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À quel point suis-je obnubilée par mes propres problèmes ? Bien trop. Parce qu’il ne me faut pas bien longtemps pour tout laisser sortir, pour que je balance à Rebecca ce qu’il ne va pas. Je sais bien que les heures à gérer ce dossier sont nombreuses, que j’ai besoin de parler sans me sentir juger mais peut-être que mélanger privé et professionnel n’est pas l’idée du siècle. Je le sais. Il n’y a qu’à voir la difficulté avec laquelle je gère le dossier du petit Junon Ellington. Son père est le petit-ami / plan cul / la chose de ma meilleure amie alors c’est tout de suite plus sensible. Il y a cette limite que je m’efforce de ne pas dépasser mais qui semble si facile à bousculer. Les barrières, elles sont fragiles mais je crois que ce soir, le travail est derrière nous et que c’est une soirée aussi simple que deux femmes autour d’un verre. Alors, ça me semble moins fou. J’ai l’impression de moins transgresser les limites et règles que je me suis efforcée de mettre en place après le carnage de l’année dernière avec mon ancien patron. Mais aucune inquiétude, je ne finirais pas dans le même lit que Rebecca ce soir. Elle est très belle mais… il y a Snow. Et puis, rien ne me dit qu’elle est bisexuelle. Alors là dessus, voilà. C’est là que je me rends compte que je ne la connais pas tant que cela, bien que la sexualité d’une personne n’est pas vraiment ce que l’on apprend dès la première discussion. Clairement. Que je lance en continuant de boire le liquide ambrée qui se trouve dans mon verre. Je ne peux même pas dire qu’il fut un temps où tout était bien moins injuste parce que j’ai l’impression que la vie me pousse à bout depuis le jour où je suis venue sur terre. Et il y a même des jours où j’aimerais ne pas avoir vu le jour il y a 34 ans de cela. C’est dur, c’est douloureux mais c’est la vérité. Je n’ai pas été voulue, pas acceptée, baladée de foyers en foyers jusqu’à tomber sur les Adams-Baker. Ça va faire un an. Que je souffle doucement. Et je sais bien que c’est tôt, surtout pour un homme mais quand on sait, on sait, non ? Mais je n’ai plus dix ans devant moi et... bordel, c’est à trente cinq ans que l’on considère une grossesse comme à risque ou gériatrique. Je suis à quelques semaines de la grossesse gériatrique et je crois que ça me fait vraiment peur. Je sais que je ne serai jamais complète sans ça. Un enfant, mon enfant. Ce n’est pas ce que veulent toutes les femmes mais moi... Peut-être qu’elle ne veut pas d’enfants, elle, pour ce que j’en sais. Peut-être qu’elle ne comprend pas mon envie. Peut-être qu’elle va me dire - ou plutôt se dire - que je suis égoïste et tout ce qui va avec ? Je ne sais pas mais son avis est le bienvenue.
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