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L'antre de la vengeance (@George Cavendish )
De la brume dans la tête, Abril fixe le plafond depuis une trop longue heure. Les idées tournent trop vite dans sa tête, se mélangent sans qu'elle parvienne à y mettre du sens. Le souvenir du souffle de Zola sur sa peau qui vient se confondre avec celui d'Aisling ; la douloureuse nouvelle d'Angèle, son déni, et tout ce que ça réveillait dans son propre passé ; les tensions qui avaient explosé en guerre presque ouverte avec Aurora...
Roulant sur le ventre, elle aperçoit au passage la rose orange qui repose dans un verre sur son bureau. Cette rose qu'elle s'est envoyé elle-même, mascarade et cinéma joué devant Nate. De tout le groupe des amis de son cousin, c'était lui finalement dont elle était le plus proche, lui peut-être qui pouvait le plus facilement craquer s'il y avait quelque chose à raconter - et plus le temps passait, plus elle en était persuadée. Il n'avait rien lâché cependant avec cette histoire de roses, mais ce n'était qu'une première étape sur la longue offensive qu'Abril avait décidé de mettre en place.
Repoussant le brouillard de sa tête, elle se redresse sur ses coudes pour attraper la chemise en plastique dans le tiroir de sa table de chevet, et s'assied en tailleur pour étaler les différents papiers qu'elle contient sur son lit. Elle n'est pas encore bien certaine de son idée, mais... mais un coup d'oeil lancé à la photo de Dick et d'elle affichée sur son mur la convainc que ce n'est pas une si mauvaise idée. Elle a besoin d'avoir la vérité sur cette nuit-là, de savoir ce qu'il s'est vraiment passé. Parce que plus le temps passe, moins elle croit à cette histoire de suicide, à ce mot qu'il a laissé et qui ne voulait pas dire grand chose, à cette prétendue dépression que son cousin aurait réussi à cacher. Pas à elle. Parce que si c'est ça qui s'est vraiment passé, elle ne pourra jamais se pardonner de n'avoir rien vu. Et ça, Abril n'est pas encore prête à l'accepter. Alors elle préfère imaginer toute une enquête, tout un plan aussi branlant soit-il.
Les escorts boys en photo sous ses yeux ressemblent tous un peu à Dick. C'est pour cela qu'elle les a choisi dans le fond. Les chiffres écrits juste en dessous de leur sourire adressé à la caméra sont, en revanche, beaucoup moins son choix. Elle ne savait pas que ça pouvait coûter si cher sans compter que son plan implique également un déplacement à Cancun et... gros soupir. Ses idées sont complètement hors de son budget et, même si elle est prête à sacrifier beaucoup pour obtenir la vérité, il y a des contraintes qui rendent certaines étapes impossible. L'argent, toujours l'argent...
À moins que... Non, l'étudiante secoue la tête, comme pour se parler à elle même ; c'est une idée complètement stupide qui vient de pulser dans son esprit, soulevant le brouillard pour s'enrouler autour de ses pensées. Il faudrait fournir des explications et elle n'est pas sûre qu'il la suive dans cette histoire... Oui, mais s'il embarquait avec elle ? Avec lui dans la balance, les limites financières seraient explosées... Soupir, elle continue un instant de peser le pour et le contre dans son monologue mental avant de reporter les yeux sur la photo de son cousin. Le sourire de l'adolescent qu'il était, désormais figé à tout jamais, fini de la convaincre. Pour lui, pour elle, pour son oncle et sa tête, Dick mérite que la vérité émerge.
Avant de changer encore d'avis, elle range les papiers dans de fourrer le tout dans son sac et d'enfiler un manteau et des bottines. Quelques minutes plus tard après, elle est à l'extérieur, à affronter le froid de février. Un coup d'oeil à son téléphone lui apprend que, vu l'heure, celui qu'elle cherche doit probablement encore être à son bureau.
Direction Harvard, donc.
Ses pensées trouvent écho avec ses pas et, cette fois, impossible de les chasser. Le déni d'Angèle, son coeur qui s'emballe un peu plus qu'il ne le devrait avec Aisling, et toujours autant avec Zola. Les mêmes noms qui reviennent et qui tournent dans sa tête, si bien qu'elle ne voit pas défiler le paysage et ne sait même plus comment elle finit par se retrouver devant the Loeb House. Mais le principal c'est qu'elle y soit. Grande goulée d'air frais avalé en guise de courage, comme s'il s'agissait d'un shot, puis elle entre dans le bâtiment.
L'étudiante n'a pas besoin de chercher le bureau qu'elle cherche ; elle a déjà eu l'occasion de s'y rendre quelques fois - après tout le nom qui s'affiche sur la porte est celui de la personne qui est sa plus proche famille à Boston. Même s'il n'y a aucun lien de sang, ils ont assisté aux même repas de famille depuis qu'elle a 12 ans et qu'elle a débarqué aux États-Unis.
Comme la porte est entrouverte, elle prend la liberté de la pousser et de passer sa tête à l'intérieur de la vaste pièce qui se dévoile derrière le bois.
- George ?
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