jaspeandra ∞ such a lonely heart

« Y a personne qui te connait mieux que moi. » Je ne dirai pas le contraire, et pourtant l'erreur est humaine, dont la tienne de croire que je pourrais avoir des hommes de passage que je connais à peine. J'aimerai, essayer moi aussi de me perdre dans les bras d'un ailleurs, mais je crois que ce genre de chose-là, ce n'est pas fait pour moi. Même un beau donateur, ou un bénévole, je sais pas faire. J'en ai aucune idée de comment ça fonctionne. Un beau donateur, oui, et j'en ai plusieurs, et même un peu plus avec l'un d'eux, mais même ça, j'arrive pas à passer le pas. C'est peut-être écrit, que je suis obligée de tenir, d'aimer, d'apprécier, avant d'y arriver. Les valeurs trop fortement ancrées. Changement de sujet qui s'impose ; "Je sais rester concentrée si tu me laisse me concentrer, oui !" sors les ingrédients, commence la préparation ; "Si c'est raté, ce sera probablement de ta faute de toute façon." t'aura glissé les mains dans mon dos, ton aura aura été trop forte, tes yeux trop longtemps sur moi. Nomme-le et je trouverai bien une excuse.

Parce que tu vois, j’te connais, mais j’aime à te placer des cornes dans les cheveux. J’aime à te voir, parfois, pire tu ne l’es. Peut-être pour me rassurer. Peut-être parce que c’est plus facile, quand on projette sur l’autre ses propres carences. J’essaye toujours de prévoir tes coups en avance, j’sors le bouclier avant même que tu ne brandisses l’épée. Parfois, surement, t’ai-je blessée dans un mouvement que je voulais défensif. C’est ce que font les gens qui ne savent plus danser. Ils se bousculent, cherchent à mener les pas, sont incapables de s’accorder pour donner un spectacle harmonieux. « Comme d’habitude, c’est toujours de ma faute. » Relevé, un rictus à la bouche. Alors, le corps se calle contre le plan de travail, et te regarde bosser. Enfin, déjà, chercher. « Pour les prochaines questions sur le rangement des éléments : je sais pas. C’est pas moi qui cuisine. » Ca t’surprend pas, hein ? Spencer trouve ma cuisine exécrable, et quand Junon se pointe, elle refuse qu’il se nourrisse de mes essais foireux. Attends, quelques secondes. Courbé en avant, la tête reposant sur cette main, au bout de ce coude appuyé contre le bois. J’te regarde. Toi, tu sais faire.  Maitresse d’un foyer que j’aurais été infoutu de tenir. « Tu devrais venir plus souvent me faire à manger. » Qu’on recommence, tu sais, à s’faire une place dans nos vies. Comme avant qu’on s’aime trop et qu’on se brise.