~ Shoot to thrill ~ (Wilby)

Relax beau brun, t'as pas le couteau sous la gorge. C'est une idée parmi tant d'autres, et Denzel sera sûrement capable d'en faire fleurir d'autres, en attendant ta réponse. - Je sais même pas ce que ça veut dire, se "méprendre". T'inquiètes, te prends pas la tête ! il réplique en souriant, aussi insouciant qu'à son habitude. Le blond exagère un peu, rappelle toujours qu'il n'a aucun diplôme, pour justifier son attitude stupide et ses réponses décalées. Autant utiliser l'histoire à son avantage, pas vrai ? La suite du parcours est une habitude de vie, un spot qu'il utilise régulièrement, mais généralement en solitaire. Les escaliers de secours, c'est presque une deuxième maison; à force de les emprunter lorsqu'il squatte ou entre par effraction. Tête de con un jour.. Vous avez saisi la suite. - Sérieux ? Laisse moi deviner, t'apprends à jouer du pipeau ! quoique impressionné par le retournement de situation, passage de la rue à - Harvard - comme il le suppose, Denzel le taquine en faisant référence à son vol, quelques minutes plus tôt. Arrivant au dernier étage, là où ils peuvent se poser, le jeune homme laisse tomber le sac à ses pieds, et son derrière emprunte le même chemin, rejoignant le métal à la seconde qui suit. - On verra ça; mais y a moyen que tu sois cool. clin d'oeil amusé, avant de le laisser admirer la vue. Denzel en profite pour laisser ses jambes rejoindre le vide, offert par l'espace entre les barreaux. - Noooon, c'est mon coin anti-filles ! Ici, c'est zéro prise de tête, personne pour venir te faire chier. Quand t'as besoin d'obtenir la paix, c'est ici qu'il faut venir. et sur ces mots, le gamin attrape son sandwich, défait l'emballage et se prive pas pour en prendre un sacré croque. Bouche pleine, il lui souhaite quand même un - bon appétit, à sa manière; façon malpoli.   

Je ne pensais pas un jour terminer à Harvard. Ou même tout simplement dans une quelconque université. L'école ça n'a jamais été fait pour moi. Je n'aurais jamais su quoi étudier. Quant à harvard, je n'y avais jamais pensé, n'ayant pas du tout les moyens pour y entrer. Mais voilà que je m'étais trouvé une réelle passion pour la botanique. Et ma patronne, qui était devenue comme une maman pour moi, m'avait payé les études. On en avait longuement parlé et elle m'avait clairement fait comprendre qu'elle souhaitait que je reprenne le magasin. Une fois qu'elle ne serait plus là. Alors me voilà, étudiant à Harvard, après avoir passé dix ans dans la rue. Qui l'aurait cru. "Presque. J'aurais pu étudier la comédie, j'aurais été très bon." Après tout, j'ai toujours réussi à m'en sortir avec les flics, après des mensonges. Pareillement, avec les filles. Disons, que je suis plutôt bon pour mentir et m'inventer une vie. "Si c'est ton coin, je vais éviter de te le piquer. Mais c'est plutôt cool." Je regardais face à nous, le paysage. Oui, je pouvais totalement comprendre qu'il vienne ici pour avoir la paix. "Merci à toi aussi." Puis de mon côté, je sortais mon sandwich, les paquets de chips et la bière que je lui mis devant lui. Tout en mangeant, je lui jetais des petits regards. Ne sachant pas trop si je pouvais poser d'autres questions ou non. Je ne voulais pas le faire fuir et je sentais qu'il nous faudrait un peu de temps pour s'apprivoiser et faire confiance l'un à l'autre.

Dans la vie, tout est question d'opportunité. Il suffit parfois d'une rencontre, d'une expérience en particulier; et le quotidien s'en trouve remodelé. Passer de la rue à Harvard, c'est une progression digne de ce nom. Denzel n'a jamais imaginé revenir sur les bancs de l'école; préférant de loin son adrénaline journalière, son improvisation permanente. Son parcours, il le doit aussi à une rencontre; un lieutenant de la marine qui avait repéré son potentiel, lors d'un concours de natation. Ca s'est joué à ça: cinquante mètres, un bassin olympique et une destinée détournée. S'il n'a pas lâché l'affaire, c'est pour honorer sa mémoire. - On aurait été le dindon et la farce en même temps. plaisante-t-il en s'imaginant sur scène, récitant les textes légendaires des plus grands. Aucun doute qu'il aurait été excellent, lui aussi, à ce jeu. - Tu viens quand tu veux, j'ai aucun titre de propriété. Sois libre l'ami, ce coin de simplicité est à toi. ou à qui le souhaite. La vue dégagée sur les buildings le fascinera toujours; mais rien n'empêche d'autres personnes de s'aventurer à cette même place. - T'es de Boston ? ose-t-il demander, le remerciant en levant la canette de bière devant ces yeux, comme s'il trinquait. La plupart des gens qu'il rencontre sont venus spécialement pour Harvard; peu d'entre eux sont originaires du Massachusetts. Alors Wilby, c'est quoi ton histoire ?