What if ? -
Chez Raph
09 avril
Pour elle, il n’y a qu’un pas, un infime pas, entre la haine et l’affection, et quand elle ressent son jugement dans la moindre de ses veines, Joséphine frôle la déraison. Elle sait, qu’elle a merdé. Elle a aussi conscience du fait qu’elle n’est pas faite pour avoir un bébé. Elle arrive à peine à s’occuper d’elle sans basculer, alors une autre personne, un bout de sa chair, ça lui semble déjà être un enfer.
« Je vois ça, ouai. » Il crache et pour répliquer, elle se retient. Elle mord la perfidie de sa langue, c’est sur son éternel fil que la rousse tangue.
Alors elle s’explique, de sa façon bancale. Même si l’ampleur de sa bêtise n’a pas d’égale.
« Tu lui fais confiance? Vous vous êtes tous les deux faits dépistés quand c’est devenu exclusif? » Elle ne mentira pas, dans ses nombreux déboires, elle n’a pas tout le temps fait attention, il y a des années même, au départ de sa perdition, elle prenait que peu de précotions, et elle se devrait de remercier un ou deux dieux pour l’avoir épargné de ces maux-là, ceux qui rongent Raphael et qui lui ont fait si peur il y a de ça quelques mois. Mais elle a toujours fini par se faire tester, de force ou de grès. Faute de ses hospitalisations et autres punitions. Et oui, depuis qu’elle sait pour son ami, Joséphine fait on ne peut plus attention. Seulement voilà, pas cette fois.
« Je… Non. » Elle n’a pas les bons mots, elle n’a pas la meilleure des justifications, elle n’a rien, si ce n’est un orage dans le cœur de ses émotions. Elle réalise sa connerie, et combien elle avait été mauvaise avec lui, lorsqu’il lui avait appris. Elle s’en veut, et pas qu’un peu. Mais elle n’est pas du genre à s’excuser, non, sa jolie bouche, ça pourrait l’écorcher. Il y a le bleu de ses yeux qui s’injecte de liquide, telle une petite fille honteuse, piètre pleureuse… Qui force le meilleur ami à passer son bras autour d’elle, à la rapprocher, elle en ravale ses larmes, déboussolée.
« Ça veut dire que je vais peut-être être tonton? » Elle en a un sursaut de rire, incontrôlable et incontrôlé.
« Tu imagines ? » Ce drôle d’avenir qui se dessine. Elle a ce mouvement, que là encore elle ne maîtrise pas. Elle laisse glisser ses doigts sur le bas de son ventre. Fronce les sourcils à l’idée qu’il soit plein, son antre. Pas maternelle pour un sou, elle voit les mois à venir totalement flou.
« Rien que de penser que je pourrais grossir. » C’est égoïste, oui, comme première pensée. Elle ne peut pas s’en empêcher. Complétement tourmentée. Encore une fois, Joey, elle est comme ça. Elle esquisse ce schéma depuis tant d’années, elle est bercée par ses tca. Obsédée par cette perfection, par la maigreur et le nombre de fois qu’elle a vomi tous ses malheurs. Et même si avec une autre personne elle pourrait paraître superficielle, Raphael sait de quoi souffre la belle.
« Me connaissant, » elle amorce en souriant, en essayant,
« je risque de faire un alien mutant. » Un truc qu’elle rejettera, indubitablement.