Hidden truths are unspoken lies || ft Edie

Jamais je n’avais eu la sensation de perdre autant pied dans ma vie. Mon couple, c’était mon pilier depuis cinq ans, et ce qu’importe les hauts et les bas traversés pendant toutes ces années. C’était une relation dans laquelle j’avais grandi, et qui en même temps, me permettait de rester cet adolescent de dix-sept ans, curieux et insouciant. Je ne savais pas à quoi pouvait ressembler ma vie sans ce pilier, et j’aurais voulu ne jamais avoir à le savoir. Mais le pilier s’effritait doucement sous le coup des vagues de sentiments que j’éprouvais, chaque fois un peu plus puissantes et plus destructrices que la fois précédente. Et si je ne faisais rien, aucun doute que j’allais me noyer sous ces vagues. Mais ça ne rend pas la décision plus simple à prendre. Rien ne le fait. Pas même les mots de mon amie qui, pourtant, je le sais, tente de me guider, de m’accompagner au mieux dans cette décision si lourde à mon coeur. « Est ce que je suis obligé de lui dire ? Même si on rompt ? » Assumer une telle décision risquait déjà d’être dur pour moi, je n’imaginais pas le faire en rajoutant plus d’huile sur le feu. Après tout, il y avait bien longtemps que je n’osais plus tenir tête à ma petite amie, d’aucune façon. Je pliais constamment sous les cris ou sous les coups. Et à cette pensée, je me sens encore un peu plus pris au piège. « Je ne sais même pas… Comment je vais faire… Elle ne voudra jamais. Elle va crier, on va se disputer et... » Inconsciemment, je viens poser une main sur mes côtes, en pensant à la possibilité qu’elle me frappe de nouveau lorsque la conversation deviendra trop houleuse. « Ce n’est pas la fin que je voulais entre nous Edie… Je tiens encore vraiment à elle. Mais plus plus comme je le devrais. » C’était le plus terrible pour moi. Parce que qu’importe ce que j’avais enduré, elle restait chère à mes yeux et à mon coeur.

Tu entends parfaitement la crainte du jeune homme, elle est non seulement légitime mais également naturelle. Après tout, il a été avec la même personne pendant près de cinq années, un laps de temps qui en soit n'est pas rien. Découvrir que l'on éprouve des sentiments pour une autre personne est déjà un sacré « boom » mais d'autant plus lorsque l'on se découvre une attirance nouvelle pour l'autre sexe. « Non, bien sur tu n'es pas obligé de le lui dire … mais tu sais je pense qu'elle le découvrira un jour d'une manière ou d'une autre. ». Lui dis-tu calmement tout en haussant les épaules avant de reposer ton regard sur l'horizon azuréen des vagues. Connaissant Dahlia, elle ne lâcherait pas l'affaire sans avoir une bonne raison. La jeune femme était tenace d'autant plus lorsqu'il s'agissait de de Gaël. Ce dernier énonce à nouveau la vérité de la possible réaction de sa petite amie, elle risque en effet de partir tout feu tout flamme. Tu détournes ton attention sur ton comparse de toujours alors qu'il passe une main sur ses côtes … tu fronces instinctivement les sourcils quelque peu interpellé par cette attitude. « Gael, est-ce qu'il y a des choses que tu ne me dis pas ? ». Ton intonation de voix est tempéré mais tangiblement sérieux à la réalité de ce que tu imagines dans ton esprit. Sa dernière phrase te ramène sans le vouloir à ta situation avec le paternel de ta petite fille. Une vérité qui tu tait silencieusement car tu préfères le bonheur des autres au tien – comme le dirait très certainement Ilan. « Je sais bien Gael mais je pense que tu dois d'être honnête avec elle, c'est la moindre des choses sinon vous risquez de vous blessez mutuellement si ce n'est davantage. ».  
@Gael J. Dinkley

Le coeur est lourd. L’inconnu du célibat m'effraie tout autant que la réaction de ma petite amie. Je ne sais pas ce qui m’attendra après cette dispute, une fois que notre relation aura pris fin. Avec le temps, j’avais fini par penser que cela ne se représenterait pas. Le célibat. Après tout, les années passaient, et je faisais tout mon possible pour préserver notre couple. Je n'avais eu aucune raison de penser qu’un jour tout cela prendrait fin. Encore moins à cause de moi, encore moins à cause d’une coucherie hors de notre couple. En réalité, je n’aurais jamais imaginé que mes sentiments puissent évoluer ainsi. Pourtant, je dois me rendre à l’évidence. Les choses ont changé, j’ai changé. Et rien ne pourrait permettre de faire machine arrière, de revenir au début de notre couple, quand tout était encore si simple. Je devais me résigner à faire le nécessaire pour nous rendre notre liberté, à tous les deux, et nous permettre d’avancer, chacun de notre côté. Même si la rupture marquerait sûrement la fin de tout entre nous. « Je ne sais pas. Personne ne le sait à part nous et… Lui. Et il a quitté la ville désormais, alors, je ne pense pas qu’elle l’apprendra un jour. » En tout cas, j’espérais qu’elle ne l'apprenne pas. « Est ce que… C’est lâche de ma part de ne pas vouloir lui dire ? » Affronter l’annonce de la rupture me demandait déjà un courage que je n’étais pas certain de posséder, alors gérer en plus l’annonce de mon adultère me semblait impossible. Je voulais faire les choses au mieux, mais je devais aussi m’assurer de ressortir de là en un seul morceau. La question de ma meilleure amie me fait d’ailleurs paniquer. Est ce qu’elle savait ? Je la regarde, peu confiant face à son regard qui semble voir à travers moi. « Non… Pourquoi… ? » Ma main se décale légèrement sur mes côtes. Comme si j’avais soudainement peur qu’elle puisse voir à travers le tissu. Voir les hématomes qui marquent ma peau à certains endroits. Mais elle ne peut pas, n’est ce pas ?  « Je… Je vais prendre quelques jours pour réfléchir à comment présenter les choses. Mais je suppose que ça sera bientôt terminé… » Ce n’était désormais plus utile de repousser l’inévitable. « En tout cas, merci d’être là pour moi Edie. J’ai… J’ai eu tellement peur que personne ne comprenne. » Et peut-être que c’était le cas, au fond d’elle, mais elle ne me le montrait pas, elle ne me faisait pas culpabiliser encore plus mon erreur.

L'incertitude équivaut sans nul doute à la citation que tu n'as cessé d'entendre au cours de ton enfance : à savoir que c'est l'histoire du chat qui se mord la queue. Une ritournelle qui ne dévie jamais de son axe jusqu'à ce que l'équilibre se trouble et vacille pour se briser. L'incertitude, tu la lis dans les prunelles de ton comparse de toujours et cela l'effraie de ne pas savoir comment faire ou quelle décision prendre. Sera-t-elle bonne ? Sera-t-elle mauvaise ? L'un dans l'autre le choix lui appartient. Tu l'observes et l'écoutes attentivement, apprenant ainsi que l'homme en question à quitter la ville. Pour le coup c'est certain que Dahlia ne risque pas de l'apprendre mais tu sais mieux que personne que les mensonges finissent par ressurgir un jour ou l'autre. « Au vue de ce que tu me dis, oui c'est sur que les probabilités qu'elle l'apprenne sont minces surtout s'il a quitté la ville ... ». Tu n'as pas le temps de terminer ta phrase qu'il te demande si ne rien dire est une notion de lâcheté. Tu poses tes yeux sur l'horizon agréable des vagues avant de hausser les épaules et de lui répondre avec franchise et bienveillance à la fois. « Tout dépend du point de vue que l'on choisi de prendre la réalité. Je pense surtout que tu cherches à préserver Dahlia, afin de ne pas la blesser, mh ? ». Venant du Dinkley, il ne pouvait en être autrement après tout. Tu le considères d'un tendre sourire sincère avant de boire une gorgée de ta boisson avant de la reposer avec précaution. Bien évidement au vue de son comportement tu t'interroges de manière instinctive. Tu lui demandes franchement s'il ne te cache rien d'autre et au même moment sa main se pose sur ses côtes par dessus son t-shirt. « Parce que je te connais Gael … il y a quelque chose et tu ne veux pas en parler, mh ? Je le comprends mais sache que tu peux me faire confiance, je suis là. ». Lui dis-tu franchement avec conviction alors que tu serres un peu plus sa main. « L'idée c'est que tu prennes la décision qui est le mieux pour toi pour une fois. Quand au reste, crois-moi quoi que tu fasses tu pourras toujours compter sur moi. ».
@Gael J. Dinkley

Lentement, je hoche la tête aux mots de mon amie. Préserver Dahlia, mais pas que. Moi aussi. Lui faire accepter l’idée de mettre fin à notre relation serait déjà difficile, et présenter mon écart de conduite, risquait de rendre les choses encore plus difficiles. Elle serait blessée, et blessée, les mots échangés - et autres - risquaient de n’être que plus douloureux. « Je ne veux pas lui faire de mal. Je repousse cette décision depuis si longtemps… J’aurais surement dû être honnête plus tôt, mais je ne veux pas lui imposer une souffrance supplémentaire à celle de la rupture. » Parce que cela pourrait se révéler si destructeur. Certes, il y aurait toujours une infime possibilité qu’elle l’apprenne un jour où l’autre, mais il y avait aussi de grandes chances pour qu’elle l’apprenne jamais et que la fin de notre histoire se limite simplement à des sentiments qui ont changé et non à des attentes qu’elle ne pourrait plus combler quoiqu’il advienne.

Mon regard croise celui de la jeune anglaise lorsqu’elle affirme savoir que quelque chose d’autre me travaille. Elle sait. Et quand je vois la douceur de son regard, je n’ai pas envie de lui mentir plus longtemps, pas à elle. Mais comme chaque fois que je dois révéler quelque chose de personnel à mes proches, j’appréhende sa réaction. « Promets-moi de ne pas t’énerver, et de ne rien dire à mes sœurs… Surtout pas Shannon ! » Parce que je sais déjà le drame que ça pourrait causer si mon aînée apprenait la vérité. Je prends une grande inspiration, les larmes aux yeux. Tremblant, je viens attraper le bout de mon t-shirt pour le soulever. Je sais que je ne pourrais pas mettre de mots là-dessus. Je le relève juste assez pour révéler quelques hématomes qui parlent d’eux même avant de faire en sorte qu’il disparaisse de nouveau derrière le tissu. « Je sais que c’est la meilleure décision pour moi… On ne pourra rattraper ça… Mais… » J’ai peur. Des mots que je ne termine pas, car elle le sait sans aucun doute, au vu de mes réactions, de tout ce que je lui ai dit. « Je ne veux plus vivre comme ça, Edie. Je veux retrouver une vie normale. Je veux pouvoir profiter de la vie sans m’inquiéter de ce que chaque décision pourra entraîner. » Je veux un coeur qui pourra battre demain. Je veux retrouver un foyer paisible. Je veux construire une relation qui le sera aussi.

Tu reconnais bien là la bienveillance et la compassion de ton meilleur ami. Deux attraits qui ont toujours fait parties de sa personnalité et que tu as pu voire à l’œuvre de nombreuses fois au cours des dernières années. Un sourire entendu et emplit de tolérance étire tes lippes alors que tu hoches lentement la tête en guise de première réponse silencieuse. Bien évidement, l'évidence de la vérité prend vie entre ses lèvres car ce que tu pensais depuis le début et bien une réalité. Tu en demeures désolée de le Dinkley en si mauvaise posture et tu entends parfaitement son attention envers celle avec qui il a partagé plusieurs années de vie commune. « Oui je comprends. C'est même tout à ton honneur de vouloir la protéger et si jamais je peux t'aider en quoi que cela soit, je serai là. ». Une conviction qui ne faiblira jamais car cela a toujours été ainsi avec toi. Rapidement tes prunelles se focalisent sur celle de Gaël car tu sais qu'il ne te dit pas tout mais tu espères qu'il t'en touchera deux mots car tu t'inquiètes. Lorsqu'il hoche la tête pour te dire de ne pas te mettre en colère, tu fronces instinctivement les sourcils avant d’acquiescer. Une promesse silencieuse en laquelle ton meilleur ami peut croire en toute franchise. Le regard de ton camarade s'embrume d'eau doucement, des larmes à peine dissimulées certes mais une réalité qui l'affecte tant en profondeur qu'en surface. Il relève son t-shirt juste assez pour laisser découvrir des hématomes qui en disent long sur la situation. Tu écarquilles les prunelles avant de porter une main à tes lèvres tout en écoutant la tirade du jeune homme. « Attend Gael … tu veux dire que c'est … c'est Dahlia  qui a fait ça ? Comment c'est possible ? ». dis-tu tout en passant une main dans ta chevelure dont les boucles sont davantage définie avec l'air marin.
@Gael J. Dinkley

C’est compliqué de faire face à la vérité, de me dire que d’ici quelques jours, tout prendrait certainement fin. Mon couple, ma relation avec Dahlia. Je suppose que j’allais également perdre quelques amis que nous avions en commun pour avoir brisé son coeur. Parce que c’est ce qui allait se passer. Même si c’était la meilleure chose à faire, y compris aussi pour elle. Certes, ça ne serait pas facile au départ, mais avec le temps, elle aussi pourrait se reconstruire, reconstruire une relation plus saine et plus sereine que celle que l’on endurait actuellement. La difficulté serait simplement de trouver le courage, les mots pour ne pas la détruire complètement émotionnellement. Et c’était bien ça que je redoutais le plus. Moi, je n’avais jamais été doué avec les mots. « Merci Edie. Mais je trouverais un moyen de me débrouiller par moi-même. Il le faut bien. C’est à moi de le faire. » Même si ça allait être difficile, il fallait que ça vienne de moi, que je sois en harmonie avec cette décision. Je viens déposer mes lèvres sur ses joues. Attention sincère pour la remercier d’être toujours présente pour moi, chaque fois que j’en ai besoin, même quand ce n’est pas le cas.

La suite de notre conversation me tend encore plus. Autre secret sur le point d’être révélé, plus lourd, plus ancien, plus douloureux. Je la laisse constater par elle-même toute l'étendue du problème, la face cachée de nos disputes. Regard embrumé par les larmes qui pointent, je hoche lentement la tête. « Pendant les disputes… Elle… Elle devient comme hystérique, et c’est dur de la calmer. » Jusque là, j’avais plus souvent fuit que réussi à la calmer. « Mais je ne veux plus subir ça. Je pensais que ça se calmerait avec le temps, mais non. » Il y avait eut l’espoir, la confiance la première fois, de se dire que ça serait aussi la dernière, mais ça n’avait pas duré. « J’aurais surement dû en parler avant, mais j’avais tellement honte. Et peur. Autant de la réaction de Dahlia que de celle des autres. » Ma famille, mes amis, qui sait ce qu’ils en auraient pensé. Mes yeux se perdent sur l’océan face à nous. « Je suis désolé Edie, de ne pas te l’avoir dit plus tôt. Mais je suis soulagé de le faire aujourd’hui. » De faire le premier pas pour reprendre ma vie en main.

il y a des actes, des paroles que nous ne pouvons pas avoir pour autrui – même nos plus proches parents ou amis. Tu comprends pleinement le chois de ton meilleur ami de prendre cette histoire à bras le corps afin de gérer cette situation dont il n'est pas revenu totalement indemne tant psychologiquement que physiquement. C'est pourquoi tu lui souris sur la réserve tout en serrant sa main gauche alors que votre conversation devient quelque peu plus tendu lorsqu'il découvre le haut de son torse pour te montrer l'étendu des dégâts. Si au début ses hématomes te prennent pas surprise c'est là encore plus entre la stupeur et l'effroi lorsque tu lui demandes si c'est Dahlia qui est responsable de tout cela. Et la suite de sa tirade te confirme ce que tu redoutais  quelque peu … quelques larmes s'écoulent alors sur tes joues et tu les essuies avant de te rapprocher de Gael pour le prendre dans tes bras telle étreinte fraternelle au delà des liens du sang. « Tu es idiot, ne soit pas désolé ! C'est moi qui aurait dû le voir … je suis désolé également Gaël ... ».  tu as toujours soutenu ton comparse de toujours, il a toujours pu compter sur toi – et inversement – mais là tu avais lamentablement échoué. « Je suis fier de toi Dinkley, et n'est honte de rien, ce n'est pas à toi de ressentir cette émotion surtout pas. ».
@Gael J. Dinkley

La révélation est douloureuse, difficile, mais c’est un soulagement de le faire. Je n’ai plus à mentir, je n’ai plus à me cacher, à faire semblant, et j’ai l’impression d’avoir fait le premier pas pour retrouver une vie stable et sereine. Ainsi que le premier pas pour retrouver mes amis et ma famille. Mais le soulagement n’est que de courte durée en voyant les larmes roulées sur les joues de la londonienne. « Oh non Edie, pleure pas, je t’en prie. » Je n’ai pas le temps de bouger que je suis déjà dans ses bras, moi aussi en train de pleurer. Mais ce n’est pas entièrement de la tristesse. Il y a aussi du soulagement, de sentir un poids se lever sur mon coeur, mais aussi de la joie, de me savoir toujours soutenu et aimé par la jeune femme. Je serre mes bras autour d’elle, bien décidé à ne pas la lâcher tout de suite, alors que ses mots sont, encore et toujours, bienveillants et encourageants. « Merci Edie. Pour tout ton soutien, pour tout ton amour. » Il m’aura fallu du temps pour le réaliser, mais c’était aussi grâce à elle et mes proches si j’avais ouvert les yeux. Si l’amitié pouvait faire naître des relations si douces et supportives, l’amour devait également en être capable, et c’est bien Edie qui me le rappelait aujourd’hui. Je me détache doucement d’elle, essuyant mes joues avant de sourire. Il n’est pas très large mon sourire, mais véritablement sincère. « Ca va aller maintenant pour moi Edie. Je vais tout faire pour. » Et je n’hésiterais plus à demander de l’aide lorsque j’en ai besoin. Désormais il ne me restait plus qu’à mettre en œuvre mes décisions, et à prendre ce nouveau départ que j’avais si longtemps rêvé. Le reste de la journée est plus paisible, plus léger. On se régale, on rit, comme si aucune de mes révélations n’avait existé. Le coeur apaisé et les espoirs d’un avenir plus doux ravivé, je ne suis pas triste de dire au revoir à ma meilleure amie à la fin de la journée. Je sais que la prochaine fois que je la verrais, ma vie aura pris un tournant, pour le mieux. En partie grâce à elle.  

- End -