A
ce Of Hearts
Tout a débuté il y a des jours de çà, par un dimanche matin alors qu’il prenait comme la tradition l’exige son petit déjeuner dans le salon, assis sur le cuir tanné de l’un de ses coussins. Liant coutumes anciennes à l’écriture moderne, il parcourait les premières pages du Boston Globe relatant d’une fusillade devant un bar aux mœurs controversés la vieille. Rien de bien dérangeant jusqu’à ce qu’une phrase vienne l’interpeler tout particulièrement, la relisant très lentement : « La victime, une jeune femme d’origine amérindienne, a été transportée en urgence au Massachusets Hospital [...] »
Quelques secondes durant, il était resté fixé sur ces quelques mots imprimés sans vraiment réagir, parce qu’il était tout bonnement impossible qu’elle soit adepte de ce genre de pratiques. Et pourtant il avait fini par tendre le bras pour accrocher la tablette et chercher l’adresse exacte, ses doigts glissant avec une rapidité surprenante sur le plan tactile. Il avait trouvé mais encore une fois rien ne correspondait : La boite en question était bien trop éloignée de toutes commodités et de l’université, jamais elle n’aurait eu l’idée de s’y risquer. Et ce n’est que parce qu’il avait tenté de lui envoyer un mot qu’il s’était inquiété, elle, ne répondant pas.
Alors il avait appelé l’accueil et posé des questions, usant de son nom pour obtenir d’acceptables réponses, bien qu’il aurait préféré qu’une autre toute amérindienne y soit admise. Il aura profité d’un mercredi après-midi, d’une pause entre deux cours pour aller lui rendre visite, se rendant sur place sans le moindre présent à lui offrir, si ce n'est juste le soutien d’un ami. Mais il s’était ravisé arrivé à hauteur de sa chambre pour apercevoir par la vitre qu’un autre s’était présenté à son chevet, lui tenant la main comme un proche l'aurait fait. Peut-être celui dont elle avait vanté les mérites à cette soirée déguisée. Dans le doute il avait choisi de s’effacer, bousculant une infirmière qui souhaitait y pénétrer et continuant son chemin pour ressortir par l’autre extrémité, quittant l’enceinte les mains dans les poches comme si de rien n’était.
Le 14 au matin il s’était décidé finalement à la contacter, à prendre de ses nouvelles en omettant naturellement d’être passé parce qu’à quoi bon le lui préciser ? Son orgueil l’avait poussé à privilégier les textos plutôt qu’un appel pour ne pas laisser transparaitre dans son timbre de voix l’ombre de son inquiétude pour elle. Ainsi, il était convenu qu’elle vienne s’installer chez lui le temps de sa convalescence, qu’une chambre spacieuse avec un domestique serait plus confortable qu’une petite piaule de quatre mètres carrés. Et pour parafer leurs échanges une date ainsi qu’une heure avaient été posées, le 16 à 18h00, après les cours qu’il se devrait d’assister.
Le jour j, après avoir rangé les nombreux bouquins que son mentor avait pris soin de manipuler juste pour le "paraitre", il s’est engouffré dans sa sportive pour rentrer, bifurquant par un léger crochet dans les artères principales de la ville, se risquant à abimer sa si précieuse Maserati dans le trafic des retours de fin de journée. Un moteur pas vraiment adapté à la circulation du centre-ville, ce pourquoi il a pris tout son temps pour y parvenir, ronflant entre les véhicules en attente de mouvement. Quinze minutes s’écoulèrent avant qu’il ne se présente à l’accueil et qu’il ne monte dans sa chambre, s’annonçant par un coup frappé à la porte grande ouverte. Elle l’attendait assise sur son lit, là, prenant son mal en patience à coté de son sac déjà refermé. Une infirmière le voyant sur le pas de la porte vint à sa rencontre pour, comme s’il faisait partie des proches, l’informer des dernières recommandations. Elle n’aura même pas pris le temps de lire sur ses traits cette incompréhension qu’elle se dérobe déjà à la recherche du médecin qui donnera son consentement pour son bon de sortie. Alors dans l’attente de ce visa qui dès demain sera expiré, il s’est approché sans mot dire, juste pour s’assoir sur le lit lui étant juxtaposé et observer. « C’est donc là-bas que tu apprends à… » Boutade qui le fait légèrement sourire avant de détourner le regard vers la porte où le toubib vient de se présenter. Il détient en sa possession ce fameux sésame, droit de sortie, qu’il tend au visiteur de la victime avant de leur répéter les recommandations pour une convalescence digne de ce nom : le moins d’efforts possible, un repos total et des déplacements brefs sont conseillés ainsi que des soins à domicile réguliers. Une infirmière tous les jours devra passer pour changer les bandages jusqu’au retrait des fils. C’est à cet instant, son attention découlant sur la silhouette de la jeune femme, qu’il a compris de la gravité de cet incident. Raison de plus pour qu’elle reste enfermée dans un appartement sécurisé maintenant. Il ne cherchera pas à comprendre les raisons qui l’ont poussée à se rendre là-bas, cela ne le regarde pas, et restera silencieux le temps que l’infirmière l’aide à s’installer sur ce fauteuil et de quitter les lieux.
C’est sur le parking qu’il rencontre les premières difficultés, une fois Haiwee confortablement installée, regrettant presque sa bonne action lorsqu’il étudie l’espace nécessaire pour le fauteuil même une fois replié. La trois portes n’a pas été conçue pour les boulets… Le coffre est bien trop petit pour l’accueillir alors il se risque au dépend du cuir à le placer sur la banquette arrière après quelques manipulations musclées. Il n’aura qu’à faire comme sur le premier trajet, y aller tranquillement et prier pour qu’elle ne soit prise subitement d’une envie de…. 18h50, la circulation est beaucoup plus fluide à présent mais ce n’est pas pour autant qu’il appuie sur l’accélérateur, plafonnant les 50km/h au compteur, scrutant brièvement les traits de l’amérindienne au travers de son rétroviseur. Ses doigts se délient du cuir surpiqué de son volant pour se détendre un instant, rajustant sa vitesse à hauteur de ce quartier qui est sien et dont il connait chaque recoin. Passé les 19h00, les parterres fleuris s’éveillent silencieusement sous des halos discrets, lueurs blafardes qui sécurisent les passants et promeneurs friqués.
Le moteur coupé une fois stationné sur la place qui lui est depuis des années attribuée, il a regardé une dernière fois Haiwee. « Tu me raconteras un jour, » avant de s’extraire de l’habitacle pour sortir son funeste moyen de locomotion, le déplier tant bien que mal et contourner le véhicule afin de le lui présenter. Après tout, « Tu me dois bien çà.»
Quelques secondes durant, il était resté fixé sur ces quelques mots imprimés sans vraiment réagir, parce qu’il était tout bonnement impossible qu’elle soit adepte de ce genre de pratiques. Et pourtant il avait fini par tendre le bras pour accrocher la tablette et chercher l’adresse exacte, ses doigts glissant avec une rapidité surprenante sur le plan tactile. Il avait trouvé mais encore une fois rien ne correspondait : La boite en question était bien trop éloignée de toutes commodités et de l’université, jamais elle n’aurait eu l’idée de s’y risquer. Et ce n’est que parce qu’il avait tenté de lui envoyer un mot qu’il s’était inquiété, elle, ne répondant pas.
Alors il avait appelé l’accueil et posé des questions, usant de son nom pour obtenir d’acceptables réponses, bien qu’il aurait préféré qu’une autre toute amérindienne y soit admise. Il aura profité d’un mercredi après-midi, d’une pause entre deux cours pour aller lui rendre visite, se rendant sur place sans le moindre présent à lui offrir, si ce n'est juste le soutien d’un ami. Mais il s’était ravisé arrivé à hauteur de sa chambre pour apercevoir par la vitre qu’un autre s’était présenté à son chevet, lui tenant la main comme un proche l'aurait fait. Peut-être celui dont elle avait vanté les mérites à cette soirée déguisée. Dans le doute il avait choisi de s’effacer, bousculant une infirmière qui souhaitait y pénétrer et continuant son chemin pour ressortir par l’autre extrémité, quittant l’enceinte les mains dans les poches comme si de rien n’était.
Le 14 au matin il s’était décidé finalement à la contacter, à prendre de ses nouvelles en omettant naturellement d’être passé parce qu’à quoi bon le lui préciser ? Son orgueil l’avait poussé à privilégier les textos plutôt qu’un appel pour ne pas laisser transparaitre dans son timbre de voix l’ombre de son inquiétude pour elle. Ainsi, il était convenu qu’elle vienne s’installer chez lui le temps de sa convalescence, qu’une chambre spacieuse avec un domestique serait plus confortable qu’une petite piaule de quatre mètres carrés. Et pour parafer leurs échanges une date ainsi qu’une heure avaient été posées, le 16 à 18h00, après les cours qu’il se devrait d’assister.
Le jour j, après avoir rangé les nombreux bouquins que son mentor avait pris soin de manipuler juste pour le "paraitre", il s’est engouffré dans sa sportive pour rentrer, bifurquant par un léger crochet dans les artères principales de la ville, se risquant à abimer sa si précieuse Maserati dans le trafic des retours de fin de journée. Un moteur pas vraiment adapté à la circulation du centre-ville, ce pourquoi il a pris tout son temps pour y parvenir, ronflant entre les véhicules en attente de mouvement. Quinze minutes s’écoulèrent avant qu’il ne se présente à l’accueil et qu’il ne monte dans sa chambre, s’annonçant par un coup frappé à la porte grande ouverte. Elle l’attendait assise sur son lit, là, prenant son mal en patience à coté de son sac déjà refermé. Une infirmière le voyant sur le pas de la porte vint à sa rencontre pour, comme s’il faisait partie des proches, l’informer des dernières recommandations. Elle n’aura même pas pris le temps de lire sur ses traits cette incompréhension qu’elle se dérobe déjà à la recherche du médecin qui donnera son consentement pour son bon de sortie. Alors dans l’attente de ce visa qui dès demain sera expiré, il s’est approché sans mot dire, juste pour s’assoir sur le lit lui étant juxtaposé et observer. « C’est donc là-bas que tu apprends à… » Boutade qui le fait légèrement sourire avant de détourner le regard vers la porte où le toubib vient de se présenter. Il détient en sa possession ce fameux sésame, droit de sortie, qu’il tend au visiteur de la victime avant de leur répéter les recommandations pour une convalescence digne de ce nom : le moins d’efforts possible, un repos total et des déplacements brefs sont conseillés ainsi que des soins à domicile réguliers. Une infirmière tous les jours devra passer pour changer les bandages jusqu’au retrait des fils. C’est à cet instant, son attention découlant sur la silhouette de la jeune femme, qu’il a compris de la gravité de cet incident. Raison de plus pour qu’elle reste enfermée dans un appartement sécurisé maintenant. Il ne cherchera pas à comprendre les raisons qui l’ont poussée à se rendre là-bas, cela ne le regarde pas, et restera silencieux le temps que l’infirmière l’aide à s’installer sur ce fauteuil et de quitter les lieux.
C’est sur le parking qu’il rencontre les premières difficultés, une fois Haiwee confortablement installée, regrettant presque sa bonne action lorsqu’il étudie l’espace nécessaire pour le fauteuil même une fois replié. La trois portes n’a pas été conçue pour les boulets… Le coffre est bien trop petit pour l’accueillir alors il se risque au dépend du cuir à le placer sur la banquette arrière après quelques manipulations musclées. Il n’aura qu’à faire comme sur le premier trajet, y aller tranquillement et prier pour qu’elle ne soit prise subitement d’une envie de…. 18h50, la circulation est beaucoup plus fluide à présent mais ce n’est pas pour autant qu’il appuie sur l’accélérateur, plafonnant les 50km/h au compteur, scrutant brièvement les traits de l’amérindienne au travers de son rétroviseur. Ses doigts se délient du cuir surpiqué de son volant pour se détendre un instant, rajustant sa vitesse à hauteur de ce quartier qui est sien et dont il connait chaque recoin. Passé les 19h00, les parterres fleuris s’éveillent silencieusement sous des halos discrets, lueurs blafardes qui sécurisent les passants et promeneurs friqués.
Le moteur coupé une fois stationné sur la place qui lui est depuis des années attribuée, il a regardé une dernière fois Haiwee. « Tu me raconteras un jour, » avant de s’extraire de l’habitacle pour sortir son funeste moyen de locomotion, le déplier tant bien que mal et contourner le véhicule afin de le lui présenter. Après tout, « Tu me dois bien çà.»
MADE BY @ICE AND FIRE.
(Sheng Lao Xian)
Shut the door, Dim the lights. Your body's warm And it's so cold outside. Take off your clothes, Close your eyes ━ ━ ━
We'll be in hell tomorrow. But, we are...
heavenbound tonight ∇