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DYLAN/SOFIA ❝ dancing for the photographer ❞

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Il était quatorze heures quand j’arrivais au complex sportif. Je n’avais pas cours cet après midi et j’avais donné rendez-vous ici à Dylan. Il s’agissait d’une étudiante à Harvard aussi, une passionnée de photographie. Il y’a quelques jours de cela, j’avais vu son annonce sur le tableau d’affichage du campus. Elle cherchait quelqu’un à photographier en mouvement. L’idée me plaisait et je l’avais contacté pour être son sujet de photographie. Je déposais mes affaires dans un coin et commençait à m’échauffer doucement. Je me trouvais seule dans cette salle de danse. Au moins, nous serions tranquilles pour la séance photo. J’avais accrochés mes cheveux en une queue de cheval. Je portais des vêtements dans lesquels j’étais à l’aise, afin d’être libre de mes mouvements. J’avais donc opté pour un leggins et un top à bretelles m’arrivant au dessus du genou. Je continuais mon échauffement lorsque je remarquais la brunette aux yeux bleus arriver…
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- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? Je croyais que tu avais des examens très prochainement...

Une fois de plus, je roulai des yeux discrètement. J'étais dans ma chambre en train de préparer mes affaires, et il me manquait juste l'accessoire principal : mon appareil photo. Pendant ce temps, ma mère m'avait prise en otage pour me sermonner. Où avais-je donc fichu ce satané appareil ?!

- Tu es sûre que tu ne l'as vu nulle part ?

Elle rangeait toujours tout. Notamment mes affaires, dans des endroits dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Des placards auxquels je n'avais pas accès. On aurait dit qu'elle le faisait exprès.

- Peut-être bien... peut-être bien que Maria l'a rangé au salon.

Je la suivis au rez-de-chaussée et effectivement, mon appareil photo trônait sur une étagère de la bibliothèque.

- Elle a dû le déplacer pour faire la poussière... tu laisses toujours tout traîner, en même temps.

Je ne pris pas la peine de répondre à sa critique, m'emparai de l'appareil et sortis par la porte de derrière. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas pris quelques clichés. Pour changer, j'avais passé une annonce sur le campus. Je voulais photographier quelqu'un que je ne connaissais pas. J'avais précisé "en mouvement", pour pouvoir travailler sur le flou artistique. Une étudiante avait répondu à mon message. Une danseuse. Nous avions rendez-vous au gymnase.

Elle était déjà là lorsque j'entrai. Sa beauté m'impressionna quelque peu, et je me sentis légèrement ridicule dans mon jean et ma chemise à carreaux. Je devais vraiment faire étudiante sérieuse, geek sur les bords. Ce qui n'est pas du tout mon genre, hum... Je m'approchai d'elle en lui tendant la main.

- Tu dois être Sofia ? Enchantée... merci d'avoir répondu à mon annonce. Je te laisse t'échauffer tranquillement, fais moi signe quand tu es prête.

Je jetai un oeil autour de moi. Je pourrais aller me mettre dans les gradins, là-haut...
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J’arrêtais mes échauffements et m’avançais vers la photographe qui venait d’arriver. Comme à mon habitude, j’affichais un grand sourire et attrapait sa main pour la serrer dans la mienne – « C’est bien ça. Enchantée également, Dylan. » - Elle me remerciait d’avoir répondu à l’annonce, mais je l’avais fais avec plaisir. Après tout, il fallait bien s’entraider entre étudiants, n’est-ce pas ? Cela ne me dérangeait pas qu’elle me prenne en photo pendant que je dansais. Et puis, j’avais hâte de voir ce que donneraient ces photographies – « De rien. Quand j’ai vu l’annonce, je me suis dis que ça pourrait être sympa. » - Je laissais la jeune femme s’installer, choisir le meilleur endroit pour ces prises de vues tandis-ce que je terminais mon échauffement.

Au bout de plusieurs minutes, je lui fis finalement signe – « Je pense que je suis prête, donc si tu l’es aussi, on peut y aller. Tu vas avoir le droit à ma répète pour ma prochaine évaluation. »
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- De rien. Quand j’ai vu l’annonce, je me suis dis que ça pourrait être sympa.

Heureusement que quelqu'un a fini par répondre... répondis-je en pensée. Cela faisait tout de même deux semaines que je l'avais placardée, cette fameuse annonce ! Et depuis, pas un seul coup de fil ou email. Ah si, un appel d'un type qui voulait savoir si je faisais aussi des massages. Hein... ? Exactement.

J'allai alors m'installer dans la première rangée des gradins. Pas trop haute, pour avoir une prise de vue idéale, légèrement plongée. Je réglai mon appareil tandis que Sofia poursuivait son échauffement. J'avais hâte de commencer.

- Je pense que je suis prête, annonça-t-elle après quelques minutes. Donc si tu l’es aussi, on peut y aller. Tu vas avoir le droit à ma répète pour ma prochaine évaluation.

Je hochai la tête et préparai donc mon objectif.

- Oh... Tu fais danse en Majeure, c'est ça ? A quel âge est-ce que tu as commencé?



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« Oui, je fais danse en majeur. J’ai commencé la danse à mes cinq ans et depuis, je ne me suis jamais arrêtée de danser. Pour moi, danser c’est vital, je ne sais pas vivre sans. » - Répondis-je en parlant de ma passion avec les yeux pleins d’étoiles. Elle ne pouvait alors pas douté de mes paroles. La danse avec une telle place dans ma vie, la plus grande place. D’ailleurs, cette passion était peut-être trop débordante dans ma vie. Je ne pensais qu’à la danse et très peu à ma vie sentimentale par exemple. Enfin bref – « Et toi tu étudies la photographie ou c’est juste une passion que tu as à côté des études ? » - Demandais-je, m’intéressant à la jeune femme.

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- Oui, je fais danse en majeur. J’ai commencé la danse à mes cinq ans et depuis, je ne me suis jamais arrêtée de danser. Pour moi, danser c’est vital, je ne sais pas vivre sans.

Bizarrement, j'aurais parié là-dessus avant même qu'elle ne me réponde. C'était comme quelque chose qui émanait d'elle, la grâce, l'élégance propre aux danseuses. Généralement, on les voyait arriver de loin. Elles se tenaient les épaules bien droites et leur corps était souvent élancé, comme sculpté dans la glace. Oui, j'avais eu de nombreux béguins pour des danseuses... ça se voit tant que ça ?

- Et toi tu étudies la photographie ou c’est juste une passion que tu as à côté des études ?

Une passion... oui, au sens propre du terme, la photographie m'avait toujours passionnée. Déjà petite, c'était probablement aux expositions auxquelles m'emmenaient mes parents que j'étais la plus sage alors que les autres enfants couraient dans les couloirs et semaient la pagaille.

- J'étudie la photo en Mineure, répondis-je sans préciser quelle matière je me forçais à étudier en Majeure tant je la détestais. J'adore ça... mais je n'oserais pas en faire un métier.

En réalité, c'était plutôt ma mère et mon père qui auraient une attaque si je leur annonçais que je quittais le Droit pour me concentrer sur la photo. J'avais donc choisi de continuer la mascarade pour leur faire plaisir et pour me protéger, et aussi parce que j'avais la légère compensation de pouvoir quand même étudier le domaine qui m'intéressait vraiment, même si ce n'était pas ma matière principale.

- Si tu es prête... je le suis aussi.

J'avais réglé mon appareil et un beau rayon de soleil venait de percer à travers les baies vitrées du gymnase. C'était le moment ou jamais de prendre de magnifiques clichés.
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La photographie n’était donc pas la matière principale de la jeune femme. Elle semblait adorer ça et pourtant, elle m’avouait ne pas oser en faire un métier. Je me demandais bien pourquoi. Il est vrai que tous ce qui touche à l’artistique n’a rien de facile. On ne peut pas dire que ce soit des métiers très « surs » et tout peut s’arrêter du jour au lendemain, mais bon, quand on aime quelque chose, je pense qu’il faut se lancer – « Pourquoi ? C’est vrai que ce n’est pas un milieu facile, mais il y’a des tas de photographies qui réussissent à vivre de ce métier. » - Lui répondis-je – « Et en majeur, tu fais quoi ? » - Elle allait peut-être me trouver trop curieuse, mais ce n’est pas de curiosité qu’il s’agit. Quand je parle à une personne, je m’intéresse à cette personne et donc, je me pose des questions, voilà tout.

Bref. La jeune femme avait terminé les réglages de son appareil photo et elle était prête – « Allons-y alors. » - Dis-je en souriant. J’appuyais sur mon téléphone afin d’avoir de la musique. Oui, la danse et la musique, ça va de paire. Mon évaluation était en danse moderne et j’avais choisi de danser sur Use Somebody de Kings of Leon. J’adorais cette chanson et j’étais certaine de pouvoir créer une bonne chorégraphie là-dessus. D’ailleurs, j’avais quasiment terminé toute la chorégraphie. La musique démarrait et je commençais alors à danser.
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- Pourquoi ? C’est vrai que ce n’est pas un milieu facile, mais il y’a des tas de photographes qui réussissent à vivre de ce métier. Et en Majeure, tu fais quoi ?

Certes, la photographie pouvait devenir une vraie profession pour certains, juste pas pour moi. Une part de moi avait été imprégnée par la paranoïa et le désir de contrôle de mes parents. Du coup, je n'osais pas me lancer vraiment dans ce qui me passionnait le plus, de peur de ne rien trouver au bout. Mais je n'allais pas raconter tout ça à une parfaite étrangère, alors je me contentai de répondre franchement et simplement à ses questions :

- C'est un métier un peu trop casse-gueule... On n'est jamais sûr d'avoir du boulot et j'aime bien la sécurité.

Beurk ! On aurait cru entendre ma mère. Il faudra que je me lave la bouche, en rentrant, rien que pour avoir dit cette horreur.

- Je fais du Droit en Majeure. C'est moins drôle mais y'a un peu moins de risques de finir au chômage, conclus-je dans un sourire en coin.

Sofia alluma la musique sur son portable, et se mit à esquisser les premiers mouvements de sa chorégraphie. Je me tins aux aguets, prête à capturer les plus beaux clichés possibles. J'évoluai entre les rangées pour obtenir des angles de vue différents, puis me mis à appuyer sur le bouton à intervalles réguliers. J'avais reçu cet appareil au Noël dernier, et il coûtait une petite fortune. Je n'étais pas encore tout à fait à l'aise avec car je craignais trop de faire un faux mouvement et de le voir s'écraser au sol. J'avais donc attaché la ficelle de sécurité autour de mon cou, comme une débutante.

Je n'avais pas enclenché le flash : pas besoin, vu les rayons de soleil qui pénétraient dans la salle. De ce fait, Sofia ne serait pas dérangée par les flashes lumineux et pourrait se concentrer sur son enchaînement. Si ça avait été moi, là en bas, on m'aurait prise pour un éléphant à côté d'un cygne. Je rigolai légèrement de la comparaison dans ma tête, puis me remis à mitrailler la danseuse.

Après avoir pris une vingtaine de clichés, je fus hypnotisée par la danse de Sofia et me contentai de l'observer avec fascination tandis que la musique ralentissait.
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La jeune femme avait choisi la sécurité plutôt que sa passion. Je pouvais comprendre. Moi, j’avais choisi la danse. C’était aussi un milieu difficile à atteindre. Peut-être que je ne deviendrai jamais une grande danseuse, mais je voulais me donner les moyens de réaliser mon rêve. Si on ne prend pas de risques dans la vie, je pense qu’on ne risque pas de faire d’un rêve, une réalité. Et puis, je dois dire que le risque n’était pas très grand pour moi. Mon père est un aristocrate Russe. Ma famille à de l’argent, alors je peux me permettre de faire ce que je veux. Heureusement pour moi, mes parents ont été d’accord avec mes choix d’orientation. J’aurais détesté qu’ils me forcent à suivre une voie qui ne me convenait pas. Dylan étudiait donc le droit en majeur. Ce n’était pas des études faciles, mais le métier d’avocat lui assurerait un bon salaire à la fin de chaque moi. C’était la sécurité – « C’est sur, rien a voir. » - Dis-je en souriant – « Mais bon, l’important c’est que tu puisses quand même avoir ta passion à côté. » - Ajoutais-je.

Et puis, nous commencions. Elle prenait les photographies tandis-ce que je dansais. J’enchaînais les mouvements avec grâce et précision. A chaque fois que je dansais, je me vidais l’esprit. Il n’y avait plus que moi, la danse et la musique. C’était un réel moyen d’évasion pour moi et c’était aussi un moyen de transmettre des émotions aux autres. Avec mes gestes, j’essayais de raconter une histoire, de faire passer quelque chose. C’est ce qui est important en danse. Il ne suffit pas d’avoir simplement une technique parfaite. La musique ralentissait et j’effectuais mes derniers pas. Je marquais ma pose finale à la fin du morceau, puis posais mes yeux sur Dylan qui avait été ma photographe spectatrice. J’esquissais un sourire avant de prendre la parole : « Alors, comment c’était ? »
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- Alors, comment c’était ? voulut savoir la jolie danseuse une fois son enchaînement terminé.

J'étais satisfaite. J'avais pris de nombreux clichés et certains étaient vraiment très réussis. J'avais hâte de transférer le tout sur mon ordinateur et de les retoucher ensuite. Certains trouvent que la retouche dénature les clichés, pour ma part, je considère plutôt qu'elle en révèle la beauté. Du moins, si c'est bien fait. Et je possédais des logiciels adéquats qui pourraient rendre à ces photos tout leur sublime.

Je descendis des gradins pour rejoindre Sofia sur le terrain, puis je lui montrai le cliché que je préférais. Il s'agissait d'une des dernières photos que j'avais prises, au moment où elle tenait sa pose finale. On la voyait de profil, les muscles tendus et le visage concentré. Le soleil avait fait des merveilles avec la lumière et braquait un de ses rayons dorés sur un côté de son corps. Sans vouloir me vanter, c'était du grand art !

- C'était magnifique répondis-je sincèrement. C'est évident que tu es faite pour ça.

Je l'admirais et l'enviais, car quelque part, elle vivait le rêve que je ne faisais qu'effleurer du bout des doigts.

- Je t'enverrai les meilleurs clichés par email après les avoir retravaillé un peu, d'accord ?
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