Samedi 24 Octobre.
L’Enfer. C’était ma localisation actuelle. Non… En vérité, c’était ma localisation depuis tellement de jours que je commençais lentement à en perdre le décompte. De toute manière, j’étais en train de perdre la tête. Les chiffres dansaient et s’effaçaient de mon esprit. La logique ne parvenait plus à s’imposer au sein de mes pensées tumultueuses. Je n’avais même plus cette envie de me battre qui avait cogné les premiers jours. Je perdais tout. Lentement. Sûrement. Trop aisément. Lukas avait disparu depuis si longtemps maintenant et rien ne semblait bouger. Il y avait bien des bouts de pistes et d’informations qui circulaient. Cependant, il n’y avait rien de concret et de réellement utile. Il n’y avait aucune information qui menait directement à mon petit-ami porté disparu. Il n’y avait aucune information qui menait à toutes ces personnes chères à mon cœur qui ne se trouvaient plus là. Il n’y avait rien pour sauver Lukas de l’Enfer qu’il vivait sans doute. Et, il n’y avait plus rien pour me secourir de cette chute au fin fond des abîmes. Un courant d’air froid me percutait me poussant à frisonner. Mon regard se promenait autour de moi tandis que je frottais mes avant-bras dénudés. Carson Beach. C’était à cet endroit que je m’étais échoué ce soir agissant comme un simple automate. Je n’avais pas réfléchi. J’avais simplement laissé mes pas me conduire jusqu’ici. J’avais laissé mon être m’emmener là où bon lui semblait. J’étais tellement à bout. J’étais tant à cran. Je tombais si profondément et je savais. Je savais que plus rien ne pourrait venir me sauver à présent. Plus personne n’aurait le bras assez long pour me secourir maintenant. Je m’enfonçais dans les sables mouvants de l’Enfer et je laissais les choses se faire. J’acceptais de couler. J’acceptais de sombrer. J’avais passé une partie de ma journée au lit à ruminer mes sombres pensées trop incapable de sortir parcourir la ville en vain une nouvelle fois. J’avais passé l’autre partie de ma journée dans un centre commercial en compagnie de Summer et de Naëlle afin d’acheter les premiers objets pour la chambre de la fille que j’allais avoir avec Summer. Qu’avions-nous acheté ? Oh putain, je ne saurais même pas vous dire. Je m’étais rendu dans ce centre commercial avec l’espoir de sortir de ma tête et de mon Enfer. Malheureusement, ça n’avait pas fonctionné. Je m’étais déplacé comme un simple fantôme qui ne savait plus vivre derrière les filles. Et, ce soir, je venais de m’échouer à Carson Beach. L’endroit était désert. Le silence régnait seulement coupé par le bruit apaisants des vagues. Installé à même le sol, j’étais entouré de trois bouteilles d’alcool dont une que j’étais déjà en train de vider. Mes clopes à mes côtés, un sachet de pilules posé dans le sable proche de moi, j’étais prêt à tenter une évasion loin de mon Enfer. Mais, avant, je devais faire quelque chose. Attrapant mon téléphone, je me mettais à pianoter un message à l’attention de Lukas. Une habitude que j’avais prise ces dernières semaines. Lui écrire comme s’il pouvait me lire. Lui écrire comme si ça pouvait m’aider. Lui écrire avec l’espoir de voir que le message s’envoyait.
Mes prunelles fixaient l’écran et soudainement ça arrivait. Message non transmis. C’était la même chose depuis des semaines. C’était toujours les mêmes mots qui revenaient sur mon écran alors que je lui écrivais pour lui faire part de cette horreur toujours plus grande qui me rongeait. J’aurais dû me douter qu’il en serait de même ce soir encore. J’aurai dû attendre d’être sagement rentré dans mon appartement pour composer ce message. J’aurai dû attendre ouais. Soupirant, je laissais tomber le téléphone à mes côtés avant d’attraper la seconde bouteille d’alcool qui m’attendait. Je l’ouvrais sans perdre de temps la portant à mes lèvres sans la moindre hésitation. Le liquide alcoolisé brûlait ma gorge, mais il ne venait toujours pas cramer mes pensées. C’était ce dont j’avais besoin pourtant. Oublier. Tout oublier. Cesser de souffrir. Cesser d’être bouffé par cette horreur. Pourquoi ça ne pouvait pas s’arrêter quelques minutes ? Pourquoi ça continuait incessamment ? Attrapant mon téléphone, j’hésitais quelques secondes avant d’appuyer sur le bouton de message. Je commençais à écrire un message à l’attention d’Ulrik avant de me souvenir de notre dernière discussion et de cette addiction qui ne devait pas revenir. J’effaçais tout me retrouvant devant une page trop vierge et un cœur toujours en miette. Mordillant ma lèvre, je finissais par cliquer sur le prénom de Katalia dans mon répertoire et je portais le téléphone à mon oreille. Messagerie immédiate. Fermant les yeux, je mettais fin à l’appel sans laisser de message et je laissais le mobile s’effondrer dans le sol à nouveau. Mes prunelles sombres se perdaient sur l’horizon. Tout se mélangeait dans ma tête. Je l’entendais ELLE de plus en plus fort à l’intérieur de mes pensées. Elle se répercutait si violemment que j’avais envie de lui céder. Cette voix… La même qui m’avait poussé à m’enfoncer dans l’océan au Summer Camp. La même qui avait failli me pousser à la fin de mon existence. Cette voix qui revenait de plus en plus fort ces derniers jours me poussant dans un précipice de plus en plus dangereux pour ma vie. En début de semaine, j’avais frappé dans le miroir de ma salle de bain et mon poing en gardait encore un souvenir douloureux. Il y avait à peine deux jours, j’étais sorti et j’avais consommé à outrance que cela soit de l’alcool ou de la drogue. J’avais replongé et j’avais fini par me bagarrer. Les marques ornaient encore mon visage, mon poing et mon corps. Mais, putain, je m’en foutais. Ce n’était pas assez. Je souffrais toujours. Je me sentais tellement perdu. Je me sentais si inatteignable. Attrapant mon mobile, je finissais par pianoter un nouveau message plus certain. Un message plus alcoolisé déjà. J’écrivais à Caesar lui demandant de venir me retrouver sur Carson Beach dès maintenant. La réponse ne tardait pas à pointer le bout de son nez et à me faire savoir qu’il allait arriver. Bien… Au moins quelqu’un était au courant de ma présence sur le bord de la plage. Oh… Attendez… Je m’empressais de prendre une photo et de la poster sur les réseaux sociaux avant de lâcher le téléphone. Je le balançais un peu plus loin et j’attrapais de nouveau la bouteille d’alcool posée à mes côtés. Plongeant mes doigts dans le sachet trônant proche de moi, je finissais par glisser trois pilules à l’intérieur de ma bouche. Trois pilules que j’avalais avec le liquide alcoolisé. Trois pilules qui, je l’espérais, m’aideraient à tout oublier. Crevant de chaud, je retirais mon tee-shirt avant de m’allonger dans le sable frais de la plage. Et, les yeux à moitié fermés, je me mettais à somnoler… Ou peut-être que j’étais juste en train de laisser la voix prendre le dessus. Voir si elle me pousserait loin… Voir si Caesar arriverait avant qu’elle ne me guide sur la case de non-retour.
@Caesar FallsL’Enfer. C’était ma localisation actuelle. Non… En vérité, c’était ma localisation depuis tellement de jours que je commençais lentement à en perdre le décompte. De toute manière, j’étais en train de perdre la tête. Les chiffres dansaient et s’effaçaient de mon esprit. La logique ne parvenait plus à s’imposer au sein de mes pensées tumultueuses. Je n’avais même plus cette envie de me battre qui avait cogné les premiers jours. Je perdais tout. Lentement. Sûrement. Trop aisément. Lukas avait disparu depuis si longtemps maintenant et rien ne semblait bouger. Il y avait bien des bouts de pistes et d’informations qui circulaient. Cependant, il n’y avait rien de concret et de réellement utile. Il n’y avait aucune information qui menait directement à mon petit-ami porté disparu. Il n’y avait aucune information qui menait à toutes ces personnes chères à mon cœur qui ne se trouvaient plus là. Il n’y avait rien pour sauver Lukas de l’Enfer qu’il vivait sans doute. Et, il n’y avait plus rien pour me secourir de cette chute au fin fond des abîmes. Un courant d’air froid me percutait me poussant à frisonner. Mon regard se promenait autour de moi tandis que je frottais mes avant-bras dénudés. Carson Beach. C’était à cet endroit que je m’étais échoué ce soir agissant comme un simple automate. Je n’avais pas réfléchi. J’avais simplement laissé mes pas me conduire jusqu’ici. J’avais laissé mon être m’emmener là où bon lui semblait. J’étais tellement à bout. J’étais tant à cran. Je tombais si profondément et je savais. Je savais que plus rien ne pourrait venir me sauver à présent. Plus personne n’aurait le bras assez long pour me secourir maintenant. Je m’enfonçais dans les sables mouvants de l’Enfer et je laissais les choses se faire. J’acceptais de couler. J’acceptais de sombrer. J’avais passé une partie de ma journée au lit à ruminer mes sombres pensées trop incapable de sortir parcourir la ville en vain une nouvelle fois. J’avais passé l’autre partie de ma journée dans un centre commercial en compagnie de Summer et de Naëlle afin d’acheter les premiers objets pour la chambre de la fille que j’allais avoir avec Summer. Qu’avions-nous acheté ? Oh putain, je ne saurais même pas vous dire. Je m’étais rendu dans ce centre commercial avec l’espoir de sortir de ma tête et de mon Enfer. Malheureusement, ça n’avait pas fonctionné. Je m’étais déplacé comme un simple fantôme qui ne savait plus vivre derrière les filles. Et, ce soir, je venais de m’échouer à Carson Beach. L’endroit était désert. Le silence régnait seulement coupé par le bruit apaisants des vagues. Installé à même le sol, j’étais entouré de trois bouteilles d’alcool dont une que j’étais déjà en train de vider. Mes clopes à mes côtés, un sachet de pilules posé dans le sable proche de moi, j’étais prêt à tenter une évasion loin de mon Enfer. Mais, avant, je devais faire quelque chose. Attrapant mon téléphone, je me mettais à pianoter un message à l’attention de Lukas. Une habitude que j’avais prise ces dernières semaines. Lui écrire comme s’il pouvait me lire. Lui écrire comme si ça pouvait m’aider. Lui écrire avec l’espoir de voir que le message s’envoyait.
Mes prunelles fixaient l’écran et soudainement ça arrivait. Message non transmis. C’était la même chose depuis des semaines. C’était toujours les mêmes mots qui revenaient sur mon écran alors que je lui écrivais pour lui faire part de cette horreur toujours plus grande qui me rongeait. J’aurais dû me douter qu’il en serait de même ce soir encore. J’aurai dû attendre d’être sagement rentré dans mon appartement pour composer ce message. J’aurai dû attendre ouais. Soupirant, je laissais tomber le téléphone à mes côtés avant d’attraper la seconde bouteille d’alcool qui m’attendait. Je l’ouvrais sans perdre de temps la portant à mes lèvres sans la moindre hésitation. Le liquide alcoolisé brûlait ma gorge, mais il ne venait toujours pas cramer mes pensées. C’était ce dont j’avais besoin pourtant. Oublier. Tout oublier. Cesser de souffrir. Cesser d’être bouffé par cette horreur. Pourquoi ça ne pouvait pas s’arrêter quelques minutes ? Pourquoi ça continuait incessamment ? Attrapant mon téléphone, j’hésitais quelques secondes avant d’appuyer sur le bouton de message. Je commençais à écrire un message à l’attention d’Ulrik avant de me souvenir de notre dernière discussion et de cette addiction qui ne devait pas revenir. J’effaçais tout me retrouvant devant une page trop vierge et un cœur toujours en miette. Mordillant ma lèvre, je finissais par cliquer sur le prénom de Katalia dans mon répertoire et je portais le téléphone à mon oreille. Messagerie immédiate. Fermant les yeux, je mettais fin à l’appel sans laisser de message et je laissais le mobile s’effondrer dans le sol à nouveau. Mes prunelles sombres se perdaient sur l’horizon. Tout se mélangeait dans ma tête. Je l’entendais ELLE de plus en plus fort à l’intérieur de mes pensées. Elle se répercutait si violemment que j’avais envie de lui céder. Cette voix… La même qui m’avait poussé à m’enfoncer dans l’océan au Summer Camp. La même qui avait failli me pousser à la fin de mon existence. Cette voix qui revenait de plus en plus fort ces derniers jours me poussant dans un précipice de plus en plus dangereux pour ma vie. En début de semaine, j’avais frappé dans le miroir de ma salle de bain et mon poing en gardait encore un souvenir douloureux. Il y avait à peine deux jours, j’étais sorti et j’avais consommé à outrance que cela soit de l’alcool ou de la drogue. J’avais replongé et j’avais fini par me bagarrer. Les marques ornaient encore mon visage, mon poing et mon corps. Mais, putain, je m’en foutais. Ce n’était pas assez. Je souffrais toujours. Je me sentais tellement perdu. Je me sentais si inatteignable. Attrapant mon mobile, je finissais par pianoter un nouveau message plus certain. Un message plus alcoolisé déjà. J’écrivais à Caesar lui demandant de venir me retrouver sur Carson Beach dès maintenant. La réponse ne tardait pas à pointer le bout de son nez et à me faire savoir qu’il allait arriver. Bien… Au moins quelqu’un était au courant de ma présence sur le bord de la plage. Oh… Attendez… Je m’empressais de prendre une photo et de la poster sur les réseaux sociaux avant de lâcher le téléphone. Je le balançais un peu plus loin et j’attrapais de nouveau la bouteille d’alcool posée à mes côtés. Plongeant mes doigts dans le sachet trônant proche de moi, je finissais par glisser trois pilules à l’intérieur de ma bouche. Trois pilules que j’avalais avec le liquide alcoolisé. Trois pilules qui, je l’espérais, m’aideraient à tout oublier. Crevant de chaud, je retirais mon tee-shirt avant de m’allonger dans le sable frais de la plage. Et, les yeux à moitié fermés, je me mettais à somnoler… Ou peut-être que j’étais juste en train de laisser la voix prendre le dessus. Voir si elle me pousserait loin… Voir si Caesar arriverait avant qu’elle ne me guide sur la case de non-retour.
(Neal T. Hood-Spritz)