Tu sais papa, mon histoire n’a rien de particulier. J’ai grandit sans toi. J’ai apprit à vivre sans ta présence. Je ne sais pas qui tu es, ni où tu es et honnêtement, je n’ai pas tout de suite accepté le fait de ne pas avoir de présence masculine à la maison. Tu as fuit, tu n’es qu’un lâche qui n’avait pas le courage de t’occuper de la femme que tu aimais. Tu l’as mise enceinte et tu t’es tiré. Tu as abandonné la femme la plus extraordinaire qui existe dans le monde entier. Je t’en ai longtemps voulu, et quand j’y pense, je crois qu’on est mieux sans toi. Tu n’es pas assez bien pour elle. Tu vois, je suis là. Elle n’a pas avorté, parce que son cœur t’appartenait entièrement. Je suis le fruit de votre amour et j’ai vraiment eut honte d’être ta fille. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de toi. J’arrête de me poser des questions.
Tu sais papa, je me suis beaucoup fait chahuter à l’école parce que j’étais la seule de ma classe à n’avoir qu’un parent. Je croyais que j’avais fait quelque chose de mal. Les autres ne voulaient pas jouer avec moi. Je me retrouvais toute seule dans mon coin à dessiner sur le sol avec des craies. Seule la maîtresse me tenait compagnie quand elle le pouvait. J’ai souffert de cette solitude. Qu’est ce que je pouvais comprendre à six ans hein ? J’ai pleuré, encore et encore. Je priais même la nuit pour que tu reviennes, mais tu n’as jamais pointé le bout de ton nez. J’ai cessé de croire en Dieu et au père Noël. Ils ne m’ont jamais apporté ce que je désirais le plus. Toi.
Maman travaille énormément, encore aujourd’hui pour subvenir à nos besoins.
Tu sais papa, tu as loupé de nombreuses choses. J’ai eu des fêtes d’anniversaire extraordinaires, même si je n’avais personne à inviter. Pendant un moment, je ne voulais plus aller à l’école. Je détestais être mise à l’écart. Après tout, je n’étais qu’une victime de ton égoïsme. Puis je l’ai rencontrée quand j’avais six ans. Une petite fille, qui n’avait pas peur de moi et qui ne me faisait pas des vilaines blagues. Elle partageait même son goûter avec moi. Je ne sais pas pourquoi elle est venue vers moi alors que les autres n’osaient pas. Mais je la remercie. Sans elle je ne serai pas qui je suis aujourd’hui. Sans elle je n’aurai pas pu surmonter les obstacles de la vie.
Ma première amie dans ma vie d’enfant. Tu n’imagine pas à quel point je pouvais être heureuse. Aller jouer dans le parc avec elle après l’école, l’inviter à la maison pour manger et parfois dormir. On passait nos nuits à prévoir nos futurs de supers héroines. Elle était ma lumière tout simplement.
Tu sais papa, j’ai mit beaucoup de temps à comprendre pourquoi tu étais parti. Le pire c’est que maman ne t’en veut pas. Elle accepte. Moi non. J’espère qu’elle trouvera un homme capable de l’aimer vraiment, de tout donner pour elle, sans aucune hésitation. Elle mérite d’être heureuse. Même si elle rentrait tard le soir, elle a toujours été là pour moi. Quand je faisais des cauchemars, elle passait la nuit à me tenir la main. Quand je tombais, j’avais le droit au bisou magique et a une sucette. Je n’ai pas manqué d’amour, surtout pas du tien. Je t’ai tellement détesté ces dernières années, que s’en est devenu fatigant et surtout lassant. Plus le temps passait et plus j’arrivais à passer à autre chose.
Tu sais papa, à mon entrée au collège j’ai découvert la joie du partage. Je me suis fait de très bons amis qui n’en n’avaient absolument rien à faire que je n’ai pas de père. Ils m’ont énormément rassurée. Je suis quelqu’un d’assez ouvert, peut être un peu timide au début. Je n’aime pas me dévoiler et puis quand quelqu’un me fait une forte impression, je me sens mal à l’aise. Pourtant je suis de nature très franche, je n’ai pas peur de dire ce que je pense, même si je blesse les autres. Je peux faire du mal mais aussi réconforter. J’ai apprit à consoler les autres avec des gestes, des mots. Ce n’est pas à la porté de n’importe qui. J’ai l’impression que ma présence est apaisante. Je suis certaine que toi, tu n’avais pas cette qualité.
Tu sais papa, j’ai aussi beaucoup de défauts et je me demande si je ne les tiens pas de toi quand même. Boudeuse et susceptible, je n’aime pas que l’on me fasse des remarques désagréables. Finit la gamine qui se laissait faire sans rien dire. Je peux paraître naïve, mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds pour autant. Je suis quelqu’un de fort, mais sensible. J'ai trois passions dans la vie, Aleyna , le mannequinat et la musique. Je me donne à fond dans ce que je fais et je suis fier de moi. J'ai du talent, et le mieux c'est quand je danse avec elle. Elle m'a toujours soutenue, elle a toujours cru en moi et m'a toujours encouragée pour que je ne baisse pas les bras. C'est grâce à elle que j'ai apprit à avoir confiance en moi.
Je n’ai jamais quitté ma meilleure amie. Même maintenant , elle reste la personne que je fais passer en premier.
Je suis terrifiée à l’idée qu’un jour elle puisse m’abandonner. Mais elle n’est pas comme toi, je peux lui faire confiance. Je pourrais presque dire qu'elle représente toute ma vie, si je ne compte pas maman et que sans elle, je ne pourrais plus avancer, je toucherai le fond tout simplement. Je m'accroche à elle comme un forcené, je veux qu'elle comprenne bien que je serai toujours là pour elle, dans les bons comme dans les mauvais moments. Je donnerai absolument tout ce que j'ai pour elle sans même me poser de questions.
Et toi, en serais tu capable ?
Tu sais papa, je suis devenue quelqu’un de bien et ce n’est sûrement pas grâce à toi. En t’écrivant cette lettre je me libère de toute ma haine et ma rancœur que je ressens envers toi. Je passe à autre chose. J’ai de très bonnes notes et je suis très travailleuse. Je passe des nuits à étudier pour être la meilleure. Je parle cinq langues. Le coréen, l'anglais, le japonais, le français et l'espagnol.
Aujourd'hui, mon rêve est de devenir mannequin et danseuse professionnelle. Je crois que si tu étais resté, tu aurais été fier de moi. Je crois que tu regretteras toute ta vie de ne pas avoir élevé une fille comme moi. Je n’ai plus peur aujourd’hui. Peut être que toi, tu as refais ta vie, que tu as d’autres enfants. Je n’en ai plus rien à faire. Cette fois, je te dis Adieu.
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Et si je vous parlais de moi, de mon petit caractère de gamine capricieuse ?
Par où commencer ? Mhh…
Parfois j’ai encore l’air d’être une gamine de douze ans de part mes réactions et ma façon de voir les choses mais je suis beaucoup plus mature que ce que je laisse paraître. Certes j’aime m’amuser, mais pas au point de ne rien prendre au sérieux. Les disputes, les conflits, je déteste ce genre de choses et honnêtement je préfère en rester éloignée quitte à laisser l’autre avoir raison malgré ses torts. Je suis plutôt sensible depuis que je suis petite et je me demande si les choses n’ont pas empiré. Je prends les choses trop à cœur, je me vexe facilement même si je ne le montre pas et surtout je suis rancunière. La violence, les insultes, je laisse ça aux autres. J’ai toujours apprit à faire les choses en douceur. Il m’arrive rarement de me mettre en colère. Plutôt patiente, il faut vraiment en faire des tonnes pour me faire sortir de mes gonds.
Un peu maniaque sur les bords, j’aime que les choses soient bien faites, à leur place exacte. Je suis d’ailleurs un peu trop exigente envers moi-même et les autres. Je ne lâche jamais rien, je me donne à fond dans tout ce que j’entreprends sinon je ne vois pas l’intérêt d’avoir des projets. Je m’accroche toujours comme un forcené surtout lorsque cela me tient réellement à cœur. Je devrais me calmer un peu. Certaines fois je me rends compte à quel point je peux être insupportable, mais ce n’est pas évident de changer.
On m’a souvent qualifié de pile électrique. Je donne une impression de joie de vivre permanente pour ne pas inquiéter mon entourage. Ils n’ont pas l’habitude de me voir sans sourire et je ne veux vraiment pas qu’ils se fassent du soucis. Je ne suis pas du genre à parler de mes problèmes mais plutôt à tout garder pour moi, ce qui, je dois l’avouer ce n’est pas la meilleure solution. J’ai toujours eu du mal à parler de ce que je ressens, je ne sais pas faire.
Je suis très blagueuse… mais le plus souvent mes blagues ne font rire que moi… Très joueuse, j’aime aussi le contact avec les autres. Je donne l’air extravertie mais dans le fond, je suis plutôt timide.
Mes amis passent avant tout et je suis toujours à l’écoute. Je pense être d’assez bons conseils même si je n’ai que vingt ans encore.
Vous voulez connaître mon secret ?
Quelque chose que j'ai fait et dont je ne suis pas fière. J'avais quinze ans, durant ma dernière année de lycée. J'avais beau avoir quelques amis, les autres élèves ne supportaient pas que je puisse être aussi intelligente. Les choses ont commencé avec des insultes, la disparition de mes cahiers, mes livres déchirés. je n'en disais rien, après qu'est ce que je pouvais bien faire. Un jour on a commencé à me coincer dans les toilettes, à me jeter de l'eau dessus. J'ai reçu de nombreuses menaces.
A cette époque, je voyait rarement ma mère, j'étais seule tous les soirs et je devais me débrouiller.
On m'a plaquée contre des murs, on m'a volé mon argent et mon déjeuner... et ce n'était que le début. Tous ces sévices ont duré plus de six mois. D'un autre côté, je le voyais lui, avec des filles, toujours différentes. Je ne supportais plus de l'aimer autant... J'ai finit par craquer. Ce soir là, l'appartement était vide, j'ai fouillé dans les placards et je suis tombé dessus, sur cette lame de rasoir. Je n'ai même pas hésité, je n'arrivais plus à pleurer. Je l'ai enfoncé dans ma peau sans penser à rien d'autre que d'apaiser cette douleur qui me détruisait chaque jour de plus en plus. Je suis tombée et je me suis réveillée à l'hôpital. Sur le coup j'ai détesté ma mère pour m'avoir sauvé mais je n'étais qu'une grosse conne. J'ai faillit l'abandonner. Personne n'est au courant et je préfèrerai que personne ne le soit jamais. Depuis je porte des manches longues ou bien de nombreux bracelets qui dissimulent mes poignets. Les cicatrices ne sont pas prêtes de disparaître... Une partie de ma vie qui me dégoûte... Un secret bien lourd.