C’était si agréable de se noyer dans les rêves de l’existence plutôt que de penser à l’horrible réalité qui cognait vivement. Cette réalité que nous ne pouvions pas fuir lorsque nous étions à Boston et qu’elle semblait se rappeler constamment à nous. Cette réalité que nous étions en train de fuir au cours de ces vacances et surtout au cours de cette balade en kayak. Moment propice aux rêves les plus fous. Des rêves qui pouvaient être réalisables si le temps nous le permettait. Si l’horrible réalité ne s’abattait pas sur nous. Nous les Neakas au destin qui jouait douloureusement de façon régulière. Enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça. Je préférais penser à @Lukas O. Spritz creusant pour faire un circuit fermé. Terme qu’il avait retenu et qui semblait le ravir. Mes joues se coloraient de rouge au compliment face auquel je ne pouvais m’empêcher de rétorquer « J’ai juste un très bon élève… » Ouais c’était mieux vu dans ce sens là. C’était mieux quand ce n’était pas moi qui recevait les compliments, j’avais toujours bien trop de mal. Laissant mon amoureux se blottir contre moi, je fronçais les sourcils un instant lorsque sa question résonnait. Les yeux perdus sur l’horizon, je murmurais « Une table couleur acajou pour évoquer à quel point tu es ma chaleur et à quel point tu me rassures… Une table ronde pour plus de convivialité entre nous ou avec la famille… Et surtout une table aux pieds solides et ça tu sais parfaitement pourquoi… » Sourire amusé collé aux lèvres, je laissais mes doigts glisser le long du bras de mon amoureux alors que nos yeux se trouvaient. Les confidences glissaient comme si l’instant était propice à avouer même les rêves les plus dingues. Trouver une maison qui nous correspondait risquait d’être une tâche compliquée parce que nous étions bien trop unique. Bien trop nous. Bien trop Neakas. Alors l’idée de construire quelque chose se mettait à cogner plus fort. Elle était plus tentante. Elle était tellement plus attirante. Je voulais me lancer dans ce projet avec cet homme que j’aimais tant. Je voulais tenter l’aventure avec mon futur mari. Un futur mari qui lançait ses sentiments. Des sentiments face auxquels je rétorquais d’un baiser lent et sincère. Un baiser qui valait encore plus que les mots. Un baiser qui faisait du bien. Peut-être même un peu trop. Les doigts de Mio Amore glissaient dans ma nuque déclenchant les frissons sur mon être. Des sensations que je n’étais pas le seul à ressentir vu les aveux de mon copain. Mon futur mari reprenait la parole me poussant à sourire encore plus alors que je marmonnais un « Soyons sa… » Je n’avais même pas le temps de finir que mon copain venait souffler des mots à mon oreille. Son souffle déclenchait les frissons sur ma peau. Les mots poussaient mon bas-ventre à se tordre. Je mordillais ma lèvre pour retenir le gémissement qui aurait aimé glisser lorsque ses dents mordaient mon oreille. Et soudainement plus rien. Voilà que Mio Amore s’était éloigné pour reprendre sa place et continuer à avancer. Ronchonnant un peu, je lançais un « T’es un vil tentateur Amore ! » les yeux rivés sur lui alors que je reprenais mes pagaies à mon tour.
(Neal T. Hood-Spritz)