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Today let us make a new beginning ▬ Reaghan

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Cette photo me perturbait vraiment beaucoup, j'avais la sensation que cette femme était vraiment heureuse de m'avoir et il n'était même pas possible de me confondre avec Wiliam puisqu'il n'y avait que moi sur la photo. Reaghan ne disait rien, me laissant surement le temps nécessaire pour que je digère ce moment assez particulier et unique dans son genre. Je n'avais jamais vu des photos de moi à la maternité après tout, et encore moins avec celle qui m'avait fait naître. Abigaëlle... Je reportai mon attention sur la photo pour observer un peu mieux ma génitrice, mais ce fut rapidement trop pour moi. Je remis rapidement la photo dans la boîte, boîte que je fermai et rendis à Reaghan, le cœur lourd. Ce sera jamais ma mère. Comment pourrais-je seulement la voir comme telle ? C'était Elizabeth qui m'avait élevé, qui m'avait tout appris, qui avait pris soin de moi. Abigaëlle, je ne la connaissais pas, c'était une parfaite étrangère à mes yeux et jamais je ne serais capable de l'appeler « maman ». Elle avait perdu ce titre le jour où elle m'avait abandonné.
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Je m'attendais à ce genre de réaction. C'était normal après tout. Découvrir la femme qui vous avez mis au monde pour vous abandonner après, cela devait être un choc. Je n'en doutais pas. Malgré tout, j'étais triste d'entendre les paroles d'Andy. Il me redonnait la boite. Je ne pouvais pas l'obliger à la garder. Je lui avais laissé le choix. Et puis, elle était en lieu sûr avec moi. C'était la seule chose que j'avais de lui, alors je n'allais pas l'égarer. Je restais silencieuse avant de reprendre la parole. « Je sais... ». Je soupirais doucement avant de reprendre la conversation. « Je lui en ai voulu aussi, si tu savais... » Je me souviens encore de ce soir là. J'avais crié sur elle, j'avais déversé ma colère et ma peur sur elle. J'avais été injuste avec elle et je le savais à présent. Je reportais mon regard sur Andy. Est-ce que je devais lui dire? Parce que cela allait changer la perception qu'il avait de sa mère adoptive. Je lui demandais alors: « Ta mère t'a parlé de ton adoption? » Je savais que je mettais les pieds sur un terrain instable. Mais on avait dit qu'on repartait depuis le début. Et tout cela, faisait parti du commencement.
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C'est vrai qu'avec toute cette histoire, je n'avais pensé qu'à moi, qu'à ce que moi j'avais ressenti quand elle m'avait abandonné, que j'avais été adopté. Je n'avais pas pensé à ce que Reaghan avait pu ressentir, elle, en apprenant qu'elle avait un frère qu'on lui avait arraché de force et qu'elle l'avait jamais eu l'occasion de connaître. Mais sa phrase m'intriguait, elle était au passé. Tu ne lui en veux plus ? Je hochai négativement la tête à sa question, baissant légèrement les yeux en me mordant la lèvre. J'ai appris tout seul que j'avais été adopté et je n'ai jamais vraiment creusé le sujet avec ma mère parce que je voyais bien que ça la rendait mal. Et mon père... j'suis pas très proche de lui, il a pas un instinct paternel très.. développé, disons. J'avais longtemps cru que j'aurais le même problème d'ailleurs, que je serais incapable d'agir en bon père pour Coraleen parce qu'on répète souvent qu'on commet les mêmes erreurs que nos parents, que les monstres élèvent souvent des monstres aussi. Je croisai les bras sur mon torse en m'appuyant contre le dossier du fauteuil. J'avoue aussi que... j'ai pas cherché à savoir plus que ça.
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J'avais souffert également de cette situation. On m'avait arraché deux frères et je n'avais rien pu faire. Quand je repensais à tout cela, j'étais triste. Parce qu'on m'avait gaché des moments que j'aurais pu passer avec eux. Mais maintenant, j'avais retrouvé Andy et je n'avais pas envie de le perdre une nouvelle fois. C'était peut-être pour cette raison que je lui donnais le temps nécessaire pour s'habituer à tout cela. A la question d'Andy, je secouais doucement la tête. « Non... J'ai compris pourquoi elle avait fait ça. » Puis je l'écoutais me raconter ses relations avec ses parents. Il ne semblait pas avoir très entouré. Puis je lui demandais: « Je ne veux pas te mentir Andy. Si... » C'était assez difficile de parler de ça. Et je sais que maman allait surement m'en vouloir. Mais je crois qu'elle avait déjà supporté assez de chose. « ...elle a fait ça, c'est qu'elle avait de bonnes raisons. » Bizarrement, mon rythme cardiaque était redevenu normal. Je ne m'en étais pas rendu compte jusqu'à maintenant. « Ne crois surtout pas qu'elle s'est débarrassée de toi, c'est faux. Mais si tu ne veux pas savoir, je ne te dirais rien. » Je ne pouvais pas le forcer à connaître la vérité, s'il n'en avait pas envie. « Mais je voudrais seulement que tu ne parles plus d'elle...stp. » Oui parce que je ne pourrais pas supporter s'il était désobligeant ou méchant avec elle. Parce qu'elle était ma mère, et que je ne voulais que personne ne subisse ce qu'elle avait subit.
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Elle avait compris pourquoi elle avait fait ça ? Il y avait vraiment une raison qui pouvait justifier l'abandon de son fils ? Je dévisageai un moment Reaghan, partagé entre l'envie de savoir et en même temps, celle de rester dans l'ignorance. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire finalement, et j'aurais bien aimé ne jamais savoir que les personnes qui m'ont élevé ne sont pas mes parents. J'écoutais Reaghan en silence, le coeur battant et le ventre serré, je ne savais pas comment je devais réagir et spontanément, rien ne me venait, j'étais juste... figé. Ce sujet ne me plaisait pas mais en même temps, je voulais comprendre. Comprendre pourquoi elle m'avait abandonné, pourquoi je n'avais jamais entendu parler d'eux jusqu'à maintenant... Je comprends pas Reaghan. Je fixai la fenêtre un moment avant de reporter mon attention sur elle, j'étais paumé, complètement. Ils ont su te dire où me trouver. Ils étaient là, à Cambridge, quand t'étais dans le coma, ils sont probablement toujours là... Pourquoi ils viennent pas me voir ? C'était bien eux qui leur avait dit où j'étais non ? Ça voulait dire qu'ils savaient qui j'étais, où j'étais, ce que je faisais, et pourtant c'était le silence radio.
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Je comprenais que c'était dur de comprendre. Je me mettais dans sa position. Ce n'était pas facile. Mais je lui devais d'être franche. Je l'avais toujours. La franchise, c'était important pour moi. Parce que j'avais souffert pendant longtemps des vérités qui n'avaient pas été dites ou dites trop tard. Puis aux paroles d'Andy, je reportais mon attention sur lui. J'avais pensé à la même chose que lui. Je savais qu'il se serait posé ces questions. Je m'y attendais. Mais ce n'était pas pour autant que les mots se trouvaient facilement. « C'est une longue histoire et je ne sais pas si tu es prêt à tout entendre. » Je soupirais légèrement. Pourquoi est-ce qu'on devait vivre ça? C'était difficile de lui dire tout ça. « Maman était ici avec Carl. C'est mon beau père. Papa est parti avec Will quand j'avais deux ans. Je ne les ai jamais revu. » Pendant longtemps, j'ai cru qu'il allait revenir à la maison. Maman n'avait rien touché à la chambre de William. Puis le temps était passé et elle avait compris, tout comme moi, qu'il n'allait jamais revenir. « Ce que je sais de cette histoire va changer le regard que tu as sur tes propres parents. Est-ce que tu es sur de vouloir tout entendre? » Je ne savais pas si c'était une bonne idée de savoir tout ça. Mais je crois sincèrement qu'il devait savoir. Savoir avec qui, il avait grandi et ce que ces parents adoptifs avaient fait.
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Une longue histoire ? Plus Reaghan parlait, et plus j'étais partagé. Disons que j'en étais au stade où j'en savais trop et pas assez à la fois, j'étais dans cet entre-deux qui faisait de moi un garçon mal dans ses chaussures et qui se demande d'où il vient et qui est sa vraie famille. Carl, le beau-père ? Son père était parti quand elle avait deux et et avait emmené Will, alors elle ne l'avait apparemment pas plus connu que ça elle non plus... Je baissai les yeux vers mes pieds, croisant les chevilles et m'accoudant au fauteuil en appuyant ma tête sur ma main. Apparemment mon père et le tiens sont pas des modèles, ça nous fait un point commun. J'esquissai un léger sourire, ce n'était pas joyeux mais j'essayais d'y voir le côté positif, ce qui nous liait. Elle aussi avait vécu l'abandon et ça me faisait mal pour elle. Dis-moi, faudra bien que je l'entende un jour ou l'autre. Je détournai le regard à nouveau, conscient que ce serait sans doute plus facile à dire comme à entendre si on n'avait pas à affronter le regard de l'autre. Fuir, c'est plus facile.
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Je ne relevais pas la remarque d'Andy. Modèle? Pas vraiment. Mais je ne sais pas si j'avais envie que ce soit un de nos points communs. Mon père, je ne l'avais pas connu. Mais j'avais eu de la chance d'avoir un homme exceptionnel près de moi. Carl était le père que j'attendais depuis longtemps. Il avait été là pour moi, pas par obligation mais parce qu'il en avait envie et que j'en avais besoin, inconsciemment. Puis quand il répondit à ma question, je remarquais qu'il détournais les yeux. Je ne savais pas comment interpréter son attitude. Et je ne savais pas si j'avais envie de tout raconter finalement. Nous venions à peine de nous rencontrer, enfin façon de parler. Je restais silencieuse un instant avant de commencer. « Ils ont essayé d'avoir un enfant pendant cinq ans. Et quand elle était tombée enceinte, je crois que ça été le plus beau jour de sa vie. Elle avait du mal à y croire, encore plus quand le médecin lui a dit qu'il n'y avait pas un, mais deux bébés. Je ne sais pas si elle a eu peur ou si elle a appréhendé ce moment. Elle ne m'a jamais parlé de cette période. » Je jetais un oeil à travers la fenêtre. « Vous avez été désiré tous les deux. » Ce qui n'avait pas vraiment été mon cas. Je crois que maman cherchait plus un exutoire qu'autre chose. Et je l'avais compris très tôt. « Mais sa grossesse n'a pas été facile. »
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L'histoire que me racontait Reaghan tournait encore et encore dans ma tête. Fixant le lit, le regard un peu ailleurs, j'imaginais la femme de la photo apprendre sa grossesse et la joie qu'elle avait dû ressentir quand après cinq ans d'essais, elle avait enfin réussi à avoir ce qu'elle voulait, et en double qui plus est. Tout le contraire d'Apple et moi, dont la grossesse avait été inattendue et indésirée au début. Pareil pour Elia. A croire qu'au contraire de ma mère biologique, j'étais particulièrement fertile... Je réprimai le soupir qui menaçait de franchir mes lèvres, repensant que ces neufs mois, je les avais passés collé-serré avec mon jumeau, dont je n'avais aujourd'hui pas le moindre souvenir. Comment ça pas facile ? Dans quel sens ? Problèmes de santé ? Ou d'argent ? Je reportai mon attention sur ma soeur, la regardant un moment puis mon regard dériva lentement jusqu'à la petite boîte qui contenait toutes les photos de moi bébé, mon bracelet de naissance et compagnie. C'était vraiment bizarre tout ça, j'avais l'impression qu'elle racontait la vie d'un autre Andy, finalement. Les parents d'un autre, la naissance d'un autre. C'était difficile à admettre.
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Maman me parlait rarement de cette période. Je crois qu'elle refoulait tout. En même temps, je pouvais la comprendre. Ce n'était pas quelque chose de facile à aborder. Et j'avais du attendre dix-neuf ans pour savoir toute la vérité et combien elle avait été dur à sortir. Je regardais qui m'observait avant de reporter son regard sur la boite, une fraction de seconde. Je repris ensuite, sachant qu'il attendait le reste de mon récit. « Cela n'a pas été facile parce qu'à la deuxième échographie, le médecin a remarqué une malformation cardiaque à l'un des jumeaux, toi. » Je ne l'avais pas quitté des yeux en disant ces mots. Puis je poursuivais: « Elle a du faire des tas et des tas d'examens. Et ils ont confirmé que tu souffrais bien d'un problème cardiaque. Elle a du prendre des médicaments pendant tout le reste de sa grossesse. » Je m'arrêtais un instant, regardant la boite qui contenait la fée et que j'avais gardé près de moi. « Ce que tu avais, pouvait être soigné. Mais c'était une opération qui n'était pas remboursé, ni financé par leur police d'assurance. » Oui, parfois l'argent était utile. Si mes parents avaient eu assez d'argent pour couvrir tous les frais, Andy serait resté avec nous et je ne me sentirais pas étrangère au point de ne pas l'appeler « mon frère ».
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