16 11 2021
Sheng's Penthouse.
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Pour lui répondre, il ne perd pas beaucoup de temps, lui précise aussi bien direct que franc. « En toi oui. Pas en tes amis. » Comme à son habitude, en peu de mots, il est capable de la souffler. De la mettre face au mur. Lui rappeler ses lacunes parce que trop pure. Elle en stoppe son mouvement répétitif, perd son rythme, et se donne le droit de ne répondre qu’un « Je vois. » Elle devrait peut-être se comporter un peu plus comme toi. Parce qu’elle est difficile d’approche, sauvageonne de naissance, mais elle donne sa confiance à l’image de la manière dont on la donne durant l’enfance. Entièrement, sans condition, prête à subir la déception.
Et tout en roulant à côté de lui dans son appartement, elle a même la sensation de le traverser en entier, plusieurs mètres sont avalés, exilée, malgré tout, elle s’essaie à cacher ce sourire satisfait, celui qui traduit à quel point elle apprécie avoir gagné le droit d’avoir sa place dans sa vie. Même s’il n’est pas joyeux à l’idée de laisser entrer ici ses amis.
Alors ils s’arrêtent finalement devant la porte de ce qu’elle devine comme sa chambre. Il entre en premier et elle le talonne juste après, elle observe l’endroit, elle tente d’y trouver un goût de chez elle, bien qu’elle ne sache plus quelle saveur serait celle-là, autant d’ici que de là-bas, tandis que lui dépose les sacs sur le lit. Elle ose à peine avancer, siffle une pensée échappée. « Je m’en veux pour ton plancher. » Brute d’honnêteté. Elle baisse le regard pour s’assurer que les traces ne soient pas trop marquées. « Et je ne sais plus si je t’ai déjà remercié. » C’est pêlemêle, c’est désordonné. En elle, les émotions, elles sont en train de s’entrechoquer. Lorsqu’elle est émue, plus qu’à l’habitude, elle est perdue. Puis… Faut la pardonner car ses sens par le traitement sont altérés. Ses doigts, ils vont caresser le lit qu’il veut bien lui accorder, le temps qu’elle se remette sur pieds. Elle en éprouve la douceur en en ayant gros sur le cœur. Redessinant tout en réflexionnant, l’arc de sa lèvre inférieur avec l’ongle de son pouce, elle laisse échapper un autre songe de sa bouche. « J’ai besoin de toi, » et relève le regard afin de poursuivre sur sa lancée, « pour me hisser dessus. » taquine face à son expression, elle ose… « Le lit, la lecture, » désigne la lettre de ses doigts, « le repas… » qu’importe tout lui ira, après l'hôpital, elle se damnerait pour sa pizza, « et dormir avec toi. » Juste ce soir, juste comme ça. Parce qu'elle a besoin de se dire que dans le fond ça va, ça passera. Depuis cet été, ça, c’est toi qui lui dois.
(Haiwee Wind River)