CANDICE # when running is too soon ~

Je suis une grande sportive depuis que je suis toute gamine, marathon, athlétisme, hockey sur gazon, je touche à tout et j'ai toujours adoré ça. Mais forcément depuis l'amputation, c'est plus difficile. Mais je n'abandonne pas, et je n'abandonnerais jamais, ce n'est pas comme ça que j'ai été élevée. J'étais partie assez tôt dans la matinée pour courir. Les docteurs m'avaient dit d'y aller doucement, mais j'étais sure qu'au fond d'eux ils avaient très bien compris que je n'étais pas du genre à rester gentiment au repos. Ça faisait maintenant 1h30 que je courais le long de Charles River, ça faisait du bien, je me sentais, libre, entière et tellement à fond. Sauf que ouais, finalement j'aurais dû écouter mes médecins, car je n'étais pas encore faite pour courir si longtemps. La pression de la prothèse sur l'extrémité de ma cuisse était douloureuse, c'en était presque coupant. Je me suis finalement laissée tomber par terre sur les fesses. Soufflant doucement comme me l'avait montrer mon infirmière de rééducation pour supporter la douleur, j'ai rapidement remonté la jambe droite de mon jogging pour pouvoir enlever ma prothèse le plus vite possible. J'étais abritée sous en arbre, espérant que personne ne passe à ce moment là. La dernière chose que je voulais c'était bien que quelqu'un arrive et puisse voir cette affreuse chose qu'est mon moignon. Mais finalement la prothèse enlevée, je ne me sentais pas mieux. Et j'ai rapidement compris que ce n'était pas à la jonction prothèse/cuisse que j'avais mal, mais j'avais mal au pied, à ce pied droit que je n'avais plus. J'avais entendu parlé de cette douleur fantôme qu'on voyait parfois à la télé, ou bien dans les brochures que m'avait fournies l'équipe de rééducation. Je ne savais plus quoi faire, comment pourrais-je expliqué à qui que ce soit que j'ai mal à une partie de mon corps qui n'existe même plus. Je redescendis mon jogging, je ne pouvais pas voir ce morceau de jambe alors que j'avais des douleurs imaginaires ..

(Invité)

Ca ne faisait que quelques jours que j'étais sortie de l'hôpital mais ma rééducation faisait effet et je commençais enfin à pouvoir me détacher de mes béquilles qui étaient devenues mon pire ennemi. J'en avais déjà assez de tourner en rond sans pouvoir aller en cours et surtout sans pouvoir danser. Ca me tuait littéralement de devoir rester là sans rien faire. Les médecins m'avaient dit d'attendre encore un mois avant de pratiquer une activité physique mais j'allais tout perdre si je ne faisais rien. J'allais devenir grosse et je ne pourrais plus danser, c'était impensable. J'avais déjà commencé un "régime" alimentaire strict pour retrouver la forme et il fallait maintenant que je fasse du sport. J'avais réussi à ce que les médecins me mettent une attelle, ils m'avaient donnée comme consigne de la mettre seulement une à deux heures par jour histoire de m'habituer doucement à marcher et le reste du temps je devais garder mes béquilles. A vrai dire, je n'en n'avais rien à faire. Une fois rentrée, je me suis dépêchée de l'enfiler et de partir à Charles River afin de courir un peu, je n'allais pas forcer non plus mais il fallait que je garde une bonne condition physique. Après avoir fait quelques tours, je sentis une vive douleur dans ma jambe droite ce qui m'obligea à m'adosser contre un arbre quelques minutes c'est là que je vis une fille d'à peu près mon âge, j’espérais qu'elle n'était pas d'Harvard, je ne voulais pas croiser quelqu'un qui me connaisse surtout sachant que je devrais me reposer plutôt que de faire du sport. Il y avait quelque chose qui clochait mais je n'arrivais pas à voir quoi .. Hey ça va ? lui demandais-je gentiment et calmement pour ne pas l'effrayer.

(Invité)