boyshit — matteus

Il n'aura tenu que dix minutes. — oh, j'en peux plus, ça fait quoi ? d'jà une heure ? mais non quelqu'un du groupe passa derrière lui, seulement dix minutes. Ca durait combien de temps, ce bordel ? Et on lui répondit quatre heures. Il déglutit. Il fallait qu'il appelle les secours, quelqu'un, Clyde qu'il vienne avec un 4x4 pour venir le rapatrier. — p'tin, les moustiques, quelqu'un a pas un spray ? mais personne semblait le calculer, pas même Drake. C'était quoi l'idée stupide qui l'avait conduit à finalement accepter cette randonnée ? Il était totalement essouflé, se plaignait, geignait comme s'il avait l'impression de le torturer. — vous marchez vite, bordel. Parfois, il eut des élans, essayant de rattraper tant bien que ml le groupe. Et les réserves d'eau s'épuisaient bien vite, aussi vite que lui, même. — oh, passez d'vant, j'vous rattraperai. Il allait finir par s'évanouir, laissé pour mort dans cette forêt. Il n'y avait que des sportifs dans ce groupe ou quoi ? En même temps, qui était assez fou pour se faire des randonnées hebdomadaires ? il sortit son inhalateur, soufflant dedans avoir de boire à grandes gorgées. Les larmes lui vinrent même aux yeux mais il suffisait d'un regard jeté vers lui pour qu'il serre les dents et ne paraissait rien.

Il avait l'impression de marcher depuis trois jours durant quand le guide leur annonça la fin. Il se jeta à terre, n'en pouvant plus de marcher. Au moins, le paysage était des plus propices : de l'eau, une baignade et il décida de se remettre bien vite sur ses pattes. Et Drake lui accorda enfin l'attention qui lui était due — mec, comment tu fais ? c'est... pfiou. Il avait du mal à récuperer. — J'cours dans l'eau, j'en peux plus. Il se débarrassa bien vite de son t-shirt trempé par la sueur, ainsi que son short. Il aurait été solo, il aurait carrément enlevé le tout. Et il se jeta, la tête la première dans l'eau. — C'est ça, le paradis ? Il se mit sur le dos, faisant la planche, son regard ne quittant absolument pas celui de Drake. — Donnes-moi de ta force, machoire carrée.

On avait appelé souvent de fois Matteus comme un escroc et pour cause, un physique de lâche. Le torse bombé, les muscles fins et apparents mais totalement démérités. Le pire, c'est qu'il pouvait manger n'importe comment que ça n'avait aucune influence sur sa carrure. Une divinité avait surement du lui attribué un joker sur ce niveau : tu détesteras le sport mais tu auras le physique pour. Oupsi. Et l'idée d'aller à la salle, c'était hors-sol pour Matt. Hors de question qu'il y aille. — Dans tes rêves, ouais, dit-il avec un clin d'oeil. Et puis quoi encore ? ils iraient ensemble que Matteus serait bien trop occupé à le mater pour pouvoir se concentrer sur sa musculation. Il fit quelques brasses, s'avançant vers lui : l'avoir en plus gros plan en caleçon était une vue nettement plus appréciable que le ciel ensoleillé. — ah ouais, pourtant, l'autre soir, dans ma chambre, j'crois que j't'ai entendu au paradis. petit clin d'oeil et pique visé.

— Toutes les putains de minutes de ces putains de quatre heures de marches. Vous aimez trop vous faire du mal. Y'a des psys pour ces troubles. Il répondit à sa questions mais il se sentait nettement mieux, comme s'il récupérait bien vite de ses forces grâce à l'eau régénératrice. — Machoire carrée a le boxer mouillé en toutes circonstances, à ce que je vois. dit-il pour le taquiner. Maintenant qu'il avait repris de ses forces, il avait envie de le faire chier, là, juste pour voir et sans aucune gêne, il vint s'accrocher à lui, se mettant sur son dos. — T'sais quoi, t'sais ce que c'est un puceron ? ça s'accroche à sa proie pour le sucer, donc.

Et sans crier garde, il se retrouva propulsé dans l’eau à son grand désarroi, balancé telle une vulgaire chaussette. Le splash retentit. Il y était peut-être allé un peu fort ? Il haussa les épaules. — J’ai jamais dit que j’étais plus fort que toi, physiquement.  

Et pour le coup, jamais il le revendiquerait, que ce soit par un bras de fer ou autre tour de force, l’autre le gagnerait que trop bien. Il se remit sur le dos, nageant près de lui sans trop s’approcher. — J’suis sur que ça te fait plaisir que j’ai autant galéré pour la rando. En mode, j’ai pris ma revanche.

D’un côté, il ne pouvait plus se plaindre. Il était heureux dans l’eau, c’était son élément. — J’ai fait de la natation ado. Pas en compétition, mais tous les dimanches. Sorte de rituel familial et il se débrouillait plutôt bien le bougre mais le sport ne devait rester qu’amateur. Jamais il se verrait gagnant dans ce genre de compétition. Tout mais pas ça. — T’as vu une fille entre temps ? Ou t’as réessayé avec la blonde de l’autre fois ?  c’était juste histoire de savoir et d’être curieux.

Il l’écoutait avec une attention soudaine mais c’était ce qui lui plaisait au fond chez Drake. Au delà ses apparences de grand catcheur prêt à en découdre et de ses paroles dédaigneuses, il y avait quelque chose qui se cachait, quelque chose d’intriguant. quoi ? il ne saurait malheureusement pas en juger.

— Hâte de voir ta revanche alors. dit-il d’un air provocateur, sifflotant pour montrer à quel point il aimait profiter de ce moment-là. Le réconfort après l’effort. — On dirait que t’as envie d’être mon coach sportif. Je paie pas pour une remise en forme.  lâcha-t-il concernant sa remarque sur le corps mis à mal.

— C’est bien de supposer, ça veut pas dire que c’est vrai. dit-il, l’air de rien. En réalité, évidement qu’il n’avait vu personne depuis Drake. Cela faisait quoi ? Deux jours qu’ils ne s’étaient pas vu. Il y avait zéro chance qu’il trouve un mec qui lui plaise à bord du bateau ou sur les îles. Mais il ne dit rien concernant la perfection du monsieur. Il ne contredisait jamais sur quelque chose de vrai ou fondé. Paraît-il ?

Il eut un petit rire gêné. Masque de beauté, c’était joliment dit. Il repensa à ce moment si troublant. A la fois mi-gêné, mi-excité comme s’il avait pu oser quelque chose qu’il n’avait même jamais pensé avant. — Non  souffla t’il simplement face à sa question. Il ne couchait déjà pas avec n’importe qui alors ce genre de privilège, encore moins. Mais pourquoi l’avait-il laisse à la portée du Drake ? — Je préfère privilégier la qualité à la quantité. 

Il s’arrêta de nager, se relevant pour le fixer, restant stoïque. — Pourquoi ? ça t’intéresse ?  il haussa un sourcil, ayant un petit sourire narquois. Fierté d’un hetero qui ne voulait pas assumer le désir qu’il avait pour lui.