Invité
est en ligne
Invité
Je suis contente de voir que je vais pouvoir potentiellement partager quelque chose de nouveau avec ma petite cousine. Je n’oublierai pas de te remercier quand elle aura trouvé son nouveau dessin animé préféré et que moi, je passerais devant toutes ses autres Tia sans trop de difficultés. Et si parler de ma famille vivant à Boston est un réel plaisir, le fait de parler de celle que j’ai laissé au Brésil est bien plus douloureux. Encore que, je ne parle même pas de mes parents mais de ce rêve dont mon père m’a privé. Clairement. Mon rêve c’était de devenir Miss Brésil et de concourir à Miss Monde. Mais ça n’est jamais arrivé. Et puisque j’ai quitté mon pays natal pour une nouvelle vie, je n’ai pas pris le temps de recommencer, de gagner tout cet argent à nouveau. J’ai préféré laisser tout cela derrière moi. Et maintenant, je suis trop vieille pour cela. Que je soupire doucement, tentant de ne pas partir de ce côté. Et mariée. Et arrivée de manière illégale sur le territoire. Je ne pourrais pas participer à Miss USA à cause de ma nationalité brésilienne et je n’ai aucune envie de retourner sur ma terre natale. Alors tout ça, c’est du passé. Un passé que j’ai abandonné il y a douze ans de cela. Enfin non, qu’on m’a arraché. J’aurais voulu passer de l’autre côté des concours de mini Miss mais mon irrégularité de statut m’a empêché de le faire et maintenant, si l’on cherche Gigi Desrosiers sur internet, c’est mon passé d’actrice porno qui ressortira… Forcément, avec des gamins, c’est rédhibitoire. Alors j’essaye de ne pas trop y penser, de me concentrer sur tout ce qu’il se passe sous mes yeux pour laisser ce pincement au coeur s’estomper. Mes yeux ne te quittent pas et je m’assois sur la table basse la plus proche de la scène que tu occupes. Les jambes croisées, mon calepin dans une main - le stylo dans l’autre - je te regarde et écoute ce que tu me dis. À ta demande, je cherche le titre sur mon cellulaire et la musique commence à se faire entendre dans le club. Oh. Je connais ça. C’est sensuel. Mes billes ne la quittent pas et je ressens cette douce attraction qui a tout de la plume qui caresse la peau. Les mouvements sont beaux, les gestes doux. Et avant de me perdre là dedans, je dis Qu’est-ce que tu vois comme personnalité ? La sensuelle, la travailleuse, l’acharnée, la dominatrice ? J’ai besoin d’occuper mon cerveau pour que mes jambes ne décident pas à me guider jusqu’à la scène et d’occuper le rôle qu’elle m’attribuera pour l’exercice. Tu pourrais avoir le rôle de la meneuse. Ça te va si bien que c’est un sacrilège de ne pas partager cela avec le monde. Vraiment.
(Invité)