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Je regarde Raphaël en fronçant les sourcils et me rends compte que même si notre relation n’est qu’un arrangement, il ne se rend pas compte de ce que cela veut dire pour moi. Il m’a sorti d’une situation difficile avec un employeur peu regardant - pour commencer - mais il m’a aussi permis d’être ici, sur le territoire américain, de manière légale et pour cela, je ferais tout - enfin presque - pour lui. Lui éponger le front en fait partie. Bien entendu. Que je réponds assez rapidement. Pas besoin de dire que je lui dois bien ça parce que c’est vrai. Mais je l’aurais aussi fait volontairement, sans m’en sentir obligée. Je ne cherche pas à en dire plus, à lui donner plus d’informations, lui prouver tout ce que je lui dis parce que nous ne pouvons pas retourner en arrière et même si cela avait été possible, je doute qu’il en ait grandement envie, ce que je comprends aisément. Enfin, je crois que je le comprends aisément, je n’en suis pas trois fois sûre. Moi qui pensais qu’il s’en sortait bien, je me prends dans les dents que ce n’est pas le cas. Mais c’est le passé. Tout comme mon implication dans l’entreprise des Desrosiers. Je ne regrette rien mais je dois avouer que je suis contente d’avancer même si tout cela me manque. On ne croirait pas comme ça, qu’un tel métier puisse manquer. Mais les scènes pouvaient être longues à souhait, les relations que j’ai construites sur les plateaux sont d’un autre niveau que celles que je fonde maintenant à Boston. Mais c’est ainsi. Il faut savoir se réinventer et c’est ce que je compte bien faire. Oui. Il fallait que je retourne à la maison… J’en souris. Ce club a tellement changé en quelques années mais j’ai hâte de voir ce qu’il va ressortir de mes envies, de mes idées et des changements qui s'opèreront dans les semaines et mois à venir. Un club de strip tease. Que je corrige très rapidement. On peut y boire, bien entendu. Mais personne ne vient au Nirvana pour boire un verre et discuter avec un ami. Oh non, c’est l’animation qu’il y a toute la soirée qui motive les âmes à venir s’échouer dans mon club de strip tease. Enfin, mon. On repassera sur la propriété qui ne m’est que de quelques pourcents pour le moment. Pour dire vrai, je suis venue avec l’idée de bosser quelque part, me faire de l’expérience et monter mon truc dans cinq ou dix ans. Mais le Nirvana était à vendre entière ou à faire une offre. Je pouvais pas passer à côté. C’est un peu comme si son lieu le plus cher à son coeur était à vendre. Il n’y a que des femmes qui ont géré ce club, je refuse qu’un homme y touche. Et il sait comme je peux être quand j’ai une idée dans la tête. Et c’est bien tombé. Je crois même que ça n’aurait pas pu mieux tomber. J’aurais peut-être besoin de ton aide pour me dire quels sont les meilleurs fournisseurs de la ville mais sinon j’irai voir tes employés, je suis sûre qu’ils m’accueilleront les bras ouverts. Je ne peux m’empêcher de sourire avant de boire une gorgée de ma boisson. Je repose le verre sur la table basse et me laisse tomber de mon siège pour m’approcher de Naboo et la caresser. Et toi alors ? Quoi de nouveau à part le fait que tout le monde va bien et ta monogamie ? Mes ongles qui gratouillent la peau de la bête, je dis Si c’est le seul truc que tu juges fun sur cette dernière année, je me relève et je fuis. Parce que je l’ai connu bien plus drôle que ça. Mes lèvres sur le nez de Naboo, je souris en donnant un coup d’oeil à mon cher petit mari.
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