(TW) Samara ~ Homecoming ~

Homecoming

Le fond lui échappe encore, mais la forme.. C'est évident. Même le pingouin du coin verrait qu'elle n'est pas dans son assiette. Denzel prend donc un malin plaisir à changer de casquette, pour incarner le fameux docteur Denzou, spécialiste du rien du tout. Il écoute, et il le fait avec attention, ce qui est déjà bien. Même mieux que certains. C'est plus difficile qu'on ne croit, que d'incarner la parfaite oreille pour une personne ayant besoin de vider son sac. Chez lui, c'est inné. - Mais oui sérieux ! Je consulte autour d'un bâton de la paix, en harmonie avec l'esprit de la weed. c'est son pouvoir, sa façon de faire; il amène le temple de la paix dans le coeur d'autrui. Ou du moins, il essaie. C'est surtout l'herbe qui fait le travail, et lui ne se contente que de quelques bêtises, habilement déballées.

- Ah oui, les exams.. il n'y pense pas, mais l'ensemble de ses proches y sont confrontés. A l'exception de Charlize, tout le monde est à Harvard. Difficile de comprendre son point de vue, de ce fait. Mais il peut toujours imaginer; Denz' est assez doué à ce jeu. Etudier dans l'une des meilleures universités au monde, ça en impose. Enfin, Sam lui balance le tapis rouge. Voilà le fond, ce qu'il attendait. Envisager un redoublement, et tout ce que cela implique à ce stade d'une vie étudiante, il peut comprendre que cela ternisse son humeur. - Okay, je vois. Mais t'as dit "si je remonte pas", donc je tire une conclusion rapide: c'est pas encore joué. est-ce qu'il se trompe ? No sé. Peu importe, il voit le verre à moitié plein. Ce ne sera pas joué, tant qu'elle n'aura pas reçu la nouvelle de façon officielle. - Ecoute, on va profiter quelques minutes. Tu vas kiffer quelques minutes, je t'assure. Tu vas respirer un grand coup, et ensuite, BOUM tu t'y remets. l'air marin, qu'elle disait. Denzel va surtout lui montrer son projet, en espérant pouvoir la motiver.

La brune a le mérite de le faire sourire, avec son histoire de plongeon. Douze degrés, c'est déjà caliente. Bon, c'est vrai, parole d'habitué. - Franchement, elle est trop bonne. Je rate jamais une occasion de me baigner. hiver, été, plage des tropiques ou à proximité de glaciers, tout est bon. - J'imagine donc que t'as jamais nagé sous la banquise.. Si tu veux un décor magnifique et parfaitement paisible, c'est le meilleur endroit. Quand les rayons du soleil passent dans la glace, et que tu nages en dessous, ça fait de ces couleurs.. Le froid, c'est qu'une question d'habitude. fort d'une enfance en Alaska, ça change la donne. N'empêche que ça vaut le détour. - On va bientôt arriver. Tu devrais pas regretter.. Je pense. l'épave apparaîtra bientôt sous leurs yeux, et cette simple perspective le fait sourire d'avance.

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feat @Denzel Hopkins

─ Mais oui sérieux ! Je consulte autour d'un bâton de la paix, en harmonie avec l'esprit de la weed.

Ses bêtises m’arrachent un sourire, et croyez-moi : c’est un miracle en soi, vu que mes lèvres semblent figées dans une sorte de grimace depuis ce matin. Ses paroles encourageantes me prennent au dépourvu : encore une fois, je ne m’attendais pas à une telle attitude de sa part, et ça confirme mon impression. Ce n’est pas le même Denzel que la dernière fois. Il est d’ailleurs bien plus bavard, et je l’écoute pérorer en dodelinant de la tête, ce sourire inattendu toujours accroché au coin de ma bouche.

─ Sous la banquise ?! je répète, hébétée alors qu’il me raconte son expérience - en Alaska, je présume.

Il est complètement dingue. Jamais de la vie je ne me déshabille à moins que le mercure atteigne minimum les 20 degrés. Ça impose le respect, n’empêche. Visiblement, ce mec aime prendre des risques ! Je suis une froussarde, comparée à lui… mais ça a ses avantages : au moins, je ne me suis jamais retrouvée la tête contre le béton après une bagarre, hin hin.

─ T’es bien plus courageux que moi, en tout cas.

C’est plus diplomate que « tête brûlée », hein ? C’est uniquement lorsqu’il annonce que notre destination approche que je relève enfin les yeux vers l’horizon. Eh bien ? Que voulait-il tant me montrer ? Je ne vois que l'océan et des dunes à perte de vue, avec quelques plateaux recouverts de hautes herbes. Je lui jette un coup d’œil en coin et constate que ses pupilles sont fixées sur… une épave abandonnée.

La peinture blanche de la coque est écorchée et tachée, vaincue par le sel et son pouvoir abrasif. Ne parlons même pas du poste de pilotage, dont le métal semble avoir été grignoté par un géant. Même ma balançoire d’enfance était moins rouillée.

─ T’es pas sérieux… elle est à toi ?!

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Homecoming

@Samara Lewis

Retournement de situation, pas vrai ? Elle s'est montrée présente, lorsqu'il en avait le plus besoin. Aujourd'hui, Denzel a le sentiment que cette réalité est toujours valable, à rôles inversés. C'est à son tour de l'épauler, de la maintenir à flot - pour rester dans le thème. Après tout, elle l'a sauvé de la noyade, lorsqu'il buvait déjà la tasse. C'est le minimum, et c'est le fond de sa propre nature; aider les autres, qu'il s'agisse de blessures physiques ou de problèmes différents. Bien entendu, il ne pourra pas passer les examens à sa place; en revanche, la motiver, la pousser à s'y remettre, c'est clairement dans ses cordes. Dommage qu'elle se montre frileuse, un tour dans l'eau froide aurait pu mettre de l'ordre dans ces idées. De sa propre expérience, c'est une valeur sûre; lorsque le corps est soumis aux basses températures, il se recentre sur l'essentiel, et permet une réflexion claire, non parasitée. - Ouaip, la banquise ! Tu sais pas ce que tu rates, sérieusement. Denz' reste persuadé qu'il pourrait la convaincre, s'il l'amenait au bon endroit. Une fois lancée, elle comprendrait sans doute pourquoi cette activité l'émerveille autant. Et ça, ce n'est pas du courage. - Je me contente de vivre. C'est rien de plus qu'une opportunité saisie. Je fais tout un tas de trucs, parfois insensés, juste pour me dire "okay, je l'ai fait". Comme ça, je serais en paix au moment de partir. une philosophie particulière, le conduisant de temps à autre - comme elle l'a remarqué - dans quelques galères. Mais qu'importe, tant qu'il vit et expérimente. Tout cela pour rejoindre leur destination; l'épave, THE bateau. Son bateau, son tas de débris, cette carcasse prête à redevenir poussière. - Oh que oui ! Amène toi ! s'exclame-t-il d'un coup, filant au pas de course parmi les herbes, en bord de plage. La brise dans les cheveux, les embruns sur le visage, l'odeur saline chatouillant les narines, la mélodie de l'océan sur le rivage, c'est son univers. Et, il faut bien l'avouer, lorsque Denzel s'arrête, il porte ce regard fier en direction du tas de ferraille, son chez lui. - Il y a du vécu là-dedans. C'est peut-être rouillé, troué, mais.. Ca me parle. Ce navire possède une âme. déclare-t-il en passant le bout des doigts à la surface, contre la coque. Ressentir chaque lame traversée, chaque vague surmontée; tout est inscrit dans le bois. - J'ai investi mon salaire de mission pour me l'offrir. Du coup.. Bienvenue chez moi ? il n'existe aucun confort, aucun luxe dans ce qu'elle va découvrir. Le travail de rénovation n'a pas encore commencé, tout reste à faire. Mais, s'il ne s'y trompe pas, Denzel détient déjà l'outil de son futur départ. La liberté, caressée à la pulpe du doigt.

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feat @Denzel Hopkins

Elle est plutôt cool, sa philosophie de vie, je dois l’admettre. Et quelque part, je me demande si l’Univers ne m’a pas mise sur la route de ce type pour me faire sortir de mes idées préconçues, me confronter à des situations dans lesquelles je n’aurais cru me retrouver un jour… comme celle en ce moment, par exemple.

Il a l’air tellement émerveillé par cette carcasse, c’est à en croire qu’on ne voit pas la même chose, comme si le filtre devant nos yeux n’était pas le même. Dans sa réalité, il est face au Black Pearl de Jack Sparrow. Dans ma réalité, je contemple la réplique miniature du Titanic, version jouet cassé. Vaut mieux pas que je dise ça à voix haute : Denzel pourrait se vexer.

Il en parle comme d’une vieille maison qui aurait besoin d’un coup de pinceau. « Âme », « vécu »… et je comprends que pour lui, c’est vraiment ça, en fait : un potentiel « chez lui ». Cette impression est confirmée lorsqu’il ajoute :

─ J'ai investi mon salaire de mission pour me l'offrir. Du coup... Bienvenue chez moi ?

Son salaire de mission ? Oh, c’est vrai, j’oubliais qu’il bossait dans le domaine militaire. Ça gagne combien, déjà, un soldat ? Aucune idée. Mais si son argent ne lui a permis que de s’offrir un rafiot à moitié mort, ça doit pas être le jackpot.

─ Et t’as prévu les outils et la peinture avec ton salaire de mission aussi, ou… t’attends qu’un Génie apparaisse pour t’accorder trois vœux ?

Je suis sarcastique, mais en réalité, ça m’impressionne un peu. Hm, oui… en plissant vraiment beaucoup les yeux, je pourrais presque imagine à quoi ce tas de ferraille pourrait ressembler, une fois remis à neuf. Presque.

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@Samara Lewis

C'est vrai qu'à première vue, son histoire parait insensée. Dire que cette épave pourrait flotter un jour, semble relever de l'exploit; dire qu'elle pourrait encaisser les vagues, on table sur du quasi-impossible. Enfin, c'est ce qu'on disait aussi à l'époque, avant que l'autre toto ne plante son drapeau étoilé sur la lune. Si Musk peut aller sur mars, alors Denzel peut conquérir les océans, sur un rafiot comme celui-ci. Le blondinet remarque son air sceptique, et imagine sans mal qu'elle puisse le prendre pour un dingue; ce n'est pas commun, il l'accorde. Et après ? Certains vont à Harvard, d'autres rénovent des épaves. Ainsi va la vie. - Je suis mon propre génie, c'est ça mon secret. autrement dit, oui, il a prévu. Légère rectification: il pense avoir prévu. Elle finira par le voir de ces propres yeux. - Tu pourras m'aider à lui trouver un nom, d'ailleurs. tout bâtiment flottant doit posséder un nom, pour prendre le large; il faudra quelque chose de personnel. Denzel fait rapidement le tour, puis dresse une échelle laissée en plan contre la coque; l'habitué gravit les échelons, et saute sur le pont. - Allez, grimpe ! c'est précaire, mais suffisant. Elle pourra admirer, sur le pont principal, son hamac accroché entre le "mât" et la cabine, lit de fortune pour dormir à la belle étoile, une planche de surf et une autre, à roulettes, poussées dans un coin. - C'est royal, t'as vu ? comme disait l'autre, il en faut peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire...

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feat @Denzel Hopkins

Ça oui, je veux bien le croire. Je suis d’avis que la vie répond à notre attitude : si on se montre pessimiste et se plaint sans arrêt, la vie répond en semant des embûches sur notre chemin, alors que si on adopte une attitude bienveillante et optimiste, souvent, la chance nous sourit.

Puisque Denzel m’invite à grimper, je lui emboîte le pas et monte à bord du vaisseau. Si seulement c’était comme dans les films et que d’un coup, on se retrouvait à voguer dans les airs en direction du Pays Imaginaire !

─ Royal, royal… je répète avec un sourire en coin. J’sais pas si j’appellerais ça royal, mais elle a du potentiel, c’est vrai.

Je réfléchis en passant un doigt sur la rampe turquoise. Un nom pour cette demoiselle… les bateaux sont censés être représentés au féminin, non ? J’ai appris ça dans Titanic - ouais, désolée, c'est vraiment ma seule référence en matière de bateaux. Hm, je ne sais pas… on vient à peine de se rencontrer, elle et moi. Peut-être qu’il faut d’abord l’apprivoiser avant de la nommer. L’apprivoiser ? Mais de quoi je parle ?!

Et d’ailleurs… qu’est-ce que je fiche ici ?

J’ignore pourquoi Denzel a voulu me montrer ça à moi ; après tout, ça me semble le genre de nouvelle qu’on a envie de partager avec ses amis, pas une… presque inconnue. Toutefois, une chose est sûre : je n’ai pas pensé à mes problèmes depuis qu’on a posé le pied sur cette plage. Et je n’ai pas envie que ça s’arrête.

Au lieu de tourner ma langue sept fois dans ma bouche, je me mets à bégayer :

─ T’accepterais que… que je t’aide à la retaper ? J’veux dire… j’y connais absolument rien, et j’suis pas super douée pour le bricolage, donc je serais sûrement un boulet à tes chevilles, mais je pourrais te donner un coup de main de temps en temps. Si tu veux, bien sûr, j’ajoute en fronçant les sourcils.

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@Samara Lewis

Content qu'elle le remarque, ou plutôt.. Qu'elle soit prête à l'admettre. Jamais Denzel n'aurait balancé ses économies, s'il estimait que le rafiot n'avait plus rien dans le ventre. Bien au contraire, ce tas de ferraille prêt à couler n'ira pas rejoindre le Titanic sans parcourir quelques centaines, voir milliers, de miles supplémentaires. Il se voit déjà à la pêche, ou en soirée improvisée avec quelques visages familiers, sur ce bateau. Le vécu se fait ressentir, et le blondinet compte y ajouter sa touche personnelle; de l'humour, de la joie, une putain de bonne vibe en barre. - Tu ne la vois pas encore comme moi, c'est tout. Mais ça viendra. il va lui filer l'amour de l'océan, le plaisir à la barre et la liberté, injectée en intraveineuse sur ce plancher craquant. Où qu'elle aille, Sam ne trouvera jamais plus authentique. Il voit, le jeune marin, à l'air songeur de la brunette, qu'elle reste encore sûrement perplexe face à la situation; après tout, elle partait d'une sale mine, et la voilà mêlée à une sorte de chantier naval. Drôle de soirée. C'est le comble de l'improvisation, le mérite d'un petit con qui ne souhaitait rien d'autre, que lui changer les idées. Bien sûr qu'elle viendra retaper, peindre et planter des clous. Peut-être qu'elle passera des heures ici. En tant que compagnie appréciée, il l'espère. - Tu vas devenir accro, t'es prévenue. quand on se met au travail, qu'on part de si loin et qu'on vise si haut, on espère forcément découvrir un résultat satisfaisant. Cette sensation donne des ailes, et fait oublier le reste. Alors, qu'importe le statut "d'inconnus", imposé par la vie; Denzel s'autorise à battre les cartes comme il le souhaite. Une main sur son épaule, chaleureuse sans se vouloir intrusive, et le blondinet lui partage sa vision du futur, à l'image d'un geste ample, circulaire, de sa main libre, comme s'il lui peignait un véritable paysage, sous son nez. - Avec du coeur, et de la volonté, on va remettre ce bâtiment à flot. Et ensuite.. Cap sur Tortuga. il s'y voit déjà, capitaine Denzel Sparrow de sa propre odyssée. Sam jouerait l'excellence du maître en second, la mademoiselle Swan, formée à la piraterie au fil des aventures. - Pour bien commencer, un petit rituel. il lève l'index, lui intime implicitement de rester là, tandis qu'il disparait dans les profondeurs de l'épave. Le temps de sortir deux bières, et il remonte. - Et yo-oh-oh.. Et une bouteille de rhum ! décapsulées au briquet, question pratique. - Merde, je t'ai pas demandé.. Tu bois ? une piratesse sobre ? Elle serait peut-être la première. Toute conviction se respecte, il n'en fera pas un drame.

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feat @Denzel Hopkins

Je pourrais devenir accro à cette sensation de liberté, ouais. Ce sentiment qu’ici, entre ces rambardes rouillées, rien ne peut m’atteindre.

─ J’te préviens : t’auras beaucoup à m’apprendre.

J’ai aucune idée d’où se trouve Tortuga, mais j’ai déjà en tête les paysages typiques de plages de sable fin et d’eau cristalline. Il me vend du rêve, là. Et… je reporte mon regard vers le bateau hanté et cette image idyllique éclate dans mon esprit comme une bulle de savon. Quand il m’intime de ne pas bouger, je m’agrippe à la rambarde et laisse mes yeux vagabonder vers la mer, large et scintillante à cette heure-ci avec les reflets du soleil couchant.

Quand Denzel remonte avec deux bières, je ne peux m’empêcher de ricaner. Il avait tout prévu, en fait ! Je hoche la tête avec un peu trop d’entrain.

─ Du bon rhum, ça ne se refuse pas !

J’attrape la bouteille qu’il me tend et l’entrechoque contre la sienne avant d’en avaler plusieurs gorgées avec délice. Je ne sais pas de quoi c’est le début exactement, mais j’ai la nette impression que ça va me faire du bien. Étrange retournement que ces retrouvailles avec le SDF devenu pirate… étranges circonstances qui ne cessent de grimper sur l’échelle de l’incongru. Pour une raison qui m’échappe, ce projet qui se profile à l’horizon m’apparaît comme une bouée de sauvetage, une corde à laquelle me raccrocher alors que les ficelles de ma vie semblent sur le point de me glisser des mains. Quoi qu’il arrive, je sens qu’on va bien se marrer. Et honnêtement, c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment.

FIN

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