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Elle n’a pas tort Charlize, quand elle dissocie écouter et d’autres actions liées à la parole. Jusque-là, elle l’avait même plutôt fait avec brio. Parce que je lui en avais fait des remarques, déplacées, injustes, parfois juste méchantes, de par ma misogynie, et pourtant, elle était loin de les approuver. Le plus souvent, elle les avait d’ailleurs ignorées, continuant de revenir de me montrer où était sa place, qu’importe ce que je pouvais dire. Finalement, elle avait peut-être ce qu’il fallait pour m’écouter. Peut-être que mes démons ne seraient pas si effrayants à ses yeux. L’hésitation se fait ressentir, le besoin aussi. Mais avant d’ouvrir à nouveau la bouche sur le sujet, je devais m’assurer que j’étais suffisamment lucide à nouveau pour avoir conscience de ce que j’allais dire.
Les vacances sont donc un bon moyen de noyer le poisson jusque là. Les siennes, les miennes, une véritable discussion peut-être comme nous n’en avions jamais eue jusque là.« A partir du 15 Juillet. Je vais faire la Martinique, la Guadeloupe, la Dominique et Antigua. Quinze jours de vacances. Ca va être court mais intense. » Parce que je me voyais déjà à vouloir essayer toutes les activités possibles et imaginables qui seraient proposées pendant le séjour. Et je ne parle même pas des visites sur les journées d’escales, et des activités qui prendraient forme sur place, au gré des échanges avec celles et ceux que je rencontrerais là-bas.« Ah ouais ? Même pas quelques jours ? Tu travailles tout l’été ? » Je peux sentir que la discussion la tend un peu. Je le sens à la force qui se dissipe contre le sac. Elle commence à taper plus fort, à vouloir évacuer. Je ne sais pas complètement pourquoi, mais je suis à peu près sûr que c’est lié à ça.
A moins que ce soit la question qui la déstabilise. Elle se stoppe de frapper, me regarde en haussant les épaules. La réponse tarde à tomber, la tête un peu baissée. Je soupçonne une autre vérité cachée derrière celle qu’elle me donne, mais je ne pouvais pas la forcer à en dire plus si elle n’en avait pas envie.« C’est un concept… » C’est pas la première que je croise dans ce cas, mais généralement, y avait une histoire pour continuer de s'entraîner dans un sport dont on ne reconnaissait pas vraiment les valeurs.« Parce que y a d’autres sports moins violents et tout aussi libérateur. » J’en avais peu en tête, mais quand même, ils existaient.« Mais du coup, t’as jamais affronté quique ce soit ? Même pas pour t’entrainer ? Juste le sac ? » Je me rends compte que j’ai plus de mal à comprendre le concept que je ne veux l’admettre.« Parce que y a la violence, et y a combattre. C’est deux choses différentes. Je sais pas si tu vois où je veux en venir mais… Tu peux ne pas être pour la violence, mais ne pas avoir d’autre choix que de te battre, à un moment dans ta vie. C’est… C’est des choses qui arrivent… » C’était des choses que j’avais connu.
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