Vendredi 15 Janvier. 05:40 pm
Boston. De retour sur place depuis moins d’une journée et l’Enfer venait déjà s’abattre sur mon être. Les messages vocaux de Nixon et de Lukas m’avaient fait comprendre que tout était terminé. Avec l’un comme avec l’autre. La clochette de fin avait retenti et c’était uniquement de ma faute. Moi et mes secrets. Moi et mes démons. Moi et mes murs. Moi et mes refus d’accepter l’aide offerte. Je le savais, mais je ne pouvais rien faire pour changer les choses. J’étais comme ça. Personne ne pouvait me changer en un claquement de doigt pour faire de moi l’être qu’ils voulaient de A à Z. On pouvait toujours tirer sur mes ficelles pour que j’adopte un certain comportement dans certaines circonstances. Néanmoins, on ne pouvait pas totalement me contrôler. On ne pouvait pas réellement me changer pour que je devienne quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui correspondrait mieux à ce qu’ils pouvaient attendre ou vouloir. Quelqu’un qui collerait à la normalité. Pendant des années, la Mafia avait tiré les ficelles de mon existence. Mais maintenant, j’étais libre… Enfin, je l’avais été avant de retomber dans les mains de Rob. Des mains au sein desquelles je m’étais laissé faire. Quelques semaines. Quelques mois. Bien vite, la liberté m’avait appelée de nouveau. Je désirais être libre. C’était pour cette raison qu’après deux jours isolé au sein de ma maison à Lakeville, j’avais fini par sauter dans le premier avion en direction de Naples. Naples. La ville de ma mère. La ville de mon Enfer. Cette ville où je n’avais pas remis les pieds depuis que j’avais osé quitter la Mafia. Cette ville où je ne pensais jamais remettre les pieds. Pas tout seul en tout cas. Et, pourtant, je m’y étais rendu. Seul. Prêt à faire face à Rob. La peur n’avait jamais quitté mes entrailles, mais j’avais tenu bon. Dans cette ville, tant de choses s’étaient passées en trop peu de temps. Au sein de Naples, mon destin s’était modifié. La situation avait évolué. Téléphone coupé pour éviter de joindre qui que ce soit, je m’étais abandonné face à Rob. Je m’étais presque offert à lui. Non… Je m’étais offert à lui. J’avais partagé un corps à corps avec cet homme. Un ancien ami. Un ancien amour. Un ancien amant. Un ennemi que je ne pouvais pas détruire parce que les sentiments pulsaient toujours quelque part. Rob m’avait sauvé la vie. Je ne pourrais jamais lui faire de mal. Alors, nous avions partagé ces heures. Juste lui et moi. Ces heures de plaisir. Ces heures de torture parce qu’il avait su me heurter. Il avait su provoquer la souffrance malgré tout avant de me laisser filer en compagnie d’Elie. Elie qui, après des mois d’Enfer – des mois que j’avais su alléger avec mon deal – était enfin en sécurité à Boston dans son appartement avec son frère Côme. Mon deal avec Rob avait pris fin. Pourtant, les nuages ne se dégageaient pas de mon existence.
Un gros nuage promettait d’ailleurs de passer la porte de mon appartement dans peu de temps. Je venais d’envoyer un message à Lukas afin de lui signaler que j’étais arrivé au sein de mon chez moi. Cet endroit que nous avions appelé maison ces dernières semaines. Cet endroit qui allait peut-être devenir le lieu où mon cœur serait brisé. Le message de Mio Amore avait su me faire du mal et me pousser à entendre raison. Je me comportais cruellement. Je n’étais qu’un égoïste qui voulait pouvoir profiter de lui sans pour autant tout lui offrir. Bien au contraire même. Et ce n’était pas bien. Alors, en cette fin de journée, je savais que je ne voulais plus me battre. Je ne voulais plus contraindre Lukas à plonger dans notre folle histoire alors que je me savais incapable de lui offrir tout ce dont il avait besoin. Confiance absolue, fidélité, honnêteté, stabilité. Ce n’était pas moi ça. Cela ne serait sans doute jamais moi, malgré tous les efforts que je pourrais faire pour y correspondre. Correspondre à une image. Correspondre à une normalité. Correspondre à ce qu’il fallait. Stupide gamin qui se baignait de folles illusions. Les yeux rivés sur mon reflet, je me détaillais. J’avais pris le temps de raser cette moustache qui s’était installée ces derniers jours sur mon visage, mais c’était tout ce que j’avais fait. Mes cheveux trop longs retombaient sur ce visage marqué par la fatigue et les crises. Depuis mon départ en Italie, je n’avais que trop peu dormi. Quelques heures par-ci, par-là. Quelques heures souvent coupées par des cauchemars. Depuis mon retour à Boston, j’avais déjà fait cinq crises. Des crises de panique, des crises de colère, des crises d’autodestruction. Elles s’enchaînaient de façon trop incontrôlables comme au tout début de mon trouble. C’était comme si mon retour à Naples était un retour au tout début. Pourtant, ce n’était pas le début et je le savais. Mes prunelles tombaient sur la cicatrice trônant sur mon torse. Cette cicatrice juste au-dessus de mon cœur. Cette cicatrice que j’avais aimé pendant si longtemps parce qu’elle marquait le début de ma liberté. Cette cicatrice qui avait été, ces dernières années, une trace du passé. Aujourd’hui, elle était bien présente. Rouge vive. Douloureuse. Voyante. Rob avait planté une lame dans cette cicatrice s’amusant à l’ouvrir de nouveau et à me voir me tordre de douleur. Il avait planté une lame brûlante une seconde fois pour être sûr de la raviver. Il avait pris soin de dessiner un petit ‘R’ au bout gauche de la cicatrice la déformant totalement et se gravant sur ma peau à jamais par la même occasion. Un soupir glissa entre mes lèvres tandis que je collais une nouvelle compresse contre cette cicatrice qui me heurtait. Cette cicatrice qui saignait encore parce que je ne laissais pas mon corps au repos. Enfilant un tee-shirt et un sweat pour masquer complètement d’éventuelles traces de sang, je me rendais dans le salon. Lukas et moi y serions mieux pour discuter comme c’était prévu. Discuter pour mettre fin à tout. Discuter pour tenter d’arranger les choses. Je n’en savais rien. Je savais juste qu’il ne pourrait pas m’approcher. Je risquais de retomber pour lui s’il me touchait. Je risquais de glisser dans une crise s’il m’approchait. Glissant une cigarette entre mes lèvres, je me laissais tomber sur le canapé et j’attendais. J’attendais jusqu’à ce que cette porte s’ouvre sur l’homme que j’aimais. J’attendais jusqu’à ce que Mio Amore ne débarque face à moi pour peut-être me charcuter encore plus que Rob l’avait fait. J’étais prêt de toute manière. Paré à souffrir. Paré à lui rendre sa liberté. Paré à cette possible fin qui se dessinait à l’horizon.
Boston. De retour sur place depuis moins d’une journée et l’Enfer venait déjà s’abattre sur mon être. Les messages vocaux de Nixon et de Lukas m’avaient fait comprendre que tout était terminé. Avec l’un comme avec l’autre. La clochette de fin avait retenti et c’était uniquement de ma faute. Moi et mes secrets. Moi et mes démons. Moi et mes murs. Moi et mes refus d’accepter l’aide offerte. Je le savais, mais je ne pouvais rien faire pour changer les choses. J’étais comme ça. Personne ne pouvait me changer en un claquement de doigt pour faire de moi l’être qu’ils voulaient de A à Z. On pouvait toujours tirer sur mes ficelles pour que j’adopte un certain comportement dans certaines circonstances. Néanmoins, on ne pouvait pas totalement me contrôler. On ne pouvait pas réellement me changer pour que je devienne quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui correspondrait mieux à ce qu’ils pouvaient attendre ou vouloir. Quelqu’un qui collerait à la normalité. Pendant des années, la Mafia avait tiré les ficelles de mon existence. Mais maintenant, j’étais libre… Enfin, je l’avais été avant de retomber dans les mains de Rob. Des mains au sein desquelles je m’étais laissé faire. Quelques semaines. Quelques mois. Bien vite, la liberté m’avait appelée de nouveau. Je désirais être libre. C’était pour cette raison qu’après deux jours isolé au sein de ma maison à Lakeville, j’avais fini par sauter dans le premier avion en direction de Naples. Naples. La ville de ma mère. La ville de mon Enfer. Cette ville où je n’avais pas remis les pieds depuis que j’avais osé quitter la Mafia. Cette ville où je ne pensais jamais remettre les pieds. Pas tout seul en tout cas. Et, pourtant, je m’y étais rendu. Seul. Prêt à faire face à Rob. La peur n’avait jamais quitté mes entrailles, mais j’avais tenu bon. Dans cette ville, tant de choses s’étaient passées en trop peu de temps. Au sein de Naples, mon destin s’était modifié. La situation avait évolué. Téléphone coupé pour éviter de joindre qui que ce soit, je m’étais abandonné face à Rob. Je m’étais presque offert à lui. Non… Je m’étais offert à lui. J’avais partagé un corps à corps avec cet homme. Un ancien ami. Un ancien amour. Un ancien amant. Un ennemi que je ne pouvais pas détruire parce que les sentiments pulsaient toujours quelque part. Rob m’avait sauvé la vie. Je ne pourrais jamais lui faire de mal. Alors, nous avions partagé ces heures. Juste lui et moi. Ces heures de plaisir. Ces heures de torture parce qu’il avait su me heurter. Il avait su provoquer la souffrance malgré tout avant de me laisser filer en compagnie d’Elie. Elie qui, après des mois d’Enfer – des mois que j’avais su alléger avec mon deal – était enfin en sécurité à Boston dans son appartement avec son frère Côme. Mon deal avec Rob avait pris fin. Pourtant, les nuages ne se dégageaient pas de mon existence.
Un gros nuage promettait d’ailleurs de passer la porte de mon appartement dans peu de temps. Je venais d’envoyer un message à Lukas afin de lui signaler que j’étais arrivé au sein de mon chez moi. Cet endroit que nous avions appelé maison ces dernières semaines. Cet endroit qui allait peut-être devenir le lieu où mon cœur serait brisé. Le message de Mio Amore avait su me faire du mal et me pousser à entendre raison. Je me comportais cruellement. Je n’étais qu’un égoïste qui voulait pouvoir profiter de lui sans pour autant tout lui offrir. Bien au contraire même. Et ce n’était pas bien. Alors, en cette fin de journée, je savais que je ne voulais plus me battre. Je ne voulais plus contraindre Lukas à plonger dans notre folle histoire alors que je me savais incapable de lui offrir tout ce dont il avait besoin. Confiance absolue, fidélité, honnêteté, stabilité. Ce n’était pas moi ça. Cela ne serait sans doute jamais moi, malgré tous les efforts que je pourrais faire pour y correspondre. Correspondre à une image. Correspondre à une normalité. Correspondre à ce qu’il fallait. Stupide gamin qui se baignait de folles illusions. Les yeux rivés sur mon reflet, je me détaillais. J’avais pris le temps de raser cette moustache qui s’était installée ces derniers jours sur mon visage, mais c’était tout ce que j’avais fait. Mes cheveux trop longs retombaient sur ce visage marqué par la fatigue et les crises. Depuis mon départ en Italie, je n’avais que trop peu dormi. Quelques heures par-ci, par-là. Quelques heures souvent coupées par des cauchemars. Depuis mon retour à Boston, j’avais déjà fait cinq crises. Des crises de panique, des crises de colère, des crises d’autodestruction. Elles s’enchaînaient de façon trop incontrôlables comme au tout début de mon trouble. C’était comme si mon retour à Naples était un retour au tout début. Pourtant, ce n’était pas le début et je le savais. Mes prunelles tombaient sur la cicatrice trônant sur mon torse. Cette cicatrice juste au-dessus de mon cœur. Cette cicatrice que j’avais aimé pendant si longtemps parce qu’elle marquait le début de ma liberté. Cette cicatrice qui avait été, ces dernières années, une trace du passé. Aujourd’hui, elle était bien présente. Rouge vive. Douloureuse. Voyante. Rob avait planté une lame dans cette cicatrice s’amusant à l’ouvrir de nouveau et à me voir me tordre de douleur. Il avait planté une lame brûlante une seconde fois pour être sûr de la raviver. Il avait pris soin de dessiner un petit ‘R’ au bout gauche de la cicatrice la déformant totalement et se gravant sur ma peau à jamais par la même occasion. Un soupir glissa entre mes lèvres tandis que je collais une nouvelle compresse contre cette cicatrice qui me heurtait. Cette cicatrice qui saignait encore parce que je ne laissais pas mon corps au repos. Enfilant un tee-shirt et un sweat pour masquer complètement d’éventuelles traces de sang, je me rendais dans le salon. Lukas et moi y serions mieux pour discuter comme c’était prévu. Discuter pour mettre fin à tout. Discuter pour tenter d’arranger les choses. Je n’en savais rien. Je savais juste qu’il ne pourrait pas m’approcher. Je risquais de retomber pour lui s’il me touchait. Je risquais de glisser dans une crise s’il m’approchait. Glissant une cigarette entre mes lèvres, je me laissais tomber sur le canapé et j’attendais. J’attendais jusqu’à ce que cette porte s’ouvre sur l’homme que j’aimais. J’attendais jusqu’à ce que Mio Amore ne débarque face à moi pour peut-être me charcuter encore plus que Rob l’avait fait. J’étais prêt de toute manière. Paré à souffrir. Paré à lui rendre sa liberté. Paré à cette possible fin qui se dessinait à l’horizon.
@Lukas O. Spritz
(Neal T. Hood-Spritz)