la fièvre dans les yeux — matteus

@Drake Copperfield la pause de mi-semestre n'allait pas tarder et matteus n'attendait que ça. la rentrée avait été rude ; certes, en douceur au début, mais depuis la mi-septembre, il s'était complètement noyé dans une désorganisation qui le dépassait : arrivée en retard en cours, devoirs et dossiers qui le dépassaient, une installation d'une application de livraison pour les soirs trop surmenés et des heures de sommeil à rattraper. la quatrième année creusait un réel fossé avec l'année précédente et il s'était juré qu'il prendrait les vacances pour s'organiser mieux, afin d'avoir un semblant de vie sociale. la reprise de son emploi de guichetier au cinéma du coin avait été la goutte d'eau. finissant sa journée au cinéma, il fit un saut par chez lui : juste le temps d'avaler une connerie, de se doucher, d'enfiler des vêtements propres sous trois couches de parfum avant de partir dans un endroit complètement inédit pour lui.

il ne s'était jamais rendu chez drake - leurs multiples histoires, broutilles et la complète disparition de matteus avait eu raison de cette "rencontre". il se disait, sûrement naïvement, que drake n'invitait pas n'importe qui chez lui et que c'était un privilège mais avoir appris qu'il avait profité de plusieurs personnes en son absence l'avait quelque peu saoulé, plus que de raison. le pire serait d'apprendre qu'il y aurait un autre garçon. une fille, il pouvait le tolérer. un garçon... jalousie possessive quand cela nous tenait. et il sonna à la porte, attendant que l'autre ouvre. oh, il n'avait rien oublié - sac à dos, planches à dessins, cahiers d'art, le tout avec une tenue soigneusement choisie pour être sexy à souhait. des révisions et seulement des révisions. — bonsoir, toi. petit sourire en coin. mais l'émerveillement dans son coeur, totalement caché. toujours aussi beau et bien apprêté. — alors, tu m'fais visiter ce p'tit appart de bobo bourgeois ? et il se permit quelque chose qu'il n'osait pas faire avant. tel un petit couple bien installé, tel un homme qui revenait après sa longue journée de travail, sans prévenir, il se glissa vers lui, venant l'embrasser lentement avant de se détacher.

@Drake Copperfield comme un automate, il ne se fit pas prier, retirant de ses pieds ses chaussures avant de pouvoir déambuler à son aise dans l'appartement. drake en profita pour accrocher son manteau et il le suivit, tout timidement à travers les différentes pièces du loft. son appartement devait être au moins cinq fois plus grand que son maigre une pièce. un salon des plus modernes et chic avec deux parties bien aménagées, la cuisine séparée. il était avare en compliments, tant il était bouche bée. est-ce qu'un jour dans sa vie, il pourrait se payer ce genre de logements ? certes, dans une campagne perdue, où la première gare serait à deux heures. il avait quelque peu la boule au ventre mais il lui semblait que la mention de la terrasse l'acheva définitivement. — wow, et beh... je comprends pourquoi tu l'aimes tant. qui ne pourrait pas aimer cet endroit ? il se permit d'ouvrir la porte menant à la chambre. — et donc c'est là que tu amènes... comment tu dis déjà... tes pcrs ? haussement de sourcil taquin, curiosité maladive. il voulait savoir si tous ses amant.es avaient ce privilège-là. — chic, tout ça ! ça donne envie de vivre comme un prince. et même s'il pouvait s'y sentir parfaitement à son aise, il y aurait toujours un petit coté de lui qui se sentirait exclu. — on s'pose sur la table du salon pour réviser ? à part si t'as pas eu le temps de manger, si ? il revint sur ses pas, allant vers la table pour sortir ses affaires. — j'pense que cet appart manque qu'un dressing ou d'une autre pièce pour les loisirs ou le bureau. petit rire moqueur. lui, devait se caler soit sur son lit, soit sur sa petite table pour travailler en dehors des heures de bibliothèque. — alors ce semestre est passionnant ?

@Drake Copperfieldil roula des yeux, quelque peu agacé par son commentaire d'un destin aussi certain. il n'aimait pas le savoir aussi en confiance mais il ne lâcha qu'un petit rire en apparence. — c'est ce qu'on verra, ouais... mais l'heure n'était pas aux distractions, les plus délicieuses soient-elles. prenant place à une chaise, il sortit ses affaires, voyant son compère en faire de même. en voyant son macbook pro, il n'osa même pas sortir son vieil ordi hp qui datait depuis sa première année au lycée et qui ramait comme pas deux, dotation du lycée. il ne pouvait plus jouer à des jeux vidéos mais il marchait très bien pour prendre ses cours en note - et quitte à dépenser un budget, il avait préféré le faire sur son appareil photo, qui lui, avait de la gueule et était plus performant que le dernier des iphones que drake avait. — je... j't'avoue que j'avais pas prévu ça. je me suis laissé déborder par le travail, par plein de choses en fait. il était ailleurs, il rêvassait - c'était son plus grand tort et ce qui lui avait fait défaut, c'était de s'imaginer dans un ébat des plus sauvages avec drake en plein milieu d'un cours d'histoire de l'art, de quoi faire serrer son pantalon et de faire en sorte de cacher ça. il allait s'occuper de finir son dessin - portrait fantasmé d'une personne familière, thème imposé et lorsqu'il le sortit devant lui, il était surpris de constater qu'il avait que trop bien avancé, trop bien pour que drake remarque qu'il s'agissait bien de lui, torse nu et sculpté de profil arrière où les dernières touches étaient celles du posterieur. devait-il le ranger ? il n'aurait peut-être pas dû emmener ça, d'autant plus que la deuxième planche, elle, concernait un certain charlie. — et sinon, alors, parle moi de tes... pcr ? sérieux, ce nom me tue, j'ai l'impression que tu me parles de test covid. il prit ses outils de dessins se laissant aller dans le travail. — allez, j'veux tout le matricule : garçon ? fille ? taille ? bon coup ? une note sur dix.

il lui sembla avoir laissé un soupir. comme une tension qui se relâchait quand il apprit qu'il n'y avait eu aucun garçon dans l'équation. il ferma les yeux un bref instant, se sentant apaisé. comme drake le soulignait, s'il avait su, il y aurait eu probablement une montée en tension. — donc il y en a eu un ? ou il y a eu le souhait d'en avoir un ? dit-il en haussant un sourcil, le regardant subitement avec un regard concentré, presque assassin avant de lever les mains en l'air. — okay, je ne creuse pas. sinon on l'accuserait, à raison, de chercher le bâton pour se faire battre. — un seul, à vrai dire et ça me convient. et comme en guise de provocation, il se résout finalement à sortir la deuxième planche. — charles, charlie, charleston... bref, whatever. excellent coup, à l'écoute et ses fesses sont justes sublimes. c'est ce qui m'a permis d'aller mieux après... bref, tu sais quoi. sans vouloir rappeler les évènements de l'été dernier. — j'sais pas lequel je présenterai à la prof. faut que j'ai une bonne note, faut qu'on sente que j'ai peint avec passion et ferveur. sourire carnassier et provocateur. — j'aimerais bien le revoir... vu que t'es pas mal occupé avec tes pcr... il arrêta là avec les torpilles avant de reprendre son fusain et le portrait de drake, continuant à essiner ses abdominaux.

— moui. ça lui écorchait la bouche, donc d'un ton faible, presque trop discred et sourd, il avoua que oui, ça le soulageait, ça le rassurait. n'allez pas croire que cela lui faisait plaisir qu'il y ait des filles, pas le moins du monde mais il se disait qu'il ne jouait pas dans la même catégorie qu'elles. — yepa, d'puis le temps que j'en avais envie, ouais clairement. mais j'avoue, j'ai hâte de voir ce que ce serait l'opposé... petit sourire malicieux et carnassier, s'imaginant un charleston, le prendre, avec la fougue qu'il avait. mais voilà que le dessin avait enfin attisé le regard de l'hôte, venant se lever pour se poster derrière lui, ayant toujours quelque chose à redire sur son propre portrait : pas assez d'abdos, des épaules plus carrées. il lâcha un petit rire moqueur. — au moins, tu t'es reconnu ! c'est d'jà ça. les abdos, ça se mérite. rit-t-il tandis qu'il demandait ce qui se trouvait sur le second dessin. — bah, c'est l'type, charlie. pas mal, hein ? dit-il tout en délogeant pas son regard du papier. — fallait qu'on peigne le portrait fantasmé d'une personne familière. et j'pense que j'ai assez bien fait mon job, j'veux clairement décrocher un A et valider cette matière. autant il avait partagé ses talents photographiques avec drake, autant il ne l'avait jamais emmené vers ses tableaux. la peinture était davantage un passe-temps qu'une passion mais pour sa filière, le passage était obligatoire.