FORT MINABLES FORMIDABLES. |
@Rebecca Walsh
La plupart des personnes dans ce bas monde, fêtent leur anniversaire, mais ce n’est plus mon cas depuis des années, depuis mon départ de New York, en réalité. Je n’avais plus de raison de le fêter, ce foutu jour de ma naissance. J’étais seul, sans parent, puisque j’avais renié ma mère depuis peu est que mon vieux avait été tué, alors à quoi bon le fêter, ce soit disant grand jour ? Quelque part, je suis un bâtard puisque je ne connais pas mon géniteur et bien que ce soit de mon fait, je me sens ainsi. Fils d’un inconnu, d’une traîtresse que je pensais connaître et élevé par un homme qui savait pertinemment que je n’étais pas son enfant.
« Pourquoi tu veux m’le souhaiter, fêter, hm ? » J’interroge Rebecca parce qu’étrangement, c’est incompréhensible pour moi, bien que je m’essaye à la comprendre.
« Ça compte plus, pour moi, c’te jour. » Je continue pour dévorer ce qui se trouve dans l’assiette qu’elle m’a préparée, Rebecca, alors que je ne m’attendais pas à sa visite.
« Faut que j’me méfie. » Je réponds à ses mots pour plisser mes yeux.
« Tu vas finir par m’connaître mieux que moi-même. » Un fin sourire s’inscrit sur mon visage mutin, parce que cette idée ne me révolte pas, étrangement, mais m’amuse, à la vérité. Qu’on essaye de me comprendre, de me connaître, il faut en avoir réellement envie et être accroché. Car je suis insupportable, grognon, gueulard, mais aussi lunatique et borné. Ouais, je ne me trouve que des défauts, toujours, et ça ne changera jamais. Ne prononçant rien à ce propos puisque je dîne, que je déguste son superbe repas qu’elle m’a apporté, je termine de reprendre la parole, mais uniquement afin de lui faire savoir à quel point j’aime ce qu’elle cuisine. Est-ce qu’elle sait qu’elle a un don, dans ce domaine ? C’est mon avis, sincère, bien que je me doute que je ne sois pas des plus objectifs. Mon ventre crie famine, je ne fais jamais de réels repas, alors une telle assiette, c’est un véritable festin ! Seulement, à ses mots, mon enthousiasme se dissipe, puisque je termine de comprendre la raison pour laquelle elle pense que j’ai pu lui en vouloir et immédiatement, je lui annonce que je n’ai pas envie d’évoquer le sujet de nos textos.
« Voilà. N’en parlons plus. » Je murmure presque en fixant le contenu de mon assiette, avant qu’elle ne nous sorte de cet instant où je me sens assez mal à l’aise afin que nous trinquions, ce que je fais avec plaisir.
« À notre nouvelle amitié, ouaip ! » Je m’exclame, tout en m’essayant à sourire, avec maladresse, j’crois. Mais Rebecca sait rebondir, puis aussi m’amuser, me faire rire, car c’est dans un éclat que je commence à m’esclaffer, à ses mots. Je me moque joyeusement de ma toute nouvelle amie qui me demande d’arrêter, tout en m’offrant un coup d’épaule.
« J’y peux rien ! » Je continue, bien que je m’essaye à m’arrêter, l’une de mes mains se trouvant positionner sur mon ventre et je m’excuse à de nombreuses reprises, avant de m’expliquer.
« Ah ouais ? » Je l’interroge, mon regard trouvant le sien.
« T’aurais pas dit con ? » Je continue et elle s’explique pour me faire rire, encore.
« ‘Xcuse-moi. » Je reprends avant de prononcer :
« C’est ce que j’veux insuffler, alors c’est parfait. » Un sourire victorieux gagne mon visage.
« Le "je m’en foutisme", j’en suis assez fier. » J’ajoute, sans doute dans un mécanisme de défense, comme pour assurer que je le suis
« con », à Rebecca, lorsque je pense à lui, mon vieux, celui qui était et restera mon père à mes yeux. Le vrai, le seul et l’unique, puisqu’il m’a élevé, aimé, malgré la terrible vérité qu’il a connu alors même que je me trouvais toujours dans le ventre de celle que j’ai renié. Mon regard se perdant au-delà de tout, je me confie à Rebecca sans savoir le
« pourquoi ». Est-ce que je lui fais confiance, sans même le savoir ou plutôt sans me l’avouer ? Peut-être qu’elle m’en inspire et que je l’ignore ou que je désire l’ignorer. Le truc, c’est que je m’en moque sur le moment et puis je parle, sans m’arrêter ni même répondre à ses quelques mots qu’elle prononce lorsque j’impose des blancs.
« Ouais, peut-être. » Je me contente de murmurer, mon regard emplit de larmes, je crois. Je ne réalise pas dans l’immédiat que sa main se trouve à presser la mienne jusqu’à ce que mes yeux se posent dessus.
« T’as raison. Y’a des gosses qui se font adopter, tous les jours. » J’en hausse des épaules en m’essayant à m’éloigner de ce sujet, puisque je parle d’autres enfants et que je ne fais pas référence à moi. Pensif à ce propos, malgré tout, je presse sa main, la garde dans la mienne parce que je ne veux pas que l’on rompe ce contact, étrangement.
« J’m'y essaye en tout cas. » Un fin sourire s’étire sur mon visage, mais il ne reflète que ma peine, celle de l’avoir perdu.
« J’serais jamais comme lui. » Parce que je ne suis pas son fils, que je ne possède pas son ADN alors il sera toujours bien meilleur que moi, j’en suis persuadé.
« Quoi ? » Je murmure finalement alors que nos regards se retrouvent, sa main tenant la mienne ayant trouvé mon visage, à présent.
« Heu… Ouais. » Je me contente de prononcer, pour cligner des yeux à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle se dérobe, Rebecca et retire sa main avec vitesse, ce qui me fait comprendre qu’elle se trouve gêner par mon geste.
« Je… J’vais essayer. » Je termine à ce propos pour passer ma main libre dans ma chevelure et la mettre en désordre, comme chaque fois que je suis mal à l’aise.
« Si on mangeait les friandises, là, que t’as apporté ? » Je demande afin de changer de sujet de conversation, puis aussi pour que l’on cesse de se sentir aussi con d’avoir été si proches, durant l’espace d’un instant.
« Tu sais que j’déteste me rendre chez le dentiste, là ? » J’en cherche un, du regard, qui pourrait me plaire.
« J’me brosse furieusement les dents, chez-moi, durant genre, cinq minutes. » Je continue, lorsque j’en trouve un avec du caramel, mon péché mignon.
« M’enfin, en buvant du café, en fumant, buvant de la bière, de l’alcool, faut bien que j’m’y rende pour garder des dents impeccables. » Est-ce que c’est intéressant, comme sujet de conversation ? Absolument pas, seulement, j’me sens bien moins gêné et j’me focalise sur les friandises, les sucreries, que je dévore du regard et bientôt, que je dévorais tout court, puisque je meurs toujours de faim, étant donné que je n’écoute que très peu mon ventre, mes envies, d’habitude alors que je le fais ce soir grâce à Rebecca.
:copyright: lumos solem.