megayan + choc émotionnel.

Difficile de ne pas continuer les mauvaises habitudes. On aurait pu croire que mon passage à la case prison m'aurait empêché de recommencer les conneries, mais j'ai beaucoup trop besoin de thunes. Pour aider mes parents financièrement, aider ma soeur si elle en a besoin mais aussi pour vivre : parce que le business rapportait très bien avant que je me fasse choper par les flics et que j'ai été habitué à avoir un bon niveau de vie. Cette sortie prison, elle a eu un goût amer de retour à la case départ : frustrant, quand on a réussi à construire quelque chose d'assez conséquent. Même si ce quelque chose est illégal. Alors ce job, que j'ai réussi à avoir à la cafet' d'Harvard, c'est une aubaine, parce que ça m'a aidé à recommencer un petit réseau ; les étudiants sont parfaits pour ça, parce qu'avec le bouche à oreille, j'arrive à me faire de nouveaux clients. Drogues, médocs : j'ai tout ce dont ils ont besoin et avec les exams de fin d'année, beaucoup avaient besoin de médicaments pour aider avec le stress et la concentration. Ce soir là, j'attends un nouveau client dans une petite ruelle, à l'abris des regards. Quelle n'est pas ma surprise quand j'entends une voix familière nous couper ; le pire, c'est que le gamin prend peur et se barre. Je soupire, agacé, "Putain de merde, mais tu peux pas te mêler de ce qui te regarde sérieux ?", que je demande en grognant avant de distinguer le visage de la demoiselle. Le corps se raidie, je m'avance vers elle. "Meg ?" Je ne m'étais pas préparé à le revoir et surtout pas dans ces circonstances. "Non mais ça va pas de trainer dans les rues comme ça en pleine nuit ?" La colère a disparue ou du moins, elle s'est transformée. Parce que même si mademoiselle m'a laissé en plan, y'a le coeur qui se pince toujours en la voyant et la crainte qu'il lui arrive quelque chose.

Il y a toujours cette appréhension, quand on sort de prison. Cette appréhension que les personnes qu'on aime ne nous aient pas attendues, qu'elles ne veuillent plus nous voir, même. Je pense par exemple à ma soeur qui a très mal vécue les révélations de mes activités peu légales. Il y avait ma soeur, mais aussi Megara. Malheureusement concernant cette dernière, je savais qu'aucun retour en arrière ne serait possible, parce que le choc de mon petit job l'a poussé à partir. J'ai répété, encore et encore le scénario de son départ dans mon esprit et s'il y a bien une chose que je regrette, c'est de ne pas lui avoir dit ce que je ressentais pour elle. Pas sûr que ça l'aurait fait rester, mais après plus de six mois de relation, tirer un trait sur nous aussi brutalement, alors que j'étais enfermé en prison, ça n'a pas été facile. Je vois bien quand elle me reconnait qu'elle ne s'attendait pas à me voir et elle est tout aussi bouleversée que je le suis. "Les gens comme moi ?", que je répète calmement, les sourcils froncés. Je soupire doucement à sa dernière réflexion et lâche un : "C'est plus compliqué que ça" Je me risque à m'approcher un peu d'elle, lui offre un léger sourire histoire de détendre l'atmosphère. Elle m'a manqué et j'veux pas que nos retrouvailles soient sur un ton aussi négatif. "On peut discuter calmement ? J'habite pas très loin d'ici" J'espère qu'elle sait que malgré tout ça, je ne lui ferais jamais de mal. J'suis bagarreur, j'peux être menaçant avec des clients qui paient pas, mais je touche pas aux gens qui comptent. Je touche pas aux gens que j'aime.

C'est souvent facile pour les gens de faire des discours moralisateur. Dieu sait que j'en ai eu, quand je suis allé en prison et ma petite soeur a été la première à se donner pour mission de me remettre sur le droit chemin. Le fait est que c'est plus compliqué que ça. Que l'argent manque, que les responsabilités sont là, que les dettes aussi, sont présentes. Parce que le réseau pour qui je bossais avant d'aller en taule ont pas trop apprécié que je me fasse chopper : je leur ai fait perdre de l'argent et cet argent, je dois leur rembourser. Allez rembourser plusieurs milliers de dollars avec un salaire de cuisinier, on en reparlera après. Finalement, Megara accepte qu'on discute et mon sourire ne fait alors que s'agrandir. Je lui fais un mouvement de tête pour qu'elle me suive et je lui donne un léger coup d'épaule de manière complice alors que nous marchons en direction de chez moi, "Y'a une époque où t'aimais ce regard", que je lui lance le plus simplement du monde. Je fronce les sourcils en repensant à la rupture, l'abandon. Je m'arrête devant un immeuble, sors les clefs de ma poche pour ouvrir la porte d'entrée. Je la laisse entrer en première, le chemin jusqu'ici a été un peu silencieux mais je pense qu'elle comme moi, on ne s'attendait pas à se revoir comme ça. Après être monté au deuxième étage, je laisse entrer la belle brune dans mon appartement : pas quand très fournis en meubles, assez simple mais ça a toujours été comme ça chez moi, elle le sait. Je ferme la porte derrière elle et je me risque alors à dire, "Je pensais que tu avais quitté Boston ?" Je ne sais pas si ça me fait plaisir de savoir qu'elle a fini par revenir et qu'elle ne m'a même pas recontacté.

Le truc, c'est que depuis que je m'étais mis à dealer, je n'avais jamais rencontré quelqu'un avant Meg. Je n'ai jamais eu besoin d'expliquer ce que je faisais, jamais eu besoin de mentir. Oiseau volage, je ne m'attachais pas tellement, de peur que ce qui est arrivé avec elle arrive avec d'autres. Je ne regrette absolument pas ma relation avec la belle brune, mais je dois dire que la rupture a été compliquée. Surtout quand on est bloqué en prison, incapable de sortir, se défendre, la récupérer. Je prends ça pour une petite victoire, qu'elle accepte de me suivre, même si je ne sais pas du tout comment cette discussion va tourner. Je ne m'étais pas du tout préparé à ça et je déteste, ne pas être préparé à certaines situations. J'enlève ma veste en l'écoutant parler puis, me stoppe direct quand je l'entends dire qu'Elliot a fait une overdose. Je sens mon coeur se serrer, car Elliot était un ami. "Meg..", que je dis dans un souffle. La colère qu'elle m'ait fait manquer ma vente tout à l'heure s'est complètement dissipée. Je me risque à m'approcher d'elle, glisse mes doigts sous son menton pour qu'elle relève la tête et me regarde. "J'suis désolé pour Elliot.." Je continue de la regarder, hésitant, avant de m'approcher un peu plus pour la prendre dans mes bras. Parce que je sais que ça a du être extrêmement difficile pour elle de perdre son frère, surtout dans ces conditions. Ca n'est peut-être pas réciproque, elle va peut-être même me repousser mais cette éteinte me fait du bien. Parce qu'elle m'avait manqué.

Ça a toujours été des montagnes russes avec Meg. Parfois on s'aimait, parfois on se détestait.. en réalité, même quand je la détestais, je l'aimais. C'est ce genre de relation quand on se dispute, qu'on se balance des saloperies mais qu'on se réconcilie sur l'oreiller. Peut-être que j'ai prit notre relation pour acquis en ne lui disant pas la vérité sur mes activités illégales mais si elle avait su, est-ce qu'elle serait restée ? Si elle avait su, elle serait devenue complice et je ne voulais pas la mêler à tout ça. Je connais beaucoup trop bien le milieu pour la mêler à ça. Alors je la prends dans mes bras, parce que le choc de la nouvelle est présent et je m'en veux. Je m'en veux d'avoir vendu cette merde à son frère, je m'en veux de ne pas avoir été là pour elle quand elle en avait probablement le plus besoin. Elle se recule un peu, sa main sur ma joue me pousse à fermer les yeux et je soupire doucement, "Qu'est-ce que tu veux savoir exactement..?" J'ouvre les yeux pour la regarder. Je veux qu'elle voit la sincérité dans mon regard. "Ton frère consommait déjà quand je l'ai rencontré. Je l'aidais à se fournir, mais on est devenus amis et j'essayais de le dissuader mais essayer de dissuader un drogué d'avoir sa came c'est.. pas si simple.." Ma main glisse tendrement sur sa joue, les billes toujours plongées dans les siennes, "Je t'ai jamais dit que je faisais ça parce que je voulais pas te rendre complice ou que tu sois une cible.. j'voulais juste te protéger" Et je suis sincère, quand je dis ça. "J'suis désolé.." Désolé de l'avoir déçu, désolé d'avoir participé à la mort de son frère, désolé de ne pas avoir été à la hauteur.