one hell of a night (holden)

(nuit du 22 avril) Plénitude puis vide. Le corps qui s'effondre sur le bitume et le temps qui se suspend. Il dessaoule presque instantanément, Oren. Il a l'impression que l'air se raréfie brutalement, le laissant comme en suspend. Il respire fort, le regard rivé sur la silhouette immobile étalée sur le bitume. Il sent ses propres jambes, fragiles sous lui, qui menace de le lâcher. Qu'est-ce que tu as fait ? Il secoue la tête, comme pour gommer le spectacle sordide qui se présente à lui. Il porte une main à son visage mais la laisse retomber quand il entrevoie ses jointures amochées, ensanglantées. Sa joue lui fait mal aussi. Rien de trop grave, toutefois. Rien d'aussi grave que ce qui est étendu sous ses yeux. « Tu crois qu'il est... » Sa voix est blanche, à peine plus élevée qu'un murmure, mais il a l'impression de s'entendre crier tant le monde lui semble s'être immobilisé. Il ne lève pas les yeux en direction d'Holden. Il n'arrive pas à détourner le regard de la victime. « Il ne peut pas.. » Il secoue la tête, encore, de façon désordonnée. Il n'arrive pas à prononcer le mot. @Holden Bishop

tw: homophobie ; violence physique

@Oren Koch | Je tape, encore et encore. Et je me sens bien, c’est ça le pire. Ça me fait du bien de m’en prendre à ce mec, qui n’avait fait que dire à voix haute ce mot, “tafiole”. Mais j’étais pas gay moi, j’étais un mec normal, un mec qui n’aimait pas qu’on lui foute des putain d’étiquettes dessus. Alors ouais, je buvais avec toi à la base, je crois même que tu l’as pas entendu quand il est passé près de nous. Donc j’t’ai poussé à me suivre, à aller dans une noirceur que tu ne connaissais peut-être pas. Peut-être que j’ai menti, peut-être que j’ai pas été honnête avec toi sur ce coup, mais il fallait qu’il paye. « On s’en fout, viens on s’barre » Je pose ma main amochée sur ton torse pour te repousser. Qu’il jonche là, sans vie. Moi j’voulais pas être là quand quelqu’un découvrirait son corps. « Allez Oren, bouge ton cul putain ! » Je te bouscule avant de prendre la fuite de cette ruelle mal éclairée. Qu’on soit loin, si quelqu’un passe par là. On a des chances de s’en sortir.

La main de Holden s’abat sur son torse et il tressaute. Il s’applique à fouiller le regard de son ami, à y discerner quoi que ce soit. Un trouble semblable au sien. Une onde du peur, du même acabit de celle qui lui malaxe le ventre et lui enserre la gorge. Mais il lit surtout de l’agitation. Cela ne le rassure pas. Tout au plus, ça le tétanise un peu plus. Qu’est-ce que tu as fait ? Holden s’énerve, Holden le presse. Il faut pas rester là qu’il lui dit. Et il le sait, Oren. Mais y a un homme là, à leurs pieds. Un homme peut-être mort, tout du moins sérieux blessé. Il secoue à nouveau la tête, Oren. Et puis ça va vite à nouveau. Holden le bouscule et commence à se tirer dans la nuit, le laissant derrière avec ce qui pourrait bien être un cadavre. Bordel. Oren baisse à nouveau les yeux. Les mains agitées de tremblements. Bordel. Bordel. Bordel. Il ne sait pas comment il parviens à bouger les pieds, enfin. Mais il le fait. D’une démarche incertaine. Il est presque surpris de pas tomber ou encore de ne pas être plié en deux, à se vider de tout ce qu’il a pu avaler au cours des dernières heures. Il ne comprend pas. Il ne comprend pas comment ça à pu tourner comme ça. Il finit par atteindre Holden, un bras noué autour de son propre torse, comme pour se maintenir debout. « On ne peut pas le laisser là.. » On l'a tué. C'est ce que beugle une voix vorace dans sa tête. Il fourre une main encore agitée de tremblements pour s'emparer d'une clope. S'occuper les mains, serrer quelque chose. Il a l'impression de sombrer plus profondément qu'il ne l'a jusqu'alors jamais fait. @Holden Bishop

@Oren Koch | Deux contre un, c'était couru d'avance, ce schéma. Mais je m'en fichais, le mec était à terre et j'étais bien heureux de ça. Sauf que toi, tu bougeais pas. Tétanisé, comme si tu n'assumais pas ce que tu venais de faire. Mort ? Possible, on s'en fout, ils nous retrouveront pas. La pluie qui tombera un peu plus tard effacera la moindre trace de notre passage. Du moins, c'est ce que j'espère. J'peux pas flancher quand t'es à deux doigts de le faire. Alors j'te pousse, j'te force à me suivre pour pas qu'on se fasse prendre d'un quelconque crime commis. Oui, on a fait un truc qui est répréhensible, mais je m'en fichais. Les lois étaient faites pour être transgressées, pas vrai ? « On peut et c'est ce qu'on va faire. Même pas t'y retournes Oren, compris ? » Je te regardais droit dans les yeux, pour te faire comprendre que je peux te mettre dans le même état que lui s'il faut, pour que tu te taises et fasses pas de connerie. « Il le méritait, ok ? »

Holden le bouscule, le pousse à partir. Ils ne peuvent pas rester, pas sans risquer d'être incriminés pour ce qui viens de se passer. Mais peut-être que c'est ce qu'ils méritent, justement. Il n'y a pas de peut-être qui tienne, d'ailleurs. S'ils ont tué ce type, alors c'est la taule qu'ils méritent. Oren fourre une clope entre ses lèvres, son regard accaparé par celui d'Holden. Son ami insiste, lui dit qu'ils ne peuvent pas rester là et il avance même que le type qu'ils viennent de tabasser l'a mérité. Les yeux d'Oren s'ouvrent grand et il manque de lâcher la clope coincée entre ses lèvres tellement il est éberlué tout à coup. « T'es sérieux ? Tu te sens pas coupable ? » Tout choqué qu'il est face à l'attitude d'Holden, il arrive tant bien que mal à allumer sa clope à l'aide d'un briquet déniché dans la poche de son jean. Il enchaine quelques taffes, s'efforce d'ordonner son esprit engourdi et terrifié. @Holden Bishop

@Oren Koch | Il était hors de question que je retourne en taule. Alors qu’importe si ce mec était mort ou pas, je devais me retrouver loin des lieux du crime. Avec un peu de chance, il allait pleuvoir et je serai très vite débarrassé de la moindre trace de ma présence ici même. Plus loin, dans une ruelle qui ne serait pas témoin de nos crimes, je cherchais à te dissuader d’en parler à quiconque. Parce que si on en parle pas, ça n’existe pas, pas vrai ? « Bien sûr que non, j’recommencerai même s’il faut » Et j’te regarde, le regard qui se fronce. « Non, non, non, tu t’sens pas coupable hein ? » Putain de merde. Sérieux, fallait que je fasse tout pour que tu embrases cette partie de toi, sinon on serait foutu. « Tu t’sentais pas si… libre, à chaque fois que tu donnais des coups ? Genre, comme si t’étais invincible ? »

Oren est complètement glacé. Glacé par ce qu'il a fait, par ce qu'ils ont fait. Glacé par le corps qui git telle une carcasse méprisable au fond d'une ruelle. Glacé, enfin, par Holden. Holden a qui il trouve un air presque animal tout un coup. Un être sanguin, incapable dans son état de dissocier le bien du mal. Holden qui ne nourrit pas de regrets, Holden qui avance même qu'il se tenterait bien  recommencer. A moins que ce soit du bluff, mais à quoi bon bluffer à ce sujet ? Ca ne revêt pas le moindre sens. Le monde virevolte et Oren a le vertige. Holden semble ne pas comprendre qu'il puisse éprouver de la culpabilité, comme si c'était un signe de démence. Comme si d'eux deux, c'était Oren qui adoptait un comportement irrationnel. what the fuck... Il s'apprête à avancer que oui, Oren, qu'il se sent mal et que ça devrait être le cas d'Holden aussi, mais son ami ne lui en laisse pas le temps. Il lui assène d'autres mots qui laissent à nouveau Oren sans voix. Il en fait tomber sa clope qu'il n'a même pas l'idée de ramasser. Tout fou qu'il parait être en cet instant, Holden viens de marquer un point. « Quoique j'ai pu ressentir.. » Une sensation de lâcher-prise. Une fureur brute, rayonnante, trop longtemps massée en lui et enfin libre de s'échapper de son corps... Une forme de soulagement, aussi. « Ce n'était pas bien. Même la pire des raclures ne mérite pas de crever comme ça. » Mais est-ce qu'il le pense vraiment ? Est-ce qu'il ne tirerait pas satisfaction à ôter la vie aux salauds de la secte, qui lui ont dérobé plus de dix ans de sa vie ? Et c'est tout le soucis. Il ne pardonne pas, Oren. Il n'est peut-être même pas sensé le faire. @Holden Bishop

@Oren Koch | Cette sensation de vivre, d’avoir l’ascendant sur la vie, c’était ce dont j’avais besoin. C’était pile ce que je cherchais à ressentir. Revivre, tout simplement. Mais je ne voulais pas me faire prendre alors on se barrait bien assez vite, toi et moi. Parce qu’il était hors de question que je te laisse derrière moi. Il fallait pas que l’un de nous crache le morceau à qui que ce soit. Que ce mec soit mort ou non, c’était pas notre problème, point barre. Mais t’étais comme tétanisé et c’était ça qui me faisait peur, personnellement. C’était que tu finisses par me dénoncer aux flics ou à n’importe qui. « On s’en fouuuuut de ce mec, tout ce qui importe c’est à quel point tu peux te sentir en vie, là tout de suite maintenant. Tu te sens pas tout puissant ? T’as pas envie de crier à quel point tu te sens comme dieu ? » J’avais envie de tabasser encore et encore, sortir cette rage qui m’habitait en tout temps. Et tu semblais être le partenaire idéal, si tu te mettais pas à flipper. « J’me sens on fireeeee ! Youhouuuuuuu ! »

Du pied Oren écrase la clope qu'il a fait tomber par mégarde. Il flippe. Il flippe méchamment. Il ne comprend pas comment il fait pour se retrouver tout le temps dans des situations absolument impossibles. A croire que c'est inscrit dans son adn. Un foutu nuage noir qui survole sa tête sans discontinuer depuis que des salauds l'ont kidnappé dans son lit quand il n'avait que dix ans.  A côté de lui, Holden parait survolté, dément. C'est limite s'il se met pas en quête d'un autre type à battre à mort. Bordel. Oren s'obstine à secouer la tête. Il n'a pas signé pour ça. Il ne signe pour rien de tout ça. « Je fou le camp d'ici » qu'il s'entend dire d'une voix qui lui parviens comme assourdie, apauvrie. Il flippe autant pour le corps qu'ils ont laissé derrière lui que pour la lumière qui anime les yeux d'Holden. Il ne veut pas être comme ça, Oren. Il commence à se détourner, prêt à planter son ami là. Il ne peut pas être avec lui, pas quand il est dans cet état. Peut-être plus du tout. Il n'en sait rien. Tout ce qu'il sait, Oren, c'est qu'il faut qu'il bouge. @Holden Bishop

@Oren Koch | L’adrénaline qui vient se terrer dans chaque vaisseau sanguin de mon organisme. C’était totalement fou, cette façon que frapper avait de me rendre électrisé. J’étais totalement en transe, dans une autre dimension et c’était sûrement impossible de ressentir ça dans d’autres circonstances. Clairement, j’avais un coup de boost que même mes différents vols n’ont jamais provoqué ce que je ressentais en cet instant. « Sérieusement ?? Tu veux pas aller dans un autre bar ? » que je finissais par demander, sautillant un peu comme un mec qui venait avoir un rail de cocaïne. Pour moi, la nuit était loin d’être terminée et j’étais prêt à faire tout pour continuer de ressentir tout ça.