Appel de Charlie à Reaghan

Charlie mit le téléphone en haut-parleur, elle venait de prendre un vernis bleu roi et commençait à l'appliquer tout en écoutant son amie. « Tout à fait ! Respire un bon coup avant de repartir avec ces complications hein ! Je pense même qu'une après-midi filles te ferait du bien... Tu en penses quoi ? » Elle le demanda avec un petit sourire... Que Reaghan ne pouvait évidemment pas voir. Mais peut-être l'imaginait-elle au ton de la rousse.

Oui, c'est vrai. Tous les deux étaient vraiment très opposés, leurs mondes n'étaient absolument pas les mêmes. Et c'était triste aussi de voir qu'il était si difficile de passer outre ces différences. « Ça ne fait pas si longtemps que vous vous connaissez, il faut dire. Même pas une année. Je ne sais pas si vous parviendrez à vous entendre mais peut-être qu'au bout de quelques années vous réussirez à vous parler plus simplement, qui sait... » Mais après tout, s'ils n'y parvenaient pas... Tant pis, peut-être ? Reaghan et Andy avaient passé des années sans se connaître, ils ne risquaient pas de se manquer s'ils n'arrivaient pas à s'entendre aussi bien que des frères et sœurs tels qu'on se les représentait idéalement.

Entendre la Quincy de vive voix lui dire que ça allait remplit Charlie de joie. Certes, des complications pouvaient survenir plus tard on ne savait jamais, patati patata... Mais pour l'instant ça allait bien ! « Ohhhh super ! Et puis ces petits cachets à la fin tu ne sauras même plus que tu les prendras ! Ça deviendra comme ton verre d'eau ! Du moment que cette greffe te fait bien vivre, c'est le plus important ! » Et ça devait être presque irréel pour Reaghan, d'avoir cette greffe là au bout de tant d'années.

Elle commençait sa deuxième main et se mit alors à repenser à son séjour en Italie. « Ça m'a fait tout bizarre d'y retourner... C'est vraiment différent de l'Amérique. En même temps, ça m'a fait du bien de retrouver cette chaleur italienne et la langue plus vivante que leur fichu accent américain... Rien de mieux que notre anglais britannique hein ! » Enfin Charlie pouvait bien parler d'un "anglais britannique"... Elle avait carrément un anglais gaélique vu son accent ! « Mais je n'avais pas vu mes cousins et cette famille depuis longtemps alors je n'étais pas très à l'aise et toi, Casey, Terence... Vous me manquiez. Cela dit ils sont adorables. C'est juste qu'avec tout ce qu'il s'était passé à Harvard, j'étais un peu perturbée d'être coupée si rapidement de ce que je venais à peine de découvrir. Mais ça fait du bien le soleil et la cuisine italienne, ça y'a pas à dire hein ! Ça vaut tous les plats américains ! Mais j'avoue, j'aurais préféré me trimballer à dos d'éléphant avec toi et Casey... C'est plus exotique. » Tout en disant cela elle eut un éclat de rire (et loupa un ongle).

Confortablement installée sur mon lit, je ne pouvais m'empêcher de sourire. « Une après-midi entre filles me tente! Dis moi quand et je serais là. En plus, j'ai des tas de cadeaux pour toi. » Je n'avais pu m'empêcher d'acheter des cadeaux pour tout le monde. En plus, je savais que Charlie regrettait de ne pas être venue avec moi. Je retirais ensuite l'élastique que j'avais dans les cheveux, détachant ces derniers pour les laisser tomber sur mes épaules. Puis quand Charlie aborda mes relations avec Andy, je soupirais un peu avant de hocher doucement de la tête. « Oui tu as sûrement raison. Je dois laisser le temps faire son travail.. Mais je suis contente de passer du temps avec lui. C'est vrai qu'il y a six mois, on ne se connaissait pas encore. Mais j'ai l'impression que je ne pourrais pas le faire sortir de ma vie. » C'était étrange mais Andy était mon frère et à présent, il faisait parti de ma vie. « Oui je vais finir par m'y habituer à ces cachets. » Mon sourire s'estompa en parlant de ça et je ne pouvais m'empêcher de dire: « ...Je suis contente d'avoir eu cette greffe. Mais en même temps, je pense aux autres, à Casey. » Charlie était la cousine de Cas' et elle était au courant pour sa leucémie. « C'est injuste et ça me mets mal à l'aise d'avoir pu être soigné et pas lui. » Parfois, je vivais mal cette greffe. Le médecin m'avait dit que ça pourrait arriver et m'avait conseillé de voir un psychologue mais à ce moment là, je n'avais pas trop compris l'utilité. Maintenant si... je me sentais coupable et je n'avais même pas pu aborder le sujet avec lui. Puis je quittais ces sombres pensées quand Charlie reprit la parole. Et je ne pouvais m'empêcher de sourire à ces propos. J'étais bien d'accord avec elle. On me faisait toujours la remarque sur mon accent anglais. Mais je l'aimais. Alors je n'allais pas faire attention à ma façon de parler pour leur faire plaisir. « Tu as tout à fait raison! Rien ne vaut nos accents. » Je souriais un peu plus. « Roooh je sais ma biche que tu aurais voulu venir avec nous. Bah si tu veux le week-end prochain, on va à Boston, on fera un tour au Zoo. Et avec un peu de chance, l'un des employés nous autorisera à approcher les pachydermes. » Là je ne pouvais pas m'empêcher de rire. Même si je devais avouer que Charlie m'avait vraiment manqué en Thaïlande.

En train de farfouiller dans ses affaires pour chercher son dissolvant tout en essayant de ne pas faire tomber son téléphone - et ne pas ruiner le reste de son vernis pas encore sec - Charlie marchait sur un fil. Mais c'était son quotidien, elle vivait dans un désordre permanent et finissait toujours par s'y retrouver. « Samedi de ce week-end ? Ou même jeudi si tu peux je crois que je n'ai rien ! Ohhhhh ! Des cadeaux ! Mais faut que t'arrêtes d'être trop adorable, je t'ai déjà dit que tu avais déjà un physique d'ange, faut pas en rajouter non plus oh, après je vais avoir le rôle de la vieille sorcière - rousse en plus, je suis bel et bien signée par le Diable - et folle à tes côtés ! » Elle plaisantait bien sûr, que Reaghan soit aussi adorable était plus une énooooooorme qualité qu'un défaut nuisible aux yeux de la Lowell. Si en plus cette qualité faisait que la jeune Londonienne lui ramenait des cadeaux de contrées loiiintaines et inconnues (comme les pays féériques, rajoutait-elle) elle n'allait pas le lui reprocher !
Au moment même où la Quincy hochait la tête à l'autre bout du fil, Charlie venait de trouver son dissolvant. Le coton, désormais ! « Si les choses s'améliorent petit à petit entre vous, c'est plutôt une bonne chose qu'il ne parte pas de ta vie non ? Tu vas avoir un grand frèèèèèère ! Que tu pourras réprimander et taquiner à loisirs, je te le conseille, ça aide à développer l'amouuur fraternel vois-tu ! En plus, tu es certes plus jeune, mais de mon étriqué point de vue mais assurément très objectif, tu es bien plus mature que ce damoiseau et il va en avoir des choses à apprendre de toi ! Comme la sympathie, ne pas voler les photos des gens dans leurs sacs, tout ça... » Si elle ne se trompait pas, c'était bien ce qu'il avait fait lors de leur première rencontre n'est-ce pas ? Quelle audace ! De l'extérieur, il avait vraiment un comportement presque méprisable. Mais elle ne le connaissait pas et ne pouvait se permettre de le blâmer de la sorte. Et si Charlie ne connaissait pas Andy, elle connaissait Reaghan et savait combien cette jeune femme était géniale. Elle n'était pas difficile à vivre, ils s'entendraient forcément au bout d'un moment ! Elle était convaincue que des petites plaisanteries, ça renforçait les liens. Même si visiblement cela n'avait pas suffi à sauver sa propre relation avec son aîné. Mais c'étaient de toutes autres circonstances.
« Reany. Tu ne vas pas culpabiliser tout de même ? En plus, le fait que tu aies eu cette greffe, ça ne fait qu'améliorer toute la machine des soins, ça ne fait que rendre plus possible de nouvelles greffes ! Plus les médecins parviennent à sauver des vies grâce à cette opération, mieux ils sauront la faire, plus ils pourront la faire car il y aura plus de moyens développés pour, plus de sûreté, de confiance ! Tu contribues à l'avancée de ces oins, grâce à toi d'autres gens seront soignés ! Casey aura le droit à sa greffe lui aussi. Tout de même, on ne va pas laisser ce beauuu Winthrop sans greffe, ça crèverait des cœurs, il est obligé d'en avoir une sinon il sera un assassin post-mortem ! » Charlie partait certes dans ses délires, mais elle n'était pas non plus exempte de raison. Même si évidemment elle idéalisait sûrement : certes la méthode de la greffe gagnerait en assurance... Mais encore fallait-il qu'il y ait des greffes de possibles. D'ailleurs... En tant que cousine de Casey, y avait-il une quelconque chance qu'elle soit compatible avec lui ? Elle irait se renseigner. (Et en parler à Casey aussi, ce serait mieux.)

Armée de son dissolvant, de son coton, du téléphone, elle rejoignit son lit et éclata de rire aux derniers mots de son amie. « Oh ouiii les pachydeeeermes ! Bien sûr qu'ils voudront. Tu balanceras ta chevelure d'ange innocemment, je ferai des yeux de chat potté, on aura toutes les deux un sourire plein de douceur et puis le reste... Le charme exotique de notre accent le fera pour nous ! Et hop, en route pour les éléphaaants ! » Facile !

« Va pour jeudi alors, je pourrais me libérer en début de soirée. » J'avais trop envie de revoir Charlie. Elle m'avait vraiment manqué et j'avais une envie folle de bavarder avec elle pendant toute une soirée. Je ne pouvais m'empêcher de sourire aux paroles de la rouquine. « Mais c'est pour ça que je t'aime, t'es une folle diablesse. Ça fait le pendant avec moi qui jsuis un ange blond. » Puis je ne pouvais qu’acquiescer de la tête aux mots de l'irlandaise. Elle avait raison et je le savais. Seulement parfois, je me désespérais à me trouver des points communs avec Andy. Mais c'était surement normal. Nous avions été élevés dans deux mondes totalement différents. Mais il restait mon frère et je l'aimais alors je pouvais faire preuve de patience. « Oui peut-être que j'aurais une bonne influence sur lui. Qui sait... Mais oui j'ai envie de le connaître. Alors nous allons prendre le temps qu'il faut pour ça. » J'y croyais. Maintenant que je n'étais plus pressée par la maladie, je pouvais prendre le temps de le découvrir. Puis mon sourire s'estompa quand Charlie aborda ma greffe. Je ne savais plus où j'en étais à ce niveau. Je ne savais même plus si j'étais heureuse d'être greffée... surement que si dans un sens, mais dans l'autre, cela me rappelait combien de greffes ne fonctionnaient pas et combien de malades allaient mourir faute de donneur... Je savais que Charlie tentait de me rassurait et pour ne pas lui faire de la peine, je marchais dans ses explications. « J'espère aussi... J'irais faire un test de compatibilité dès demain. » Même si je savais qu'il y avait une forte probabilité pour que cela ne fonctionne pas. Parce que je n'étais pas de sa famille, et que les chances de ce point de vue, étaient minces. Peut-être serais-je compatible avec une autre personne... « Mais ne lui dis rien... » Inutile de lui dire pourquoi. Puis la conversation dévia sur un sujet plus joyeux. Je faisais un effort pour chasser ces sombres pensées. Un léger rire s'échappa de mes lèvres. « Le charme exotique, j'adore quand tu dis ça. D'ailleurs en parlant de voyage. Après le bal de fin d'année tu rentres en Europe? Parce que je me disais que ce serait bien de se faire un road trip. On en avait parlé y'a un bail alors il faudrait y remédier et puis, ça fait un moment que je n'ai pas vu ma famille de Galway. Qu'en dis-tu? »

Charlie sourit à la réponse positive de son amie, elle avait hâte de la revoir, ça faisait vraiment très longtemps ! « Super ! L'ange et la diablesse vont animer Cambridge jeudi héhé ! » plaisanta-t-elle. « Vous allez parvenir à vous apprivoiser, j'en suis sûre ! » affirma-t-elle, convaincue qu'avec du temps ils finiraient bien par au moins s'entendre. Et puis, Andy avait sûrement des passions autres qu'être le caïd de Harvard, Reaghan et lui pourraient peut-être échanger leurs goûts, se faire découvrir des choses...
Elle hocha la tête. « Non bien sûr, je ne le lui dirai rien. Tu me tiendras au courant du résultat hein ? C'est une bonne chose de le faire... Même si c'est négatif... Il n'y aura pas d'indécision. » Elle hésita puis demanda : « Tu crois que, étant sa cousine, il y ait des chances pour que je sois compatible ? J'ai peur... J'ai peur qu'il le prenne mal, si jamais... C'est stupide je sais mais... On ne s'est pas vus depuis l'enfance après tout et je me dis... Peut-être qu'il aurait l'impression que je suis trop intrusive et que je me mêle de ce qui ne le regarde pas... » Elle était intrusive, cela dit, c'était un fait. Mais pour une fois, ça l'inquiétait. Casey n'apprécierait peut-être pas qu'elle se mêle de sa vie comme ça après toutes ces années ?
La suite de la discussion illumina la rousse. « C'est une super idée ça ! Je ne pensais pas rentrer, je suppose qu'on serait resté là avec mon père. Je ne suis plus allée en Irlande depuis mon départ en fait, et encore moins à Londres, mes grands-parents ne m'accueilleraient pour rien au monde. Mais un voyage aux sources avec toi... Je signe tout de suite ma veille ! Tu voudrais partir aussitôt après le bal ? Je suis disponible n'importe quand en tout cas. » Un tel projet enthousiasmait la Lowell. L'Irlande lui manquait. L'Europe lui manquait, en fait. Sa culture. (Leur accent aussi, zut !) La nourriture... Qu'est-ce que c'était dur de manger américain ! Elle ne pouvait pas rêver mieux que d'avoir Reaghan à ses côtes. Sans la Quincy, Charlie n'aurait sûrement jamais voulu, ou n'aurait pas eu le courage du moins.

J’acquiesçais la tête aux paroles de Charlie. « Oui j'en suis certaine.» Je ne doutais pas d'arriver un jour à avoir une véritable relation de frère et sœur avec Andy. C'était tout nouveau pour tous les deux. Et je crois qu'il nous fallait un peu de temps. Ce qui était normal en fin de compte. On ne se connaissait que depuis quelques mois. Puis quand elle parla de Casey, je répondais: « Je connais Casey assez bien pour être certaine qu'il sera très touché par ton geste. Au contraire. Il faut qu'on lui montre qu'on est présent pour lui. Il a besoin de nous, des gens qui l'aiment.» Je ne voulais pas que Casey perd espoir. Je crois que c'était le pire qui pouvait se passer. Il devait aller de l'avant et il avait besoin d'être encouragé, épaulé par ceux qui l'aiment. Je souriais ensuite un peu plus quand Charlie se montra partante pour un petit voyage rien que toutes les deux. « Super! Et cette fois-ci, tu dors à la maison. Ma mère aurait envie de te revoir. Et puis comme ça, tu pourras revoir tes grands parents.» Puis quand elle parla du bal, mon sourire s'estompa un peu. « Je n'assiste pas au bal, Charlie. Je rentre à Londres en début de semaine. Mais on pourra se retrouver là-bas?»

« Moi aussi ! » renchérit Charlie, vraiment persuadée qu'un jour, ça irait mieux entre eux deux. Les paroles de la Quincy à propos de Casey rassurèrent la rousse. Elle irait certainement faire un test, il faudrait qu'elle aille voir Casey avant pour lui en parler quand même - en plus, ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. « Oui c'est vrai, ça ne peut qu'être bénéfique, il verra qu'on ne l'abandonne pas comme ça. » Elle avait peur pour son cousin, mais en grande optimiste, Charlie avait aussi beaucoup d'espoirs surtout depuis que Reagh' était soignée. Si c'était arrivée à son amie, pourquoi pas à Casey ? Et cela, peu importait l'avis des médecins. Elle y croirait quoiqu'ils disent, jusqu'au bout, tout était possible.
« Ohhh avec plaisir si tu m'accueilles ma belle ! Je serais heureuse de revoir ta mère en plus, elle était vraiment adorable à chaque fois que je venais vous embêter ! » plaisanta l'Irlandaise. Passer quelques jours chez Reagh', il n'y avait rien de plus enthousiasmant. C'était un peu renouer avec leur enfance, d'un côté. Cela dit... Elle n'était pas sûre qu'elle irait voir ses grands-parents. Elle n'était pas sûre qu'eux aient envie de la voir tout court, en fait. Ils devaient plutôt être heureux de s'être débarassés de la mauvaise branche des Lestwood. « Oh d'accord... C'est à cause de Jasper ? » D'un côté, elle ne voulait pas gêner son amie en lui posant cette question (et puis elle se gourrait peut-être totalement) mais d'un autre, elle craignait que ce garçon soit la cause de l'absence de son amie au bal et elle ne voulait pas qu'il l'indispose ainsi. Cela dit, elle-même avait manqué le bal certains années et ça ne lui avait pas manqué. « Mais bien sûr qu'on pourra s'y retrouver ! Si j'arrive disons... Deux-trois jours après le bal, le temps de préparer des affaires et boucler des trucs ici, ça t'irait ? »

J'étais tout à fait d'accord avec Charlie. La guérison d'un malade dépendait également beaucoup de son environnement affectif. J'allais être présente pour lui tout comme tous ses amis. Nous serons là pour l'épauler. Il n'avait pas à en douter. « Exactement. Il devra encore nous supporter longtemps, le pauvre Casey.» J'esquissais un leger sourire. J'étais passée par là. Je ne voulais pas me laisser abattre et hors de question que Casey le fasse. J'allais y veiller. Puis je ne pouvais m'empêcher de sourire un peu plus aux propos de la rouquine. « Ma mère t'adore, tout comme Carl. Même si jcrois que ça fait un peu trop de filles autour de lui.» En même temps, comme mon beau père était pompier et donc travaillait dans un environnement quasiment que masculin, ça compensait le fait, qu'à la maison, il était en minorité. Puis à la question suivante de Charlie, mon sourire s'estompa. Le bal, grand sujet. « Non pas vraiment... Enfin, au début je voulais y aller. Les bal de fin d'années, je ne voyais ça qu'à la tv et je voulais donc voir de quoi ça avait l'air. Je pensais que ça pourrait être marrant. Mais j'ai appris qu'il y allait avec une autre fille... Et je ne voulais pas passer ma soirée à l'éviter ou à regarder tout autour de moi pour être sûr de ne pas le voir avec une autre.» Oui c'était peut-être idiot mais je crois que je n'étais pas encore prête à le voir avec une autre. J'avais besoin de temps. « Mais bon, tu sais, c'est un truc pour les ricains ça en fin de compte... Et puis il y en aura d'autres de bal de fin d'année. Ce n'est pas très important.» C'était ma première année à Harvard. J'allais y rester au minimum quatre ans, alors j'allais pouvoir assister à d'autres bals, j'en étais persuadée. Puis à la proposition de la Lowell, j’acquiesçais de la tête. « Non non c'est parfait. Je serais déjà sur Londres, je viendrais te chercher à Heathrow si tu veux ♥".»

Violet eut un sourire à la réplique de son amie. Tout à fait... Casey devrait les supporter ! Et longtemps. Le plus longtemps possible. « Oh oui, il pourra toujours rêver pour qu'on lui lâche les basques ! » Elle avait souri légèrement à l'autre bout du fil, une grimace de réconfort, d'espoir. « Mais ça va lui faire du bien ! Je suis sûre qu'il ne pourra plus se passer de nous après, il va râler sur le dos de ses collègues ! » Cha' comprenait, vu les circonstances, que la Quincy n'y aille pas. Et effectivement ce n'était pas un évènement si important et l'année prochaine en verrait un autre. La Lowell ne savait pas encore si elle y allait, pour l'instant elle n'avait pas de cavalier -cette détestable manie des cavaliers- mais elle ne s'inquiétait pas plus que ça de ce bal. « Tu as raison de rentrer à Londres alors... Passer ta soirée à l'éviter, ce n'est pas exactement profiter du bal... Tu seras bien mieux chez toi ! Puis bon, comme tu dis... Le bal c'est pas l'évènement du siècle non plus, le rater c'est pas louper sa vie. » Tout le monde ne serait pas de cet avis, certains étudiants considérants le bal de fin d'année comme le truc à ne pas manquer mais, franchement... Être avec des centaines d'inconnus pour manger et souvent s'ennuyer, est-ce que c'était réellement le plus moment de l'année ? « Génial ! J'irai regarder les billets d'avion et je te préviendrai dès que j'ai les horaires ! ». Ça, ça, oui, c'était un beau moment ! Ça, ça valait tous les bals de fin d'année d'Amérique !

Je souriais aux paroles de Charlie. J'imaginais bien Carl ronchonner dans son coin comme il le fait parfois quand maman et moi se mettons sur son dos pour obtenir quelque chose. Il râle souvent mais il finit toujours par céder. Puis, il ne peut rien nous refuser. « Je suis sure qu'il va adorait de nous avoir toutes les deux sur son dos.» Puis quand la conversation tourna à nouveau sur le bal, je hochais doucement de la tête. « Oui je suis sûre qu'il va y avoir des embrouilles en plus, vu les tensions qu'il y a entre les Eliots et les Mathers, c'est fort probable.» Je ne doutais pas que les deux maisons allaient tenter de se faire des coups foireux, c'était bien leur spécialité. « OK, on fait comme ça. Tu me phones dès que tu as ton heure d'arrivée et je viendrais t'accueillir ♥»