C’est fou comme ils sont mal assortis ces deux-là, et comme ils le sont parfaitement à la fois. Ils sont brisés pour des raisons bien différentes, trop occupés à survivre pour avoir le courage de se rappeler comment on fait pour vivre. Haley ne s’étonne pas quand il dit qu’il survit, parce qu’elle sait que s’il va mal au point d’avoir besoin de taire ce qui le ronge, c’est qu’il ne peut en être autrement. Et si elle le sait si bien, c’est parce qu’elle est dans la même situation. Oui, elle est peinée que son meilleur ami n’éprouve pas les mêmes sentiments qu’elle mais pas surprise et pas tant que ça au fond. Ce qui l’inquiète plus, c’est qu’elle vient peut-être de gâcher leur amitié, de prendre une distance entre eux par sa déclaration mais c’est ainsi, elle ne peut lui en vouloir. Non, ce qui lui ronge les entrailles, c’est l’indicible, ce qui fait qu’elle survit sans trop savoir si elle a vraiment envie de se battre pour faire mieux. Comment pourrait-elle parler des doutes qui l’assaillent concernant ce bébé qu’elle a rapidement été déterminée à faire adopter ? Comment avouer qu’elle sait avoir pris la bonne décision mais qu’il lui manque et qu’elle aimerait le voir grandir ? La future vétérinaire sait tellement ce qu’il veut dire qu’elle fait semblant d’y croire quand il lui parle de la morsure de l’hiver plutôt que de celle de la vie. “
T’aurais dû m’écrire, je t’aurai ramené un bonnet.” dit-elle, en disant que cela aurait été une bonne idée, en plus. Un petit cadeau de Noël, c’est de saison, et cela lui aurait fait comprendre à quel point elle est reconnaissante du temps qu’il lui a consacré ces derniers temps.
Les yeux de la jeune femme s’écarquillent quand il lui parle de figures qu’elles ne considèrent accessibles qu’à des athlètes de haut niveau avant qu’elle ne voit son air rieur. Elle lui donne un léger coup de coude, bien plus à l’aise avec lui qu’elle ne l’est généralement en connaissant si peu quelqu’un. “
Mais moi, j’ai très envie d’être impressionnée, vois-tu.” précise-t-elle, d’un air innocent qui lui va si bien. Elle n’est pas dupe mais se dit surtout qu’il y a bien trop de monde pour réaliser de telles prouesses, à moins d’être prêt à prendre le risque de faire perdre quelques doigts - ou la trachée - à un certain nombre d’individus. “
Non, mais alors là, c’est de la concurrence déloyale !” râle-t-elle, jovialement quand il parle de gage. “
On sait très bien que je vais être la première à tomber !” Pourtant, elle attrape sa main et monte sur la glace, cherchant à se stabiliser. L’avantage, c’est que même instable, elle aura au pire l’air de Bambi sur la glace et qui ne regarde pas cette partie du dessin animé d’un air attendri ? “
On commence doucement, ok ? Garde-en tête que je suis comme toi : j’ai absolument aucune intention de t’impressionner.” précise-t-elle avant de se rapprocher du bord pour pouvoir se rattraper à la rambarde de la patinoire, en cas de chute inopinée.
@Horace Dawson