TW // avortement.
Black roses
« D’accord. Dis-moi si je peux faire quelque chose. » Remonter le temps ? Je ne suis pas de celles porter sur les sentiments. J’ignore comment les gérer, je ne suis même pas certaine de les éprouver correctement. On m’a tellement dicté, appris à faire semblant, que j’oublie ce que ça fait d’éprouver des véritables émotions et ce sincèrement. Trop dure, trop égoïste parce que c’est ce que ce doit d’être une PDG, une impératrice. Pour régner, il faut un caractère explosif. Si je n’avais pas été comme ça, tout ce que je possède, ne m’appartiendrais pas. Je serais simplement cette fille à papa.
Mais dans cette vie, il y a aussi lui. Tout ce qu’il est, tout ce que nous sommes et tout ce que nous ne serons jamais. Tout ce qu’on avait et tout ce qu’on a détruit. Tout ce que j’ai détruit. Oui peut-être que c’était lui, durant cette fameuse nuit. Soirée de Saint-Valentin où nous avons tous les deux perdus. Ce qu’on avait sans avoir à le calculer, sans se préoccuper réellement de ce qui se trouvait, sous la surface, caché. Néanmoins ça ne m’empêche pas de lui demander de venir se glisser à côté de moi. Profiter de sa présence encore aujourd’hui, avant qu’il n’en vienne à se rappeler à quel point il peut me détester.
Alors il pose son téléphone et vient vers moi, me propose son bras dans lequel je vais m’enrouler, jusqu’à frôler son torse avec mon nez. Je n’aime pas le goût qui se trouve dans nos mouvements, j’exècre ce qu’a pu nous faire cet incident. Je hais aussi nos non-dits. Mais je reste silencieuse, je respire son odeur, de sa présence tangible, je m’en gave le cœur. Je prends parce que je ne suis pas idiote, ça ressemble à nos dernières heures. Même Roman Abbott ne saurait pas changer Wendy Witter. Les minutes taciturnes s’étiolent avec lenteur, ou peut-être qu’elles défilent rapidement et qu’elles attisent notre erreur. Puis entendre la notification de son téléphone qui nous sort de cette torpeur. Ca a le mérite d’avorter mes possibles pleurs, « Sauvé par le gong. » je me refuse à être brisée, mes faiblesses déjà trop affichées.
Dune
(Wendy Witter)