ne pouvais tout simplement pas te permettre de ne pas aller au boulot. Tu as donc privilégier l’annulation de tes séances de chimiothérapie. Tu t’es bien évidemment fait engueuler par les médecins qui ne trouvaient pas cela très sérieux de ta part. Tu as dit à Isaiah que tu avais besoin d’une pause, que les séances te fatiguaient afin qu’il ne s’inquiète davantage pour toi. Nina était de corvée « gardiennage » tes soirs de service, ce qui ne l’a pas réjouit. Gabin s’est arrangé pour modeler son planning, confiant le gosse à une amie pendant qu’il suivait ses cours. Elio est plutôt calme mais, il demande malgré tout de l’attention. S’il n’est pas trop causant, il fait malgré tout des conneries comme tous les enfants de son âge. Tu as donc passé une semaine éprouvante. T’as pas eu une minute pour toi. Alors, maintenant que les choses se sont tassées, tu as décidé de penser un petit peu à toi.

Aujourd’hui, tu t’accordes quelques minutes de répit en franchissant les portes de la salle de boxe. Ça fait plusieurs semaines que tu n’as pu y mettre les pieds, si ce n’est deux ou trois mois. C’est drôle de revenir ici. Le lieu n’a pas changé d’un poil. Tu poses tes affaires dans un coin et tu t’installes sur un banc pour pouvoir changer de chaussures, appliquer tes bandes et enfiler tes gants. Tu jettes un oeil dans la salle. Tu pensais y voir Anders. Mauvais timing apparemment. Tu hausses les épaules comme pour te faire à l’idée et tu lèves pour commencer ton entrainement. Il n’est que de courte durée. Tu restes à peine trente minutes avant de repartir chez toi, épuisée. Ce soir, tu travailles et tu ne sais pas encore dans quel état tu vas sortir du bar, ni même à quelle heure. Ça risque de ne pas être très beau. Il est seize heures quand tu récupères Elio à l’école. Tu as eu le temps de prendre ta douche, enfiler une tenue convenable pour le travail. Tu raccompagnes ton frère à la maison et tentes de faire les devoirs avec lui. Tout est si loin maintenant, heureusement que tu étais bonne élève. Ton frère n’y met pas vraiment du sien et comme tu n’as pas vraiment le temps, tu finis par faire son exercice à sa place. Alors, tu quittes l’appartement au dernier moment pour prendre ton service dans les temps.


Tu arrives pile à l’heure et à bout de souffle. Tu sers un verre puis, un second. Tu te fais finalement interpeller par une voix familière. Hey, salut ! Je t’ai cherché toute à l’heure ! Tu esquives un sourire. Tu continues de bosser tout en secouant les épaules. Ça va, et toi ? Quoi de neuf depuis le temps ? Tu lui présentes une carte pour qu’il puisse choisir ce qu’il souhaite boire. Tu ne le vois pas souvent ici, il ne doit pas connaître les cocktails aussi bien que les clients accoudés au comptoir. D’ailleurs, l’un d’eux t’interpelle pour avoir une nouvelle commande et tu t’exécutes. @Anders H. Wellington

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston
Je ne suis pas certain de trouver la jeune femme en franchissant la porte du bar. Si elle a disparu de la salle de boxe depuis des mois, n’est-il pas tout aussi possible qu’elle ait changé de job ou quitté la ville ? Je dois avouer que je ne sais pas trop quoi en penser. La boxe comptait pour elle, et même si elle avait sa vision des choses, sa façon à elle de vivre cet art, j’avais cru comprendre que jamais elle n’y renoncerait. Mais difficile de croire qu’elle n’a pas abandonné quand il s’est écoulé des mois sans la voir, et que personne autour de moi ne semble capable de donner de ses nouvelles. L’incertitude de la situation me tiraille, et me pousse malgré tout la direction du Drink. Après tout, même si elle n’y était plus, peut-être que ses collègues pourraient me donner des nouvelles. Eux devaient savoir ce qu’elle était devenue.

N'étant pas un énorme fêtard comme bien des étudiants, je ne suis pas familier avec le Drink, comme je ne suis pas familier avec le reste des bars de la ville. Je ne sors dans ces endroits que si on me le propose, et encore, je suis très modéré dans ma façon de faire la fête. Peu voir pas d'alcool, préférant la lucidité de mon esprit et la vigilance à l'euphorie de l'ébriété. Pourtant, je n'ai pas de mal, une fois la porte de l'établissement passée, à trouver le comptoir du bar, derrière lequel se trouve la silhouette que je cherchais un peu plus tôt, pour laquelle j'étais venu ici. Je l'interpelle, un peu gêné de la déranger pendant son service, mais ça ne semble pas l'inquiéter. Je lui rends son sourire, plutôt amusé de voir que nous avions, l'espace d'un instant partagé la même pensée. « Je sors tout juste de la salle. Moi aussi je t'y ais cherché, on a dû se manquer. » Peut-être que ça ne s'était joué qu'à quelques minutes, mais toujours est-il que l'on ne s'était pas vu.

Je la regarde travailler, ne se laissant pas déconcentrer par ma présence. La carte présentée, je la parcours négligemment tout en écoutant la jeune femme affirmer que tout va bien et me retourner la question. Mais je n'ai pas le temps de répondre que la jeune femme s'éloigne servir un autre client. J'ai décidément un soucis de timing aujourd'hui. « J'aurais peut-être dû choisir un autre moment pour venir discuter avec toi. » Que j'annonce, mi-amusé mi-agacé. « Ton meilleur cocktail sans alcool s'il te plait. Je te fais confiance pour le reste. » Je ne suis pas très difficile, et il n'y a aucun ingrédients auquel je pourrais être allergique, alors je lui fais confiance, à elle qui sait sûrement mieux que moi quels sont les meilleurs cocktails à la carte. Je la repose sur le comptoir avant de me gratter un peu la nuque, nerveux. Quoi de neuf hein ? « Je suis papa… Depuis peu. » L’annonce est toujours chargée d’une certaine appréhension, comme si j’encaissais encore moi-même la nouvelle. Ce qui est quelque part le cas. « C’est à peu près le plus gros changement dans ma vie depuis la dernière fois que l’on s’est vu. Et toi ? Plus personne ne semble te voir à la salle. Manque de temps ? D’envie ? »

La journée est passée à une vitesse monumentale si bien que tu as l'impression d'être au Drink depuis deux minutes à peine. Tu n'imaginais pas que cela pouvait être possible de faire autant de choses en si peu de temps. Tu es apparemment le genre de filles qui arrive à faire autant de choses en une journée que certaines en une semaine. Il faut croire que tu es une super héroïne comme le disait souvent ton jeune frère. Il est vrai que tu arrives constamment à faire tout ce que tu as prévu sur ta to do list en plus des imprévus qui s'ajoutent à celle-ci.

C'est donc au Drink que tu tombes sur Anders et non à la salle de boxe comme tu l'avais prédit quelques minutes auparavant. Sourire aux lèvres, tu tentes de contenter tes clients tout en faisant la discussion au jeune homme qui semble t'avoir cherché toute l'après-midi ou du moins, durant son entrainement. Ça te fait sourire parce que tu te rappelles qu'au début, il ne pouvait pas te voir en peinture. Tu devais constamment prouver que tu avais ta place sous prétexte que tu étais une nana et que c'était un sport de bonhomme. C'est vrai, tu m'as cherché ? C'est dingue, j'aurais jamais deviné ! Tu pensais qu'il n'aimait pas t'avoir dans les pattes. Il faut croire que les préjugés sont nombreux et pas souvent vérifiés.

Tu sers quelques habitués avant de revenir vers le jeune boxeur qui s'excuse immédiatement d'avoir mal choisi son moment mais toi, ça t'importe peu. Tu hausses légèrement les épaules en te demandant intérieurement s'il existe un bon moment. C'est vrai que tu as tendance à rester en action constamment. Tu n'as pas beaucoup de temps pour toi alors, si on ne vient pas te chercher, il est dur de capter ton attention. Y a pas de soucis. Je vais bientôt prendre une pause. On pourra la passer ensemble si ça te dit ? Mais en attendant, tu t'appliques à faire ton job et tu lui demandes ce qu'il souhaite boire. Il te demande un cocktail sans alcool et tu en prépares deux, un pour lui et un pour toi que tu pourras déguster quelques minutes plus tard.

Une fois que tout le monde est servi, tu as un peu plus de temps et tu peux revenir vers lui. Tu n'es pas toute seule à travailler au comptoir et ta partenaire de bar est aussi très efficace. C'est pour ça que tu te permets de traîner aux côtés d'Anders quand il t'annonce qu'il vient d'être papa. Wow, grande nouvelle ! Et bien, félicitations ! C'est une grande nouvelle et tu ne sais pas si c'est positif, voulu, attendu. La présence d'un enfant est toujours merveilleuse mais, tu sais également que c'est beaucoup de boulot pour avoir ton propre petit frère à ta charge. Pour un grand changement, c'est un grand changement en effet. Tu rigoles en dégageant une mèche de cheveux de ton visage. Tu la places derrière ton oreille tout en balayant la pièce de regard. Malheureusement, personne n'a besoin d'être servi donc tu ne peux pas esquiver la question. Tu hausses légèrement les épaules sans vraiment savoir ce que tu dois raconter. Disons que j'ai été occupée ailleurs et, je suis assez fatiguée en ce moment. Mais, je reviens petit à petit ! La chimio n'est pas de tout repos mais, tu t'accroches et tu tentes de ne pas négliger tes activités pour autant histoire de ne pas amener les soupçons. @Anders H. Wellington

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

La question de la jeune m’arrache, malgré moi, une légère grimace. Elle a l’air beaucoup trop satisfaite de l’entendre, de prendre conscience, d’une façon ou d’une autre qu’elle a potentiellement pu me manquer ou en tout cas, que son absence n’était pas passée inaperçue à mes yeux. C’est le cas, il est vrai, mais ce n’est pas pour autant que je dois l’admettre, que je veux l’admettre. « Je ne t’ais pas vraiment cherché. Disons que j’étais juste surprise de ne pas t’y avoir vu depuis un moment. » Mauvaise foi. En réalité, je savais très bien que je n’avais pas aperçu la jeune femme dans la salle depuis des semaines, des mois même. Si initialement, rien de tout cela ne m’avait vraiment inquiété outre mesure, j’avais quand même fini par me questionner au fil des semaines. Avait-elle finalement décidé d’arrêter, après une année à me prouver que j’avais tort sur ses capacités et sur sa place dans la salle ? N’avait-elle simplement plus le temps ? L’envie ? Avait-elle  déménagé et changé de salle ? Ou bien n’était-ce vraiment que le fruit du hasard, le manque le manque de chance qui provoquait l’absence de ces rencontres ? Toutes les possibilités étaient devenues envisageables, bien que retrouver la jeune femme sur son lieu de travail en éliminait certaines. Elle était toujours à Boston, et ça ne semblait pas devoir changer. La boxe n’avait-elle juste plus sa place quand son quotidien ?

Assis de l’autre côté du comptoir, je regarde la jeune femme travailler à un rythme plutôt soutenu. Elle est à l’aise derrière le bar, cela se voit, mais le moment n’est peut-être pas véritablement bien choisi pour taper la discussion avec elle. Les commandes sont suffisamment fréquentes pour l’obliger à couper court à la conversation pendant plusieurs minutes, allant et venant de son côté, effectuant son travail avec calme. « Ca me va. De toute façon, j’ai toute la soirée devant moi. » Elle me parait si loin désormais, l’époque pendant laquelle mes journées me semblaient bien remplies. Peut-être même trop remplie. Cette époque pendant laquelle je devais courir après Johan, où je devais rester en alerte, disponible pour faire face à tous les dangers potentiels. Aussi loin que celle où je croisais fréquemment la jeune femme près des rings de boxe. Les choses avaient tellement changé depuis un an.

Je porte le verre à mes lèvres, en bois une ou deux gorgées pendant que la jeune femme sert le reste des clients accoudés au comptoir avant de revenir me demandant ce qui a changé depuis la dernière fois. Beaucoup de choses, il est vrai, dont un grand nombre sur lesquelles je ne souhaite pas m’étendre, bien qu’il existe un changement majeur que je cherche encore à appréhender. La paternité. « Merci. » Que je réponds sobrement, même si le ton est de moins en moins sec avec le temps. Doucement, je me faisais à la situation, ce qu’elle était avec les personnes concernées. Il m’avait fallu du temps pour l’accepter, accepter cette réalité dans laquelle je me retrouvais soudainement père, avec un mois de retard, mais désormais, c’était fait. Anaé était ma fille, et personne ne pourrait m’enlever ça. « C’est surtout beaucoup de petits changements. Mais on s’y fait. Doucement mais sûrement comme on dit ! » Un pas après l’autre.

La question lui est retournée et pas seulement par politesse. Je me demandais vraiment ce qui avait pu se passer dans la vie de la jeune femme ces derniers mois pour ne plus avoir du tout de ses nouvelles. Une réponse presque décevante comparée à tous ses grands discours quand elle affirmait avoir autant sa place que moi dans la salle, quand elle prétendait - à juste raison - savoir boxer aussi bien qu’un homme. « Je vois. Même si je ne te pensais pas vraiment du genre à mettre la boxe au dernier rang à cause de la fatigue ou du manque de temps. Du coup, ça s’arrange ? Tu vas revenir me déconcentrer pendant les entraînements avec tes questions ? » Je retiens un sourire. Jamais je ne l’avouerais, mais nos conversations me manquaient un peu.

Vous en avez fait du chemin avec Anders. Il y a quelques mois encore, il ne pouvait pas te voir en peinture. Sa mission, c'était de te prouver que tu n'avais pas ta place au sein de la salle. Une fille comme toi ne savait pas se servir de ses poings, c'était tout bonnement impossible. Et puis, il a fini par comprendre que tu avais du potentiel. Et pour cause, t'as grandi dans ce milieu. En ayant un père boxeur, tu ne pouvais faire autrement. Aujourd'hui, Anders avouait ne pas t'avoir vu depuis un petit bout de temps et il semblerait que tu lui ait manqué. Tu fronces légèrement les sourcils en essayant de discerner la vérité. Au final, tu ne peux t'empêcher de rire en secouant la tête de gauche à droite tout en ricanant : Oui aller, on va dire ça ! Tu rigoles et lui sers un verre.

Tu lui demandes rapidement des nouvelles pour savoir ce qu'il se passe dans sa vie dernièrement. Peut-être quelque chose dont il aurait envie de te parler, la raison pour laquelle il t'a cherché justement. Il t'apprend qu'il est papa depuis peu. Tu ne sais pas trop quoi dire parce que tu ne comprends pas ce que ça signifie pour lui. Papa d'un enfant ? De l'enfant de qui ? Le sien ? Il a une copine ? Tu as du mal à suivre. Tu le félicites en te disant que c'est surement la meilleure chose à faire dans une situation comme celle-ci. Je te dis félicitations mais, c'est une bonne nouvelle ou...? Sait-on jamais. Vous n'êtes pas si proches. Tu ne sais pas s'il souhaitait un enfant.

Il te retourne la question et si tu t'actives en espérant que le temps passe plus rapidement et que ta pause se rapproche plus vite, tu prends malgré tout l temps de lui répondre que tu es trop fatiguée, sans pour autant t'attarder sur le sujet. Tu as beaucoup de problèmes, que ce soit personnels ou familiaux. Tu as du mal à tout concilier, travail et en plus de ça, les passe temps. Il faut donc éliminer quelques trucs et la dernière partie paye pour le reste. Je fais de la chimio, c'est assez intense du coup. Tu grimaces légèrement. Tout le monde est au courant ici. Autant ne pas passer par quatre chemins. Tu as fini par te faire à l'idée. J'ai du mal à caser mes séances du coup, ça traine et je néglige un peu la boxe. Tu hausses les épaules. Tu espères avoir plus de temps à l'avenir. @Anders H. Wellington

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

C’était loin d’être simple avec Charlize, à nos débuts, peut-être même plus qu’avec les autres femmes. J’avais toujours assimilé la boxe - et les sports de combats de manière générale - à une activité masculine dans laquelle les femmes n’avaient pas leur place. Trop précieuse, trop fragile, trop sensible pour un sport qui demandait de savoir encaisser, physiquement et mentalement. Elle m’avait longtemps dérangée, rien que par sa présence dans les lieux, parce que je la pensais bien trop fausse, la soupçonnait d’être malhonnête pour passer tant de temps dans cette salle, à s'entraîner. Et puis doucement, la glace avait fondu entre nous. Elle n’était finalement peut-être pas si mauvaise que cela. En boxe en tout cas, elle assurait, et pour le reste… Et bien elle semblait juste être une fille comme les autres finalement. Ce qui était presque décevant, mais qui la ramenait à la même place que les autres. Avant que la glace ne fonde encore un peu plus. Gamine marquée par les combats de son père, par ce sport dans lequel il s’est tant donné, mais aussi dans lequel elle a tout perdu. Elle s’est révélée plus complexe que ce que j’avais accepté de penser, plus courageuse aussi. Peu à peu, elle s’est laissée découvrir, me permettant d’entrevoir la femme qu’elle est vraiment, pas si différente d’un mec, pas si différentes des personnes que j’apprécie de fréquenter. Mais malgré la progression de notre relation, je n’étais pas prêt à lui faire savoir, que d’une façon ou d’une autre, j’avais un brin d’affection pour sa personne.

Mon verre entre les mains, le regard perdu dessus, je ne relève la tête que lorsqu’elle me demande ce qui a changé depuis notre dernière rencontre. Tout, très certainement, ou en tout cas, c’est l’impression que j’en ai. Pourtant, tous ces changements - ou presque - ont la même origine, pouvant se résumer en un seul nom : Anaé. Je lui révèle donc ma découverte récente de la paternité, ce pour quoi elle me félicite avant de douter : était-ce une bonne nouvelle ? « Ouais, ne t’en fais pas. Un peu dur à accepter au départ, parce que ni sa mère ni moi ne l’avions vu venir, et que nous ne sommes pas ensemble mais… C’est un bébé adorable, et c’est peut-être une chance pour moi de l’avoir. » Le drame de l’annonce passée, l’angoisse et la colère qui en découlaient envolées, les choses se mettaient doucement en place, et moi, j’apprenais à assumer mon rôle, stressant mais enrichissant. Alors oui, c’est une bonne chose dont je ne peux plus douter.

Je la regarde s’activer de l’autre côté du bar alors que je lui retourne la question. Pour moi, il lui était forcément arrivé quelque chose pour qu’elle disparaisse de la salle de cette façon. Ca ne pouvait pas juste être un arrêt soudain, parce qu’elle n’avait plus envie ou quoi. Pour autant, je ne m’attendais pas à une vérité si accablante. J’ouvre la bouche une première fois, sans pour autant prononcer le moindre mot. Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. Il me faut quelques secondes avant que mon cerveau ne se remette en marche, assimile toutes les informations. « Je suis désolé je ne savais pas… » Ma voix se fait un plus basse, pour le coup je me sentais un peu con. « Cancer ? » Que je demande maladroitement, sans trop savoir comment rebondir sur cette information. « Putain pardon oublie ! Ca doit pas être cool pour toi de parler de ça pendant ton service. Et puis t’as peut-être pas envie d’en parler du tout en fait. Te sens pas obligée d’y répondre si t’as pas envie, je comprendrais. » C’était sa vie privée après tout, et je n’étais surement pas le plus proche de ses connaissances. « Mais je comprends mieux pourquoi je ne t’y voyais plus. » Ca devait être plus qu’épuisant, la chimio, surement trop pour venir en plus se fatiguer au sport.

C'est compliqué de se dire qu'on peut être deux personnes à la fois. Tu peux être une jeune femme douce et adorable. Le genre de grande soeur qui prend son rôle de maman de substitution très à coeur. Cette fille qui répond présente dès qu'on a besoin de son aide parce qu'elle aime rendre service, parce qu'elle souhaite que ce monde soit meilleur. Et, a contrario, cette jeune femme forte et déterminée qui se montre sans failles. Cette nana qui cache ses sentiments derrière une carapace aussi dure que du béton pour que rien ne l'atteigne, ni elle ni sa famille. Cette fille qui cogne pour faire sortir toute sa rage alors que la boxe qui a pris le seul parent qui lui restait. Ce soir, c'est la première personne que tu es. Derrière le bar, tu offres des sourires attendrissants et des conseils à certaines personnes dans le besoin. Puis, tu écoutes les propos de Anders, venu dans l'espoir de tomber sur toi car vous ne vous croisez plus à la salle. Tu pourrais lui mentir mais tu n'en vois pas l'utilité. Il finira par se douter de quelque chose, d'autant plus que tu as décidé de doucement reprendre et que tu te fatigues très vite. T'es pas aussi forte que tu le prétends. La maladie te rattrape mais tu n'as pas envie qu'elle gagne. C'est donc pour cette raison que tu as décidé de ne lui la cacher. Lui aussi à un secret à te partager. En effet, il vient t'informer qu'il est papa d'une petite fille et si tu le félicites, tu te demandes si c'est la meilleure chose à faire. Tu pars donc en quête de réponses. Une fille, un garçon ? Dis-moi en plus ! Non en fait, m'en dis pas trop ! On va attendre ma pause ! Tu esquives un petit sourire, impatiente d'en savoir davantage à ce sujet.

Tu t'actives un petit peu plus rapidement derrière le bar en espérant que ça passe plus vite et que tu aimes un moment à partager avec lui. Quand tu reviens vers lui, tu l'informes que tu n'as pas pu aller souvent à la salle parce que tu es malade. Tu ne mets pas vraiment de mots dessus mais il est déjà en train de s'excuser, ce à quoi tu hausses simplement les épaules car il n'y a rien à dire. C'est seulement par la suite qu'il prononce le mot cancer, revenant très vite sur ses propos, comme si tu pouvais te braquer. Oui. Une leucémie. C'est compliqué de réussir à tout... concilier. Mais, ça va t'en fais pas ! Tu souris légèrement, comme pour te rassurer toi-même sur le fait que ça ira par la suite. Tu jettes un oeil rapidement à l'horloge mural avant de retourner la tête dans sa direction. On dirait bien que c'est l'heure de ma pause ! Tu informes tes collègues que tu prends quelques minutes pour toi. Ça va te faire du bien de souffler, de reprendre ta respiration autour d'un verre. @Anders H. Wellington

with @Charlize Seaton
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the 18.04.2022 Le Drink, Boston

Elle fait preuve d’un enthousiasme et d’une jovialité qui ne me surprennent pas vraiment. Elle m’avait toujours paru ainsi Charlize, sociable, empathique, philantrope et c’était aussi pour ces raisons qu’elle m’avait été si insupportable par le passé. Trop amicale, trop curieuse pour moi qui n’aspirait qu’à venir boxer en paix, avec des personnes à mon niveau. Un niveau que je lui avais sous-estimé en raison d’un détail qui me paraissait de plus en plus trivial, mais qui, il a encore quelques années, faisait foi dans mon esprit. Le fait qu’elle soit une femme m’avait longtemps poussé à me montrer des moins tendres avec elle, comme avec bien d’autres par le passé, comme encore avec certaines par le présent. Je n’oubliais pas que les plus grands maux de ma vie m’avaient été causé par des femmes, qu’elles étaient responsables des plus grandes trahisons que j’avais subi, notamment pendant mon enfance et même si ça ne justifiait normalement pas de toutes les mettre dans le même bateau, elle continuait de me paraître pour beaucoup plus mesquines que les hommes. Il fallait que je creuse quelque peu pour me rendre compte de la véritable valeur des jeunes femmes qui pouvaient faire partie de mon entourage, mais la patience n’était pas toujours ma première vertue.

Quoiqu’il en soit, les choses avaient changés avec Charlize, depuis notre première rencontre, et elles continuaient de changer pour je suppose, essayer de nous permettre d’entretenir une… Amitié (?) plus saine. Même si je suppose que ça dépendait surtout de moi. J’ouvre la bouche pour répondre à sa question mais me ravise alors qu’elle me demande d’attendre sa pause, comme si je n’aurais plus rien à lui dire après ça. « Ca marche, j’attends ta pause. » Que j’annonce avec un léger sourire, un peu charmé par son attitude.

De son côté, ce qu’elle m’annonce est bien moins joyeux et bien plus cruel. Pourtant, elle n’a pas l’air de se laisser abattre, semble presque annoncer les choses avec un certain détachement. Je fronce légèrement le regard, incapable de savoir si c’était pour se protéger ou parce que quelque part, elle avait accepté son sort. Elle confirme mon interrogation sur sa maladie, me rassure sur le fait que mes propos ne semblent pas la blesser ou la déranger. J’étais toujours très direct sur ce genre de sujet, mais ce n’était pas toujours l’approche la plus délicate. « T’as réussi à m’apprivoiser alors que je passais mon temps à t’envoyer chier. Tu vaincras ça aussi. N’en doute pas. » L’optimisme pouvait parfois paraître déplacé dans ce genre de situation, mais il fallait remettre les choses dans leur contexte. Charlize était très certainement la personne la plus déterminée que je connaisse, et j’avais bon espoir que si elle avait décidé de lutter contre la maladie, la jeune femme la terrasserait.

Mon regard suit le sien sur l’horloge accrochée au mur avant de revenir se poser sur elle quand elle m’annonce qu’il est l’heure de sa pause. Je la regarde, en quelques instants passer d’employée à cliente, juste en retirant son tablier et son badge. « Hé bien, c’est une transformation digne de Superman ça ! » Je me moque un peu, mais elle était sûrement plus à l’aise de ce côté-ci du bar sans ces accessoires. « Pour répondre à tes questions de tout à l’heure, puisque maintenant j’y ai le droit, c’est une petite fille, elle va sur ses trois mois, et elle est minuscule. » On oubliait vite à quel point ça pouvait l’être, ou l’avoir été, mais j’en avais conscience chaque fois que je la prenais dans mes bras.

Il t'a longtemps sous estimé Anders. Au début, tu pensais que c'était juste par fierté, parce qu'il était macho. Tu le voyais comme ce mec trop sûr de lui, mieux que tout le monde et ça te donnait pas envie de le connaître. Tu n'es pas du genre à juger les gens, tu préfères en apprendre davantage sur eux avant de te faire une idée de la personne qu'ils sont. Avec Anders, t'en avais même pas eu envie. Tu l'as méprisé pendant des mois. Il te mettait dans une rage monumentale et quelque part, il te poussait à donner le meilleur de toi-même à la salle. Et puis finalement, t'as appris à le connaître. Vous vous êtes découverts l'un et l'autre et vous avez pris conscience de votre bêtise. Anders n'était pas méchant, juste ravagé par son passé. Tu étais sans doute l'un des personnes les mieux placées pour le comprendre. Tu en as finalement conclu que ce n'était pas toi le problème mais bel et bien les femmes dans leur généralité et ce n'était une question de boxe, c'était beaucoup plus que ça. Quelque part, tu sais qu'Anders a peur des femmes parce qu'elles sont capable de le faire souffrir comme personne. Mais, t'as pas envie de t'attarder là-dessus ce soir. Tu ne tournes pas autour du pot, tu décides d'être honnête. Oui, il faut croire que vous avez franchi ce stade ! Ça paye puisqu'à son tour, il se livre. Tu décides donc de passer ta pause en sa compagnie. Vous avez sans doute besoin de discuter tous les deux. Tu sais que parfois, c'est mieux de parler à une... connaissance ? plutôt qu'une amie. En réalité, tu ne sais même pas définir la relation que vous entretenez ! Rire qui s'élève dans la salle quand il parle de vaincre la maladie avec plus de facilité que de l'approcher, tu secoues la tête. Vu comme ça, tu as raison. J'ai toutes mes chances. Tu as décidé de prendre les choses comme elles viennent. Depuis un moment maintenant, tu n'as plus envie de te prendre la tête avec des futilités. Tu fais en sorte de réussir à tout gérer, ta vie de famille, ta vie de pseudo maman, professionnelle et maintenant, de malade. Si seulement un jour on t'avait prévu que cette dernière étiquette arriverait !

L'heure de la pause arrive. Tu te débarrasses de ton étiquette de barmaid pour passer de l'autre côté du comptoir. Ton verre à la main, tu hausses les épaules en souriant, prenant place à ses côtés. T'es maintenant prête à l'écouter sans avoir à servir les clients entre deux virgules. Trois mois, c'est tout petit en effet. Donc du coup, tu n'es plus avec sa mère mais... ça va ? Je veux dire, vous gérez ça comment ? Tu n'as pas encore tous les éléments de l'histoire. Tout en sirotant ton verre, tu lui adores ton entière attention. @Anders H. Wellington