l'assaut des regards ∇ billéa

@Orphéa Wertheimer Et là-dedans, j'existerais pas par moi-même, j'serais juste la défenderesse de la princesse ; j'crois que c'est mon meilleur rôle. Quand c'est pour moi, mes propres conseils sont foireux. J'ai l'impression d'y parvenir, jusqu'au moment où tout tombe de mes mains, et qu'ça se brise à mes pieds. J'pense même que j'finis par piétiner les miettes, juste histoire d'être sûre que ça sera impossible à reconstruire. T'es ma stabilité. Et, quand c'est dans mes bras que tu finis, je sais que j'sers à quelque-chose. J'ai pas tout flingué, dans ma vie bancale. Faut qu'il y en ai une qui réussisse, et on sait toutes les deux qu'on misera sur toi. Laisse-moi juste t'aider à éviter les écueils, les chemins accidentés. Une esquisse de sourire aux commissures. « J'ai lu un super magasine, et j'suis sûre que si tu remplis le questionnaire, t'as le symptôme de l'infirmière. » Ce magasine, c'était un ramassis de connerie. Ca m'a fait marrer de le lire. Mais, quand je répondais à ta place, j'étais pas tout à fait contre le résultat. « Y a des personnes qui n'méritent pas d'être sauvées. » Je sais, mes orbes sont plus sombres que les tiennes. Mais, tu sais, la sélection naturelle se foire souvent. Y a des gens qui n'sont plus là, qui méritaient d'avantage que certains qui persistent. « Ou qui ne le veulent pas. » Et qui t’entraînent, avec elle, dans leurs chutes à répétition. « Mais ouais, j'te le redirais, encore et encore. » Le sourire est complice, désormais. J'serais toujours là, c'est une constante que tu peux intégrer dans la ligne de ta vie. Et dans la mienne ? J'en sais rien, j'ai l'impression d'être dans un bateau qui tangue. Prêt à se retourner à n'importe quel moment. Suffit peut-être même juste d'une vague rousse. « L'amour et le respect. Attends je note. » Singe une écriture imaginaire dans la paume de sa main. Gamine incapable de sérieux durable. « Ouais, j'crois. » Hausse les épaules. « J'ai peur de mon impulsivité. » De mes colères, de mes tristesses, de mes désirs fugaces. « D'être incapable de résister à un défi, tu vois. » Pour se sentir vivante. Pour que ça vibre, à l'intérieur. « Tu sais, ce moment grisant. » Qui prend le ventre.

with @Billie O'Malley  
Un rire qui s'échappe face au sondage du magasine, petite mine de réflexion, Billie venait-elle de mettre des mots sur son penchant étrange pour les âmes en peine ? Peut-être. Que ça sois en amitié ou en amour, peut-être qu'elle se comportait toujours de la même façon. Sûrement trop réconfortée de voir un coeur qui va mieux, guéris par des conseils ou un peu trop de chaleur. Et tu crois que c'est grave docteur ? Nouveau rire qui s'échappe et épaules qui se haussent à la suite de ses mots. Elle avait peut-être raison, mais y'aura toujours l'instinct protecteur qui bourdonne, il voudra toujours se mettre en danger et se mettre de côté pour rendre la noirceur plus lumineuse. Tout le monde mérite d'être sauvé. Tu seras pas d'accord, mais c'est notre façon de voir les choses différemment qui nous rend plus forte, tu le sais bien. Tu seras là pour calmer ma naïveté alors que je serais là pour calmer tes décisions trop brutes et irréfléchis. Petit clin d'oeil qu'elle affiche lorsqu'elle lui faisait comprendre qu'elle pouvait compter sur elle. Evidemment, la meilleure amie est le rite de passage avant chaque rencontre, réussi ou non. Les mots qu'elle écoute, comprenant de plus en plus qu'elle était le problème. Et si c'était Eo le défis ? Ce n'est pas parce que vous êtes ensemble qu'elle est acquise, c'est elle que tu dois séduire tous les jours, c'est elle qui doit te procurer ces moments grisant. Peut-être trop idéaliste, le corps qui se redresse, presque trop enthousiaste par ces mauvais conseils de meilleure amie inexpérimenté. Et quand t'aura l'impression que c'est plus grisant, imagines tous ces hommes qui l'a regardent et qui t'envie, tu verras, ça sera différent. Alors, bon argumentaire ?

@Orphéa Wertheimer Psychologie pour les nuls, connaissance clairement bancale des relations humaines. J'sais pas franchement qui est la plus mal placée pour donner des conseils. On essaye, et on se plante. On apprend ensuite, je suppose ? On regarde où l'autre trébuche, et on tente de ne pas se tordre la cheville sur le même obstacle. On grandit, chacune de notre côté, et souvent côte à côte. Deux faces d'une même pièce, aux ombres qui se complètent. J'porte ma main à ton front, en médecin aussi efficace que la psychologue née juste avant. « J'pense qu'il faut amputer, mais j'suis pas certaine. » Un rire à la bouche ; moquons-nous de nos propres conneries, de nos failles mal dissimulées. Oublions combien c'est moche derrière les fenêtres. Tu verras un arc en ciel, quand je ne regarderais que la pluie. Mes billes qui roulent dans leurs orbites, en guise de désaccord. J'peux déjà te faire une petite liste de ceux que je laisserais à quai, quand il faudra embarquer avec les animaux sur l'arche. Je suppose qu'il te faudra encore quelques chutes, avant de voir que ce sont ceux que tu veux sauver qui te poussent. T'as une vision du monde qui me dépasse. Et c'est pour ça que tu fais une merveilleuse alliée. « J'adore ta manière de parler d'amour, on a envie d'y croire. » Que je souligne ma bouche d'un sourire sincère, mais teinté d'amusement. « Donc en gros, faut que je fasse marcher ma jalousie, pour ne pas aller voir ailleurs ? » J'sais clairement pas si c'est un conseil validé par les spécialistes du cœur. Mais, comme j'y connais rien, j'te fais confiance. « Ca se tient. » Dans mon monde tordu, ça me paraît même être clairement une bonne idée. « J'te dirais si ça marche. » Ou si je cède aux quelques démons qui me regardent. Le verre se vide. « Attends mais.. j'te raconte mes dramas, mais tu devais pas aller voir Gustin pour tirer ça au clair ? » J'peux te tenir plusieurs heures avec moi, sans problème. Sauf que j'oublie pas que derrière, c'est ton drama à toi, qui continue de courir. Et c'est le loup, qui détient quelques cartes.