Mikail † Wounds no one can see

Obstiné en action, tu ne lâcheras pas l’affaire. Pour une raison que j’ignore, ton dévolu s’est jeté sur ma personne. La chose est suffisamment rare pour que j’en sois flattée, bien qu’aucune envie ne me prenne d’y céder. Contrairement à mes lieux, je n’ai rien de volage, je nourris obstinément des flammes plus romantiques. « Ici, c’est un défi impossible. » Sourire qui se dévoile de mes lippes de gamine, laisse entre-apercevoir des crocs plus carnassiers. « Effectivement, les clients sont triés sur le volet. » Ni trop blancs, ni trop obscurs, juste suffisamment noircis pour s’épanouir dans mes lieux de débauche. Et puisque tu m’as été recommandé par le polonais, aucune raison de t’interdire l’accès au paradis. « Suis-moi. » Main qui se glisse sous l’avant-bras masculin, en apprécie la musculature avant de l’entraîner dans les plus hautes sphères. Ici mes alliées s’exécutent lascives, déploient leurs charmes pour enivrer les errants, des plus exotiques aux plus classiques, des plus sages aux plus colériques, des plus féminines, jusqu’aux hommes. « Tu les aimes comment ? » Histoire de prendre la mesure du portrait que tu imagines de ma personne.

Si on lui demandait pourquoi appréciait-il autant la jolie jeune femme, il ne saurait répondre. Il y a des fois où l’attirance est plus forte que la raison. Bon, il faut dire qu’il n’est pas si compliqué que ça notre Mikhail. Si la fille est jolie, ça lui convient. Bien qu’il ait un penchant pour les brunes. La jeune femme ne rentrait pas forcément dans tous ses critères, et pourtant, il avait envie d’elle, tout simplement. “Nous pouvons aller ailleurs si le seul problème est le lieu.” Oui, il ne perdait aucune occasion. Et pour autant, il ne rentrait pas dans la catégorie des lourds. Il tentait mais ce n’est pas pour autant qu’il en était lourd à vouloir s’en débarrasser au plus vite. La preuve en est qu’elle continua tout de même à vouloir lui trouver une fille, tout en s’accrochant à son avant-bras. S’il avait été lourd, elle n’aurait pas tenté ce genre d’approche. Il posa son autre main sur la sienne, pour lui montrer qu’il appréciait ce contact. Tout en lui répondant. “Mhh. Je les aime bien, discrètes, simples... mais avec un fond très coquin tout de même.” Bien qu’il fût quasi improbable de trouver une femme avec un balai dans le cul en ce lieu. Il n’aimait tout de même pas la provocation. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait flashé sur la jeune femme : elle devait s’être démarqué de la sorte des autres femmes.

Tu es tenace sans pour autant t’obstiner plus que de raison. Ce principe m’arrache un petit sourire. J’aime les personnes qui savent ce qu’elles veulent mais qui peuvent tout de même raison garder. « Le lieu n’est pas le seul problème. » Je ne donne pas mon corps seul, je l’offre avec le cœur et voyez vous ici, le cœur est déjà pris. « Mais je suis certaine qu’on va trouver ton bonheur. » Quelques filles s’exposent sous nos yeux, certains plus lascives, d’autres plus discrètes. « Il y en a pour tous les goûts, nous avons des intrépides, et puis des ingénues, des fortes têtes et des plus discrètes. » Évidemment, certaines filles étaient plus à mon image. Nous nous efforcions de ne pas trop nourrir les stéréotypes sur les escorts, mais de trouver des filles marginales mais aussi bien plus « ordinaires ». Les femmes aimaient tout autant l’une que l’autre. « Tu connais Albus depuis longtemps ? » Curiosité qui vient s’égarer malicieusement. Cet homme savait faire preuve de mystères mais j’avais toujours pu compter sur lui, alors bien que tu sois un peu effronté, ma confiance s’allait à la sienne, naturellement.

Mikhail ne se serait jamais imaginé dans un endroit tel que celui-ci. Et pourtant, il y était bien. A la recherche d’une femme pour un temps limité. Evidemment, il avait dû craquer pour la propriétaire des lieux. Et le fait qu’elle ne soit pas comme toutes ses employées, lui plut davantage. Elle possédait un bordel et pourtant elle ne semblait pas faire partie du même monde. Cela le perturba mais il apprécia l’étrangeté de la situation davantage. Il haussa les épaules lorsqu’elle lui dit que le lieu n’était pas le seul problème. Il comprit alors qu’il n’allait pas pouvoir l’avoir aussi facilement et décida de lâcher l’affaire. Pour ce soir. Il regarda tout autour de lui, à la recherche d’un autre coup de cœur. Cette fois-ci, il ne pourrait pas tomber sous le charme de la propriétaire car il était en sa présence. “Non pas spécialement.” Répondit-il assez sèchement, n’étant pas du genre à vouloir parler de lui ou de son entourage. Il savait qu’elle pouvait très bien le comprendre : après tout, les clients se veulent plutôt discrets en venant ici, non ? Il ne déroge pas à la règle. “C’est le même prix pour toutes ?” Termina-t-il par demander, afin de lui montrer qu’il était là pour une seule chose. Même s’il était sous son charme, il n’allait pas se mettre à lui raconter toute sa vie. D’ailleurs, sa question eut comme effet de le refroidir un peu. Du moins, il ne souhaitait plus qu’une seule chose : trouver une fille et quitter la propriétaire.

Attitude qui change d’un coup, tu n’as sans doute pas apprécié mon refus, mais je ne suis pas ce genre de femmes dont la compagnie s’approprie facilement et de façon éphémère. Je suis entière, tenace, passionnée, désespérément romantique pour un monde qui ne l’est plus. Je ne dénigre pas pour autant mes employées qui monnaient le prix de leurs compagnies chaque soir. Non quelque part, je les admire car elles ont su faire de leur condition une force quand moi, je peux simplement admettre ma faiblesse. « D’accord. » dis-je avec un petit sourire amusé par ta froideur. Machinalement, mon regard parcourt les filles qui dévoilent plus ou moins leurs charmes. Puisque je t’ai éconduit, tu sembles pressé de passer à autre chose et je ne peux pas t’en vouloir. « Non le tarif est unique pour toutes, c’est le temps passé en leur compagnie qui change le prix. » Je ne me vois pas accorder plus de valeur à une escort qu’à une autre, ici, elles se doivent d’accepter mes conditions. « Je te laisse aller à leur rencontre alors. » Puisque ma compagnie n’est plus autant désirée, je le respecte simplement, chaque client tenant à sa discrétion. Le temps changera les choses entre nous peut-être. « Je te laisse en bonne compagnie, bonne soirée. » Ma main passe sur ton avant-bras et repose quelques instants sur ton épaule avant de tout simplement disparaître comme une ombre.