Alexia E. Johnson ► Jessica Stam

Je suis née dans une famille assez aisée, mon père étant un grand pilote automobile et ma mère une grande photographe. J'étais fille unique mais ça me suffisait amplement. J'ai toujours vécu à Nashville dans le Tennessee car c'était là que mon père avait son "QG".

Je n'entendais que le bruit des moteurs, la poussière était partout malgré ma hauteur. Pour moi, être dans les bras de ma mère, c'était une hauteur immense, à l'époque. Nous étions toutes les deux sur le bord, regardant les pilotes se mettre dans leur voiture. Parmi eux, mon père, ce célèbre homme qui avait quatre-vingt dix neuf victoires à son actif! Aujourd'hui allait peut-être être la centième, nous l'espérions avec ma tendre mère. Je me souviendrais à jamais de ce clin d'oeil qu'il m'avait lancé avant de monter dans sa voiture, dans son cercueil...Tout s'est tellement déroulé rapidement! Il a perdu le contrôle de sa voiture et a foncé contre le mur. Il était trop sonné pour voir que sa voiture prenait feu et réagir...elle a explosé, lui avec. J'avais six ans.

Depuis l'enterrement de mon père, j'avais décidé de ne plus jamais me rendre à un enterrement, c'est trop horrible. Je pense que pour ma mère, ça l'était encore plus car je ne comprenais pas pourquoi on enfouissait mon père sous terre, je ne comprenais pas bien pourquoi ma mère me serrait fort dans ses bras en tentant de ne pas pleurer. Cela a fait exploser mes émotions, je n'arrêtais pas de crier de ma petite voix d'enfant "Arrêtez! Il ne faut pas mettre de la terre sur mon papa! Comment est-ce qu'il pourra retourner dans sa voiture?" Et j'avais continué, continué, jusqu'à ce que ma mère me serre tellement fort contre elle que je sois obligé d'enfouir mon visage contre son cou. Les semaines qui suivirent ne furent pas mieux. Dès que quelqu'un sonnait à la porte, j'accourais en priant de tout mon coeur que c'était mon père qui rentrait à la maison, en vain...

Mon oncle, je dois admettre que c'est l'homme que j'admire le plus sur terre! Grâce à lui, j'avais l'impression de revivre, d'être au plus proche de mon défunt père. Vers mes huit ans, il estima qu'il était temps de m'initier à la course et c'est donc à cet âge-là que j'ai touché pour la première fois un volant. De là est né une forte passion, la course automobile était un lien entre moi et mon père. Je voulais en apprendre encore et encore pour être la meilleure!

En parallèle à ma passion, j'avais trouvé ma vocation : avocate! Après l'école, je m'était plongée dans mon canapé et allumais ma télévision, un verre de lait dans une main, une assiette de cookies dans l'autre. Je me souviens qu'il n'y avait rien et je commençais à désespérer jusqu'à ce que je tombe sur cette série. L'héroïne était une célèbre avocate et défendait toujours les plus démunis. Cette fille m'avait inspiré et dès lors, je commençais à faire régner la justice et j'aimais cela!

Au collège, j'étais toujours classée parmi les meilleurs, donc au lycée, ce serait la même chose! J'étudiais à fond et pour décompresser, je faisais des championnats de courses automobiles. Ma mère avait toujours peur pour moi dès que je montais dans un de ces engins parfois mortels, elle le savait que trop bien. Mais je ne l'écoutais pas, je n'allais pas me priver de la seule chose qui me faisait me sentir libre, me faire sentir de mon père. Sauf que cette fois-là, j'aurais peut-être du l'écouter. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai eu un accident qui m'a valu trois mois de coma. Ma mère m'interdis de reprendre le volant mais je ne me sentais pas capable de remonter dedans de toute façon. C'est ainsi que s'arrêta la carrière apparemment prometteuse de pilote de voiture de course d'Alexia Johnson!

Les années de lycée étaient assez mouvementées, ma mère se remaria à un riche homme d'affaire de la région, et je me sentais de plus en plus couvée dans une cage en or! Cet accident avait fait ressentir tout le côté maternel que ma mère pouvait avoir, se souciant peu de savoir si j'étouffais ou non. Ce qui me poussait à me rebeller. J'étais privée de sortie? Pas de soucis, je faisais le mur. Je devais rentrer directement après les cours? Je trainais avec mes amis jusqu'à pas d'heures. Je devais me lever tôt? Je faisais la grasse matinée jusqu'à 13h. Mon comportement exaspérait ma mère mais elle n'avait pas d'arguments contre moi, je ramenais des notes excellentes, c'était l'essentiel.

Maintenant, je suis à Harvard depuis deux ans. Ca m'a fait du bien de quitter Nashville et ma famille. En plus, ma mère était aux anges que je décide d'étudier à Harvard. Au moins chaque côté est heureux de cette décision.