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Son dernier service. Si Vic s’est, jusqu’ici, convaincue qu’il faut faire confiance à la médecine et que tout va bien se passer pour elle, ses convictions s'amoindrissent à mesure que les heures la rapprochent de l’opération finale. Elle ne peut s’empêcher de craindre un faux pas, ou pire, que la radiothérapie n’aie pas eu l’effet escompté et que la tumeur se soit développée au lieu de diminuer. Ses derniers scans sont plutôt rassurants, raison pour laquelle on l’opère avec deux semaines d’avance, mais pour avoir travailler dans le milieu des années, la jeune femme sait qu rien n’est jamais gagné avant d’ouvrir. Adrian, son nouveau coéquipier - elle regrette déjà Clary - la coupe dans ses pensées pour lui demander une énième fois si elle va bien, ce à quoi elle répond par un hochement de tête. Ni plus ni moins. Il l'agace. Sans rien faire en particulier, sa tête ne lui revient juste pas. Ou peut-être qu’il ne s’agit que de tout ce stress qu’elle rejette sur lui, frustrée d’avoir eu à changer de partenaire alors que tout se passait pour le mieux avec Killbane.
Victoria sait que son erreur a surtout été de cacher sa maladie à ses supérieurs jusqu’au dernier moment. Elle devrait être chez elle, à préparer sa valise et câliner Leïa avant de l’abandonner lâchement pour une dizaine de jours. Elle n’a eu d’autre choix que de les informer, la semaine dernière, puisque ses 3 semaines de “ vacances “ se sont vues avancées de force. Autant dire que la nouvelle n’a pas été accueillie avec joie, mais elle ne peut pas les blâmer. Au-delà de son état de fatigue au boulot ces derniers temps, Vic les laisse surtout dans l’impasse pour trouver un remplaçant avec 48 petites heures de préavis. L’employée de l’année. Ca devrait l’inquiéter pour son retour mais elle n’en a que faire actuellement, et lorsque son capitaine vient lui taper l’épaule en plein service pour lui annoncer qu’elle peut rentrer chez elle, l’ambulancière n’insiste pas. Merci Capitaine, au revoir Capitaine. Le casier est vidé en une poignée de secondes, Vic se change et quitte les lieux pour aller se poser dans un petit resto non loin et prendre son repas.
Ses yeux glissent sur le téléphone lorsqu’il interrompt son dessert et elle hésite un instant à ne pas prendre l’appel. Numéro inconnu. En dernière minute, elle décroche pourtant dans le cas où cela concernerait son hospitalisation imminente. « Calmez-vous. Qui est à l’appareil ? » Elle demande d’un ton doux mais ferme, se redressant sur le qui-vive et prête à mettre les voiles. L’ambulancière n’a pas encore de réponse, mais ses mains appellent déjà le serveur pour régler la note rapidement. « Monsieur j’ai besoin de savoir si vous êtes blessé et où vous vous trouvez svp. » Où et comment il a obtenu son numéro de téléphone privé, mais c’est une question pour plus tard.
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Vic fronce les sourcils lorsqu’il l’informe de sa localisation, alors qu’elle se trouve elle à Boston. Le cellulaire coincé entre son oreille et son épaule, elle intercepte le serveur avec de grands signes et règle l’addition tout en continuant son petit interrogatoire afin d’en savoir plus sur l’état du gars au bout de l’appareil. « Une ambulance arrivera à vous beaucoup plus vite que moi. » l’informe-t-elle, tout en se mettant en route malgré tout. Le sac balancé sur le siège passager de sa voiture - en piètre état depuis son accident en janvier -, Vic place le portable sur le kit main libre et entre l’adresse tout en écoutant les dernières informations, avant que l’appel soit coupé. « Simon ? » Elle répète à deux reprises avant de frapper son volant et se mettre en route le véhicule, non sans pester. Si c’est une mauvaise blague, ce Ross va le payer cher, la jeune femme n’étant absolument pas d’humeur à plaisanter ce jour.
« Si c’est Ellington qui vous a filé mon numéro, je me ferai un plaisir de l’étriper à ma prochaine visite. » Dit-elle dans le vide, l’appel coupé. Vic ne sait même pas pourquoi c’est vers lui que se tournent ses pensées. Peut-être parce que cette histoire est louche et que si ce foutu Simon a choisi de la contacter elle, directement, plutôt qu’un numéro générique et officiel, il doit y avoir anguille sous roche. Il a bien fallu se le procurer quelque part son numéro de téléphone privé. Elle tente de rappeler, une fois, deux fois, avant d’abandonner l’idée. Si elle se contentait d’envoyer les secours et qu’elle rentrait chez elle, comme prévu ? Les événements de l’année dernière semblaient être derrière elle définitivement mais rien ne lui dit qu’ils ne sont pas revenu à la charge, maintenant que tout s’est tassé. Elle pourrait tout aussi bien se jeter dans la gueule du loup et foncer tête baissée, comme une idiote. Si elle en a conscience, c’est exactement ce qu’elle fait. Pas de police informée, pas de secours, juste elle en route vers une adresse inconnue et un prétendu blessé. Elle frappe à la porte de toutes ses forces lorsqu’elle arrive sur place, afin de faire entendre à la personne qu’elle n’a pas peur. Elle n’a plus peur et compte bien leur tenir tête et les faire payer pour tout le mal qu’ils ont pu faire, notamment à son ex fiancée. En l’absence de réponse, Vic déboule dans l’appartement et claque son sac sur le premier meuble sur son passage. « Simon ? » Elle crie et ses peurs s’envolent. Si elle ne meurt pas aujourd’hui, elle le fera peut-être demain sur la table d’opération, c’est que son heure était écrite. Ses yeux trouvent finalement l’homme à l’article de la mort et Vic ne peut s’empêcher de le fusiller du regard avant même de s’assurer qu’il va bien. Il tient sur ses deux jambes, son t-shirt est un intacte. Cet enfoiré va bien. « Putain dis-moi que c’est une blague. » Elle peste et continue de le détailler pour trouver sa main emballée dans une serviette. « Si tu ne te vides pas déjà de ton sang, je te jure que tu vas le faire dans 30 secondes. » Il va la découvrir, la définition de “pisser le sang”.
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Malgré sa promesse de protéger et servir, sa seule préoccupation devrait, aujourd’hui, être l’opération qui l’attend le lendemain. Même son capitaine a été en mesure de voir que l’ambulancière n’était pas en état de terminer son shift dans les meilleures conditions, et pourtant la voilà en route, à filer vers un inconnu. Peut-être vers le danger. Tout le trajet, Victoria peste contre Simon Ross qui est pourtant, peut-être, une réelle victime d’accident. La jeune femme a juste bien du mal à y croire. Son numéro privé n’est pas utilisé et si urgences il y avait, c’est vers l’hôpital que se serait dirigé Simon.
Victoria a d’ailleurs confirmation de ses doutes lorsqu’elle découvre l’identité du grand blessé, debout sur ses deux jambes, au milieu de la cuisine. Putain de blague. Et pourtant, malgré l’envie de le terminer sur place, c’est un rire qui s’échappe de ses lippes alors que toute la pression redescend. C’est bien beau de vouloir se montrer vaillante, mais au fond, Vic était convaincue de se diriger vers un piège sans pour autant avoir la force de l’éviter. Résolue à accepter son sort et la fin, si celle-ci était écrite. « T’es aussi mourrant que moi après avoir monté quatre étages. » Et vraiment, c’est épuisant. Mais putain il va bien et n’avait clairement pas besoin de son intervention cette après-midi. « Pourquoi pas? C’est ce qu’on fait quand on est “mourrant”. On appelle l’ambulance. » Et pas le premier numéro venu de son répertoire. Celui de Victoria doit pourtant être au fin fond, avec son V. La jeune femme est bie trop énervée - et un tantinet abassourdie - pour chercher à comprendre. « Je bossais, normalement. Ce qui veut dire que j’aurais pu débarquer ici avec mes collègues pour une putain de coupure au couteau à beurre. » Et encore, n’est-ce pas juste une feuille de papier?! Ok elle exagère et se montre de mauvaise foi car la coupure semble tout de même profonde mais elle ne justifie pas son appel dramatique et le déplacement. Sa valise de secours ouvert, Vic attrape son bras sans aucune délicatesse et le pose sur le meuble de cuisine avant de sortir une bouteille d’alcool. « Je suis curieuse de connaître ta définition du mot “ami”. » Car ils ne l’ont jamais été. Et dans l’attente de sa récititation, sans plus de cérémonie, ou avertissement, elle déverse le désinfectant sur sa plaie, un sourire satisfaisant aux lèvres lorsque le drama-king ici présent se met à hurler. « Si je dois te bâillonner pour éviter que les voisins appellent les secours, les vrais, tu le dis. » Il a appelé le mauvais numéro s’il souhaitait être plaint, ou pris avec des pinçettes.
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TW ; sang, blessure, cancer.
Elle roule des yeux de manière exagérée lorsqu’il se plaint, alors que l’ambulancière n’a fait que toucher son bras pour l’instant. Attends la suite Burns, on va voir de nous deux celui qui crie le plus fort. Et ça ne manque pas, l’alcool sur sa plaie, il en réveillerait tout le quartier. Victoria ne peut retenir le sourire satisfait qui pointe sur ses lèvres, parce que s’il est d’humeur à rire, ce n’est clairement pas son cas. Le prix de sa revanche est faible à payer, et puis il en a besoin de ce désinfectant, qu’elle le prévienne n’aurait rien changé à sa douleur. « Arrête tu m’excites. » Elle s’en décrocherait les rétines à rouler des yeux de la sorte. « On verra si je t’excite toujours autant lorsque j’en aurai fini avec toi. » Gamin. Si elle n’a pas eu nombre occasions de croiser sa route, à son plus grand soulagement, le manque de maturité de cet homme ne cessera jamais de la surprendre. « Arrête de bouger une minute, tu veux? » Lui demande-t-elle, ignorant sa question. Connaissance, ouai. Qu’elle aurait sans doute préféré ne jamais connaître. Dans sa trousse, elle récupère le matériel dont elle a besoin et l’étale sur une serviette stérile, sans prêter attention au grand blessé et les conneries qu’il débite sans interruption. « On peut se contenter de strips mais la cicatrice ne sera pas bien jolie. Ou je te fais des points de suture. » Qu’elle ne devrait pas être autorisée à lui faire, dans le cadre de sa fonction d'ambulancière, mais elle est en civile dans le cas présent et dispose d’une formation en chirurgie générale. Elle pourrait le faire les yeux fermés, s’il ne se met pas à hurler et bouger comme un abruti. Vic ne peut même pas dire comme un gamin, car de ce qu’elle s’en souvient, les enfants sont souvent les plus courageux face à la douleur.
« Je ne suis pas au boulot parce que je me fais opérer demain. Hystérectomie complète, un joli cancer de l’utérus. » Et c’est un sourire qui prend place sur ses lèvres, alors qu’elle lui livre cette information confidentielle, qu’ignorent ses propres parents. Seule Beth est au courant - ce qui ne l’a pas empêché de se faire la malle pour des vacances. Mais ça lui fait du bien de le dire, à voix haute, à quelqu’un qui n’en a pas grand chose à faire et ne va pas la regarder comme si elle était à l’article de la mort. « Donc pour répondre à ta question, non, tu n’égaies pas ma journée. Dis-moi où tu caches tes bouteilles de vin et peut-être que je reconsidérerais la situation. » Nouveau sourire avant de taper une main ferme sur le meuble. « Les strips ou les points? » Parce qu’elle n’a pas la journée à lui consacrer.
Victoria ignore pourquoi elle choisit de lui balancer toutes ces informations personnelles, mais elle se sent bien mieux depuis qu’elle a énoncé le tout à voix haute. Premièrement, parce que c’est un moyen comme un autre de l’accepter, elle qui a vécu dans le déni depuis l’annonce. Il y a eu des séances de radiothérapie cinq fois par semaine pour lui rappeler la réalité de son cancer, mais le fait d’avoir gardé le secret lui a permis de l’oublier, ou plutôt l’ignorer, dès qu’elle quittait l’hôpital. Et deuxièmement, il y a ce petit sentiment de satisfaction à l’obliger à remettre sa blessure ridicule en perspective. Non Burns, le monde n’est pas à ta disposition, certains ont de vrais problèmes… Des problèmes que Victoria a pourtant dû mettre de côté pour assister à sa commedia dell'arte. Son silence a quelque chose de plaisant, l’ambulancière n'a pas eu l’occasion d’en profiter souvent. Elle prend clairement ce dernier comme une petite victoire personnelle, jusqu’à ce qu’il l’ouvre à nouveau pour débiter une nouvelle connerie.
Si elle le fusille du regard, Vic lui en serait presque reconnaissante de ne pas s’attarder sur son annonce. « Ça dépend, j’y gagne quoi? » Demande-t-elle, des plus sérieuses, sourcil arqué. Elle peut jouer, elle aussi, et à vingt-quatre heures d’un des moments les plus terrifiants de sa vie, l’ancienne chirurgienne n’a pas grand chose à perdre. Elle sait surtout le grand blessé en couple, elle ne prend donc pas trop de risque à entrer dans la partie.
« C’est qu’il en deviendrait presque brave. » Lance-t-elle gaiement lorsque Snow lui fait part de son choix. Quelques minutes de souffrance pour une cicatrice qui sera à peine visible dans quelques mois. « De passer ma première après-midi de congé à t’enfoncer une aiguille dans l’épiderme? » Elle questionne, innocemment, et lui adresse un sourire diabolique. « Très mal. Mais je pense me sentir mieux dès que tu me supplieras de t’épargner. » Et pour joindre les gestes à la parole, Victoria récupère une autre trousse qui contient tout l’équipement stérile dont elle a besoin. « Ca va anesthésier une bonne partie de ta main donc éviter de reprendre la cuisine quand j’en ai fini. » Lui dit-elle, avant de maintenir sa main en position et d’enfoncer une aiguille fine sous sa plaie pour l’endormir. « Pendant qu’on attend, tu me dirais bien où est le vin. » il ne faut pas croire, Vic n’a pas oublié.