(snow & becca) l'amitié.

« Coucou mon beau, merci d’être venu. » Après une accolade et un doux baiser sur sa joue, je m’assis face à Snow. J’étais à l’initiative de ce diner. Je sortais un peu de ma zone de confort en venant dans ce restaurant, moi qui commençais à avoir l’habitude de ne fréquenter que des bars (en particulier le Badgirlz). Mais afin de prendre correctement des nouvelles de mon ami et ancien collègue, j’avais alors pensé que nous retrouver dans un restaurant, à l’ambiance plutôt calme, nous conviendrait mieux. D’autant plus qu’en connaissant Snow, je savais que notre soirée ne se terminerait pas au dessert. Je savais que j’allais passer un bon moment. « Comment tu vas ? Depuis le temps… » Oui, j’assumais totalement de ne pas avoir pris de ses nouvelles durant tout ce temps. Mais j’en étais excusée non ? Avec tout ce que j’ai pu traverser durant cette année.

C’est avec plaisir que je retrouvais mon ami et ancien collègue Snow. J’étais plutôt enthousiaste par cette petite soirée, sachant très bien que j’allais passer un bon moment. Du moins, je l’espérais. Je ferais tout pour dans tous les cas. « Un verre ? » Je souris, un peu surprise, mais pas du tout contre l’idée. « Avec plaisir. Bourrons-nous la gueule avant oui. » Ajoutais-je sur le ton de l’humour. Enfin … blague ou non, je ne dis plus non à un verre en ce moment. Bien au contraire. Je fis alors signe au premier serveur que je vis passer. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Demandais-je à Snow. Je le suivrais, parce que de toute façon je ne suis pas compliquée niveau boisson en ce moment.

Il faut le faire. Il faut que j'y arrive. A me confier, à parler. Je sais pertinemment que rester muette tout ce qui a pu se passer n'est bon pour personne. Ni moi. Ni ma fille. Si je veux vouloir avancer, je me dois de parler et de trouver du réconfort quelque part. Maintenant qu'Emerson est partit, je ne peux plus compter sur lui. Pourtant, j'aurais aimé qu'il soit cette personne, ce pilier sur lequel me poser. Mais il m'avait quitté. Ce connard. Enfin, je lui en voulais. Mais je savais très bien qu'il n'aurait pas bien vécu cette grossesse et cette perte. Ni même ce qui a pu se passer pour moi. Au vu de son passé. Cela aurait fait remonté trop de souvenirs en lui. Enfin de compte, il était peut-être mieux ainsi pour lui : d'être partit avant. La question maintenant était de savoir si Snow pouvait être la personne à qui je pourrais me confier. Est-il assez sérieux pour que je lui raconte tout cela ? Je sais que si j'ai envie d'oublier, de rire, il est la personne parfaite. Mais est-il cette personne sur laquelle je peux compter pour raconter de choses si importantes à mon sujet ? J'ai beau l'apprécié, je n'arrivais pas à me faire à l'idée que je pourrais totalement me confier à lui. "C'est parfait." Répondis-je quant à sa proposition de whisky. En attendant nos verres, Snow mit les pieds dans le plat directement. Ce qui eut le don de me refroidir à vraie dire. Mais au fond, il avait raison d'aller droit au but. Nous n'allions pas tourner autour du pot durant tout le diner. "Tu sais je fréquentais un homme..." Commençais-je alors à dire. "Et bien il m'a quitté." Et en disant cela, je me rendis compte que cette rupture m'affectait plus que ce que je voulais le montrer. J'en soufflais, attendant avec impatience nos verres. Qui arrivèrent à ce moment précis. Parfait. Je pris le mien, le regarda et me mit à rire. "Il se serait foutu de ma gueule s'il me voyait boire ça." Non pas qu'un Jack Daniel's ne soit pas bon. Mais ce n'est pas assez chic pour maitre York. Lui, aurait commandé leur whisky le plus cher. Ouais enfin bon, nous n'avons pas tous le même budget, ni même les mêmes envies.

Qu'il aille se faire foutre. Non pas Snow, mais bien Emerson. Non, Snow était là maintenant pour moi. Je m'en voulais de l'avoir un peu délaissé, après tout, les amis ça devrait rester à nos côtés, peu importe ce que l'on peut vivre. Mais j'avais été une mauvaise amie et l'avait totalement délaissé. Bien qu'apparemment, il ne semblait pas m'en tenir rigueur. Peut-être avait-il vécu des choses de son côté aussi et je n'étais pas sa priorité première. Au moins, nous nous étions éloignés l'un de l'autre, mutuellement. Sans forcément nous en rendre compte. Mais de ce fait, on n'en voulait pas à l'autre. Ce qui importait était le moment présent, et j'étais heureuse qu'il ait accepté mon invitation. Sans rancœurs. Est-ce ça l'amitié ? Se retrouver après des mois sans se voir, comme si nous nous étions vus la veille ? Tout dépend de l'amitié. Avec Snow, cela semblait être ainsi. Nous n'étions pas H24 ensembles, mais lorsqu'on avait besoin l'un de l'autre, on savait que l'on pouvait compter sur l'autre. Une belle amitié. "Un bourge coincé ..." Répétais-je, tout en riant. Cela décrivait bien Emerson. Bien que l'on pouvait rajouter quelques adjectifs. Peu de personnes l'appréciaient, oui, mais seulement parce qu'il s'en fichait et qu'il ne voulait pas forcément être aimé de tous. "On va dire ça, ouais." Avais-je envie de lui révéler avec qui j'avais eu une relation ? Allez ... De toute façon, je ne pouvais plus rien perdre. "Maitre York, ça te dit quelque chose ?" Car même si l'on n'est pas dans le milieu, il est difficile de ne pas en avoir entendu parlé. De par ses nombreux succès au tribunal mais aussi de par sa réputation. "Disons, qu'il aurait plutôt opté pour un ..." Je tentais de me rappeler les whisky qu'il pouvait commander, n'étant pas du tout une pro dans ce genre de boisson. "Oh peu importe le nom, la marque ou l'année... Il fallait que ce soit cher quoi." Je me rendis alors compte que je ne parlais pas forcément en bien de lui. Mais je n'y pouvais rien. Il m'avait laissé et au fond, ça me pesait. "Mais je l'aimais comme ça." Terminais-je par dire, tout en sentant une légère larme couler sur ma joue. Je me rendis alors compte que je n'avais jamais eu l'occasion de lui dire cela. Nous nous étions quittés avant. Surement pour son bien. Et le mien. Et malgré cela, il semblait que je vivais mal cette séparation. "Pff... je suis pathétique. De pleurer pour un homme... Alors que mon mari, est toujours dans le coma, lui." Mais quelle conne je suis.

L'homme est face à moi, et cela me fait du bien. Du bien de revoir une ancienne tête. De le voir lui, avec qui je sais que je vais passer du bon temps. Tout en me confiant, je sais qu'il saura soit trouver les mots justes, soit détourner la conversation afin d'en rire. C'est un peu sa marque de fabrique à Snow. Au début, je pensais qu'il ne prenait rien au sérieux, qu'il prenait tout à la rigolade. Mais pas du tout. Au fil du temps, je me suis rendue compte, que lorsqu'il s'agit de conversations sérieuses, il arrive à mettre son humour de côté et être tout simplement présent. Etre un homme. Et non un jeune homme insensible. Il suffit simplement d'apprendre un peu à le connaitre. Comme avec tout le monde, je dirais. Comme avec Emerson par exemple. Derrière sa carapace, il y a un homme blessé, brisé mais tellement doux, sentimental et attentionné. "Oui je comprends." Terminais-je par répondre. Après tout cela ne m'étonnait pas non plus. Les avocats sont un peu comme la police, on les évite au mieux. Car après tout, si on en a besoin, c'est que quelque chose ne va pas. On préfère nous éviter et je comprends totalement.
Puis sans même que je ne m'en rende compte, je me vis à faire apparaitre quelques larmes sur mes joues, à avouer mes sentiments que j'avais, que j'ai toujours, pour cet avocat. "En effet." Que pouvais-je dire d'autres ? Je ne m'étais pas attendue à aimer cet homme. Moi, qui au début, en avait même eu plutôt peur. Je faisais tout pour ne pas être dans la même pièce que lui, seule. Il me faisait peur, oui. Et pourtant, après quelques conversations, je me suis retrouvée à vouloir ne me retrouver que seule avec lui. Lui et moi. On parlait même d'ouvrir notre propre cabinet. C'était un peu lui et moi contre le reste du monde. C'était arrivé sans même que je ne m'en aperçoive. Sans que je ne demande rien. Si on m'avait dit que j'allais vivre une telle relation avec lui, je n'y aurais pas cru. Tout simplement, parce que je ne me voyais pas du tout avec cet homme. Et pourtant ... la vie semble vouloir jouer avec moi. Et je n'y comprends plus rien. Je ne comprends pas les signaux que la vie veut m'envoyer. "Parce que j'ai tout fait pour que l'on se sépare." Je savais très bien qu'il ne me laisserait jamais partir si je mettais tout simplement fait à notre relation. Alors le connaissant, j'ai su quoi faire ou dire pour qu'il s'en aille. Et c'était pour son bien. "Disons que j'ai vécu quelque chose qui lui aurait énormément fait de mal ... S'il l'avait su." Je sais qu'il n'aurait pas supporté de savoir que j'avais perdu mon bébé à l'accouchement. Tout en sachant que j'avais failli y passer aussi. Alors je l'avais fais partir, tout en lui faisant croire que c'était lui qui avait pris la décision. Pas bête la guêpe. Mais cela fait tout de même du mal.