(augaï) in pursuit of a lost face

w. @Maï Linh Langford

Incapable de rentrer chez moi, enfermé entre quatre murs, j'ai préféré chausser ces pompes et aller fouler les chemins le long de l'océan, m'offrant un bol d'air bien frais. La musique rythme mes pas de course, me fait perdre la conscience du temps et de la distance qui s'écoule. A me regarder cela semble si facile, un véritable jeu d'enfants. Courir, c'est s'évader, oublier tous les tracas, et la pression constantes qui pèse sur ces larges épaules. Alors je ne pense à rien d'autre qu'à la musique qui perturbe le silence, camouffle le bruit de cette ville qui ne semble jamais s'endormir. J'oublie alors que les examens se rapprochent à grands pas. Alors que je préfèrerais me concentrer sur mes révisions, le business ne se portera jamais aussi bien. Il faudra répondre à toutes ces demandes qui augmentent quotidiennement. Le jour viendra où tu devras faire une sélection et ne pas pouvoir faire le bonheur de tout le monde.

w. @August Finnigan

Manque d'air considérable. T'arrivais plus à réfléchir. À penser correctement. Journée épuisante. Les élèves encore déchainés que t'avais eu du mal à contenir. Ta patience avait été mise à rude épreuve aujourd'hui. Fin de journée qui te tendait enfin les bras. Ressentant ce besoin viscéral de prendre l'air. T'aérer l'esprit. Ta queue de cheval resserrée, la musique en fond dans tes écouteurs, buvant quelques gorgées d'eau avant de te lancer. Tes pieds qui foulent le sol à un rythme contrôlé, essayant de stabiliser ta respiration. Désirant battre ton record pour ton jogging quotidien. Le regard qui se perd parmi les passants. Sans vraiment prêter au paysage qui t'entoure. Ni aux âmes qui te frôlent. Jusqu'à ce que sa silhouette vienne perturber tes rétines. Passant juste à côté de toi. Et ta tête qui suivit son mouvement, instinctivement. Le coeur qui rate un battement, en détresse. "arthur ?" tu murmures, t'arrêtant net dans ton élan. L'inconnu s'éloignait déjà. Impossible. Désemparée par ce que tu venais de voir. Impensable. Sans réfléchir, tu fis demi-tour et tu te mis à courir dans sa direction. Le perdre de vue ? Il en était hors de question.  

w. @Maï Linh Langford

Impossible de rentrer sans avoir les pieds en feu, le cœur prêt à sortir de la poitrine. Demain, c’est le début de cette semaine intense. C’est un stress qui vient sur mon épaule, même si j’ai toute confiance en mes capacités et mon savoir. Simple formalité qui installe un cadre et met en condition. C’est nécessaire. Il suffit de souffler, se vider la tête, et c’est parti. Ce running que tu fais quatre fois par semaine va devenir quotidien, ton moyen de décompresser avant de commencer la journée. Et elle se terminera par un match de basket improvisé dans le quartier. Tout est déjà bien calculé, programmé pour que tout aille au mieux. Il n’y aura pas d’improvisation, pas l’ombre d’une déconcentration. Dix jours intenses, dix jours presque coupé du monde. Ils devront essuyer des refus de ta part, se contenter d’un on voit ça le week-end du quinze. La musique devient plus rythmée, plus rapide, et je dois très certainement accélérer la cadence, car dans cinq minutes ça sera la fin de cette longue course.

w. @August Finnigan

Ton corps visiblement contrarié qui commençait déjà à manifester son mécontentement. Ayant sans crier gare décidé d'accélérer ton allure pour arriver à le rattraper. T'arrives à le voir. Son dos pour seule motivation. Quelques mètres qui vous séparent. N'ayant pas eu l'air de te remarquer. Palpitant qui tambourine contre ta poitrine, n'ayant pas prévu une telle accélération. Calme toi Maï, respire tu t'ordonnes. Tentant de mettre de l'ordre dans tes pensées. Mais là y'avait que lui qui te semblait important. Négligeant les appels de ton corps endolori. Désirant en avoir le coeur net. T'avais déjà perdu Arthur, tu ne comptais pas refaire cette même erreur.  Plus jamais.

w. @Maï Linh Langford

La montre vient rappeler la fin de la course, l’objectif est atteint. Après une accélération des foulées, une course accélérée pour atteindre la fatigue la plus forte. Je stoppe cette allure, et me mets enfin à marcher pour souffler et dégourdir ses pieds qui souffrent. C’est étrange cette sensation de légèreté alors qu’on pousse le corps dans ses retranchements. Et pourtant, je me sens si bien. Comme prêt à affronter le pire. Demi-tour, et je vois cette nana au bord du coma presque, tant elle est au bout de sa vie. Y en a qui ne savent vraiment pas courir. A quoi bon souffrir ? Bref, j’ai soiffe et y a cette fontaine d’eau qui tombe à pic.

w. @August Finnigan

le palpitant qui cognait violemment contre ta poitrine. poing de côté qui s'était manifesté. à bout de souffle. mais t'avais pas abandonné. tu l'avais suivi. jusqu'au bout. tant pis pour ton corps. pas le temps de respirer. pas quand il était question de lui. fantôme de ton passé qui finit par mettre fin à ton supplice. finissant par s'arrêter prrès d'une fontaine. pas trop tôt. tu te stoppes net. tes deux mains sur tes genoux, penchée en avant. essayant tant bien que mal de reprendre ton souffle. inspirer. expirer. les prunelles désabusées qui croisent les siennes. "arthur... ?" murmures à peine perceptibles qui éludent tes lippes. vision qui se voile, les pensées embrumées. sur le point de faire un malaise. te maudissant d'être si mauvaise en cardio.

w. @Maï Linh Langford // Je suis rincé, j’ai soif et il y a cette fille qui est au bord du malaise. Elle commence vraiment à me faire de la peine, ou de la pitié. J’hésite entre les deux. Enfin, elle n’est toujours pas à terre, c’est que ça va. Buvons avant d’entamer la marche pour rentrer à la maison. Il reste encore plusieurs kilomètre avant de rentrer à d’être à bon port. Qu’est-ce que… Et merde, elle va vraiment finir par tomber dans les pommes. Et qu’est-ce qu’elle raconte ? Je ne comprends pas ce qui sort entre ses lèvres. ❝ Ça va ? C’est vraiment une formalité, car ce n’est pas l’impression qu’elle donne.

w. @August Finnigan

ça va ? voix légèrement inquiète qui finit par te parvenir. t'aimerais lui répondre par l'affirmative. mais t'arrives pas à calmer ces battements interminables. ayant cette désagréable impression qu'on t'arrachait ton palpitant. ou qu'il allait se faire la malle, insatisfait de la façon dont tu venais de le traiter. sans ménagement. ça t'apprendra. de longues inspirations, avant de te laisser tomber en arrière. t'allongeant complètement. en plein milieu du sentier. sans prêter attention à ces visages curieux qui vous dévisageaient. "faut juste que je reprenne mon souffle..." t'essayes de le rassurer. quand bien même vous étiez de parfaits inconnus. l'étiez-vous réellement ? t'attendais qu'une seule chose. que cette crise se termine pour enfin découvrir la vérité. est-ce que t'avais réellement halluciné ? d'ailleurs, en y repensant, sa voix n'était pas celle d'arthur. légèrement plus grave. "t'aurais de l'eau ? je te rembourserai s'il le faut et je suis pas malade..." tu te forces à ajouter, sait-on jamais. te relevant pour te mettre en position assise.

<1>w. @Maï Linh Langford // Faut juste qu’elle reprenne son souffle, qu’elle dit ! Elle est prête à rendre l’âme, mais ça ne semble pas être plus inquiétant que ça. Les gens sont étranges des fois. Je soulève les sourcils. Et pourquoi je m’en inquiète finalement ? J’aurai pu tracer ma route et là laisser « reprendre son souffle » tranquillement. J’hésite vraiment à partir et la laisser se démerder, mais elle me demande si j’ai de l’eau. Là, j’avoue ne pas savoir quoi le répondre. Elle est peut-être aveugle. ❝ Y a une fontaine juste à côté. lui dis-je en indiquant d’un geste furtif de la tête l’endroit. Par contre va falloir qu’elle se bouge les fesses, je ne vais pas lui amener l’eau au creux de mes mains. Je veux bien aider, mais on ne va peut-être pas abuser non plus.

w. @August Finnigan

karma qui s'acharne. qui s'évertue à te ramener constamment à lui. à cet être pour qui t'aurais tout donné. tandis que t'essayais d'avancer. un pas devant l'autre. t'évertuant de ton côté à faire abstraction de cette douleur qui t'empêchait d'aller de l'avant. et voilà qu'il réapparaissait devant toi. son fantôme. son âme. son sosie. peu importe. troublante ressemblance. traits similaires d'un visage qui te semblait complètement étranger. irrévocablement froid avec toi. t'indiquant d'un geste rapide la fontaine qui se trouvait à quelques mètres. t'y avais pas vraiment prêté attention. détail futile. mais son fantôme n'était pas disposé à t'aider. encore moins se montrer chaleureux. quoi de plus normal avec une inconnue, après tout. "désolée tu dois me prendre pour une folle...c'est juste que tu m'as rappelé quelqu'un..." t'essayes de te rattraper, sourire tendre à son encontre, les mains qui te soulèvent pour venir te mettre à sa hauteur. te dirigeant vers la fontaine pour aller te désaltérer. sans compter sur ta maladresse. marchant malencontreusement sur ton lacet défait. le corps penché en avant qui tombe à la renverse. directement dans la fontaine. cette journée t'allais t'en souvenir. c'était certain.