OSCAR/SOFIA ❝ I can ask you something ? ❞

En toute sincérité, il me confirmait que ce type était dangereux. Je préférais le savoir plutôt que d’avoir la surprise en le découvrant. Au moins, je savais à quoi m’attendre. Je savais que je devais rester méfiante. Enfin de toute façon, tous les dealers sont potentiellement dangereux. Le fournisseur en question pointait enfin le bout de son nez et je fourrais une de mes mains dans mes poches. J’avais le taser à l’intérieur. Le fait de l’avoir et surtout d’avoir Oscar à mes côtés me rassurait un peu. A la remarque de l’homme, je sentais Oscar attraper ma taille, dans un geste protecteur. Geste qui décrocha un sourire à l’abruti qui nous faisait face. Mais bon, c’était un abruti qui allait me procurer ce dont j’avais besoin. Puis, je laissais Oscar me repousser vers l’arrière pour faire face au dealer – « Ouais, ouais, calme toi ! Je l’ai ta came… depuis quand tu carbures à ce truc ? Non, ce n’est pas pour toi, c’est pour la princesse, c’est ça ? » - Dit t-il en jetant un regard vers moi. Je suppose que le surnom "princesse" venait du fait que j'étais loin d'avoir le look d'une junkie. Les femmes a qui il devait avoir à faire en général devaient être... différentes disons – « Qu’est-ce qu’une fille comme toi fou avec ce type ? » - Quel imbécile provocateur. Je pris le risque de m’approcher – « Assez de blabla, montres-nous la marchandise ! » - Je ne savais pas trop si c’était comme ça qu’on disait. Après tout, c’était bien la première fois que j’étais dans cette situation – « Du calme, princesse, du calme. » - Répliqua t-il avec un petit rire. Puis, il sorti plusieurs tubes de Bromazépam avant d’annoncer ces prix selon la quantité.

Malgré cette situation douteuse, j'essayais de rester stoïque. C'était étrange, mais le fait d'être accompagné me rendait nerveux. Mais certainement également car cette fois ce n'était pas moi qui achetait. Je ne m'étais jamais trouvé dans cet ordre des choses, et je dois admettre que toute cette configuration me mettait assez mal à l'aise. Je découvrais qu'une de mes proches amies était en proie à une addiction qui n'était pas aussi saine que celle du chocolat, je me trouvais en face d'un dealeur que je n'aurais jamais voulu revoir... Je serrais les poings et les dents. Sa voix me vrillait le cerveau. Je ne savais comment réagir à ces attaques. Tout ce que je pouvais faire était lui jeter des regards noirs en attendant que Sofia ait fini sa transaction. Je ne pus tout de même m'empêcher de lui répondre. Que moi je sois en bonne compagnie n'est pas très étonnant. Par contre, dans ton cas, cela m'aurait étonné. Je ne décrochais pas mon regard de son étrange mine, il ne le fallait pas. Baisser les yeux, c'est perdre. J'observais Sofia, qui n'était pas très éloignée de lui. J'avais un affreux pressentiment qui persistait, je sentais que quelque chose de fâcheux allait arriver. Le dealeur étalait sa marchandise sous les grands yeux bleus de la jeune fille, pendant que je m'approchais doucement d'eux. Je ne voulais pas rester en arrière, non je ne le voulais pas. Je désirais être prêt à réagir au cas où quelque chose se produirait. Bon alors princesse t'aboule le fric ? J'ai pas toute la nuit. A moins que tu veuilles pas v'nir avec moi plutôt que traîner avec c'looser... Cette phrase me crispa d'autant plus, sans compter qu'elle était accompagnée d'un léger déhanché, tandis qu'il se rapprochait de Sofia. J'étais maintenant à leur niveau, légèrement derrière la jeune fille aux grands yeux bleus. Je sentais que ça allait dégénérer, sans compter que je voyais le manche de son couteau qui dépassait de sa poche. Je lançais un regard inquiet vers Sofia. Dépêchons-nous., lui murmurais-je.

Non mais franchement, ce type, le dealer était un véritable crétin. Je n’aimais pas sa manière de nous parler, de me regarder. Il me dégoûtait et j’étais bien heureuse de ne pas pouvoir entendre ses pensées, parce qu’elles ne devaient pas être très… saines. Le dealer m’avait présenté la marchandise et s’impatientait pour que je paie. Je baissais les yeux un instant et c’est à ce moment là que je repérais ce qui semblait être le manche d’un couteau. Cela me rappelait de mauvais souvenir. Je revoyais encore le type qui m’avait agressé me menacer d’un couteau, me dire de ne pas bouger, poser ses sales pattes sur moi. Je pouvais même encore sentir la froideur de la lame du couteau contre mon cou. Un frisson me parcourait tout le corps à cette pensée. J’entendais Oscar murmurer à mon oreille qu’il fallait qu’on se dépêche, il me ramenait à la réalité. Je hochais la tête en signe d’approbation. Oui, je n’avais pas envie de passer une minute de plus en compagnie du dealer. Je fourrais mes mains dans mes poches et y dénichais des billets afin de payer la marchandise. J’attrapais les boites de comprimés tandis-ce qu’il saisissait les billets avant de les compter. Je n’allais pas l’arnaquer. Le compte y était. Loin de moi l’envie de m’attirer des ennuis. Je rangeais les tubes de médocs dans la poche de mon blouson et posais mon regard sur le dealer – « Merci pour la rapidité du… service. Au revoir. » - Lançais-je froidement. Je ne suis pas froide habituellement, mais avec lui, valait mieux l’être. J’avais hâte qu’il s’éloigne de nous, parce que sa présence me rendait nerveuse. Il était réellement effrayant – « Si tu as besoin de quoi que ce soit, Princesse, tu sais qui appeler. » - Il sourit avec son air malsain et tournait les talons. Je lançais un regard à Oscar et murmurais : « J’ai cru qu’il s’en irait jamais. »