change of scenery ((taylor))

Je lui adresse un léger sourire et ne peux m’empêcher de rire, cachant mon visage et mes yeux rieurs derrière mon verre d’eau pétillante. On va dire qu’on ne s’ennuie pas... J’ai toujours été très portée sur les relations charnelles et passionnelles. Il y a eu de tout. Des choses dont je n’aurais jamais honte de parler et d’autres qui me font rougir rien que d’y penser. Les partenaires, je les ai souvent enchaînés, jamais trop regardante sur ce qui entrait dans mon lit tant que ça n’allait pas contre mes façons de penser et de vivre. Pas de drogués dans mon lit, pas d’addicts et encore moins de branleurs de premières. Parce que, personnellement, un je m’en-foutiste qui se laisse porter par la vague de la fainéantise - ou des parents - ça me débecte plus que ça ne m’excite. Enfin, maintenant que j’ai mon partenaire, on s’amuse aussi. Étonnement, on ne s’est jamais ennuyé au lit avec Jeremiah et je n’ai jamais été timide avec lui. Mais là, c’est différent. Le charnel a laissé de la place au passionnel et ça, c’est ce qui rend le tout encore plus excitant. Enfin, il faut que je m’enlève tout cela de la tête parce que ce soir, ce sont des draps froids que je vais retrouver, mon petit ami étant à Barcelone pour la Formule Un. Je ne vais pas m’ennuyer pour autant, ça c’est clair et net. Je repose mon verre sur la table et la questionne sur le caillou qui trône sur son doigt. J’examine rapidement, reconnaissant bien la beauté de la chose. Le joaillier qui a fait ça est vraiment doué. Et l’homme qui lui a offert est passionné. Enfin, je le crois. Parce que tout ce qu’elle me dit est douteux, louche et perturbant. Je ne sais pas quoi en dire et me refusant à tirer des conclusions hâtives, j’attends ses explications. Je l’écoute et croise mes jambes sous la table. Ma posture s’allonge, s’agrandit et, grande fervente de potins, je souffle Tu as une photo de lui ? Parce que le coup de foudre, je le comprends, vraiment. Et puis, j’estime qu’elle est assez grande pour savoir ce qu’elle fait et avec qui elle le fait. Elle m’a soutenu dans mes rêves, mes folies, quand mon coeur s’est accroché à celui de notre ex petit ami commun. Elle a toujours été là pour me dire que ça allait bien se passer. Alors, dans la folie, moi aussi je suis là pour la soutenir et la suivre. Non parce que… Je ne sais pas si je crois au coup de foudre mais je sais trop bien ce qu’une belle gueule peut faire. Bon, je n’irais pas jusqu’à me marier si rapidement mais qui suis-je pour juger la timeline de mes amis ? Celles des inconnus, c’est un autre délire, bien entendu. T’as déjà entendu parler du délit de belle gueule ? J’en ris légèrement. Je doute que ça existe vraiment mais qui s’en fout, sérieusement ? Un peu de potins, un peu de discussions autour de la brune, ça va me faire un bien fou. J’ai rencontré Taylor au pire moment de ma vie mais je suis si heureuse qu’elle soit toujours à mes côtés. On va continuer d’en traverser des choses ensemble. Des bonnes comme des mauvaises. Et si la dernière fois où l’on s’est réellement posée pour parler autre chose que de boulot remonte à août 2020, je compte bien en faire une habitude non négociable. Et comment va Mad au fait ? Le chiot qu’elle avait lors de notre discussion en août dernier. Il a du bien grandir, lui aussi.

Change of scenery - 30/04 @Ella Marriott-W.

« On va dire qu’on ne s’ennuie pas... » Dans mon rire j’espère qu’elle parvient à comprendre que je la trouve chanceuse rien que pour ça. Non pas que je sois en manque ou quoi que ce soit… Mais nous sommes en avril et donc je n’ai pas été touché depuis quatre mois. Je ne suis pas du genre à pleurer lorsque je n’ai pas quelqu’un pour me satisfaire dans … l’intimité mais, je me dois de l’avouer, je suis en train de la jalouser. Enfin juste un peu quoi.

Nous voilà donc en train de parler de la comédie dans laquelle je me suis plongée. Canular qui commence à être rodé. Alors je lui raconte à peu près d’où est née cette idée. Cette fameuse soirée au restaurant où, pour une fois, je n’ai pas hésité, tout du moins pas longtemps. Peut-être que j’aurai du, je n’en sais rien. « Tu as une photo de lui ? » Elle a les doigts toujours sur ma main lorsqu’elle me dit ça, et je réalise que je ne m’attendais pas à une question comme celle-là. « Non parce que… Je ne sais pas si je crois au coup de foudre mais je sais trop bien ce qu’une belle gueule peut faire. » J’en fronce légèrement les sourcils, furtivement, parce que je réalise qu’on a passé tellement de temps à se chicaner que je n’y ai jamais pensé. Trent est bel homme, on ne peut le nier, même si la question ne m'a pas effleurée. « T’as déjà entendu parler du délit de belle gueule ? » Et puisqu’elle rit, je le fais aussi, en secouant le visage de gauche à droite avant de sortir mon téléphone. « Je dois avoir ça. » une photo, même plus d’une d’ailleurs, et déverrouille pour chercher dans la galerie de ce dernier une image où il ne serait pas en train de faire l’idiot comme à son habitude. Et trouve celle que j’ai prise le jour de mon anniversaire, « Tiens, » que je prononce en retournant l’écran, et quand je le dis, je me surprends « Ouais, délit de belle gueule. » et ça, je ne le dis pas parce que je me sens seule. Pour le coup, ça pourrait m’effrayer, « Il est bien. » Il me rend dingue, oui, mais on l’est tous, dans cette vie.

« Et comment va Mad au fait ? » Et la surprise que provoque cette question, me fais rire encore une fois, je ne m’y attendais tellement pas. Les personnes de mon âge parlent de leur futur enfant, de leur projet, et je suis donc relayée à la fille qui parle de son chien. « Il adore avoir un jardin. » Bien mieux que mon appartement, « avec un chien qui pèse plus lourd que moi, c’était compliqué parfois. » mais une fois n’est pas coutume, en l’adoptant, j’ai eu un craquage mental, mais ce clebs m’aide clairement lorsque je vais mal.   

 

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Ma vie est loin d’être ce que je voudrais qu’elle soit mais c’est la première fois depuis de longs mois que je me sens bien. Ce n’est pas l’extase, qu’on ne s’y méprenne pas, mais je suis heureuse et bien entourée. Bien que je sens que le côté familial se casse la gueule, le côté personnel et amoureux blossome un peu plus chaque jour. Et j’ai hâte de retrouver Jeremiah en Angleterre pour officialiser notre relation devant tous nos amis communs, ceux qui nous ont vu grandir l’un avec l’autre pendant près de sept ans. J’ai hâte. Cela fait bien longtemps que ce n’était pas arrivé. Et quand j’aperçois sa bague, c’est une manière pour moi de dévier le sujet mais aussi de ne pas balancer tout de suite mes envies pour la prochaine année de présidence : y mettre fin de mon côté. Alors, je la questionne, lui pose quelques questions et je souris quand elle me dit qu’elle doit avoir ça. Et pendant qu’elle le fait, je lève la main pour attirer un serveur à qui je demande des tranches de citron ainsi qu’un nouveau verre avec de la glace dedans. Mon visage se concentre à nouveau sur mon amie et je regarde l’écran qu’elle me présente. Main tendue, je zoom et dézoom sur son visage et pince les lèvres. D’un mouvement de tête, j’acquiesce. Pas mon style. À comprendre, trop vieux, pas grand chose dans le visage qui me ferait m’arrêter sur lui. Mais si elle, ça la fait craquer, c’est l’important. Mais pas mal. Que je souffle en la regardant. Le grand amour, du coup ? Parce que bon, avec le coup de coeur, il y a beaucoup de choses qui se passent. Et, à ce moment précis, je me dis que leurs enfants seraient magnifiques. Pas autant que ceux de Jem et moi mais ça, je me garde bien de le dire. Y aurait-il des bébés plus beaux que les nôtres ? Ahahah. Non. Je comprends. Pour le jardin mais aussi parce que c’est compliqué parfois, d’avoir un animal de compagnie d’une certaine taille ou d’un certain poids. Je suis contente d’avoir une grande terrasse sinon Otis serait malheureux. On sort souvent - et quand je bosse, mon équipe s’occupe de lui - mais des fois, juste de pouvoir ouvrir la porte et le voir courir partout, c’est agréable. Pour moi, comme pour lui. Petit chien mais grande personnalité. Du coup, famille heureuse ? Que je demande rapidement, remerciant le serveur qui m’apporte l’assiette pleine de tranches de citron et le verre plein de glace. Je mets une tranche dans mon verre et verse un peu de glace dans mon verre d’eau gazeuse. Fais toi plaisir. Pas besoin de le préciser mais au moins, elle ne me demandera pas l’autorisation, je lui donne.

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Et quand elle observe le visage de Trent sur l’écran, à sourire, je me surprends. On ne va nulle part, lui et moi, je le sais bien, et pourtant… Pourtant ça me fera étrange lorsque ça va s’arrêter, quand on va reprendre tous les deux les cours réels de nos vies. « Pas mon style. » J’aurais dû m’en douter, en fait, j’en étais même certaine au moment de lui montrer. « Mais pas mal. » Je le sais qu’elle le dit pour ne pas me vexer, et mon sourire ne veut pas s’amenuiser. Avant cet instant, je ne le voyais pas. Quelque chose comme ça.

« Le grand amour, du coup ? » Je préfère ne pas me prononcer, je n’aime pas ce mensonge que je suis en train de lui infliger. On est ce qu’on est mais pas certaine que les termes grand et amour soient appropriés. Alors quand elle en vient à parler de Mad, je me faufile dans cette discussion là, bien moins mensongère que la première. « Je comprends. » Il est énorme, alors avec lui, ce n’était pas simple lorsque j’étais chez moi. « Je suis contente d’avoir une grande terrasse sinon Otis serait malheureux. » Et la croire, je le veux. Parce qu’ils ont besoin d’air, ces petites choses. Enfin, petites … « Du coup, famille heureuse ? » Ah. Donc on en revient à ce point-là. Je soupire, longuement, effleure le bout de mon nez de mes doigts, tandis qu’on la ressert sans même qu’elle ne l’ait demandé, j’imagine que ça fait d’elle une véritable privilégiée. On est comment dans tes baskets, Ella ? Dans tes escarpins, plutôt. « Fais toi plaisir. » léger sourire. « Heureuse… » ravive ce mot, me permets de le réfléchir. « On va dire que ça pourrait être pire. » Et je hoche la tête au moment de le dire. « Je vais bien, on va bien, » et je ne crois pas que Trent n’y soit pour rien. Bien au contraire, en fait, putain.

Mais alors que je me sers à mon tour de la boisson qu’elle a choisit pour nous deux, le temps d’un autre soupir. « Bon alors, » je fronce les sourcils, je sais bien que nous sommes maintenant amies pour de bon, mais je me dis qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre équation, « la raison de cette réunion Miss Marriott ? » parce que parler de Trent, c’est bien beau, mais pour se faire, on aurait pu se contenter de quelques textos.  

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Je m’intéresse réellement à la vie de Taylor et à sa relation avec le jeune homme. Je sais qu’elle n’a pas eu la vie facile de ce côté et nos peines de cœur n’ont rien en commun mais elles ont toutes les deux fait mal à leur intensité respective. Alors, je m’y intéresse, pour voir où elle en est, pour voir si elle a sauté les deux pieds dedans ou si elle prend son temps. J’ai l’impression que l’on est sur la deuxième option et je suis rassurée pour la brune. Je l’écoute et souris légèrement. C’est l’important. La facilité, allez bien, être bien aussi parce que ce sont deux choses différentes. Elles se ressemblent, certes, mais la langue française est assez merveilleuse, quand on y pense. Et ça me fait plaisir pour toi, vraiment. Elle le mérite et, bien que je ne le dise pas, je pense qu’elle le sent dans mon sourire, dans ce regard bienveillant que je lui offre. Mes lèvres sur le verre, j’avale une gorgée et pince les lèvres à sa question. Ça. Oui. Et bien, m’excuser ? J’en ris légèrement, passe ma main dans ma chevelure et laisse rebondir mes boucles sur mes épaules. Je la regarde et je souffle C’était aussi pour te parler de la présidence de l’association des citoyens. Et bien que nous sommes amies, que notre relation n’est pas uniquement professionnelle, c’est dans ce mood que je me lance. Tomber enceinte, devenir mère je l’espère, en plus de l’entreprise… C’est beaucoup. Je veux tout lui expliquer. Lui faire part du fait que je vais aussi quitter mon poste à l’université et ça, j’ai vraiment du mal avec. Mais je serais incapable d’enseigner et de gérer le pôle relation presse de Marriott. Ma supérieure, Sutton, a démissionné et je récupère donc son poste. Elle n’en a probablement rien à faire mais je lui notifie quand même. Je vais devoir me concentrer à cent pour cent à Marriott. Je me suis beaucoup éparpillée cette année pour combler toute la tristesse que je ressentais mais force est de constater que, bien que ç’ait été une expérience merveilleuse, après avoir discuté avec Jem, je pense qu’il faut que je réduise mes engagements. C’est clair, non ? Mais pourtant, je précise. J’ai adoré gérer l’asso des citoyens avec toi mais je ne me représenterais pas pour être ta vice-présidente. Et je la regarde. Je me sens bizarre, comme si je brisais un pacte vieux de cent cinquante ans. Alors qu’en fait, il aurait fallu que quelqu’un vote pour moi pour être réélue. Mais je ne ferai pas cela parce que je préfère me concentrer sur Marriott, sur ma famille plutôt que sur les citoyens - ingrats - de la ville.

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« C’est l’important. » Je le pense aussi, qu’au milieu du n’importe quoi qu’est ma vie, au moins, je vais bien. Je dirais même que je vais mieux. Et ce n’est pas dire peu. « Et ça me fait plaisir pour toi, vraiment. » Tandis que moi, je me rassure en me disant qu’un jour ça ira vraiment, justement. Et lorsque ce sera le cas, promis Ella, je serais plus expansive que ça.
Alors j’en viens à lui demander ce qui nous mène ici et maintenant, à ce tête à tête, bien que je ne me plains pas du fait qu’il ait lieu, mais je devine qu’il y a plus important que ma bague et Trent, de ce fait, autant qu’elle ne prenne pas de pincettes. Et si d’abord elle lance une plaisanterie enfin de détendre nos esprits, la suite de ses idées finie par arriver. « C’était aussi pour te parler de la présidence de l’association des citoyens. » Non. Je la sens arriver la conclusion, et je n’ai pas envie de l’entendre, je pourrais en pleurer par avance. Parce qu’elle va me lâcher, c’est limpide à présent. « Tomber enceinte, devenir mère je l’espère, en plus de l’entreprise… C’est beaucoup. » Et je me concentre de hocher le visage, compréhensive, même si le dépit doit pouvoir se lire sur les expressions de ce dernier. « Ma supérieure, Sutton, a démissionné et je récupère donc son poste. » Très bien, j’entends, je ne sais absolument pas ce que ça implique, mais j’imagine que c’est quelque chose d’important.

Seulement si je ne l’avais pas encore compris, la poursuite de son explication ne me laisse plus le droit de douter. Si l’année prochaine je me représente, elle ne sera pas à mes côtés, là est toute la vérité. « J’ai adoré gérer l’asso des citoyens avec toi mais je ne me représenterais pas pour être ta vice-présidente. » Voilà, plus clair on ne fait pas. L’espace d’une seconde j’en oublie l’heure qu’il est, le fait qu’après je dois retourner travailler. Donc non, je n’ai pas le droit de boire un cocktail alcoolisé afin de mieux digérer. Il y a ce long soupir qui s’échappe de mes lèvres, « Je ne peux pas te dire que je ne comprends pas, » parce qu’au contraire, je comprends bien qu’elle abandonne, pour se recentrer sur son boulot et Jérémiah, « mais je ne vais pas non plus te dire que la nouvelle me met en joie. » parce que si je n’y avais pas réfléchis avant cela, je sais maintenant que je vais me représenter, « ça ne sera pas la même chose sans toi, » mais je m’avance beaucoup en prononçant ces mots là, « enfin, si je suis réélue. » qu’importe mais on ne peut nier que cette année pour l’association, j’ai tout donné. 

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Je dois avouer que j’ai beaucoup changé ces derniers mois. Enfin, peut-être pas changé mais évolué. Pour certains, c’est dans le bon sens du terme et pour d’autres, pas du tout. Cela ne me gêne pas parce qu’il n’y a que mes proches - très proches - dont l’avis compte. Alors, que l’on comprenne que je mette le pied sur le frein de mes engagements professionnels ou non, ça m’importe peu. Je sais que ce que je fais est le meilleur pour moi en tant qu’être humain mais aussi pour ma famille. Je ne sais pas de quoi cette année et la suivante seront faites mais je sais surtout que continuer ce rythme ne sera pas viable. Toutes les personnes qui me connaissent savent que je ne supporterais pas d’échouer dans un domaine, je ne supporterais pas être à cent pour cent dans un domaine et il me semble impossible de tout gérer à la perfection. J’y suis arrivée cette année mais tout était différent. Ma vie personnelle essentiellement. J’ai passé l’année universitaire célibataire, à tomber pour mon meilleur ami mais à n’avoir que du temps pour moi. Aujourd’hui tout a changé. Les mots sont difficiles, j’ai l’impression de passer par mille chemins avant d’arracher le bandage. Son soupir m’arrache le cœur et je la regarde, une mine triste. Je m’en veux de faire ça et en même temps, sa réaction ne m’étonne pas. Du Taylor tout craché. Elle comprend. Et ça fait du bien quand la personne en face te comprend. Il n’y a pas de raison que tu ne sois pas réélue. Que je souffle, confiante comme jamais. Elle a fait un travail merveilleux et continue de le faire chaque jour que Dieu fait. Face aux citoyens ingrats, à l’absence de participation de ces crétins qui veulent toujours plus, elle a toujours réussi à rester motiver, à donner le meilleur d’elle. Je serai ton génie de poche et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu as plutôt intérêt à me demander. Et je ne rigole pas là dessus. Je détesterais qu’elle n’ose pas, qu’elle se retienne ou je ne sais quoi. En tout cas, tu auras mon vote et je pousserai Jeremiah à voter pour toi. S’il ne le fait pas, grêve du sexe. Ça marchera très bien. Sauf si je ressemble à une grosse dinde d’ici là. Quoi que, je suis sûre qu’il sera encore plus gourmand, me trouvant toujours plus belle avec le ventre qui s’arrondit. J’en souris, j’en rougis même un petit peu. Ça m’angoissait un peu de t’en parler. Mais je suis contente que tu le prennes comme ça. Vraiment. Ça me touche. Si seulement tout le monde pouvait être compréhensif comme elle, ça serait plus facile, vraiment.

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Qu’est-ce que je pourrais lui dire après tout. Lui reprocher de vouloir prendre du temps pour elle ? Pour tenter de construire une famille ? Ce serait totalement fou. Alors voilà, je comprends, et plus encore je comprends et je serais là. Parce qu’aussi fort que je me sais capable d’être peste, le fait est que je suis des plus loyale en amitié bien que j’ai parfois l’impression que tout le monde, pour tout, fini toujours par m’abandonner. « Il n’y a pas de raison que tu ne sois pas réélue. » Pour le coup, je ne m’avancerai pas, je n’ai pas envie d’avoir d’espoir et de me prendre une énième claque. Car cette année n’a pas été facile pour moi, alors ma réélection… Pour le moment elle tient de la fabulation.

Le problème, c’est que je ne vois pas qui pourrait me seconder aussi bien qu’elle pour cette mission-là. Parce qu’elle était cette épaule sur laquelle je me reposais. Celle toujours présente pour tout finaliser, pour me dire que je ne suis pas en train de tout foirer. « Je serai ton génie de poche et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu as plutôt intérêt à me demander. » Mais tu me connais un peu Ella, maintenant, n’est-ce pas ? Tu sais bien que je ne viendrais pas t’embêter avec ça. « En tout cas, tu auras mon vote et je pousserai Jeremiah à voter pour toi. S’il ne le fait pas, grêve du sexe. Ça marchera très bien. » Et je ne peux pas me retenir de rire. « Si grève de sexe il y a alors ! » A croire que moi je la fais depuis quatre mois, mais là n’est pas le sujet, on ne va pas reparler de cette fameuse rupture qui a manqué de me flinguer.

« Ça m’angoissait un peu de t’en parler. Mais je suis contente que tu le prennes comme ça. » J’en soupire, en balayant un je-ne-sais-quoi de mes doigts. « Tu t’attendais à ce que je te dise quoi ? » Je ne serais jamais de celles qui forcent les autres à faire quoi que ce soit. Et suis partisane de vivre sa vie et non de la subir. Parce que ça ne sert à rien de souffrir. Si seulement je pouvais les appliquer à ma personne, mes dires. « Je ne vais pas renier notre amitié pour ça. » Je suis déçue, mais pas pour elle, plus pour moi. Parce que je sais ce que je perds, et j’ignore ce que je vais gagner. On dit que c’est le risque qui donne aux évènements leurs intérêts. « Je n’aurai certainement pas le même discours en septembre quand je saurais qui je vais devoir me coltiner. » Seul l’avenir me le dira. Seulement, moi, je sais que personne ne peut égaler Ella.

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Mes choix et mes décisions n’engagent que moi mais ces dernières peuvent avoir une certaine répercussion sur les personnes autour de moi. Abandonner l’université a été difficile parce que j’ai pris un réel plaisir à enseigner cette année mais je ne peux pas continuer ainsi. J’ai pris trop de choses en charge cette année, clairement pour ne pas penser à ma précédente rupture et tout ce qu’il se passait dans mon corps et ma tête. Et maintenant que tout va mieux, que j’ai retrouvé une vie saine et que je me suis retrouvée aussi, ce n’est pas à oublier ou manquer de le notifier, je sais qu’il faut que je fasse des choix. Et mon choix, c’est ma vie, ma famille et toutes les surprises qui m’attendent cette année. J’allais te dire que les hommes, on sait comment les tenir mais il me tiendrait par le bout du nez s’il faisait ça. Et je n’ai même pas honte de le dire. Il n’y a qu’un petit sourire qui se dessine sur mon visage. Je n’ai jamais eu honte de cette partie de ma vie et ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. J’en souris maintenant et encore plus en me rendant compte que j’ai annoncé la chose à Taylor et que tout va bien et ira bien. Non, mais tu aurais pu être déçue. Et je l’aurais compris aussi. On est rarement joyeuse lorsque notre binôme éclate et c’est ainsi que j’ai vu la douce tous ces mois : comme mon binôme pour donner un peu de soleil aux habitants de la ville. En tout cas, je suis heureuse que le festival ait eu une si grosse retombée. J’écoute ses mots et souris largement. On pourra le traumatiser, si tu veux. Je sais bien qu’elle n’est pas comme cela et en même temps… Mon sourire en coin montre bien le côté machiavélique de mon esprit et de mes pensées à ce moment-là. De toute façon, on est amie maintenant, non ? Je la considère réellement comme telle. Elle était une connaissance et maintenant, c’est une véritable amie. De celle vers lequel je me tourne quand ça va mais aussi quand ça ne va pas.

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« J’allais te dire que les hommes, on sait comment les tenir mais il me tiendrait par le bout du nez s’il faisait ça. » Je me mets à rire, et me force à ne pas compter, depuis combien de mois, en réalité, je n’ai pas partagé avec quelqu’un de l’intimité. Sérieusement, je me trouve déprimante à souhait. Non pas parce que j’ai besoin d’un homme… Mais parce que depuis qu’il n’est plus là, j’ai mis ma vie sur pause, je crois. Comme si la rupture, je ne l’acceptais pas. Parce que j’aurais voulu qu’il ait besoin de moi. « Tu m’étonnes ! » me contente de commenter, le sexe c’est toujours important des deux côtés.

Bien sur que j’aurais voulu que ce soit elle a mes côtés l’année prochaine, c’est l’évidence même. Mais… Il y a un truc bien plus important que tout ça, ce truc, ça s’appelle la vie, c’est aussi simple que ça. « Non, mais tu aurais pu être déçue. » J’en fronce les sourcils, pas mon genre ça, pour me décevoir, il en faut beaucoup plus qu’un abandon de poste, c’est minime ça. « On pourra le traumatiser, si tu veux. » Elle en a ce sourire qui m’en tire un des miens, bien que je ne sois pas prête à traumatiser quelqu’un. Quoi que… ça dépend du quelqu’un. « De toute façon, on est amie maintenant, non ? » En levant les yeux au ciel, j’amène une main sur mon menton « Laisse moi réfléchir… » Ella, franchement, tu penses sincèrement que je pourrais te dire non ? « Sois pas con. » Parce que oui, on l’est, et je sais que sans travailler ensemble, notre amitié n’en finira pas de se renforcer. Je l’ai su le jour où tu m’as invité à chevaucher les étoiles, que c’était fait pour durer. Elles sont rares les personnes ayant le pouvoir d’autant me marquer. Et tu l’as fait.

FIN DU RP

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