méfait accompli ! (sofia)

elle n'a même pas idée. en soit, c'est normal que ce soit déroutant, d'apprendre du jour au lendemain que tu as un petit frère, surtout quand il ne te ressemble pas plus que ça. si tu venais à demander à un inconnu, impossible de savoir que vous êtes de la même famille. et pourtant, c'est bien le cas. "bizarre, le mot est faible !" tout en rigolant. "il est arrivé devant ma porte et m'a sorti ça d'un coup comme ça. j'ai du prendre bien deux jours avant de me faire à l'idée et de vraiment lui parler." mais aujourd'hui, tu remercies le ciel que ce soit arrivé, qu'il ait eu la foi de venir jusqu'en Russie pour te rencontrer. et à présent, c'est ton visage qui commence à devenir tout rouge. tu aurais pu sortir une excuse du genre, c'est le fait d'être avec elle, parce qu'elle est charmante, ou quelque chose du genre. mais non, c'est ce putain de piment qui vient te détruire à l'intérieur. tu commences à tousser et avoir le nez qui coule, sensation plus qu'horrible. et elle... non, sérieux, elle se met à rire de toutes ses forces. d'habitude tu sais que t'es un mec marrant, mais la, ce n'est pas vraiment de ta volonté. "sauve moi !" toi aussi, tu rigoles, tout en souffrant. un mélange qui ne va pas du tout ensemble, tu n'arrives pas à parler correctement. le temps qu'elle se rende au niveau du bar, tu n'hésites pas, attrape ta bière et la descend, d'un seul coup. une très mauvaise idée, car ça n'arrange rien, absolument rien. au contraire. tu attrapes le verre de lait, lui aussi, tu le bois d'une traite. tu n'as toujours pas l'impression que ça change la douleur dans ta bouche. "j'ai l'impression que je vais mourir." ton visage est aussi rouge qu'une tomate, des larmes qui commencent à couler sur tes joues. "et toi ça te fait rire !" alors qu'elle vient prendre les piments dans ton plat. "prends ! prends tout ! je veux plus de ça !"

"bizarre, le mot est faible !" tu m'étonnes. "il est arrivé devant ma porte et m'a sorti ça d'un coup comme ça. j'ai du prendre bien deux jours avant de me faire à l'idée et de vraiment lui parler." mes sourcils se haussent, ça doit être surprenant, ce genre d'évènement. "C'est normal, ça fait un choc. Découvrir qu'on a une famille qu'on connait pas.." et je l'envie presque. J'ai jamais voulu connaître ma famille biologique mais il y a toujours cette partie de moi qui se demande qui ils sont, à quoi ils ressemblent, aussi. On continue en mangeant des nachos, et ça me fait rire, son visage qui se change du tout au tout. "sauve moi !" et il se marre aussi, ou peut-être qu'il pleure, je ne saurais dire exactement. "j'ai l'impression que je vais mourir. et toi ça te fait rire !" j'hoche la tête en rigolant de plus belle, mangeant même un nouveau piment pour le narguer. "prends ! prends tout ! je veux plus de ça !" je les prends tous et mange encore des nachos ; "Mange, ça passera ! En plus avec le goût du piment c'est encore meilleur !" je souris en coin ; "T'as encore beaucoup à apprendre toi."

un choc, c'est certain. mauvaise surprise au départ, qui s'avère maintenant être le meilleur cadeau du monde. le fait d'avoir un frère, t'en a toujours rêvé et à présent, c'est une réalité. alors certes, tu détestes tes parents pour t'avoir caché ça mais au fond, tu es heureux d'avoir la chance de le connaître aujourd'hui. l'incendie dans ta bouche commence petit à petit à s'exténuer, à force de continuer à manger, proche de terminer ton plat. une très bonne expérience, si on passe ce petit accident en début de repas. "pas certain que ce soit meilleur, mais au moins, ça va mieux !" puis elle continue de se moquer de toi, en mangeant ce truc qui t'as presque tué. tu n'arrives même pas à comprendre comment elle est capable de manger ça sans même avoir une goutte de sueur. "tu sais que c'est pas trop notre genre de manger des plats avec du piment ou des épices, chez moi. c'est pas de ma faute." peut-être qu'un jour, tu y arriveras, sans avoir l'impression que tu vas t'évanouir dans la minute qui suit. les nachos terminés, ainsi que vos verres, tu es prêt pour le reste de l'aventure qu'elle a prévu pour ce soir. "prête pour la suite ?" tout en lui souriant, la main tendue vers elle pour l'aider à se lever.

Je vois son visage prendre des couleurs différentes et le mien aussi, pas pour les mêmes raisons. Pendant un instant, là, on est comme deux enfants. Dont un qui vient de manger du sable, mais deux enfants quand même. Pour ce que ça vaut, ça fait du bien d'être une enfant, de repartir à zéro avec quelqu'un. De pouvoir être soi, s'inventer de nouvelles couleurs, retrouver un semblant d'humanité. "pas certain que ce soit meilleur, mais au moins, ça va mieux !" un large sourire, la boisson qui se termine tranquillement. J'ai pas envie de l'abîmer, ce serait bête. "tu sais que c'est pas trop notre genre de manger des plats avec du piment ou des épices, chez moi. c'est pas de ma faute." je le regarde, demandant ; "Tu me fera goûter un jour ? Les plats de chez toi ?" et regarde comme subtilement, j'annonce une prochaine fois. C'est malin, une Sofia. "prête pour la suite ?" La tête fait oui, la main s'attrape et je saute sur mes deux pieds ; "Yeeeeees !" et je le suis jusqu'au bar d'après, où on se mélange entre rire, alcool, jeux d'alcool. On enchaine avec un second bar, ou troisième -déjà- et on danse, on bois encore, et la Sofia bourrée n'est plus pareille. Je parle beaucoup, pour dire des choses qui n'ont pas de sens, principalement. J'attrape même son bras, que je passe autour de mon épaule, avant que mes yeux ne soient concentré sur sa main ; "Oooh wow ça brille bien ça ! Tu m'le prête ?" la montre, dont je suis déjà amoureuse. "ça te fait des beaux poignets en plus, tu devrais la mettre plus souvent." l'articulation n'est pas précise, les pas non plus. Sofia, encore moins.

dans ta tête, sa phrase vient résonner comme une demande pour te voir de nouveau. une simple demande pour la cuisine de chez-toi, qui peut impliquer une nouvelle soirée à ses côtés. et tu sais très bien que tu ne peux pas refuser. non, tu ne veux pas, plutôt. "avec plaisir, même si c'est loin d'être la meilleure cuisine du monde !" une balle que tu viens de te tirer tout seul dans le pied, mais après tout, c'est la vérité. l'aventure continue, elle t'entraîne dans plusieurs bars, tu enchaînes les verres tout autant qu'elle. solide, pour un si petit bout de femme. tu es vraiment impressionné, il faut dire. et toi, plus tu continues à boire et plus, sans le vouloir, ton accent russe devient de plus en plus présent et prononcé. un des effets secondaires de l'alcool sur ta personne. la voilà maintenant contre toi, quand elle attrape son bras pour s'enrouler dans celui-ci. et elle semble vouloir récupérer cette pièce qui se trouve à ton poignet. "prends-la, elle rendra bien mieux sur toi." tout en lui souriant. en soit, ce n'est qu'une montre et si avec ça, tu peux lui faire plaisir, tu ne vas pas dire non. et puis, tu te souviendras sûrement pas qu'elle te l'a prise.

"avec plaisir, même si c'est loin d'être la meilleure cuisine du monde !" je souris, secoue la tête ; "La cuisine de chez toi c'est toujours la meilleure cuisine du monde !" et je défendrais toujours les origines de mes parents là dessus. La cuisine du sud à mes yeux est la meilleure, quelques soient les autres plats incroyables que je mange. C'est comme ça, je le contrôle pas. Probablement parce que j'accorde à cette cuisine aussi un sentiment de réconfort. Je me rapproche de lui, passe son bras autour de moi, joue avec sa montre. "prends-la, elle rendra bien mieux sur toi." un énorme sourire éclaire mon visage. Il en faut peu, pour rendre une Sofia heureuse, encore moins si y a de l'alcool dans le sang. J'attrape la montre, la passe autour de mon poignet et lui montre, comme s'il savait pas à quoi ça ressemblait ; "Ooohw regarde ça !" le bras tourne pour lui montrer ; "elle me va trooop bien !" si tu survis à un soir avec une Sofia comme ça, t'es presque paré pour toutes les versions de Sofia. Presque. Je souris une nouvelle fois, le regarde, et l'espace d'un instant, me perd dans ses yeux. Quelques secondes, peut-être longue, avant de rire un peu en lui demandant ; "tu savais que y avait un pirate dans tes yeux ?" avance l'index vers son œil droit ; "juste là." Sofia divague, courage.

peut-être que c'est le cas, de son côté, mais toi, depuis que tu es ici, avec toute la bouffe que tu as eu l'occasion de découvrir, tu pars du principe que chez toi, c'est pas la folie. tu préfères largement ce que tu trouves ici. "j'ai vraiment envie de goûter les plats de chez toi dans ce cas, histoire de comparer !" vu qu'elle, au moins, en parle avec joie. tu continues d'avancer, l'alcool qui fait encore plus son effet dans ton organisme. l'idiot qui est bientôt de sorti. elle te montre son poignet avec la montre autour de celui-ci. "y'a pas photo, elle est faite pour toi. bien mieux que sur moi." c'est vrai qu'en plus, elle lui va vraiment bien cette montre, tu peux pas dire le contraire. cette phrase, qu'elle vient de sortir, te fais réfléchir un petit instant, avant de lui répondre. "je... tu connais beaucoup de pirate russe toi ? parce que j'te jure que moi, pas du tout." entre la neige et la glace, ce n'est pas trop le délire de ton pays. on est loin des caraïbes. "le seul truc qui me rapproche d'un pirate c'est que j'aime le rhum je pense." cliché certes, mais c'est la vérité.

"j'ai vraiment envie de goûter les plats de chez toi dans ce cas, histoire de comparer !" je souris grand et lance ; "Tu devrais goûter la cuisine de ma mère ! Elle a une chaîne de restaurants, c'est trop trop bon !" et je crois que c'est la première fois vraiment que je dis ça, à qui que ce soit. C'est bizarre, d'être en confiance. Ou alors c'est l'alcool, qui sait ? Mettons ça sur l'alcool, déjà bien haut de mon côté, mais encore bas du sien, j'ai l'impression. "y'a pas photo, elle est faite pour toi. bien mieux que sur moi." Les compliments et c'est un énorme sourire sur le visage de la brune. Je regarde la montre à mon poignet, essayant de me faire à l'idée. J'aime bien. Suite à quoi je rigole avec lui, lui inventant une ancienne vie de pirate. "je... tu connais beaucoup de pirate russe toi ? parce que j'te jure que moi, pas du tout. le seul truc qui me rapproche d'un pirate c'est que j'aime le rhum je pense." bon publique, j'explose de rire. "J'te trouve bien trop beau pour être un pirate même !" la vérité sort de la bouche d'une Sofia bourrée. J'y peux rien, j'ai toujours eu un style d'homme et il entre parfaitement dans la catégorie qui me plait. Brun, ténébreux, dangereux. Bingo. On passe devant un hôtel et je fais un bruit de stupeur ; "Oooh attends j'ai une histoire sur celui-là ! Tu connais Charles Dickens ?" et sans même de réponse, j'enchaîne ; "Il a vécu dans cet hôtel pendant deux ans, avec d'autres écrivains, bref j'te passe les détails... et aussi parce que je m'en souviens plus." et elle rigole un peu ; "Mais en gros, il vivait au troisième étage, et souvent l'ascenseur s'arrête au troisième, les portes s'ouvrent et attendent avant de se renfermer, même parfois tu peux commander à l'ascenseur d'aller au cinq, il ira au troisième direct !" fait une moue ; "raconté comme ça, ça fait bof peur mais imagine dedans..." et je regarde l'homme, ouvre la bouche l'air de dire que j'ai l'idée du siècle, et fait un large sourire ; "Viens on y va !" juste comme ça.

toi aussi, tu voudrais parler de ta mère comme ça. elle semble l'aimer, tu pourrais presque être jaloux. car toi, ta relation avec elle, c'est... ouais. c'est pas ça. "tu sais que moi, si tu me proposes de la bouffe, c'est me prendre pas les sentiments !" est-ce que c'est un compliment qu'elle vient de te faire ? t'as bien entendu non ? elle te trouve beau ? non non, oublie ça, c'est pas le moment de penser à ce genre de chose. puis c'est sûrement juste... non mais oui, juste amical ! l'arrêt devant cet hôtel te laisse sceptique. pourquoi ce bâtiment ? pourquoi s'arrêter ? "charles... qui ?" non, tu ne connais pas, vraiment pas. "t'es en train de me dire que tu crois aux histoires de fantômes ?" en rigolant. tu n'aurais pas cru ça d'elle, mais pourquoi pas. "un peu bof effectivement" avec un oui de la tête. tu peux pas dire le contraire, c'est quoi cette histoire ? mais elle semble tellement y croire que ça pourrait être vrai. puis il faut croire que tu n'as pas le choix, tu vas le voir de tes propres yeux. "tu veux peut-être que je passe devant et que je te protège du méchant fantôme ?" tu te moques un peu d'elle, mais c'est pas méchant. bien au contraire.

Un moulin à paroles avec de l'alcool, c'est toujours comme ça, mais je contrôle pas. "tu sais que moi, si tu me proposes de la bouffe, c'est me prendre pas les sentiments !" je souris et le regarde ; "Je saurais comment te parler à l'avenir alors !" autour d'un repas, c'est noté. Je le complimente, m'arrête devant un hôtel et commence à lui conter l'histoire que je connais. Ou des bribes d'histoire dont je me souviens. "charles... qui ? t'es en train de me dire que tu crois aux histoires de fantômes ?" je hausse les épaules ; "Je sais pas trop, peut-être bien oui." je souris en le regardant ; "pas toi ?" on a une grosse croyance en Amérique du sud là dessus, mais je peux comprendre que le monde ne fonctionne pas pareil. "un peu bof effectivement" en même temps, je suis pas la meilleure en terme de raconter des histoires. C'est pas vraiment mon fort. "tu veux peut-être que je passe devant et que je te protège du méchant fantôme ?" j'explose de rire en secouant la tête ; "J'ai jamais dis qu'ils étaient méchants ! Je respecte si le monsieur veut aller à son étage et se reposer dans sa chambre, même si ça fait des années qu'il se repose !"