there's no place like bed (alek&sofia)

J'avais passé la soirée avec Alek et quand il m'avait proposé de dormir ici, je lui avais très fièrement annoncée que j'avais mon pyjama dans mon sac. J'avais prévu le coup, je me doutais qu'il allait soit m'inviter, soit que je n'aurais pas eu la force de rentrer chez moi et que j'aurais demandé un petit morceau de son lit. Les soirées sont toujours très bonnes en sa compagnie, celle-ci ne dérogeait pas à la règle.

Je passe à la douche, ressort dans un pyjama rose, short et t-shirt, avant de lui faire un mini-défilé jusqu'au lit, sourire aux lèvres, démarche approximative ; "Collection automne 2021." puis viens m'écraser dans le lit à côté de lui, rigolant un peu, approchant mon corps du sien ; "Tout le monde dort dans le froid en Russie ou c'est juste une tactique à toi pour me faire venir contre toi ?" peut-être qu'ils font tous ça, pour le peu que j'en sais.

ta première soirée avec elle dans ton appartement. ton petit endroit de paradis, heureux de l'avoir trouvé. et encore plus heureux quand elle accepte de passer la nuit ici, avec toi. c'est plaisant de pouvoir enfin l'inviter, de ne pas être forcé d'aller chez elle. tu ne peux pas en vouloir à levi, tu devais respecter son choix et le fait qu'il ne voulait pas la voir chez lui. peut-être aussi une des raisons qui t'as poussé à avoir ton chez-toi. être libre. tu regardes le ciel étoilé, allongé sur le dos à travers cette immense baie-vitrée qui prend également une grande partie du plafond. un des points qui t'as fait craquer pour cet endroit. tu tournes ton visage vers la porte de la salle de bain qui s'ouvre. un grand sourire quand tes yeux se posent sur elle, qui rentre maintenant dans la chambre, cette petite démarche qui te fait rire. "tu vas révolutionner la mode avec ça." elle arrive sur le lit, s'approche de toi. ton bras qui passe autour d'elle, ta main qui caresse ton bras. "un hiver en russie, c'est bien pire que ça. mais j'avoue que j'ai pas pensé au chauffage." tu viens la regarder dans les yeux. "mais tu dois avouer que c'est une bonne tactique quand même !"

Il rigole alors que je lui offre ma plus belle démarche de top model. Je ne me vexe pas pour autant, je l'ai peut-être un peu surjoué pour avoir cette réaction. Lui, qui rigole. "tu vas révolutionner la mode avec ça." il paraît que je suis la prochaine Naomi Campbell. "un hiver en russie, c'est bien pire que ça. mais j'avoue que j'ai pas pensé au chauffage." ses yeux se plongent dans les miens, et je m'y perds, l'espace d'un instant. "mais tu dois avouer que c'est une bonne tactique quand même !" offre un sourire alors que le corps se rapproche encore plus du sien, la jambe se faisant un peu plus possessive et vient entourer son corps. "Une très très bonne tactique oui." tout aussi bonne que celle de prétendre d'avoir froid, je suppose. Je pose un ou deux baisers dans son cou, restant tout contre lui ; "C'était comment, en Russie ? J'veux dire.. la vie là bas.. ? Je sais que t'aimes pas parler de ta famille mais ça m'intrigue.." qu'est-ce qui fait que tu es l'homme que j'ai là, avec moi ? Qu'est-ce qui fait que tu es toi, Alek ?

c'est agréable ce genre de petit moment. de l'avoir contre toi, sentir sa jambe qui passe sur ton corps, ses lèvres qui viennent se poser dans ta nuque. et avoir l'occasion de discuter, de tout et de rien. mais parler de toi, pour le moment, avec cette question. "la vie en russie ?" ta main passe dans ses cheveux, tes doigts qui joue avec ses mèches. "tu sais moscou, c'est une grande ville comme les autres. enfin... avec le froid en plus." une question d'habitude surtout. "même si j'ai... comment dire... pas eu la chance d'avoir une famille." un mot que tu ne connais pas, mais que tu commences à apprendre, grâce à ton frère. "ma mère, toujours en voyage, à l'autre bout du monde, pour ses films." la grande diva du cinéma qui ne s'occupe pas de son fils. "et mon père, plus intéressé par sa réputation et son entreprise que son propre fils. j'avais de l'argent à la place des je t'aime, du coup, je suis très vite tombé dans le cliché du fils de milliardaire qui fait n'importe quoi, qui passe son temps à faire la fête." un peu comme le roi de la ville. c'est quand même triste, quand tu y penses.

Se poser rien que tout les deux, c'est pas souvent qu'on peut le faire. Le faire vraiment, je veux dire. On a été beaucoup de tous les côtés, l'accident, l'anniversaire, le déménagement. Alors ça fait du bien, quand on peut le faire. "la vie en russie ?" ma main fait oui, alors que j'apprécie le mouvement de sa main dans mes cheveux. "tu sais Moscou, c'est une grande ville comme les autres. enfin... avec le froid en plus." c'est vrai, il n'a pas tord. Les grandes villes restent des grandes villes, quelque soit le lieu dans le monde. "même si j'ai... comment dire... pas eu la chance d'avoir une famille. ma mère, toujours en voyage, à l'autre bout du monde, pour ses films." sa mère est célèbre en Russie ? ça doit être quelque chose de vivre et de grandir en étant le fils de quelqu'un de connu. "et mon père, plus intéressé par sa réputation et son entreprise que son propre fils. j'avais de l'argent à la place des je t'aime, du coup, je suis très vite tombé dans le cliché du fils de milliardaire qui fait n'importe quoi, qui passe son temps à faire la fête." ma tête fait oui, "Tu allais beaucoup en soirée et t'était toujours vu avec des filles différentes et tu prenais des substances pas toujours légales ?" je te raconte seulement le cliché que j'en ai, tu sais. Ma main passe sur son torse, le caressant du bout de mes doigts, comme pour lui dire que je suis là. "T'aimais pas ta vie là-bas ?" certains sont dedans et ne se rendent pas compte qu'ils aimeraient que ça change, que ce soit différent.

un terrain de jeu. ton terrain. c'était ça, ta vie en russie. depenser sans compter, faire tout ce qui est interdit. tout ce qui est mal vu. une vie que tu veux vraiment laisser derrière toi désormais. "j'ai l'impression que tu as très vite compris le personnage." car elle a totalement raison, avec ce qu'elle vient de dire. "j'en suis pas fier sofia tu sais. j'sais pas, peut-être que j'avais envie que quelqu'un me remarque, ou quelque chose du genre. un manque d'attention ?" mais ça n'excuse en rien toutes les conneries que tu as faites. "au bout d'un moment, tu commences à avoir une certaine réputation. le coureur de jupon. le fêtard invétéré. c'est pas vraiment agréable." c'est peut-être aussi pour ça, que tu as accepté de venir ici, avec jake. "c'est pas que j'aimais mais, on va dire que j'avais besoin d'un nouveau départ. de m'éloigner de tout ça. puis je n'avais pas grand-chose qui pouvait me retenir sur place." pas de famille, pas d'amour. quelques amis, tout au plus. mais juste l'envie de changement. "puis surtout avec... cette relation que j'ai eu qui m'a fait mal." et qui jusqu'à aujourd'hui, t'as caché derrière cette armure de glace.

J’ai compris le personnage, qu’il dit. J’en ai vu, surtout, tu sais. Dans les journaux, ici. C’est un cliché, mais un cliché que tu représentais, apparemment, avant. Je suis contente que tu aies changé, parce que ce type d’homme que tu décris, c’est pas le type d’homme qui m’intéresse ni même me plaît. Il est pas fier, et j’acquiesce. “Peut-être que c’était un manque d’attention, oui…” notamment parce que ses parents n’étaient pas là. Il avait besoin de quelqu’un, il a besoin de quelqu’un. Je peux comprendre que la rencontre avec Jake a été une bonne chose. Jake l’a probablement fait grandir, il lui a offert un point d’accroche familial. “C’était la seule relation amoureuse que tu as eu ? Je veux dire, la seule fille que tu as.. aimé ?” je suis mal à l’aise de dire ça, parce qu’on en est pas là encore, on est pas à ce niveau, j’ai pas spécialement envie qu’il me dise quelque chose en rapport à moi, c’est seulement une question innocente. Je me pince les lèvres ; “Il s’est passé quoi... ?” plus en détails, quelle a été l’histoire ?  

tu étais connu, dans ta ville. pas pour les bonnes raisons, ça c'est une certitude. une star de la presse à scandale. parfois même en couverture des magazines peoples, pour les écarts que tu pouvais faire. et tu peux le dire maintenant, c'est quelque chose que tu n'aimais pas. mais qui est derrière toi, désormais. "c'est pas facile d'être seul, de pas avoir de famille pour t'aider. pour te soutenir." et c'est toujours le cas, même aujourd'hui. tu ne parles presque jamais à ton père et ta mère, c'est... compliqué. tout aussi compliqué que ce deuxième sujet. tu ne sais pas si c'est vraiment le bon moment pour parler de ça, mais difficile de faire machine arrière. "c'est..." difficile à dire. à expliquer. "quand je l'ai rencontré, pour moi, c'était une fille comme un autre. mais petit à petit, c'est devenu différent. j'avais envie de devenir meilleur pour elle." et il faut dire que c'était comme déplacer une montagne. impossible à tes yeux. "puis est arrivé le moment où... j'ai décidé de me poser avec elle. je pensais que j'avais le droit au bonheur pour une fois, quelque chose de différent. quelqu'un sur qui je pouvais compter." mais tu as très vite ouvert les yeux, car elle était comme toi. l'ancien toi. "sauf que moi, quand je commençais à m'ouvrir, elle de son côté, commençait à voir ailleurs. je l'ai appris tard, trop tard. et quand je l'ai découvert, ça m'a brisé. c'est pour ça que je ne voulais plus jamais revivre ça. que j'ai décidé de devenir ce gars avec son armure, qui préfère courir après les filles plutôt que de s'ouvrir pour une seule." puis, arrive ce moment ou y'a quelque chose qui vient changer tout ça. "jusqu'à... ce que tu débarques dans ma vie." et que tu décides de prendre le risque, de t'ouvrir à nouveau.

Ce qu'il me dit, c'est que je peux avoir son passé entre les mains de quelques clics. Son nom écrit sur un moteur de recherche, sa vie montré sur l'onglet image. Ses anciennes relations sous mes yeux, mes comparaisons au bout des doigts. Une possibilité que je ne prendrai pas. J'ai trop de respect pour toi. Quelque part, quand il parle de son manque de famille, je le comprends et en même temps, ne le comprends pas. Mes parents ont toujours été là pour moi, j'ai toujours été soutenue, j'ai toujours grandi en étant incroyablement bien entourée. Il se met à parler de son ancienne histoire et mes bras se resserrent autour de son corps, comme pour lui dire que je suis là, que je ne lâcherai pas. Vouloir être meilleur pour quelqu'un, je sais pas si c'est la bonne idée. Il faut être meilleur pour toi, pas pour les autres. J'offre un sourire et relève la tête à la fin de son histoire ; "Jusqu'à ce que je débarque dans ta vie." que je répète. "Tu sais, je suis pas la copine parfaite, mais je suis pas comme celle-là non plus." celle de ton passé, je ferai pas ça. "J'irais pas voir ailleurs, ou alors on ira voir ailleurs ensemble." que je taquine en rigolant.

tu préfères sans hésiter la personne que tu deviens ces derniers temps, plutôt que celui que tu pouvais être à l'époque. froid, sans cœur, joueur, insouciant. tout ceci, tu n'as plus envie de le vivre. ta main passe le long de son bras, et tu continues d'écouter ce qu'elle te dit. et c'est vrai, depuis qu'elle est dans ta vie, tu es quelqu'un d'autre. quelqu'un de meilleur. "personne n'est parfait, puis la perfection, c'est surfait. c'est vraiment pas ce que je cherche. c'est ce que tu es qui me plait sofia. depuis le début." et toi non plus, tu n'es pas parfait, très loin de là. tu n'as pas besoin de ça. tu ne veux pas être comme ça. "ensemble ? désolé j'suis pas certain de vouloir partager. peut-être un peu jaloux." tout en passant ton bras autour d'elle pour la rapprocher et ensuite l'embrasser.