Love is just a word ? - Gigi X Shae

Vendredi 04 Février 2022, 23h30. - Ce soir, je devais assister au match des Celtics contre les Pistons de Détroit. J'avais envie de souvenir Hayden et Novel mais il semblerait que le destin s'acharne sur moi. Inquiétude inconsciente ou repas mal digéré, je ne savais pas la raison mais mon estomac me jouait des tours. Nausées et bien d'autres douleurs à l'estomac m'empêchaient de travailler. Je m'excuse auprès du coach et du reste de l'équipe avant de prendre congé pour retourner chez moi. Malgré la circulation difficile à cause des supports à l'extérieur du gymnase, je me retrouve enfin devant chez moi. Je crois que Mark devait être là, pour une fois. Mais lorsque j'arrive près de la maison, je remarque qu'il est dehors, bien habillé et bien plus souriant qu'à son habitude. L'estomac se noue encore plus. J'inspire longuement alors qu'un pressentiment en moi vint à surgir. Je ne sais pas ce qui m'attends mais dans ma tête, une seule chose me vient : où va-t-il ? pourquoi m'a-t-il dit qu'il restait à la maison alors que je le vois partir ?

Je me fais discrète dans ma voiture, au loin, et lorsqu'il déboite, je me décide de le suivre. Cœur battant, je me dis que ce n'est qu'une erreur. Il a sûrement une urgence quelque part... mais une urgence dans cette tenue ? Aussi élégant, non, il y a un problème dans l'équation. Le chemin mène à un quartier résidentiel. Là, il s'arrête devant une grande brune. Ce que je peux en deviner, c'est qu'elle est grande, cheveux longs et qu'elle est jeune. Jeune mais avec une attitude mature. Par rapport à moi, en tout cas. Elle a de l'assurance, ça se voit. Ce n'est pas le genre de fille qui se laisse marcher sur les pieds, je le ressens par ces gestes... gestes qui ont raison de mon âme.
Alors que je la détaillais, Mark est descendu de la voiture. Son sourire est radieux, j'ai l'impression que ça fait des mois que je ne l'ai pas vu ainsi. Il l'enlace, l'embrasse... Je sens mon coeur se retourner dans ma poitrine. Ce n'est plus une nausée mais une douleur aussi proche que celle d'un poignard qui s'enfonce dans la chaire. Bouche qui s'entrouvre, choquée, je vois ce bonheur qui dégouline devant moi. Larmes qui coulent sur mon visage, je me rends compte de ce que je redoutais toute la semaine. Ces traces rouges rosées sur ses vêtements, ce parfum... ce n'était pas mon imagination. C'était réel.

Contrairement à toutes les personnes normales, je n'ai pas la force de descendre pour le confronter. Encore moins la force de fuir. Mes yeux ne les quittent pas. Pas une seule fois de la soirée qu'ils passeront ensemble. Sauf évidemment, lorsqu'ils seront entrés dans des endroits que je ne connais pas. Je suis passée à la pharmacie pour prendre des médicaments pour faire passer les nausées et les douleurs. Mais celles qui sont psychologiques, je ne parviens pas à les calmer.
La soirée se termine. Enfin. Il dépose cette fille devant un club de striptease. Le Nirvana. je ne connais que de réputation, enfant de la ville, je ne suis pas ignorante mais je n'y suis jamais allée. Il s'en va, pensant certainement arrivé à la maison à temps pour que je l'accueille chaleureusement après avoir bu une bière au pub après le match. Mais il n'en est rien. J'essuie les larmes sur mes joues, me les rafraichit avec un peu d'eau avant de descendre de la voiture.

Je n'ai pas forcément une tenue très attrayante mais lorsque je me présente aux videurs, j'essaie de trouver les bons mots. Je décris cette femme, difficilement pour moi car je l'ai vu de loin. Mais je fais comprendre que je la cherche, pour lui parler. Tremblante, j'entends le mot "propriétaire" quand il la qualifie. Ah d'accord. Excusez-moi. Mais je ne parviens pas à fuir même si une petite voix me dit de le faire. On me guide jusqu'à elle, cette femme... et lorsque je la vois, j'ai envie de me décomposer sur place. Nous faisons la même taille, mais elle est bien plus belle. plus tout ce que je n'ai pas. " Bo-Bon...soir... " je tente de dire à son égard. A vrai dire, c'est le chaos dans ma tête.

Assise devant ma coiffeuse, je termine de lisser mes cheveux. Je sais que Mark ne va pas tarder et que je dois être prête. Le restaurant est réservé pour vingt et une heures et nous ne devons pas être en retard. Pourquoi ? Tout simplement parce que monsieur doit être rentré avant vingt trois heures pour retrouver sa chère et tendre et moi, je dois être au Nirvana avant minuit. Le week-end, les gens se ruent sur ce genre de lieux - ce qui m'arrange bien - et il faut que nous soyons prêts pour que leurs soirées / nuits soient mémorables. Alors, lorsque Mark m’envoie un texto pour me dire qu’il part de chez lui, j’enfile mes talons hauts et m’assure que ma tenue est parfaite. La brassière cintrée en velour noir, le pantalon noir taille haute et le blaser qui vient terminer le look, je quitte ma chambre et l’appartement. Je ne suis pas du genre à multiplier les rendez-vous avec les mêmes personnes normalement mais il y a quelque chose chez mon amant qui me donne envie de revenir. Est-ce le côté interdit, le fait de devoir se tenir en public mais de pouvoir profiter dans l’intimité qui m’excite ? Je n’en sais rien. La seule chose dont je suis sûre c’est que mes lèvres trouvent rapidement les siennes lorsque nous sommes réunis. Mais c’est que tu es beau comme ça. On doit vraiment aller au restaurant ? Ce serait presque dommage, non ? Seulement la réservation est faite et nous trouverons bien le temps de nous retrouver demain, ou plus tard dans la semaine. Il faut un temps pour tout et ça, je veux bien lui accorder. Assise sur le siège passager, la soirée se passe tranquillement. Nous discutons de tout, il paye le repas et j’en profite pour lui parler de l’avancée de mon projet. Le Nirvana n’est pas encore à moi - et ne le sera probablement pas de sitôt - mais les modifications qui y sont apportées ramènent quelques personnes en plus et diversifient le public, ce que je recherchais essentiellement lorsque j’ai trouvé cet arrangement avec l’ancienne propriétaire des lieux. Certes, le public cible est composé d’hommes mais il faut aussi pouvoir faire venir des femmes et des personnes qui ne sont pas là pour le vice de la pratique mais bien pour l’art et la beauté des corps. Et il est près de vingt trois heures trente lorsque mes lèvres se posent à nouveau sur les siennes et que je souffle Tu me diras quand t’es libre la semaine prochaine ? Et reviens comme ça. Mon index glisse sur son menton, son torse et son entre-jambe. J’aime beaucoup l’effort et la technique. Rapidement hors du véhicule, j’entre dans le club et me dirige vers mon bureau où je retire ma veste, attache mes cheveux en une queue de cheveux haute. Je trouve que cela rend mon visage encore plus anguleux et me donne presque un air de dominatrice. Une touche de rouge sur les lèvres, mon cellulaire en main, je sors du bureau et lorsque l’un de mes employés m’interpelle, je souris à cette jolie blonde qui semble… perdue. Bonsoir. Que je réponds rapidement, mon visage aussi radieux, ouvert et lumineux que possible. Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose ? Ou quelqu’un, pour ce que j’en sais. Elle a le visage un peu bouffi, presque enflé et toutes mes alarmes se déclenchent en un claquement de secondes. Ma main sur son bras, je me penche vers elle et souffle Tout va bien ? Vous voulez qu’on s’isole ? Et d’un signe de mains vers l’une de mes serveuses, je leur fais ce signe dont nous avons décidé pour prévenir d’un possible prédateur dans les lieux. Il ne se passera rien dans mon club. Absolument rien. Et je suis claire là dessus. Qu’ils ouvrent les yeux et fassent attention parce que si ça leur échappe, ce sont leurs têtes qui vont tomber.

Hier, Lucas confirmait ce qu'il se passait. Il me le disait et j'y croyais. Les évidences sont plus que frappantes. Mais une part de moi rêvait encore que ce ne soit que des coïncidences, des malentendus. Mais cette vision... Cette fille qui l'enlace, l'embrasse... je ne peux plus me voiler la face. Il me trompe et en plus de ça, ça le rend heureux. Ce sourire, cette attitude... il ne me les a plus offertes depuis si longtemps... Je suis tellement jalouse et en même temps, tellement en colère. Je ne peux retenir cet afflux d'émotions, encore moins mes pas qui m'ont menés à l'intérieur du Nirvana. Ambiance bien différente de mes habitudes. Je veux la voir. Je veux être certaine. Mais ma confiance s'efface comme neige au soleil lorsqu'elle revient dans les parages. Elle est encore plus imposante que tout à l'heure.
Là, elle ne semble plus être la femme qui fréquente Mark. Mais la patronne du Nirvana. Je me sens encore plus petite face à elle. Je me sens venir... exploser... les larmes menacent de s'écouler sur mes joues. Elle me parle mais je n'arrive pas à sortir le moindre son tangible. Alors, ça me rend encore plus mal lorsqu'elle me pose des questions. Ce que je veux ? Retrouver mon ancienne vie. Retrouver mon petit-ami. Retrouver une vie paisible comme on avait. Mais ça, je peux pas lui reprocher à elle. je n'en sais rien si elle sait. Mais ce n'est pas elle qui a choisi de faire mal.

Lorsqu'elle me demande si je veux qu'on s'isole. Je prends sur moi, essuie les larmes qui sont sur mes joues. Je dois lui parler, même si ça ne va mener qu'à me faire encore plus mal. J'ai tellement de questions. " Ou-Oui... s'i-s'il vous plait... " c'est la meilleure des choses à faire pour que je puisse avancer. " je... je dois vous parler, s'il vous plait... juste... vous et moi... " il n'y a que ça qui sort de mes lèvres. Je ne parviens pas à trouver assez de sang froid pour lui faire face. Je me sens incapable de lui arriver à la cheville.
Regard qui ne la quitte pas, je patiente. Il faut que nous soyons seules pour que je puisse lui parler un peu plus. Je ne veux pas l'importuner en face de ces salariés. Surtout qu'il s'agit d'une affaire personnelle.

La mission ce soir est de finaliser la nouvelle liste des cocktails du Nirvana, de continuer sur le nouveau storyboarding commencé il y a quelques semaines de cela et essayer de faire le point sur les évènements que nous pourrons organiser ici afin de diversifier notre clientèle. Je veux rendre ce lieu un peu moins stigmatisé, lui permettre de montrer ses réelles couleurs et que l’ambition qui m’anime se reflète sur les murs du Nirvana. Je souhaite que dès qu’un client entre ici, c’est son esprit complet qui est mis sans dessus dessous. Je rêve qu’ils pensent entrer dans un club de strip-tease un peu sombre et pénètre dans un lieu où la luxure règne mais qu’aucune personne n’ait l’impression de faire quelque chose d’immoral. Les valeurs et stéréotypes ont la vie dure et difficile dans le monde de la nuit - encore plus quand il s’agit d’un strip-tease dont la réputation n’est plus à faire. Acheter un lieu avec un fond de commerce est toujours intéressant mais pas toujours facile à gérer et à redorer, on ne va pas se voiler là face. Alors que j’ai la tête pleine d’idées et d’envies, je croise le chemin d’une jolie blonde qui a l’air complètement déboussolée. Et puisqu’elle a demandé à me parler, je m’intéresse à elle. Après tout, elle est dans mon club, perdue et son visage parle pour lui même. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé ici, dans ce lieu, et serais prête à faire monter les flics - avec lesquels je préfère ne pas avoir de discussion - s’il le fallait. Une chose est sûre, ce n’est pas ici qu’une quelconque agression aura lieu sans que nous réagissions. J’ai assez pris sur moi à l’époque, pensant que je le méritais, pour laisser quelque chose de similaire se produire. Alors, quand elle me dit qu’elle doit me parler et qu’elle veut que l’on s’isole, j’acquiesce rapidement. Bien entendu. Que je dis tout aussi rapidement, faisant signe à la barmaid en train de compter les billets derrière le comptoir de venir vers moi. À mon employée, je dis de prévenir la sécurité au moindre problème, à la moindre suspicion d’un quelconque souci et que je ne dois être dérangée qu’en cas de gros problème. Et quand je prononce ces mots, elle sait de quoi je parle. Si les clients sont plutôt libres ici, il y a des limites à ne pas dépasser et c’est souvent moi qui m’occupe de remettre les choses à plat. Mon corps se tourne vers la blonde et je lui fais signe d’avancer. Je ne me permets pas de poser ma main sur son dos pour lui indiquer le chemin à suivre. Je ne sais pas ce qui l’amène ici, pourquoi elle est dans cet état et tout ce qui va avec. Une fois dans mon bureau, la porte fermée derrière nous, je pose mon carnet sur mon bureau et sors une bouteille d’eau du petit frigo qui se trouve dans un coin. La bouteille tendue, le paquet de mouchoirs proposé, je m’asseois sur le bord de mon bureau et lui adresse un léger sourire. Je me veux rassurante, j’essaye de lui montrer qu’elle peut se confier sans dire quoi que ce soit. Je verrais bien si ça marche. Comment puis-je vous aider Mademoiselle… ? Prénom ? Nom ? Ce sera peut-être plus facile d’établir la communication, le discours, si on rend ça un peu plus humain. Non ?

J'ai l'impression que mon énergie s'évapore de mon corps à chaque seconde qui passe. ça en devient difficile pour moi de faire face à cette beauté ténébreuse. A côté d'elle, j'ai l'impression de n'être qu'une enfant. Elle dégage quelque chose que je n'ai pas. De l'assurance. De la beauté. N'importe qui pourrait se retrouver sublimer par sa vision et je comprends l'attirance de Mark à son égard. Je ne peux pas lui reprocher de plaire à Mark, une part de moi se dit que j'aurais pu être troublée par sa beauté.
J'inspire avec un peu plus d'aisance lorsqu'elle m'accorde le droit de la voir. En privé. Je ne peux pas afficher sa vie privée devant les salariés. Et en plus de ça, je ne suis pas à l'aise de parler avec elle devant tout le monde. Sans un mot, je la suis dans le Nirvana, m'arrêtant lorsqu'elle parle à une serveuse. Je les observe, cachée dans un silence respectueux, avant de reprendre notre marche jusqu'à son bureau. J'observe autour de moi alors que je suis surprise de son attention.

A vrai dire, mon coeur se met à palpiter car tout ce que j'ai réprimé depuis que j'ai quitté la voiture, ils ressortent enfin. Car je me contenais pour ne pas exploser devant ces inconnus. Mais devant elle, je me sens au bord de l'explosion. " Il y a cinq ans, j'ai rencontré un homme merveilleux et je me suis mise en couple avec lui... " les souvenirs remontent, ceux qui me rappellent l'amour que je (pense) ressens pour lui. ça me fait mal. "mais il y a un an, après tout ce temps passé ensemble, notre relation s'est étiolée mais je me suis dit que c'était qu'une phase. Malgré les efforts, ça n'était que de pire en pire... Hier, j'ai appris qu'il me trompait... " je sens les larmes coulées sur mes joues. je viens les essuyer du revers de la main, je voulais finir avant qu'elle ne comprenne. " Et ce soir, j'ai vu plus que de raison qu'il était heureux de vous côtoyer alors qu'avec moi, Mark ne m'adresse plus la moindre attention... "

Mon regard se pose sur la belle brune, je ne lui en veux pas. Mais je voulais lui faire face. " Je n'ai aucune colère contre vous, Madame, j'ai... je voulais juste... voir pourquoi Mark vous préférait à moi. Mais c'est clairement évident... " Sentiment d'abandon, je ne peux plus me battre. Nuque qui se baisse, je fixe la bouteille qu'elle m'a tendu, caressant les gouttes humides du bout des doigts. Un sentiment étrange vient naitre en moi. La sensation que ma vie va se chambouler, va changer... j'ai peur... ça m'angoisse. Mais je n'ai pas le choix. Mark ne semble plus m'aimer. Il semble si heureux avec d'autres femmes.

Je ne sais pas ce qui amène la jeune blonde dans le Nirvana mais face à son air troublé, à ses yeux rouges et sa volonté de parler avec moi en privé, je ne mets pas longtemps à accepter et la diriger jusqu’à mon bureau. Je ne veux pas passer à côté de quelque chose. J’essaye de changer la réputation du Nirvana, de la redorer légèrement alors, forcément, s’il s’est passé quelque chose dans le club, il vaut mieux que ce soit gérée comme il se doit plutôt que de laisser la graine pousser et donner un beau merdier dans le futur. Et dans le bureau, je fais tout ce que je peux pour la mettre à l’aise, pour la mettre en confiance. J’ai beau vouloir que ce lieu reste immaculé d’incidents, je ne vais pas pour autant faire taire qui que ce soit pour y arriver. Les victimes ne doivent pas être dissuadées de porter plainte, de trouver la justice et je suis prête à tout entendre. Seulement… Son récit me semble étrange. Elle est en couple depuis cinq ans. Tant mieux pour elle ? Les bras tendus le long de mon corps, mes mains sur le bureau de chaque côté de mes fesses, je l’écoute et essaie de comprendre ce qu’il se passe, ce qu’elle tente de me dire. À l’annonce de sa tromperie, je grimace légèrement et ne peux m’empêcher de penser que cela doit être quelque chose de difficile à vivre. Dieu merci, ce n’est pas mon mode de vie et le polyamour n’est que respect. Enfin, c’est ce que je crois. Parce que lorsqu’elle prononce le prénom de Mark, je grince des dents. Shit. Merde. Bordel. Je pensais que nous étions un peu plus discrets que cela. Pas que j’en ai grand chose à faire, étant bien dans mes baskets et complètement en phase avec ce que je fais. Mais la détresse de la blonde me fait clairement comprendre qu’elle n’était pas au courant de tout cela. Je suis pourtant sûre de ne pas être la seule à fréquenter Mark, comme ce n’est pas le seul homme que je fréquente. Shae, c’est ça ? Que je souffle rapidement, me redressant légèrement contre le bureau. Je ne sais même pas quoi lui dire. Barres toi serait le meilleur conseil que je pourrais lui donner mais je ne pense pas que c’est ce qu’elle veut entendre. Tu peux m’appeler Gigi. Après tout, on partage le même homme, les mêmes flux alors autant laisser tomber le vouvoiement, non ? Je ne suis pas la seule… Que je lance rapidement, une grimace sur le visage. Ce n’est pas mon arc de défense, je n’en ai pas. Mais je préfère que tu sois au courant maintenant avant de le voir avec une autre femme. Elle aurait pu tomber sur n’importe qui d’autre que moi mais non, c’est à moi de gérer tout cela, de gérer le merdier dans lequel il s’est foutu. Parce que de mon côté, je ne vois pas le mal. Il lui en fait et je ne l’aide pas. Ma relation polyamoureuse a toujours été claire et nette. Mais ça ne justifie pas tout. Si vous êtes ensemble depuis si longtemps, c’est qu’il y a une raison. Je ne sais pas laquelle mais je ne peux pas trouver pour elle. Raphaël et moi sommes mariés depuis aussi longtemps qu’ils sont en couple et ça a toujours été clair entre nous. La communication est bien une chose que je ne pourrais jamais reprocher à mon mari. Quand je lui ai dis que j’étais polyamoureuse et avait plusieurs partenaires sérieux, ça a semblé être son mode de vie aussi. Un menteur, voilà ce à quoi j’ai à faire et ça me fait vraiment chier. Si ce mode de vie n’est pas pour tout le monde, je refuse de me laisser embarquer avec ce beau parleur. Il m’a promis que tu étais d’accord avec cela. Mais j’en comprends que ce n’est pas le cas. Je n’ai pas cherché à savoir, c’est vrai. Et je sais que je vais devoir arrêter cette relation avec Mark, ce qui ne me plaît pas le moins du monde. Ou alors ça va pouvoir continuer si elle accepte tout cela ? Je ne sais pas trop. Ça me semble compliqué. Très compliqué.

Le changement va se faire. Je le sais. Un tournant va se prendre maintenant que j'ai pu constater clairement que Mark n'était plus amoureux de moi. Qu'il a retrouvé le sourire auprès des femmes qu'il côtoie. Dont cette grande brune magnifique. Lorsqu'elle me questionne sur mon prénom, je secoue la tête positivement. "Oui... " dur de se dire qu'elle sait déjà mon prénom mais Mark a du lui parler de moi. En bien ou en mal, je n'en sais rien. Je dois avouer que je ne sais plus si j'ai envie de le savoir ou non. Elle se présente à moi, me tutoyant au passage. ça me fait bizarre mais je ne suis pas vraiment attachée à la forme de nos échanges. je n'ai pas vraiment envie de me casser la tête. " d'accord. " comment pourrais-je lui dire que je suis enchantée de faire sa connaissance ? Ce n'est pas contre elle, malheureusement.

Lorsqu'elle reprend, elle vint à toucher du doigt ce dont je me doutais déjà. pas la seule. elle me le confirme. je ne décroche pas lorsqu'elle parle mais je ne parviens pas à lui montrer la moindre réaction. qu'elle soit positive ou négative. Elle me parle d'un Mark que je ne connais pas. D'un homme que je pensais amoureux uniquement de moi. Hors, il lui a menti aussi. D'accord avec le fait de le partager ? Non, j'en suis incapable. éternelle romantique, traditionnelle amoureuse, je me donne entièrement comme je voudrais que la personne le soit entièrement à moi. " je suis désolé. " de ce que mon (futur ex) petit-copain ait pu lui dire pour arriver à ses fins. Je dépose la bouteille d'eau qu'elle m'a donné, n'ayant pas vraiment l'envie de boire malgré les larmes qui ont coulés. j'ai le sentiment de mériter le mal de tête qui finira par venir.

" Mark ne semble plus m'aimer. Il était souriant avec vous. Il était bien. Comme à nos débuts. peut-être que ça s'est estompée ? je ne me suis jamais sentie à la hauteur mais là... " encore moins. Mon regard se relève, se pose sur cette Gigi. Evidemment, je la détaille encore plus. Je me sens si jalouse. J'ai envie de la détester, de lui dire qu'elle a fait du mal à notre couple. Mais je me rends à l'évidence qu'elle n'y ait pour rien. je dois me sortir de ce déni. " je devrais vous laisser tranquille... vous avez du travail... " et son club ne va pas se gérer tout seul. même si elle semble s'en occuper d'une main de maitre. de plus, mon esprit s'assombrit par les pensées douloureuses. J'ai besoin de respirer, de me changer les idées. " merci de m'avoir apporté des réponses, Gigi... " après tout, elle aurait pu être méchante avec moi. mais elle ne l'a pas fait.

Je n’aime pas mentir alors, forcément, lorsqu’elle m’explique qui elle est, je ne peux pas faire comme si je n’étais pas au courant de son existence. J’ai tout de suite su qu’elle existait, qu’elle était dans le paysage. J’ai toujours su que Mark avait une petite-amie - une fiancée - mais cela ne m’a jamais gêné. Tant que les choses étaient claires entre lui et moi et puis entre lui et elle, ça m’allait parfaitement. Ce n’est que ça que je demande, que tout le monde soit au courant des partenaires de tout le monde, surtout quand des sentiments et relations sexuelles sont mises en jeu. Je m’entends très bien avec le jeune homme mais à ce moment précis, je vois qu’il manque quelque chose de fondamentale entre nous deux : le respect des règles que l’on s’est posé. Tout ce que je demandais, c’était que toutes les parties impliquées soient au courant et il ne l’a pas respecté. J’en suis désolée pour la blonde mais aussi pour lui qui risque de se prendre un savon la prochaine fois que nous nous verrons. Je pourrais régler les choses par message mais ce n’est pas comme cela que j’agis et réagis. Oh mais tu n’as pas à être désolée. Tu n’y es pour rien. Dans toute cette situation, c’est plutôt lui qui a intérêt à être désolée et à régler ses soucis avant de revenir vers moi. Un amant bien agréable, des restaurants toujours appétissants mais je n’irai pas contre mes valeurs pour cet homme que je ne connais que depuis quelques mois seulement. Après tout, je ne suis ici que depuis cinq mois. Mais cela m’a suffit pour rencontrer des personnes merveilleuses ou que je pensais merveilleuses. Je me sens quand même désolée pour elle, ne sachant pas trop comment lui communiquer tout cela. Je pourrais lui dire que je sais ce que ça fait de se faire avoir de la sorte, quand on pensait pouvoir avoir confiance… Mais comparer son histoire d’amour à la supercherie qu’ont été les dix-huit premières années de ma vie, non merci. Ce n’est même pas pour elle que je le fais mais bien pour m’éviter de repenser à tout cela. Je la regarde, l’écoute et je dois dire que mon coeur souffre pour elle. Shae a l’air tellement amoureuse et lui… Je sais que ce n’est pas le cas. Ou pas que d’elle. Seulement, quand elle dit ne s’être jamais sentie à la hauteur, je fronce les sourcils et me redresse légèrement. Enlèves donc ces idées de ta tête. Tu n’y es pour rien s’il n’est pas fait pour la monogamie. Ou pas celle avec qui il veut aller vers ce mode de vie. Tu n’as pas à te dénigrer pour cela, c’est lui le fautif dans l’histoire. Et bien entendu que la solidarité féminine à sa place dans cette rencontre, dans cette discussion. Je ne peux pas effacer tous les doutes qu’elle doit avoir et je ne suis même pas sûre de pouvoir l’aider réellement mais tout ce que je sais, c’est qu’elle ne doit pas se remettre elle en question. Je suis sûre qu’elle a tout fait bien. Mais bien n’est malheureusement pas toujours suffisant. Ne t’inquiètes pas, mon équipe s’en sortira très bien sans moi. Que je souffle avec un léger sourire sur le visage. Elle ne veut pas en savoir plus ? Elle ne veut rien savoir ? Afin de mettre de l’ordre dans son histoire et sa vie ? Je me demande bien ce qu’il va se passer dans les jours qui suivent pour son couple et peut-être même le mien. Je la regarde et me lève doucement, repoussant la bouteille qu’elle a posée sur le bureau un peu plus tôt. Je ne peux pas la forcer à rester de toute façon. De rien. Si jamais tu as d’autres questions, n’hésites pas. Que je souffle rapidement, finissant par me pencher pour attraper une de mes cartes de visite que je lui tends. Gigi Desrosiers. Et si tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit, la porte du Nirvana est toujours ouverte pour une discussion ou autre. Je ne sais pas trop quoi lui offrir de plus. Je me doute bien que je suis bien la dernière personne avec laquelle elle a envie de composer mais je connais la situation alors peut-être que ça aidera, je n’en sais rien. Seul le futur nous le dira.

Au fond de moi, je me sens coupable de tout ce qu'il se passe. Si j'avais été une femme plus aimante. Si je n'avais pas regardé que mes propres sentiments. Bien des "si" naissent dans mes pensées sans jamais pouvoir refaire le monde. Il est ce qu'il est à présent, je ne peux plus rien y faire. J'offre un sourire désolé, encore, à Gigi. Sans lui répondre pour ne pas me faire plaindre à nouveau. Je me sens perdue, désorientée. la remise en question est sévère envers moi-même, fort heureusement, Gigi trouve le moyen de récupérer les petits morceaux qui se délètent de la confiance en moi. C'est vrai que Mark n'a jamais tenté de parler avec moi de "ça". De voir d'autres personnes. Ce qui ne m'avait jamais inquiété aux vues de la jalousie qu'il portait dès l'instant qu'un homme s'approchait de moi. C'était une façon pour moi de m'imaginer qu'il m'aimait au final... Et ce séjour à Paris... n'a été qu'un échec. Au final, je me rends compte que j'ai perdu mon temps à espérer et à essayer que ça marche encore entre nous. Tant pis ? Je suppose. Non. Impossible. Je ne veux pas être seule. Je ne veux pas perdre son amour. Je dois lui parler ? Oui. Le confronter ? Oui. Peut-être qu'en le quittant, il reviendra sur son attitude ? Mes espoirs sont féroces. naïfs. Je ne sais plus, j'en suis perdue. J'ai besoin de réfléchir mais ce n'est pas en la présence de Gigi que je dois le faire.

Je décide d'en finir. Ce soir, les émotions m'ont bien fait assez de mal. Même si je me demande si elle l'aime. Si elle s'imaginait plus loin avec lui. Ce n'est pas mon histoire. mais la leur ? ce serait mal placé. Envers Gigi. Même si une part de moi me crie que je devrais lui demander les détails de ce que Mark a pu lui dire. De ce qu'elle a fait avec lui. Bien des choses encore. Mais non, je ne veux plus en entendre. Qu'il voit une autre personne, c'en était déjà trop pour moi. Même si Gigi semble disposer à échanger plus longtemps, j'ai besoin de faire face à tout ça. Elle me propose de revenir si j'ai des questions. Mais les réponses, je n'ai pas envie de les entendre. Je finis par prendre la carte qu'elle me tend. " Gigi... Desrosiers... même votre nom est classe, c'est vraiment frustrant... " cette femme semble parfaite en tout point. Elle m'offre même son aide, je lui souris. " Merci... ça devrait aller, je suppose ? " Finalement, une pensée vient à me traverser alors que je range sa carte dans mon sac à main. J'en ris nerveusement. " Je me dis qu'on aurait pu être amies... dans d'autres circonstances. " parce qu'à l'heure actuelle, je ne me sens pas à l'aise face à elle. Elle est ce que j'ai toujours redouté. mais c'est dommage, elle ne semble pas être une mauvaise personne. Au contraire, elle aide même une personne comme moi. Je lui lance un regard avant d'amorcer mon départ de la pièce. Il faut que je me chance les idées, que je trouve la force d'avancer avant de confronter Mark. j'appréhende tant.

S’il y a bien une conversation que je ne pensais pas avoir ce soir, c’est celle-ci. S’il y a bien une personne que je ne pensais pas rencontrer de si tôt, c’est bien Shae. Mark n’a jamais voulu l’impliquer et même si j’aime bien connaître tous les partenaires que mes partenaires ont, je n’ai jamais trop forcé avec lui. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça ne fait pas longtemps que l’on se fréquente, que l’on est ensemble. Je leur laisse toujours un peu le temps pour être sûre de ce qu’ils veulent, de ce qu’ils recherchent. Pour moi, tout est clair. L’affection est là, les sentiments peuvent arriver mais il est hors de question que je m’enferme dans une relation monogame où tout me semblera fade, pas assez vivant et allant contre mes envies et mon mode de vie. Le polyamour n’est pas réellement reconnu, encore moins accepté et c’est tellement dur de le faire respecter. Je crois bien que Mark vient de me montrer qu’il ne respectait pas vraiment cela. Je suis probablement la femme avec qui il la trompe pour la jolie blonde mais ce n’est pas ainsi que je le vois, que je me vois. Quand les choses sont claires, ce n’est pas de la tromperie. Et c’est bien pour cela que je ne me sens pas plus mal que ça pour la jeune femme. C’est malencontreux pour elle mais je n’y suis pas pour grand-chose. Je lui tends rapidement ma carte et ne peux m’empêcher de laisser un léger rire s’échapper de mes lèvres. Je suis mariée. Ce n’est pas mon nom de jeune fille. Et je suis sûre qu’elle se pose mille et unes questions sur ma vie, sur ce qui fait de moi celle que je suis. Raphaël et moi n’avons qu’un contrat entre nous, nous sommes de connivence et s’il me permet de rester légalement dans le pays, nous ne sommes ni amoureux, ni en couple. Lui s’essaye à la monogamie et c’est bien quelque chose qui me chagrine mais… C’est la vie ! Je m’appelle De Lourdes normalement, c’est bien moins classe. Dé Lourdèss, carrément moins classe. Mais bon, c’est un nom que j’ai été ravie de quitter et que je ne veux absolument pas retrouver. Un sourire dans sa direction, je sais que ça va aller puisqu’il faut plus à n’importe quel être humain pour se rétamer que ça. Et puis, une femme ça se relève toujours, non ? Et quand tu seras prête, je serai disponible pour qu’on parte sur cette route. Que je lance en souriant doucement, la contournant pour me retrouver à côté de la porte. Si ça n’arrive jamais, promis, je ne t’en tiendrais pas responsable. Un clin d’oeil dans sa direction, je pose la main sur la poignée de porte et avant de l’ouvrir, je dis T’es la bienvenue ici Shae. Quand tu veux, vraiment. Parce que je la vois bien l’hésitation dans ses yeux, la peur sur son visage, la réalisation que toute sa vie entière va changer du tout au tout dans les jours qui arrivent. Et j’espère que lorsque l’on se croisera, ce sera pour un beau moment.