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scare to be lonely
tw : cancer - 28.05.2021
Assise sur le lit d’hôpital, la télévision comme seule compagnie, je commence à regretter amèrement d’avoir tenu secret la maladie auprès de chacun de mes proches, en dehors de Beth. Mon ex fiancée a quitté Boston il y a une dizaine de jours et vu nos derniers échanges houleux, je n’ai pas le moindre espoir de la voir apparaître demain avant l’opération. Je me suis convaincue que tout se passerait bien, qu’il n’y avait pas grand chose à craindre, mais je dois bien admettre que l’idée d’entrer en salle d’opération sans personne pour me dire au revoir me noue les entrailles. Et si je n’en ressortais pas vivante ? C’est seule que j’aurai passé mes dernières vingt-quatre heures. Je déglutis et lève les yeux vers le plafond, d’un blanc immaculé, pour retenir mes larmes. Il est un peu tard pour penser au pire. Il est un peu tard, aussi, pour alerter une âme charitable afin qu’elle vienne me tenir compagnie avant l’un des événements les plus terrifiants de mon existence. Mes yeux glissent sur l’horloge et je soupire en voyant qu’il est déjà près d’une heure du matin. Je devrais dormir et me reposer mais il m’est impossible de fermer l'œil ce soir alors j’enfile un peignoir par-dessus mon pyjama et monte vers le toit de l’hôpital. Il a tendance à servir de terrasse aux employés, je ne compte plus le nombre de fois où je suis venue observer la vue et me calmer ici avant une opération importante ou une qui s’était mal passée. Je me sens immédiatement mieux lorsque la fraîcheur de la nuit me caresse la peau. Je souris et ferme un peu mieux mon peignoir - il ne manquerait plus que je ne puisse pas être opérée parce que je suis malade - et m’approche d’un bord pour observer Boston. Mon coeur fait un bond lorsque je repère Gabriel - même s’il travaille ici, putain de hasard - et si je pense à reculer avant d’être vue, mes pas me mène à ses côtés, n’ayant aucune envie d’être seule ce soir. « Hey. » Je murmure en lui faisant un signe de main, avant de m’appuyer contre la rambarde, les yeux rivés sur le large. « Ne me signale pas à la sécurité, je n’en ai pas pour longtemps. » Dis-je en lui adressant un maigre sourire, sans lui fournir la moindre explication pour ma présence, en pyjama, là haut. En tant que patiente, je n’en ai pas les droits mais personne ne m’a arrêté et je ne crois pas que Gab sera celui qui ira me vendre. (Invité)