little trouble (nathaniel & jo hee)

l'eau gonfle les nouilles. la sauce a des effluves d'épices. baguettes tenues entre les doigts, bois qui glissent sur la peau alors que l'expression du visage se tord dans toutes les grimaces possibles. comme le visage se montre expressif, état au bord de l'implosion. les mots dans la langue naturelle glissent et claquent contre l'air, dans une comédie qui amuse les fins gourmets de la cuisine coréenne. grand-mère qui admire le visage de l'ange, à lui conter les plus jolies histoires d'amour, quand je voudrais simplement déguster mon bol de nouilles. à quérir l'aide de l'ami, quand les paroles fusent dans la salle de restaurant.

Coloc’ absent. Le manque du soleil. Le besoin de souffler. Opportunité saisie. Elle me file l’adresse. Gardes qui m’y emmènent. J’entre dans le restaurant. Je salue tout le beau monde en recherche de la beauté. Je fonce droit sur elle. Je releve son menton pour l’embrasser. Fougueux. Imprudent. Delectant. Puis je me redresse, fier de moi. « Bonsoir beauté. »

presque une utopie, joli spectacle qui se dévoile sous les yeux des curieux. à vouloir les amoureux pour la beauté. encore un mensonge, mais c'est délivrant. lippes qui se possèdent, fougueuses, faussement amoureuses de leurs jumelles. au rictus qui se dessine sur les lèvres, à reprendre le goût d'un baiser un peu oublié. " salut, babe. " et l'air victorieux, à tirer la langue vers la grand-mère, qui menace d'un journal. à l'éclat de rire, proposer le siège à côté de moi à l'ami. " t'es le meilleur. " à enfin savoir m'offrir la paix. beauté rangée dans une case quand elle n'est que liberté.

Je prends place a ses cotés. Bien heureux de prendre l’air, en vérité. Toujours l’inquiétude pour Eros mais je lui fais confiance. « Je suis un super hero. Ne l’oublie pas. » Je prends enfin le temps de regarder ce petit lieu. « C’est sympa ici. Mais je meurs de faim. Je vais commander. Je vais mourir sinon. » Ne sachant pas trop comment faire, je decide d’aller voir une serveuse pour demander un soda. Je reviens a ma place. « Pourquoi t’es prisonnière d’ici ? »

l'air arrogant sur les traits du visage, spectre d'une grand-mère trop intrusive qui disparaît. simple soupire, enfin le droit à reprendre mon souffle avant d'acquiescer. oui, il est le héros de l'instant. et la môme reprend le dessus, balançant ses jambes - à pas savoir toucher le sol. " commande pas un truc trop épicé... " malice dans le regard, et baguettes qui trifouillent les nouilles gorgées d'eau. écœurant, la dispute qui a causé du tort à ce plat pourtant délicieux. " ah... j'allais me chercher du lait à la fraise, et cette mamie m'a accostée. comme je retrouve l'appétit, qu'elle me connaît bien, et que j'avais faim, j'ai accepté qu'elle m'offre un repas mais... elle m'a coincé ici à me rabâcher que je devrais me trouver quelqu'un. qu'une fille aussi belle devait forcément avoir des prétendants et que ma mère serait heureuse si je trouvais quelqu'un de convenable. blablabla... " hausser les épaules, l'air déçu, presque.

J’éclate de rire a son conseil. Pas epicé du coup. Puis elle me raconte son aventure. La raison de mon échappatoire. « En soi, elle n’a pas tort. Mais on a dit, pas avant nos trente ans. J’ai l’impression d’entendre mes parents. Toujours a s’inquiéter d’un célibat ou l’espoir que je confirme ma romance avec Nev’. Mais la déception, a chaque fois presente. On a le temps apres tout. » C’est culotté de ma part. Alors qu’il y a encore quelques semaines, j’etais pret a tout pour une âme. Bol chaud qui arrive avec d’autres mets tout aussi allechants. « Je sais pas du tout ce que je vais manger. »

malice dans le regard, au rictus enfantin au coin des lèvres. les épices comme une habitude, dans ces plats qui me tiennent à coeur. puis les yeux se lèvent dans leur orbite, retombent, le regard presque vide tout humour. " les parents en demandent trop. et elle n'a pas raison. je suis jolie, ça s'arrête là mon cher. et ouais, on a le temps, en attendant, j'aimerais qu'on arrête d'embêter ma mère de là où elle est. " à voler du kimchi, avec du riz. quand l'appétit revient, un sourire aux lèvres. " le kimchi est pas épicé ! vas-y, goûte ! " mensonge parfaitement bien dissimulé. quand la môme veut juste s'amuser.

Une première de la voir si vindicative. Je note. Une sujet à proscrire. Aucune envie de voir des rides apparaitre sur son doux visage. La confiance absolue quand elle me conseille. Alors j’ouvre grand le bec pour devorer. Bouchee avalee. Chaleur dans le corps. Un dragon aurait pu cracher du feu. Ca pique. Ca pique. Oh putain ca pique. Pivoine, je deviens. Mais l’ego hautement placé, je refuse de m’en plaindre.

amusée, les iris qui détaillent chaque mouvement. d'une bouchée vite dévorée, à la confiance aveugle quand je ne suis que malice et vice. à prendre de nouveau une bouchée du plat démoniaque, jusqu'à la saveur épicé qui picote là, contre le palais qui subit les vices. à tendre une bouteille de lait, à éteindre les feux de cette manière, et l'éclat de rire. épiderme de cette couleur rouge qu'on apprécie tant, parfois. " bois ça, ça va te faire du bien. wow, j'avoue qu'il pique de fou. " résistance à la nourriture épicée, à parfaire les émotions cachées.

Je liquide la bouteille de lait. Le coeur qui se calme. La respiration qui s’apaise. Ne plus toucher l’assiette. Je regarde la demoiselle en biais. « Donc là, tu penses que je vais te croire ? Tu connais tous les plats et tu joues les innocentes ? Tu viens de briser ma confiance en toi. Je vais te balancer a ta grand-mère ! » Je ris doucement mais wow, ca m’a débouché les oreilles. « C’est honteux de maltraiter son petit ami » Je le dis assez fort, bien qu’il n’en soit strictement rien entre nous, si ce n’est de l’amitié.