American Nightmare
@Roman H.-Abbott
31 10 2021 •• Perkins Hotel.
31 10 2021 •• Perkins Hotel.
L’adorer, le détester, c’est un leitmotiv qui est devenu presque éternel, depuis le temps. Un refrain, vraiment. Un truc qu’on garde en tête, qui assourdit les tympans. Un chien, un chat, le prédateur et la proie. Et il y a tout qui explose, encore une fois. Dans ma vie, je n’ai pas d’énormes traumatismes, de choses qui viennent me perturber, qui arrivent à me hanter. Peu si ce n’est rien, mais il y a eu cette nuit et je n’étais qu’une enfant. Et le souvenir est toujours aussi cuisant. Alors, l’alcool, ce n’est que très peu que je parviens à le supporter. Je le tolère parce que je sais, que lors de cette soirée, la drogue s’en est mêlée. Malgré le fait que je tente de relativiser, clairement la colère, elle est déjà en moi, dans tous les pores de ma peau, elle dégueule de moi. « Ajoute une heure. » Oh je t’en prie, ça n’a pas duré si longtemps, et je ne retiens un « Menteur. » véhément. A l’inverse de toutes les fois, où je lui ai glissé cette insulte détournée, sans réellement la penser.
Et me voilà, debout, face à ce lit, prête à hurler sur lui. Seulement l’électricité semble vouloir jouer avec nous dans ce taudis. Le courant ou bien ces fameux esprits. J’en cligne des paupières, plusieurs fois, et je l’écoute tandis qu’il semble s’installer sur le matelas. « T’es pas belle à voir quand tu t’énerves. Même l’hôtel a préféré fermer les yeux. » J’en crache un soupir enragé, quand je m’entends lui répondre sans attendre plus d’une seconde. « Très drôle. » Si lui semble à l’aise, ce n’est, pour ma part, pas du tout le cas. Parce que d’une, il se pourrait, si je mettais mon égo de côté, que je sois en train de paniquer. Perdre le contrôle. Ne plus savoir définir l’espace dans lequel je suis en train d’évoluer. Et rester foutrement figée. Totalement paralysée. C'est un pêlemêle dans ma tête, les pensées n'arrêtent pas de s'entrechoquer. Mes lèvres, je les mords fortement, je les torture, en ayant l’envie de les faire saigner, avant de balancer. « Je ne vois rien, putain. » L’aveu me donne la nausée, je n’ai pas mes lunettes et ma vue ne veut pas s’adapter. « Je t’interdis de jubiler. » Dans le noir, je ne suis qu’une gamine qui ignore comment briller. « Manquerait plus que t’aies pris un cachet. » Quand je me sens vulnérable, pour me défendre, je ne sais qu’attaquer.
egotrip
(Wendy Witter)