Time for truth - Malacki

Les accusations pleuvent, la rage qui remplit l'espace devient étouffante. Keelan vous accuse de l'avoir abandonné aux mains du père violent, comme s'il avait été le seul à avoir été victime de ce connard de maccabée. La colère pulse dans les tempes. « Tu crois qu'il nous a pas cogné aussi ? Tu crois qu'on a pas tous cherché des putains de solutions ? On a tous dit à un moment donné à maman de se barrer mais elle a pas eu le cran de le quitter avant alors c'est de notre faute si t'as continué de ramasser ? C'est ça Keelan ? C'est de notre faute si on est partis suivre des études en te laissant là parce que t'étais le bébé de la caravane ? MAIS PUTAIN RÉVEILLE TOI. J'ai voulu te prendre avec moi quand j'étais enceinte pour t'éviter tout ça, c'est maman qui a refusé aussi. Donc pointe pas les mauvais coupables de cette vie de merde ! » Tu gerbes tes mots avec toute ta rage. C'est à ton tour de choper une bouteille du bar en posant 100 balles sur le comptoir. Ça remboursera les frais. Tu regardes Ange avec noirceur. C'est pas contre lui, mais là, t'es incapable de redescendre. « Parce qu'on devrait se calmer ? Tu crois qu'on peut se calmer alors qu'on apprend que le p'tit faisait la pute, qu'il a été complice d'un meurtre et qu'en plus ça fait des mois qu'il nous cache ses petites correspondances avec celle qui nous a plus divisés que rassemblés ? Parce que clairement, j'ai pas envie d'me calmer. Alors si toi ça t'en touche une sans bouger l'autre, t'as de la chance. Mais là j'ai juste envie de claquer sa face mais j'suis pas notre paternel. » Tu ouvres la bouteille, tu en bois une bonne partie en cul sec. « Vous savez quoi, allez tous vous faire foutre pour ce soir. Désolée pour ceux qui ont rien fait, mais j'ai pas envie de trier. J'me tire. » Tu claque la porte du bar derrière toi et tu retournes dans ton van.

Tu t'installe en haut bien décidé à ne pas redescendre mais ta sœur vient te chercher et se qu'elle dit te fais réfléchir un moment. Elle a raison. Tu n'es plus toute seule. Tu as Noam maintenant, ce petit bout de chou qu'il faut protéger et à qui il faut montrer l'exemple. Alors tu finis par redescendre et lorsque tu arrive dans la salle c'est comme si tu arrivais sur un champ de bataille. Et tu sais que vous n'arriverez à rien si vous continuez à vous gueuler dessus comme ça. Bon, au grand mots les grands remèdes. Tu te dirige vers le comptoir avant d'activer l'alarme que t'as fais installer après le braquage du Lord Hobo. Une sonnerie tellement stridente qu'elle ferais saigner les oreilles de n'importe qui. Tu ne la laisse pas longtemps juste le temps que tout le monde se calme un peu ou du moins arrête de gueuler dans tous les sens comme les deux protagonistes dans Astérix avec leur poissons frais ou pas frais. Tu pose alors tes yeux sur ton plus jeune frère avant de te lancer : "Je ne lui en veut pas pour ça. Je lui en veut parce qu'elle a décidé ça toute seule sans nous en parler. Alors qu'on aurait tous été ravis de l'aider et qu'on aurait pu faire autrement que de commettre un meurtre. Elle va devoir vivre avec ça toute sa vie tu t'en rend compte ?? Et toi aussi. Alors que si on avait bossé ensemble comme une famille on aurait pu faire les choses autrement ou au moins s'entraider pour partager ce secret. Mais en aucun cas je ne l'a juge d'avoir voulu être libre. Évidemment que je comprend se qu'elle ressent." La suite est un peu chaotique : Kassim balance que votre plus jeune frère ce prostituais, Kehlani pète un câble puisque évidemment c'est Kehlani quand à Ange le pauvre il doit se demander se qu'il fait ici. Tu soupir tandis que les deux plus grands s'éloignent. "Ange tu veux bien rester deux minutes avec Keelan je reviens." Tu sors à la suite des deux autres qui ne sont encore pas très loin. Tu monte dans le van de ta sœur avant de l'empêcher de démarrer : "Tu te souviens de se que tu m'as dis ?? Ne laisse pas ta colère te dominer. S'il-te-plaît. Je comprend que tu sois en colère mais c'est pas en fuyant que ça va s'arranger. Kiki et Kass on besoin de nous. Tu sais bien qu'ils sont perdu quand on est pas là ??" Tu lui lance un sourire timide avant de la supplier du regard pour qu'elle te suive de nouveau à l'intérieur du pub. Puis tu finis par rentrer de nouveau, laissant ta sœur suivre ou non si elle le désire. Une fois à l'intérieur tu te dirige vers Kassim et tu attrape ses mains dans les tiennes et tu l'entraîne à ta suite près de Keelan et des autres. "Ok...alors je comprend que tous le monde soit en colère. Mais ça ne vous fais pas penser à quelqu'un ?? De vous voir vous engueuler comme ça tous ça me rappelle maman et lui. C'est comme s'il était encore là à nous gueuler dessus. Vous trouvez pas qu'il a assez bousillez nos vies comme ça ?? Il est encore en train de gagner là !! Et j'en ai marre que se soit toujours ce connard qui gagne. Alors stop. On est pas lui. On est capable de faire autrement que de se gueuler dessus et se frapper." Tu fais une pause avant de poser tes yeux sur ton plus jeune frère : "Pourquoi tu nous as pas dis pour l'argent ?? Ou quand ça a commencé à mal tourné à ton club ?? On aurait pu t'en prêter des thunes. T'aurais dû nous faire confiance Kiki...on t'aurais pas abandonné dans une merde pareil. Cependant je suis contente que tu ne sois plus mêlé à ça." Tu lui souris avant de jeter un coup d’œil autour de toi avant de baisser les yeux par terre. "J'ai un aveu à vous faire...vous saviez que papa ne me tapais pas dessus...soit disant parce que j'étais malade et que je pouvais mourir à tout moment...la vérité c'est parce que...un jour il m'a avoué que j'étais comme lui...que je serais comme lui plus tard et qu'on était pareil lui et moi...c'est pour ça que je suis partie avec ma femme et que je suis jamais revenue à la caravane...c'est pour ça que je suis devenue comme maman parce que je voulais pas être papa..." Tu viens d'avouer un truc que t'as jamais dis à personne : ni à ta mère, ni à tes frères et sœurs, ni même à Ange lors de vos échanges. C'était un de tes plus gros secrets et le fait de l'avoir dit à voix haute te donne envie de pleurer, même si tu sais que se n'est pas le moment.

Les mots tombent un à un, coup par coup, je les accepte, j’ai du mal à le suivre, ouai il avait fait ce qu’il pouvait, mais pas ce qu’il fallait et venir me reprocher tout ça alors que je n’étais qu’un gosse ? Ça me mettait hors de moi, mais je soutien son regard, comme j’ai toujours soutenu celui de papa face aux insultes, face aux paroles qu’il utilisait pour me descendre en flèche. Bien sûr que ça me fait mal, bien sûr que ça me met à terre, j’ai toujours vu Kassim comme un exemple, grand frère qui remplissais ce rôle, plus que ça même, il est le père que je n’ai jamais vraiment eu, le surnom Babou utilisé pour éviter de dire Papa et pas énervé le géniteur. Lui ressembler, j’en ai toujours rêvé, depuis tout petit tout ce qu’il faisait je voulais le faire, le moindre travail qu’il pouvait effectuer dans le mobil home j’imitais ses gestes, enfiler son cuir et ses bottes quand j’étais haut comme trois pommes et courir partout avec, plus d’une fois lui demander de repartir avec lui quand je n’étais qu’un enfant, toujours cacher la vérité, toujours cacher mon désarroi. Vouloir lui hurler la vérité, lui demander de me sortir de là, plus d’une fois les mots était au bord des lèvres, mais me cacher derrière les blagues, derrière les caprices de gosse. Quémander son attention tout le temps, de peur qu’il m’oublie, de peur de ne plus être assez important pour lui, voir l’arrivé d’Ange d’un mauvais œil de peur qu’il prenne ma place auprès de lui, auprès de tout le monde. Me dire que les adelphes me tolérait simplement parce qu’ils y étaient obligés et non pas parce qu’ils m’aimaient... S'ils m’aiment vraiment ils ne m’auraient pas abandonné, ils ne m’auraient pas laissé entre les mains de ce monstre, si ? Le cœur se brise en mille morceaux, c’est la fin je le sais. La fierté, l’égo prenne le dessus, dissimuler la peine, la rage prend les devants tandis que je suis en train de perdre mon pilier principal.

Kehlani s’y met, Kehlani m’achève. Les reprochent pleuvent, j’encaisse les coups comme je l’ai toujours fait, je me prends des révélations en pleine face que j’ignorais, découvrir qu’autour de moi tout le monde m’avais mentis, découvrir qu’au final je n’étais quoi rien ? Juste un boulet qu’on devait trainer à sa cheville, découvrir que j’aurais mieux fais de ne pas naitre, de ne pas être là. Les mots se répètent dans ma tête, les mots se bousculent et je n’entends plus rien autour de moi, je n’entends même pas Kassidy qui je crois tente d’arranger les choses. Les larmes coulent, le mot mensonge clignote dans ma tête, maman m’aurait mentis ? Tous ses gens autour de moi que je place plus haut que tout ont passé leur vie à me mentir, à me supporter comme un fardeau... Crochet du droit, crochet du gauche, uppercut : KO.

Attraper le téléphone, le seul lien qu’il me restait avec ma mère et à la manière Malack venir l’exploser contre le mur. Me tourner vers chacun d’eux, retirer ce cuir, ce symbole de la fratrie et regarder Kassim “Garde ta place, je n’en veux pas, ni de toi ni des autres, faites comme si je n’avais existé. Je vous déteste, tous autant que vous êtes.” Cuir balancé au sol et casque récupéré, je sors du bar, envoyé un message à Anton “C’est parti en couille, je suis juste une merde qui ne mérite pas d’exister. Je t’aime.” Casque enfilé, moto démarrée, ne pas sentir le froid sur mes bras nue, ne plus rien ressentir du tout en fait, les larmes sortent, brouille ma vue et je continu de rouler toujours, prenant un chemin au hasard et tenter de calmer les pensées. Je ne suis rien pour personne, un boulet à la cheville des gens.  

Phare qui m’éblouisse, éviter la voiture de justesse, lorsque celle-ci fais demi-tour, roule trop proche de moi, appel de phare dans les rétros et panique qui gagne mon cœur, voiture insistante, voiture trop collante, klaxon, j’accélère encore, toujours plus, mais le véhicule est toujours là, moto pas assez puissante, voiture qui freine d’un coup, je l’évite de justesse, manque de tomber, devis de ma trajectoire, vouloir freiner, mais rien ne se passe, j’appuie dans le vide, regard que je lève, regarder face à moi, perdre le contrôle, ne pas pouvoir freiner...

Numéro inconnu, téléphone de Kassim

“Monsieur Malacki, ici le Massachussetts General Hospital... votre fils Keelan Malacki a eu un accident, il est dans un état grave, son pronostic vital est engagé...”