Today let us make a new beginning ▬ Reaghan

Une malformation cardiaque ? Moi ? Je ne bronchai pas, pourtant mon coeur loupa un battement quand elle m'annonça ça, et mille et une questions se mirent à se bousculer dans ma tête. J'étais complètement guéri ? Ça pouvait refaire surface un jour ? C'était héréditaire ? Coraleen pourrait en souffrir un jour ? Je retins ma respiration, ne voulant pas la couper dans ses explications. Et sa dernière phrase me fit avoir le déclic. Elle n'avait pas besoin d'expliquer beaucoup plus, dès qu'il s'agissait de ne plus avoir assez d'argent, je me doutais bien que c'était là que le sujet de mon adoption entrait en compte. Depuis le début, je me disais que j'avais été adopté pour une question de fric. Je reportai à nouveau mon attention sur Reaghan après avoir fixé la petite boîte qui contenait le début de ma vie. C'est là que les McDougall entrent en scène je suppose. Eux, et leur compte en banque en plein envol, puisque ma mère n'avait pas encore fait vraiment fortune à ce moment-là contrairement à mon père. Tout s'était passé tellement vite pour eux;.. Les affaires, l'argent et le fils en même temps, ils avaient eu une bonne étoile contrairement à certains.

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Je hochais doucement de la tête aux paroles d'Andy. Oui c'était à ce moment là que les McDougall étaient entrés dans la vie de mes parents. « C'était une malformation qui se produisait une fois sur un million... Et il a fallu que ça tombe sur toi, sur nous. » Mes parents ne semblaient pas avoir eu la chance d'avoir cette « bonne étoile ». Je m'étais souvent posée la question, à savoir ce qui se serait passé s'ils avaient eu l'argent nécessaire pour opérer eux même Andy... Mais cette question n'avait plus d'importance à présent. Elle faisait partie du passé. De notre passé à tous les deux. « Maman était effondrée. Quant à papa, il a demandé un prêt à la banque mais il a été refusé... » A cette époque, mes parents ne roulaient pas sur l'or. Ma mère ne travaillait, quant à mon père, il tenait un garage... « Et un jour, alors qu'ils parlaient de ça entre eux dans la salle d'attente de l'hôpital, un homme a écouté la conversation. Il a approché mes parents pour leur faire une offre. » J'avais du mal à imaginer le ressenti de mes parents, de maman, dont l'un des fils était aux mains de médecins qui tentaient de le maintenir en vie tant bien que mal. Je passais une main sur mes yeux, sentant les larmes me picotaient le bord des cils. « Il acceptait de payer l'opération mais il fallait pour cela qu'il laisse sa femme et lui adopter cet enfant. » Comment pouvait-on faire ce genre de proposition. Comme si la vie d'Andy à ce moment là, n'avait aucune valeur?!

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Une fois sur un million ? En effet, c'était vraiment un sacré manque de chance pour que ce soit tombé sur notre famille et plus principalement sur moi, alors qu'on était pauvres. C'était donc ça qui s'était passé, mes parents biologiques avaient parlé de mon problème de santé dans la salle d'attente et mon père adoptif était allé leur parler..... autrement dit, j'avais été vendu. Certes, ça avait été pour me sauver la vie, mais concrètement j'avais été vendu, c'était ainsi que je voyais les choses et pour le coup, je m'en sentis mal. Un léger rire nerveux franchit mes lèvres. Ça m'étonne pas de lui. Après tout, c'était lui le premier qui m'avait enseigné qu'avec l'argent on pouvait presque tout avoir. Même des gosses. Et c'était même comme ça qu'il m'avait eu, en payant. D'un côté ça me rassurait de savoir que mes vrais parents ne m'avaient pas abandonné pour leur confort personnel, mais de l'autre, je ne comprenais toujours pas le silence radio qui les entourait aujourd'hui. J'avais vraiment mal au cœur avec toute cette histoire, tous ces aveux, toutes ces vérités. Je me redressai, me passant les mains dans les cheveux en soupirant longuement. Ça donne une sacrée mauvaise image de mes parents c't'histoire...

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Je regardais Andy, essayant de savoir ce à quoi il pouvait penser. Quand maman m'avait raconté cette histoire, j'avais été bouche bée. Comment peut-on faire ce genre de proposition? Marchander la vie d'un enfant comme s'il s'agissait d'un tableau ou d'une autre pièce de collection. C'était... malsain. « Papa était furieux. Je crois même qu'ils se sont battus... Puis maman a fini par réfléchir sérieusement à cette proposition. Elle ne concevait pas l'idée qu'on puisse t'arracher à eux mais elle ne pouvait pas non plus accepter l'idée que tu puisse mourir parce qu'ils ne pouvaient pas te soigner. » Je retrouvais ensuite le silence. J'en avais voulu à ma mère pour tout ça, sans connaître le fin mot de l'histoire... Je m'en voulais. Je l'avais même jugé moi aussi. Et j'essayais de me faire pardonner. Et c'était pour cette raison entre autre, que j'en parlais à Andy. Il avait le droit de savoir. Il avait le droit de connaître la vérité et de ne pas porter un jugement erroné sur elle. « Ton père s'engageait à payer les frais d'hospitalisation et ceux des examens précédents. A condition que mes parents signent un contrat où ils abandonnaient les droits sur toi et s'engageaient à ne pas chercher à te revoir, ni à entrer en contact avec toi. Ils ont passé des nuits blanches. Mais maman avait déjà fait son choix... enfin si choix il y avait. Elle a préféré que tu vives et que tu partes avec eux, sachant que ça lui briserai le cœur à jamais. » J'avais à nouveau mon cœur qui battait précipitamment. Je ressentais la tristesse de maman à chaque fois que je parlais d'Andy. « Pendant toutes ses années, elle a gardé un œil sur toi sans pouvoir t'approcher. »

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C'était bizarre comme sensation... L'histoire que Reaghan racontait, c'était la mienne. Et pourtant, ça me semblait totalement inconnu, c'était comme si c'était pas moi, ça ne pouvait pas l'être tout simplement. Je fixais le sol pensivement en l'écoutant et finis par relever les yeux vers Reaghan en fronçant les sourcils à ses dernières paroles. J'avais tellement, tellement de mal à y croire, en fait. Mon père est un enfoiré égoïste j'te l'accorde... mais c'est pas un monstre. Nos points de vue étaient différents après tout. Elle devait avoir une bien piètre image de mes parents adoptifs tandis que ce que je voyais surtout de mon côté, c'était qu'ils avaient voulu me protéger. J'aurais grandi comment si j'avais su que j'avais été adopté plus tôt, si mes parents biologiques s'étaient faits plus présents dans ma vie auparavant ? Tant que j'avais pas atteint l'âge adulte, ça avait été le mieux à faire. Puis quoi ? Maintenant que je savais que j'avais été adopté, plus rien ne les empêchait de venir me voir. Je soupirai longuement en me relevant de mon fauteuil. J'vais te laisser, t'as besoin de te reposer... On s'reverra bientôt. Et vraiment cette fois. Ouais parce que bon, la dernière fois je lui avais dit la même chose et je l'avais fuie pendant trois mois. Cette fois-ci, je voulais vraiment me rattraper, mais cette conversation me plombait un peu même s'il aurait fallu l'avoir tôt ou tard.

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J'avais le coeur qui battait la chamade. Je n'avais pas envie de me facher avec Andy mais je croyais qu'il était quand même plus correct qu'il sache certaines choses. Surtout qu'il apprenne quelles avaient été les circonstances de son adoption. Je voulais qu'il sache qu'il n'avait pas été « abandonné » et que la séparation entre les parents et lui, n'avait pas été facile. Rien n'avait vraiment été simple dans cette histoire. J'avais gardé mes yeux sur Andy qui avait repris la parole. Je n'avais jamais dit que son père adoptif était un monstre. Je ne l'avais même pas pensé. Il avait sauvé la vie d'Andy. Sans lui, peut-être ne serait-il même pas vivant. Il n'empêche qu'il avait détruit notre, enfin MA famille. Lui, de son côté avait continué à vivre une vie normale. Alors qu'après ce drame, mon père était parti emmenant William avec lui et ma mère avait fait une dépression. Elle avait mit des années à s'en remettre. Et même encore maintenant, j'étais certaine que cela la hantait tous les jours. Je sortais de mes pensées quand Andy se leva de sa chaise. Je l'observais. Je hochais doucement de la tête. « D'accord... Reposes-toi aussi. » J'esquissais un mince sourire à ces derniers mots. Je savais qu'il avait besoin de temps pour digérer tout ça et c'était bien normal. Moi même j'avais encore du mal à tout assimiler. « A demain, Andy. »

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C'était trop dur d'avaler tout ça d'un coup. J'avais accepté qu'elle m'en parle et maintenant, il me fallait le temps nécessaire à digérer tout ça, les circonstances, ma famille d'origine, mon adoption. C'était lourd à accepter à vingt-et-un ans, j'aurais aimé en avoir connaissance plus tôt et surtout, surtout... ne pas l'apprendre seul. J'avais fini par me lever de mon fauteuil en annonçant que j'allais partir, tirant Reaghan de ses pensées. Je hochai la tête à sa réponse. Me reposer, sûrement oui, j'étais épuisé aussi par tout ce que mon corps avait traversé au cours du dernier mois, dormir et ne pas faire d'effort ne pourrait pas me faire de mal. Je m'approchai donc de la porte de la chambre d'hôpital, l'entrouvrant avant de me tourner vers ma petite soeur. A demain. Et demain, on ne parlerait probablement pas de tout ça, parce qu'on en avait tous les deux sur le coeur et qu'on ne se construirait pas en en parlant sans arrêt. Demain, on repartirait du bon pied et on apprendrait à se connaître. Je finis par détourner le regard et lui tournai le dos pour quitter la pièce, refermant la porte sur moi. Demain serait un autre jour pour elle et moi.

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